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Certains écrivains
grecs et latins donnèrent
le titre de Banquet à des ouvrages où leurs personnages,
groupés autour d'une table, exposaient et discutaient leurs opinions
avec élévation ou familiarité. Ainsi nous avons les
Banquets de Platon et de Xénophon,
le Banquet des Sophistes d'Athénée,
les Banquets des Saturnales de Macrobe,
ou encore le Banquet (il Convivio)
de Dante, etc.
Le
Banquet de Platon.
Le Banquet de Platon est un des
plus célèbres dialogues de Platon, composé au commencement
du IVe siècle, quelques années
après la mort de Socrate. L'auteur raconte
ou suppose que Agathon offre un banquet à ses amis, pour célébrer
sa victoire au concours de tragédies. On cause de l'amour.
Chacun des convives, Phèdre, Pausanias,
Agathon, Aristophane,
le médecin Eryximaque, décrit tour à tour ce sentiment
selon ses idées et son caractère. Socrate, prié de
parler à son tour, raconte une conversation qu'il a eue jadis avec
Diotime, une femme de Mantinée. Il
s'élève peu à peu de l'amour sensuel à l'amour
idéal; de sa théorie de l'amour il tire toute une science
du beau. La fin du dialogue est consacrée presque tout entière
au panégyrique de Socrate : Alcibiade,
qui survient tout à coup, trace le portrait de son maître.
Tout en exposant une profonde doctrine d'esthétique Platon a su
donner à chacun des personnages une physionomie distincte. En même
temps qu'un traité de philosophie, son Banquet est une charmante
comédie, merveilleuse de variété, de délicatesse
et de poésie.
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Le
Banquet de Platon, par Anselm Feuerbach (1874).
Le
Banquet de Xénophon.
Comme Platon, Xénophon
a composé un Banquet, qui fait suite aux Mémorables.
L'ouvrage a été écrit dans les premières années
du IVe siècle, pendant le séjour
à Scillonte. Il a la forme d'un dialogue, mêlé de descriptions.
La scène se passe à Athènes
chez Callias, durant la fête des Panathénées
de 421. Pour célébrer la victoire d'Autolycus au pancrace,
Callias a invité ses amis : Socrate, Critobule, Hermogène,
Antisthène, Charmide. On s'amuse, au début, des plaisanteries
du bouffon Philippe. Puis l'on voit entrer une troupe de danseurs et de
chanteurs syracusains. On cause musique, puis l'on passe à d'autres
sujets. Socrate expose sa méthode dialectique et ses idées
sur l'amour. Le récit se termine par la description d'un hyporchème,
qui représente les amours de Bacchus
et d'Ariane. Quoique inférieur au Banquet
de Platon, qu'il rappelle par bien des détails,
le Banquet de Xénophon est un très aimable livre,
qui vaut surtout par l'agrément et le naturel.
Le
Banquet des sept sages.
Le Banquet des sept sages est un
traité de morale attribué à Plutarque.
Dioclès, un des convives, raconte à un ami ce qui s'est passé
au banquet que Périandre de Corinthe
a donné aux autres sages et à quelques personnages distingués,
Esope, Eumétis, dite Cléobuline,
Anacharsis, etc. Car, malgré le titre,
les convives sont au nombre de dix-sept; on peut même y ajouter le
frère de Périandre, Gorgias,
qui arrive à la fin du banquet. On cause des énigmes, du
gouvernement des Etats, de l'économie domestique, du mérite
des dauphins sauveurs d'Arion et d'Hésiode,
du souverain bien et de la Providence. Tout cela un peu au hasard, avec
un mélange de réflexions morales et d'anecdotes bizarres,
dans un style inégal, souvent dur, qui a fait suspecter l'authenticité
du dialogue.
Le
Banquet des sophistes.
Le Banquet des sophistes ou Deipnosophistès,
est un ourage d'Athénée, compilateur
grec (fin du IIe siècle ou commencement
du IIIe siècle de notre ère).
Le titre, formé de deux mots grecs
: deipnon (repas) et sophistès (sage ou savant), signifie
Banquet des savants. Chez un riche Romain
du nom de Laurentius, l'auteur nous montre réunis 21 convives :
médecins, jurisconsultes, poètes, grammairiens, musiciens,
etc. Il est question des préparatifs d'une fête : mots, vins,
vases, parfums, couronnes, jeux, antiquités, sciences, lettres,
arts, moeurs et usages, etc. C'est une ingénieuse compilation, assez
correctement écrite, précieuse pour la connaissance de la
vie ordinaire chez les anciens Grecs,
et même pour la littérature; car l'auteur a encadré
dans son ouvrage une foule de citations
de livres perdus. Le Banquet comprenait 15 livres qui nous sont
parvenus, sauf les deux premiers, et une partie du troisième et
du dernier.
Le
Banquet de Julien.
Le Banquet de Julien ou Banquet
des Césars, est une satire composée par l'empereur Julien
contre ses prédé-cesseurs, et qui est une oeuvre curieuse.
Les maîtres du monde y sont jugés avec finesse, mais âcreté.
Ce petit ouvrage offre un puissant intérêt au point de vue
moral, littéraire, politique et historique.
Le jour des Saturnales,
réunis en un banquet, les dieux se constituent en tribunal pour
accorder la palme divine au plus digne des souverains de Rome. Mercure
introduit les candidats, et Silène, accusateur
bouffon, les persifle l'un après l'autre. Tous défilent,
et sont caractérisés au passage par un trait mordant de Silène.
Bien peu sont épargnés : Nerva, Marc-Aurèle
et quelques autres.
Enfin, Jupiter
demande aux trois plus redoutables concurrents le but qu'ils se sont proposé
dans la vie :
«
- Vaincre le monde, répond Alexandre. - Etre le premier, déclare
César. - Imiter les dieux, dit Marc-Aurèle. - Qu'est qu'imiter
les dieux? demanda Silène. - S'oublier soi-même, travailler
pour autrui. »
La palme lui est accordée, jugement
digne des dieux. Mercure invite alors chacun des empereurs à se
choisir un patron parmi les dieux, et il termine en recommandant à
Julien d'être fidèle à Mithra
dont l'empereur voulait faire prévaloir
le culte contre christianisme.
Le
Banquet de Dante.
Le Banquet [en ital. il
Convito], est un ouvrage de Dante publié
à Florence, en 1490. C'est une sorte
de traité philosophique resté inachevé. L'auteur comptait
donner (il était alors en exil et dans un âge avancé)
un commentaire sur quatorze de ses Canzoni; mais il n'exécuta
son dessein que sur trois seulement. Le titre choisi signifie que le livre
est une nourriture pour l'ignorance.
Après un long préambule,
il entame le commentaire de ses Canzoni, et, suivant la méthode
scolastique en honneur à son époque,
établit point par point des gloses beaucoup plus longues que le
texte. La première pièce de vers analysée n'a que
sept strophes; la glose occupe plus de cent pages. Dante, comme conclusion,
proclame l'immortalité de l'âme, le néant des richesses
corruptrices, l'égalité des humains, dont les mérites
font la seule noblesse.
Le Banquet, oeuvre fatigante par
la prolixité de ses gloses, vit d'un souffle inspirateur qui ranime
toute cette vieille érudition, tirée indistinctement des
docteurs païens. catholiques et musulmans. On y trouve de belles démonstrations,
un style puissant. (NLI). |
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