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On
appelle bien tout ce qu'on désire et aussi tout ce qui agrée.
Ainsi le bien est, ou l'objet du désir,
ou la cause de l'agrément, l'agrément
lui-même. Diverses questions se sont posées à propos
du bien. On a d'abord distingué les diverses espèces de biens,
puis on a recherché ce qui dans la conscience
peut expliquer la production du bien, on s'est demandé quelle était
la nature essentielle du bien, et enfin on a voulu découvrir la
cause dernière et métaphysique
du bien. Ainsi espèces du bien, origine psychologique
ou genèse du bien, nature du bien, origine métaphysique ou
cause du bien, telles sont les diverses questions qui ont été
agitées par les philosophes sur le
sujet qui nous occupe. Nous allons rapidement exposer les diverses solutions
qu'on a données de chacune de ces questions.
1. A peu près
tous les philosophes sont d'accord pour distinguer trois espèces
de bien, le bien physique ou sensible, le bien métaphysique ou intellectuel,
et le bien moral ou volontaire. Cette division du bien en trois espèces
n'empêche pas les philosophes de chercher ensuite si ces trois sortes
de bien ne se réunissent pas en définitive en une seule,
qui serait le seul vrai bien, le souverain bien, le bien suprême,
mais il est bien clair que malgré cette réduction il y a
toujours une très grande différence, au moins apparente,
entre un plaisir sensible, une découverte
intellectuelle et l'accomplissement d'un devoir. Ainsi, le bien sensible
est le plaisir, le bien intellectuel la science, et le bien moral la vertu.
Ces trois genres de bien sont tous les trois désirés dès
qu'ils sont connus, et tous les trois procurent à l'être de
l'agrément. C'est par rapport à la première espèce,
au plaisir, que les richesses sont par métonymie appelées
des biens. La richesse peut être en effet une source de plaisir.
2. Le bien est-il
la conséquence et le résultat du désir, ou au contraire
le désir n'existe-t-il qu'à cause du bien espéré
et attendu? Cette question, qui peut paraître oiseuse au premier
abord, a cependant de très graves conséquences, et a été
fort discutée. Epicure disait déjà
que le plaisir n'est autre chose que la cessation de la douleur (ap.
Diog. Laert., X), Locke construisit sur cette
base toute une théorie très fine et très ingénieuse.
D'après lui, le désir est le résultat d'une inquiétude,
d'un malaise (uneasiness); on se déplaît comme on est
et cette sorte de souffrance et de déplaisir suffit à nous
faire désirer changer. A la suite du changement le plaisir arrive
et, dure jusqu'à ce que, n'étant plus senti, le repos recommence
à nous peser. Ainsi, la douleur est l'aiguillon du désir
et le plaisir n'est rien de plus que la satisfaction du désir. Cette
théorie est exposée par Locke dans les Essais sur l'entendement
humain, I. II, c. xx, § 6. On n'y a rien ajouté d'essentiel,
et il faut avouer qu'elle est fondée sur l'observation. Leibniz
(Nouveaux Essais, I. Il, c. xx), loue ici Locke de sa profondeur
et de sa pénétration, et il semble donner les mains à
sa théorie. Au fond cependant il ne pensait pas que la douleur frit
la cause et la raison du plaisir, mais il croyait au contraire que la douleur
s'expliquait pas l'absence du plaisir. Ainsi, selon lui, l'inquiétude,
l'uneasiness de Locke, ce qu'il appelle lui-même « une
disposition ou préparation à la douleur plutôt que
la douleur même », ne se produit dans I'âme que parce
que l'âme porte en elle l'attente, la connaissance
confuse et comme la prélibation d'un bien futur. Dans cette hypothèse,
au lieu d'expliquer le plaisir par la cessation de la douleur, on explique
la douleur par la privation d'un plaisir pressenti on confusément
connu. Cette discussion ne paraîtra pas entièrement oiseuse
si on en voit toutes les conséquences : admettre que la douleur
est la cause du désir et que tout bien est la satisfaction d'un
désir, c'est admettre que le mal est la cause du bien, et par conséquent
donner raison à ceux qui soutiennent que le monde est plutôt
mauvais que bon, c.-à-d. aux pessimistes.
Admettre au contraire que la douleur ne s'explique que par la privation
d'un bien, c'est admettre que le bien est la cause de toute existence,
et par conséquent donner raison à ceux qui soutiennent que
le monde est plutôt bon que mauvais, c.-à-d. aux optimistes.
Les philosophes qui, à la suite de Locke, expliquent ainsi le plaisir
par la douleur suivent l'ordre d'explication mécanique ou des causes
efficientes; ceux qui expliquent la douleur par la privation du bien, le
désir par l'attente du bien futur suivent l'ordre d'explication
finaliste (Causes
finales).
3. Quelle est maintenant
l'essence et la nature du bien? Pour répondre à cette question,
rappelons que nous avons distingué trois sortes de biens : le plaisir,
la science et la vertu. On n'a pas besoin d'expliquer en quoi consiste
la bonté du plaisir, cette bonté est évidente et immédiatement
sentie; de même la science ne va pas sans apporter à l'esprit
une satisfaction évidente, et elle peut en outre procurer la richesse,
la santé, etc. Jusqu'ici, il semble que tous les biens se rapportent
au plaisir et à l'agrément, mais quand nous arrivons à
nous demander ce qui fait la bonté de la vertu, il ne semble plus
que nous puissions répondre que cette bonté vient du plaisir
qu'elle donne ou de la douleur qu'elle évite. Heureux ou malheureux,
l'humain vertueux est toujours bon, les plaisirs dont il jouit ou les douleurs
qu'il endure n'augmentent ni ne diminuent sa vertu. Mais si la bonté
de la vertu ne peut se ramener au plaisir de l'être qui la possède,
peut-être se ramène-t-elle au plaisir des autres êtres.
Ce qui fait en effet la bonté de l'humain qui se dévoue,
du soldat, par exemple, qui meurt pour son pays, c'est que sa mort évite
des peines à ses compatriotes. Il en est ainsi de la plupart des
actes de vertu. Inutiles et même parfois nuisibles à l'humain
qui les accomplit, ils sont utiles aux autres humains, et la vertu peut
ainsi se ramener au plaisir. On peut vraiment dire : le bien c'est le plaisir.
Peut-être,
cependant, n'est-ce là qu'une apparence. Il y a en effet des cas
où l'action accomplie est complètement inutile, il peut même
arriver qu'elle soit matériellement nuisible, et même alors
elle ne cesse pas de mériter d'être appelée bonne.
Voici, par exemple, un gendarme qui tire un coup de pistolet sur un chien
enragé, qui le manque et tue un humain. Malgré ses résultats
déplorables, son action est-elle mauvaise? A-t-il mal fait? On ne
peut s'empêcher de reconnaître qu'il a bien fait. Et pourquoi?
Parce qu'il a fait ce qu'il a pu pour obtenir un bon résultat, parce
qu'il a obéi à la loi qui l'obligeait à tuer ce chien
enragé. ll semble donc qu'ici nous arrivions à une définition
du bien autre que celle à laquelle nous étions arrivés
d'abord; le bien n'est plus le plaisir, mais l'obéissance à
la loi. De là vient que le bien moral ou idéal réside
dans l'intention, dans la bonne volonté, et peut être indépendant
des résul tats utiles ou nuisibles de la bonne volonté. C'est
en se plaçant à ce point de vue que Kant a pu dire avec vérité
: Les actions sont bonnes parce qu'elles sont obligatoires, la bonté
résulte de la loi, le bien est la conformité avec la loi.
Mais la science et la psychologie nous apprennent que le plaisir lui-même
n'est autre chose que la conséquence sensible de l'observation des
lois naturelles. Toutes les fois que l'être sensible est dans un
état anormal, il souffre; il éprouve au contraire du plaisir
quand il est dans un état normal, quand les fonctions de sa vie
organique ou intellectuelle s'accomplissent selon leurs lois. Par suite
donc, le plaisir rentre dans la définition que nous venons de donner
du bien: est bon ce qui est conforme aux lois. Donc, la loi même
qui règle et conditionne l'existence des êtres est aussi constitutive
de leur bonté, et si leur vérité ou réalité
dépend de cette loi même, leur bonté doit aussi se
confondre avec leur vérité ou réalité, ce qui
prouve la vérité de l'adage scolastique
: Verum et bonum sunt convertibilia, qu'on peut traduire de cette
manière : Le vrai est la même chose que le bon.
4. Ainsi le plaisir
nous paraît, comme le bien dont il n'est qu'une partie, résulter
de l'observation de la loi. Mais alors une question
nouvelle se pose. La loi, qui fait la réalité des êtres,
est-elle la cause productrice du bien, on le bien est-il la raison d'être
de la loi? En d'autres termes, la loi doit-elle être considérée
comme la cause efficiente du bien, ou le bien comme la cause finale de
la loi? Il est clair que, selon qu'on croit on non à la finalité
dans le monde, on doit adopter l'une ou l'antre de ces manières
de voir. Les partisans des causes finales devront dire que le bien prévu
est le but en vue duquel la loi a été posée; les adversaires
des causes finales devront dire que le bien est une conséquence,
un résultat de la loi sans avoir été en aucune façon
prévu avant elle. Cette question, qui fait le fond de la philosophie
morale de Kant, est aussi la même qu'agitaient
les anciens scolastiques alors qu'ils se demandaient : An bonum sit
aliquid suprà ens; le bien est-il en quelque chose supérieur
à l'être? Il faut bien voir les conséquences
des deux opinions. Si l'on admet que la loi est constitutive du bien, on
admet par cela même que, quels que soient les phénomènes,
pourvu qu'ils soient légaux, ils méritent d'être appelés
bons, aucune conditionne domine la bonté, quelle que soit la manière
dont les êtres soient constitués, pourvu qu'ils obéissent
à leurs lois, ils sont toujours bons. La constitution de la loi
jouit d'une indépendance, d'une liberté
absolue, et si l'on se représente, ainsi qu'il est naturel, la loi
posée par un législateur, ce législateur posera comme
il l'entendra les lois qu'il voudra, tout ce qu'il fera sera bon par cela
seul qu'il l'aura voulu. Ainsi, la constitution des choses, la vérité
des lois scientifiques dépend d'une absolue liberté, les
choses ne sont pas légales, parce que les lois sont bonnes, mais
elles sont bonnes parce qu'elles sont létales. La bonté vient
tout entière de la loi, d'une foi qui n'a d'autre raison qu'une
absolue liberté. On aboutit ainsi, suivant les traces de Duns
Scot, de Descartes, de Kant, à constituer
une philosophie de la liberté très voisine de celle qu'a
professée à Lausanne, avec grand éclat, Secrétan.
Si au contraire on
admet que la bonté est la cause finale de la constitution de la
loi, on est alors amené à considérer le plaisir comme
le seul bien, et à ramener à lui toutes les autres sortes
de biens et la vertu elle-même. Si en effet le bien est la cause
finale de la loi, le but que poursuit en la posant le législateur,
il doit avoir une réalité intrinsèque, distincte de
la pure conformité à la loi, il ne doit pouvoir se réaliser
que, grâce à certaines conditions, et c'est la liaison entre
elles de ces conditions, qui doit constituer la synthèse des phénomènes
dans la loi. Ainsi, le plaisir de vivre en société ne pouvant
être compatible avec la crainte que l'humain éprouverait de
se voir ôter la vie par un de ses semblables, l'humain a dû
être organisé de telle sorte qu'il regarde l'homicide comme
un mal et le sauvetage comme un bien. Ce serait alors l'intelligence qui
dominerait la volonté en l'obligeant, pour ainsi dire, à
choisir les moyens propres à réaliser le plaisir. La loi
est alors nécessaire, et le déterminisme tend à prendre
possession du monde. Les systèmes de Malebranche
et de Leibniz sont les deux systèmes modernes
qui ont développé avec plus de rigueur les conséquences
de cette conception.
On voit les inconvénients
et les avantages de chacune de ces deux manières de concevoir les
rapports du bien et de la loi. La première fait de la vertu et du
bien moral le type suprême auquel se ramènent tous les autres
biens, mais elle a le grave inconvénient de paraître tout
soumettre à une liberté absolue, sans frein ni raison, à
un arbitraire tel que la science en est compromise et que la morale même
est en danger, car rien n'empêche de croire avec Schopenhauer
que les lois arbitrairement posées par la volonté absolue
ont des conséquences désastreuses pour tous les êtres,
de sorte qu'il vaudrait bien mieux que l'univers n'eût jamais existé.
La seconde conception limite l'arbitraire de la cause première,
assure la science, et fonde sur des bases solides les préceptes
pratiques de la morale, mais faisant du plaisir le type suprême du
bien, elle risque d'enlever à la vertu sa sublime et incomparable
originalité. Il a dû dès lors se former une doctrine
moyenne, qui a tenté d'unir les deux opinions,
assez pour que leurs
inconvénients mutuels disparaissent sans cependant introduire dans
la conception du bien des contradictions ruineuses. On emprunte d'abord
à Kant sa définition du bien si conforme aux données
morales, et on dit : Le bien résulte de la conformité avec
la loi. Ainsi, le bien sensible ou plaisir résulte de l'observation
des lois de la sensibilité, le bien intellectuel ou la science,
de l'observation des lois intellectuelles, et le bien moral ou la vertu,
de l'observation des lois de la volonté.
Rien n'empêche d'admettre que c'est la loi qui est la cause et la
seule cause du bien qui doit résulter de son accomplissement, ainsi
aucune condition extérieure ne s'impose à la volonté
législatrice, elle est libre, indépendante et souverainement
maîtresse d'elle-même et de ses actes. Est-il cependant nécessaire
de faire de cette liberté un arbitraire absolu, à l'exemple
de Schopenhauer? Il ne le semble pas. Si on suppose que cette liberté
est un être, qu'elle possède une réalité, ne
sera-t-elle pas dépendante de sa propre nature, bien qui indépendante
de tout ce qui est en dehors d'elle? Et alors, ne peut-on pas croire que
son essentielle nature est la Bonté, de sorte que, tout ce qu'elle
veut, elle le veut librement, toutes les lois qu'elle pose, elle les pose
librement, mais que tout ce qu'elle veut, toutes les lois produisent en
dehors d'elle le bien en vertu de son essentielle nature? Liberté
absolue, elle pourrait ne rien produire et ne point légiférer,
et par conséquent, rien de ce qu'elle produit n'est nécessaire,
ni les êtres, ni leurs lois, mais ayant voulu produire, sollicitée
par sa bonté, par cette bonté qui est exempte d'envie, selon
la hante parole du Timée,
elle n'a pu produire que des lois productives du bien. Elle voulait le
bien. Les lois ne sont donc pas nécessaires; elles sont libres,
absolument libres, et cependant la fin ne pouvait pas se réaliser
sans elles.
Le souverain bien
Quelle que soit l'opinion
qu'on admette sur la nature essentielle et fondamentale du bien, on ne
peut s'empêcher de remarquer que des choses fort différentes
sont appelées bonnes. On voit aussi dès la première
réflexion que la bonté et dès lors la valeur des choses
est inégale. Or, il est évident que le premier problème
qui s'impose à la morale pratique consiste à déterminer
la hiérarchie des biens, de façon à savoir quel est
le meilleur. Le plus élevé des biens, le dernier sur le plus
haut sommet de l'échelle, telos agathôn, finis bonorum,
doit évidemment être préféré à
tons les autres, aussi mérite-t-il le nom de souverain bien. Il
est aisé de conclure de là qu'il y a autant de systèmes
différents de morale, qu'il y a eu de conceptions différentes
du souverain bien. Or, si l'on ne veut pas faire une histoire complète
de la morale, on doit ramener les différents
biens à quelques types principaux qui ont tour à tour été
regardés par les philosophes comme le souverain bien. Or, on peut
regarder d'abord la loi elle-même comme le bien, puisque, ainsi que
nous l'avons vu ci-dessus, elle est étroitement liée à
l'existence du bien; puis on peut distinguer le bien égoïste,
le bien altruiste et le bien universel. Il
y a eu autant de conceptions différentes du souverain bien. Ainsi,
ceux qui ont considéré le bien comme un résultat de
la position de la loi, ont dû regarder l'obéissance à
la loi comme le souverain bien. Il faut obéir à la loi par
respect pour la loi, dit Kant. Pour ces moralistes la valeur des actes
est tout entière constituée par leur forme, l'intention fait
la valeur des actions, et, comme il n'y a guère de milieu entre
obéir ou désobéir, les différences de valeur
entre les différents vices et les différentes vertus tendent
à e effacer. Ces moralistes devaient aussi regarder la sanction
comme inutile et extérieure au souverain bien. Les stoïciens,
le protestantisme dans une certaine mesure, Kant, sont les principaux représentants
de cette manière de comprendre le souverain bien. Si l'on regarde
le bien égoïste comme le type du bien, on dit alors que le
souverain bien est le plaisir immédiat, comme Aristippe
de Cyrène, ou le plaisir calculé, prévu et plus ou
moins délicat, comme Epicure, Bentham
et Stuart Mill. Cette façon de comprendre
le souverain bien se nomme l'utilitarisme,
parce que le bien auquel tous les autres doivent être ramenés
est l'utile. On peut encore regarder comme le bien souverain le bonheur
individuel, en faisant consister ce bonheur dans la satisfaction de la
raison. Or, comme la raison ne peut être satisfaite si l'on sacrifie
à un plaisir individuel une somme plus grande de plaisir extérieure
à l'individu, il s'ensuit que pour être heureux l'individu
doit souvent sacrifier ses fins égoïstes aux fins universelles.
Ce système a été professé pour la première
fois par Aristote. D'autres moralistes ont voulu
que le bien des autres fût regardé comme le souverain bien.
La formule de la loi morale est alors : Vis pour les autres, et cette morale
du dévouement et du sacrifice mérite bien d'être appelée
altruiste. C'est le nom que lui a donné Auguste
Comte, son fondateur. Herbert Spencer dans
les Data of Ethic (trad. en français sous ce titre : la
Morale évolutionniste), a voulu concilier la morale altruiste
et la morale égoïste, et a placé
le souverain bien dans un égo-altruisme, dont la loi s'énonce
ainsi : Vis pour toi et pour les autres. Enfin, on peut placer le souverain
bien dans l'accomplissement de l'ordre universel et dans le retentissement
agréable que ne peut manquer d'avoir dans le monde la réalisation
de cet ordre. Cette conception emprunte aux stoïciens et à
Kant leur idée que le souverain bien consiste
dans l'accomplissement de la loi, mais elle corrige l'âpreté
et peut-être l'impossibilité de leur doctrine en faisant de
l'eudémonisme d'Aristote la conséquence
naturelle et infaillible de la réalisation de la loi. La base un
peu étroite de l'eudémonisme est
à son tour élargie par la considération de l'ordre.
Aussi, presque tous les penseurs qui ont joint au vif souci de la pratique
le désir de maintenir l'élévation des notions morales,
ont-ils adopté cette théorie. Citons Malebranche
(Traité de morale), la plupart des théologiens catholiques,
en particulier S. Thomas, et plus réaniment Janet
(la Morale). Le sens que nous venons de donner à l'expression
souverain bien est celui qui est à pou près universellement
reçu depuis l'Antiquité. Remarquons cependant que Kant, dans
la Critique de la raison pratique, a employé cette expression
pour désigner l'accord du bien et du bonheur, de la récompense
et de la vertu, accord que notre conscience réclame comme la consommation
de la justice. (G. Fonsegrive). |
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