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Tous les peuples
ont fait et font de la cuisine; mais tous n'ont pas possédé l'art
de préparer les mets de façon à triompher des inconstances du goût.
Cet art ne peut exister au milieu d'hommes grossiers, dépourvus de vases
en poterie ou en métal qui résistent au feu, et des ingrédients infiniment
variés que nécessite l'assaisonnement. II implique donc une société
policée.
Les anciens Asiatiques ont employé dans
la préparation des mets les productions de leur pays, si fertile en épices
et en parfums, et il nous est resté de brillantes descriptions de leurs
festins. Après s'être contentés, comme tous les peuples primitifs, de
viandes bouillies, rôties ou grillées, les Grecs empruntèrent aux Perses
le luxe de la table, et surent à leur tour transformer la satisfaction
d'un besoin naturel en un plaisir raffiné. Il faut excepter toutefois
les Spartiates, longtemps fidèles au brouet noir, ce mets national auquel
tout étranger n'eût goûté que sous l'impulsion d'un vigoureux appétit.
A Athènes, on écrivit des traités sur l'art culinaire; le poète Archestrate
parcourut des contrées lointaines pour découvrir des produits nouveaux.
On cite, parmi les préparateurs ou consommateurs célèbres, Numénius
d'Héraclée, Hégémon de Thasos, Philoxène de Leucade ,
Actidès de Chio ,
Tyndaricos de Sicyone .
Mais il paraît que la Grèce sacrifia particulièrement aux délicatesses
de la bouche, aux sucreries, aux fruits ,
aux fleurs .
Les Romains eurent une plus grande cuisine,
des sauces savantes, des épices. Adoptant toutes les préparations en
usage chez les peuples qu'ils soumettaient, excités par la diversité
même, ils voulurent goûter de tout, depuis la cigale jusqu'à l'autruche,
depuis le loir jusqu'au sanglier, et leur palais ne répugna pas à la
rue, à l'assa-foetida et à d'autres assaisonnements étranges. La cuisine
a immortalisé les noms de Lucullus, de Mécène
et d'Apicius. Les cuisiniers étaient gens d'importance,
nombreux, et fort recherchés. Ce qu'on rapporte de leur habileté est
à peine croyable : ils savaient donner à des poissons la forme et le
goût d'autres poissons que le climat ou la saison refusaient à la gourmandise
; avec de la chair de poisson, le cuisinier de Trimalcion composait des
pigeons et des poulardes. Quelle importance ne devait-on pas attacher Ã
l'art culinaire, quand on pense que l'empereur Domitien
faisait assembler le sénat pour délibérer sur l'assaisonnement d'un
turbot!
La chute de l'Empire romain entraîna la
ruine de la cuisine. Pendant plusieurs siècles, on ne connut en Europe
que les grossières préparations des Barbares du Nord : tout au plus quelques
traditions d'art culinaire furent-elles conservées dans les monastères .
Cet art retrouva des adeptes en Italie. II prit un nouvel essor après
les découvertes de Christophe Colomb et de Vasco
de Gama, qui donnèrent aux Européens de nouvelles épices et des
animaux jusque-là inconnus. Les Anciens avaient pour condiments le cumin,
la menthe, le safran, l'oxymel; on y ajouta la cannelle, la vanille ,
le girofle, la muscade, le poivre, le piment. Certaines villes se firent
des spécialités gastronomiques : Bayonne,
Mayence
et Francfort
eurent leurs jambons; Strasbourg ses saucisses et son lard; Chartres
et Ruffec leurs pâtés; Amsterdam ses
harengs; Hambourg son boeuf fumé, etc.
Plusieurs rois de France essayèrent d'arrêter
par des édits les progrès de la bonne chère; mais les cuisiniers italiens
que Catherine de Médicis amena à la
cour de Henri II furent plus forts que les lois.
Au XVIIe siècle, l'art culinaire peut
citer un grand nom, celui de Vatel. Au XVIIIe,
l'invention des petits soupers lui fit faire encore de nouveaux progrès,
auxquels est attaché le nom de Carême .
La Révolution, en fermant les hôtels des grands seigneurs, aurait anéanti
tous les raffinements de la table, si les procédés de l'art n'eussent
été conservés par les restaurateurs Beauvilliers, Laguipierre, Borel,
Lasne, Robert, Venna, Boucher, Viard, etc. L'école qu'ils ont formée
a admis le principe rationnel de renouveler ou de modifier chaque jour
les menus d'après les produits de la saison, plutôt que de suppléer
par adresse à ce que le marché ne peut donner. Au XIXe
siècle se sont distingués Delaunay, Jay, Legacq, Richard, Laiter, Philippe,
Véry, Véfour, etc.
II est hors de doute que la cuisine des
modernes est supérieure à celle des anciens, dont on a pourtant raconté
tant de merveilles. Elle possède des ressources beaucoup plus variées
et des délicatesses moins contestables. Il est également certain que
si chaque peuple a ses mets nationaux, l'Angleterre son roast-beef, son
beefs-teack et son pudding, l'Allemagne sa choucroute, la Russie son caviar,
la Turquie son pilau, l'Italie sa polenta et son macaroni, l'Espagne son
olla-podrida, etc., les Français, par la finesse de leur saveur, par la
richesse de leurs procédés ingénieux, sont aujourd'hui les maîtres
de l'art culinaire. C'est un Français, Brillat-Savarin,
qui, dans un ouvrage moitié sérieux, moitié plaisant, la Physiologie
du goût, a le mieux enseigné, et surtout avec le plus d'esprit, l'art
de jouir des plaisirs de la table.
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Patrick
Rambourg, Histoire de la cuisine et de la gastronomie française,
Perrin, 2010. - Des premiers recueils de recettes
du Moyen Age aux discours des grands gastronomes qui font et défont les
réputations, ce livre retrace la lente sophistication de la cuisine française.
Il explique comment, grâce à la maîtrise progressive des techniques
de cuisson, grâce aussi à la rationalisation de l'espace où officiaient
les cuisiniers, les grands chefs ont su moderniser les traditions. Patrick
Rambourg évoque les différentes modes : la " nouvelle cuisine " au siècle
des Lumières, qui se veut plus délicate, plus savante que celle du Grand
Siècle avec ses nombreuses garnitures et sauces au beurre ; la " cuisine
décorative " de Carême ou encore la " cuisine des palaces " d'Escoffier.
Cette dernière provoquera, par réaction, l'essor des cuisines régionales,
qui, selon l'auteur, constituent aujourd'hui une des plus grandes forces
de notre patrimoine gastronomique. Mêlant pratique, histoire et théorie,
Patrick Rambourg nous entraîne avec passion dans l'aventure de la cuisine
française et nous montre comment elle a acquis une renommée internationale
tout en devenant une spécificité culturelle reconnue par tous. (couv.).
Andrée
Lapointe et al., A table avec les Grands explorateurs : Menus
du monde entier, Ulysse , 2010. - D'expéditions
en aventures, Les Grands Explorateurs vous transportent sur les cinq continents
et vous dévoilent les recettes de leurs plats préférés. Explorez vous
aussi ces univers culinaires exotiques, et savourez le monde en famille
ou entre amis. À table avec Les Grands Explorateurs est un livre
de recettes hors du commun. Agrémentés de magnifiques photographies,
les menus exquis, les récits de voyage étonnants, les anecdotes touchantes
ou drôles et l'information sur des traditions culinaires bien vivantes
vous feront littéralement voyager! Comprend 28 menus complets et 95 recettes
simples et faciles à cuisiner! Les conférenciers de Connaissance du Monde,
grands explorateurs, ont parcouru la planète et ils ont réalisé des
reportages de qualité sur différents pays. Ils en ont ramené des images
et ont vécu des histoires exceptionnelles; Pour la première fois les
conférenciers de Connaissance du Monde proposent une compilation de leurs
recettes du monde. Ils nous font part de leurs coups de coeur culinaire
et suggèrent un repas complet composé de leurs mets préférés dans
chacun des 25 pays visités. Comprend 28 menus complets et 95 recettes
simples et faciles à cuisiner! (couv.).
Pascal
Davoz , Wyllow, Les fabuleuses histoires du chocolat, du café et
du thé en BD; Coffret 3 volumes, Editions Clair de Lune, 2009.
- Un roi, des aventuriers, une marquise, une reine,
un continent inconnu... quel est donc ce qui réunit, dans une même aventure
et à travers le temps, des destinées si différentes? La prodigieuse
histoire du chocolat... C'était il y a fort longtemps, sur les hauts plateaux
du Yémen, dans les collines du Djebel Sabor, que
le vent caressait doucement. Un jeune garçon veillait sur son troupeau
de chèvres, tandis que les longues mélopées de sa flûte survolaient
la poussière et poussaient tranquillement le soleil vers le couchant.
Tout était si calme, Or, Le soir venu... C'est ainsi que débute la prodigieuse
histoire du café. Ichi go ichi e... " Une fois, une rencontre ",
dit-on en japonais, et en esprit avec
la nature ; il faut vivre l'instant présent, qui est un cadeau des Dieux...
Comme le thé! Donné aux hommes afin qu'ils connaissent la pureté, la
sérénité, l'harmonie et le respect de toute chose dans la nature, le
thé est d'avantage encore que la boisson la plus consommée sur terre
après l'eau : Il est plus qu'un art de vie! Voici 5000 ans, une feuille
légère, emportée par la brise d'un soir s'approche doucement... (couv.).
Robert-Robert,
Gaston Derys, Dictionnaire de gastronomie joviale,
- Un dictionnaire
de mots de la table et de cuisine. Gaston Derys critique gastronome dans
les années 1920, nous régale par ses jeux de mots, sa culture et son
plaisir de la table. C'est un dictionnaire un brin paillard, joyeux, impertinent
et aussi culinaire. Il régalera aussi bien les amoureux de la langue
française que les amoureux des arts de la table. (couv.).
-
Françoise
Hache-Bissette et Denis Saillard, Gastronomie et identité culturelle
française : Discours et représentations XIXe-XXIe siècles, Nouveau
Monde, 2007. - Le rapport entre la gastronomie et
la France semble aller de soi. Peu après
" l'invention du restaurant " Ã
Paris à la
fin de l'Ancien
régime, ce sont des Français, Grimod
de la Reynière, Antonin Carême, Brillat-Savarin
et d'autres, qui fondent la gastronomie en élaborant un discours entièrement
nouveau sur les plaisirs de la table.
Au
cours du XIXe siècle, de nombreux chefs français, et notamment ceux qui
exercent leur talent à l'étranger, codifient une "haute cuisine" internationale.
La gastronomie française se montre à la fois capable de recréer, en
les "nationalisant", les cuisines régionales, et d'assimiler de nombreux
produits et procédés provenant de cuisines étrangères. Les textes qui
affirment son incontestable supériorité et son caractère national ne
cessent alors de se multiplier, tandis qu'à l'étranger se modèlent,
à travers l'examen de sa cuisine et de son art de vivre, des représentations
de la France et des Français. Quelle identité culturelle française discours
et représentations gastronomiques dessinent-ils depuis deux siècles?
S'éloigne-t-on nettement des conceptions présentes dans les textes fondateurs
et normatifs de la première moitié du XIXe siècle? Peut-on qualifier
de rupture les mutations des dernières décennies qui se caractérisent,
à la fois par un renouveau des "cuisines de terroir", et par une diversification
croissante des sources et des inspirations de la "haute cuisine" qui affaiblit
la place internationale de la gastronomie française?
Cet
ouvrage constitue les actes du colloque organisé en 2005 par le Centre
d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC) de l'Université
de Versailles St-Quentin-en-Yvelines et la Société d'ethnologie française.
(couv.).
Ingrid
Astier, Le goût du chocolat, Mercure de France, 2007.- Introduit
en Europe au XVIe siècle, le chocolat jouit
d'un accord tacite, conciliant peuples et personnalités, pacifiant les
âmes. Voluptueux en bouche, il n'est pas le seul privilège des enfants,
il est aussi terre de mémoire des adultes. A travers ses pays producteurs,
les arômes de sa fève, de son mucilage et de sa torréfaction, le chocolat
invite au voyage. Aujourd'hui source d'inventivité, il redouble de ludisme
: fragrances florales du jasmin ou de la rose, animales de l'ambre ou du
musc, capiteuses de la vanille de Tahiti, épicées
de la cannelle de Chine, de la muscade, du
poivre de Java, citronnées de la cardamome, hespéridées du cédrat confit,
du yuzu japonais, iodées du thé Maccha... En compagnie de Mme
de Sévigné,
Brillat-Savarin, Roald
Dahl, André Gide, Albert Cohen, Jorge Adamo, Joanne
Harris, Pierre Richard, J.M.G. Le Clézio et
bien d'autres, traversons ses effluves mexicains pimentés et retrouvons
sa sensualité raffinée, son rituel mâtiné d'enfance et son érotisme
latent (couv.).
Ingrid
Astier, Une brève histoire de chocolat, L'oeil neuf éditions,
2011.-
Le chocolat : matière noble à l'imaginaire
inentamé. Comme si croquer dans une tablette faisait, inlassablement,
jaillir des pays lointains. Lampe magique de la cabosse que l'on frotte
pour susciter Madagascar, le Venezuela, le Ghana, l'Indonésie… Il faut
dire que l'Européen, s'il s'est habitué aux agrumes ou aux orchidées,
ne croise pas chaque matin un cacaoyer. Imagine-t-il seulement le divin
arbre aux cabosses? Pour susciter les cacaoyers, la littérature vient
au secours, avec le brésilien Jorge Amado dans son roman Cacao, où il
décrit «les arbres pliés sous le poids de fruits jaunes», «magnifiques,
avec leurs fruits d'or d'où coulaient les gouttes d'eau comme de précieux
brillants». Si le pamplemousse et la mangue paraissent déjà des fruits
généreux pour nos yeux rodés aux cerises ou aux pommes, la cabosse du
cacaoyer, qui renferme les précieuses fèves, bat tous les cédrats de
Corse. Elle est grosse comme un ballon de rugby. Le petit déjeuner de
l'enfance ne va pas sans souvenirs cacaotés, ni le quatre heures sans
tablette ou Pâques sans un bestiaire chocolaté, l'Occident n'a pas toujours
parlé chocolat. L'histoire du cacao débute avec la conquête des océans
par les flottes européennes. Sans les Espagnols et leurs conquêtes sanglantes,
la face de la gourmandise en eût été changée.
Si
l'histoire du sucre est indissociable de l'esclavagisme (le sucre serait
trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des
esclaves», rappelait Montesquieu au XVIIIe siècle), celle du chocolat
porte en elle la mémoire des lances en métal et des flèches à pointe
de cuivre. Charles Quint le goûte sans enthousiasme en 1527, la première
cargaison part en 1585 de Vera Cruz vers l'Espagne et le pape Clément
VIII découvre le chocolat en 1594. Son histoire se lie aux caravelles…
(couv.).
Salima
Ait Mohamed, La cuisine égyptienne, Autres temps, 2006.
En
bibliothèque - Les livres sur la
cuisine font parfaitement connaître l'état de l'art culinaire aux différentes
époques. Le plus, ancien que l'on connaisse est resté manuscrit; c'est
le Ménagier de Paris, qui date du règne de Charles
V. Peu d'années après, un certain Taillevent écrivit un livre intitulé
Ci après s'ensuit le Viandier pour appareiller toutes manières de viande,
etc., et imprimé pour la 1re fois un peu avant 1490. L'Italien Platina,
dans un traité De honesta voluptate et valetudine, 1473, est également
curieux à consulter.
Le
recueil des statuts de la corporation des cuisiniers de Paris, qui ne fut
imprimé qu'en 1714, est rempli de prescriptions relatives à l'art culinaire;
cette publication avait été précédée d'ouvrages qui ont joui d'une
certaine réputation. tels que La Fleur de tout cuysine, par Pierre
Pidoux; 1543, in-16; le Pastissier françois, Amst.,1655, in-12:
Depuis le XVIIIe siècle, on doit citer principalement; Les Soupers
de la cour, par Menon, Paris, 1768, 3 vol. in-12; Le Cuisinier,
par Viard, 1803, in-8°; l'Art du cuisinier, par Beauvilliers, 1814,
2 vol. in-8°; Le Cuisinier parisien, par Carême, 1828, in-8°,
et Le maître d'hôtel français, par le même, 1842, 2 vol. in-80.
Les
divers recueils qui ont paru sous les noms de Cuisinière bourgeoise,
Cuisinière de la ville et de la campagne, Dictionnaire de la cuisine
,
etc., reproduisent ce que contiennent les ouvrages originaux sur la matière.
Hugh
Johnson, Une histoire mondiale du vin, Hachette (Pluriel),
2006. - Voici l'aventure tumultueuse du vin depuis
l'Antiquité. Mettant à profit sa connaissance
de vignobles aussi divers que ceux de la Géorgie,
des pentes du Vésuve, des hauteurs du Golan ou des coteaux de Champagne,
l'auteur analyse l'évolution du vin à travers les civilisations qu'il
a accompagnées, les mythes qu'il a fait naître,
les croyances qu'il a suscitées, l'économie et les techniques qu'il a
développées et les hommes qui lui consacrèrent leur vie. Recherche des
origines du vin, de son élaboration à travers les âges et du goût qu'il
avait chez les Égyptiens, les Grecs
ou les Romains, ce livre est un véritable
travail d'archéologue et d'historien. Hugh Johnson nous dit la fascination
du vin sur l'homme et le rôle de l'Église dans
son implantation en Occident, la recherche de la qualité, la naissance
des grands vins, les progrès de l'oenologie, les drames de la viticulture,
les nouveaux vignobles en Californie et en Australie... Sans oublier la
question des vins que nous boirons demain. Une histoire du vin et du goût,
du plaisir et d'un art de vivre. (couv.).
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