 | Ecole de Mégare est une école de philosophie grecque qui tire son nom du lieu d'origine de son fondateur, Euclide, disciple de Socrate, et qui fut aussi compagnon et l'ami de Platon. Elle dura environ un siècle. La doctrine philosophique qu'elle défendit est une conciliation entre l'enseignement de Socrate et celui de Parménide et des Éléates. Outre Euclide, les principaux représentants de cette école furent Eubulide, Ichthyas, Pasiclès, Clinomaque, Alexinus, Diodore, Stilpon qui, il est vrai, se rattache aussi à L'école cynique, Apollonios Cronus, Euphante, Bryson et Alexinus. Son dernier représentant fut Diodore Cronus. Deux traits essentiels caractérisent l'école de Mégare. D'abord, comme Socrate et comme Platon, elle déclare que la vérité se trouve non dans les données des sens, mais dans celles de la raison les concepts seuls atteignent la réalité. Les Mégariques sont, comme dit Platon dans un texte célèbre du Sophiste, « amis des Idées », et les Idées sont, pour eux comme pour Platon, des êtres véritables. La différence qui les sépare de Platon, c'est qu'ils refusent aux Idées, définies comme immuables, la vie, l'action et le mouvement. C'est sur ce point que Platon, dans le texte déjà signalé, s'efforce de les réfuter. En outre, l'école de Mégare identifie l'Unité absolue, reconnue par Parménide, avec le Bien, défini par Socrate, comme le principe suprême de toutes choses. Et il semble bien que dans le développement historique de l'école, la doctrine de la pluralité des Idées, sans disparaître jamais entièrement, ait peu à peu passé au second plan, si bien qu'en présence du monde sensible, multiple, périssable et changeant, se trouvait uniquement le Bien, un, éternel et immuable. C'était, sauf la substitution du Bien à l'Unité, la doctrine qu'avait soutenue Parménide. Elle présentait les mêmes difficultés et devait conduire aux mêmes conséquences. En effet, plus les conclusions des Mégariques s'éloignaient des données du sens commun, plus les philosophes devaient être tentés de récuser son témoignage, et, à l'exemple de Zénon d'Elée, d'opposer les subtilités de la dialectique aux réalités de l'expérience. De là une tendance, déjà manifeste chez Euclide, lequel préférait à toute autre démonstration la réduction à l'absurde, mais qui devint de plus en plus marquée chez ses successeurs Eubulide et Alexinus, à abuser du raisonnement et à se complaire dans les sophismes. De là le surnom d'éristique que l'école de Mégare ne tarda pas à mériter : les arguments du tas, du chauve et du cornu sont des exemples des chicanes où se jouait la subtilité mégarique. Diodore surtout s'illustra dans ce genre; c'est lui qui démontrait par de nombreux arguments que le mouvement est impossible, et concluait qu'on ne peut jamais dire d'une chose qu'elle se meut; il faut dire qu'elle a été mue. Il prouvait aussi que la destruction est impossible, et il s'est rendu célèbre par l'invention d'un sophisme appelé le kyriyedôn, que l'Antiquité grecque considérait comme le chef-d'oeuvre de la dialectique, et qui tendait à prouver que cela seul est possible qui est ou sera réel. Un écho de ces discussions se retrouve dans les profondes argumentations de Chrysippe sur le libre arbitre ( Cicéron, De Fato). L'école de Mégare a exercé une certaine influence sur le développement de la pensée grecque. On a vu les rapports d'Euclide et de Platon. C'est à la théorie des Mégariques qu'Aristote opposa sa doctrine de la puissance et de l'acte. Par Stilpon, qui réunit les doctrines Cyniques et Mégariques, cette école contribua à inspirer le Stoïcisme ; on a dit aussi (mais ceci demanderait quelques réserves) que le Pyrrhonisme s'y rattachait, s'il est vrai que Pyrrhon ait été le disciple de Bryson, lui-même disciple de Stilpon. (V. Brochard).
 | En bibliothèque - Gunther, Dissertatio de methodo disputandi megarica, Iéna, 1707, in-4°; G.-L. Spalding, Vindiciae philosophorum megaricum, Berlin, 1793 in-8°; Deycks De Mégaricorum doctrina, ejusque apud Platonem et Aristotelem vestigiis, Bonn, 1827, in-8°; Ritter, Remarques sur la philosophie de l'École de Mégare, Paris, 1843, in-8°; l'Ecole mégarique, dans le Musée du Rhin, Bonn, 1828; C. Mallet, Henne, Histoire de l'école de Mégare et des écoles d'Elis et d'Eretrie, Paris, 1845, in-8°. | | |