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L'École cyrénaïque

L'Ecole cyrénaïque, est une école philosophique fondée par Aristippe de Cyrène, qui paraît être issue du mélange des doctrines morales de Socrate et des sophistes. Ses principaux représentants sont : Aristippe, sa fille Arété, le fils de celle-ci, Aristippe le Jeune, Théodore l'Athée, Hégésias et Annicéris. Cette philosophie paraît avoir duré du IVe à la fin du IIIe siècle av. J.-C.

Les cyrénaïques négligent les recherches théoriques pour ne chercher dans la science que ce qui peut être utile à la pratique. Le but unique de la philosophie est le bonheur de l'humain, et ce bonheur consiste dans le bien. Or, le bien est dans le plaisir. Le plaisir est donc le but suprême de la vie. Rien n'est bon ni désirable que comme moyen d'arriver au plaisir. Selon eux, le plaisir résulte d'un mouvement harmonieux et lent; si le mouvement se précipite, la douleur survient, le repos de l'être est un état indifférent, sans plaisir comme sans douleur. 

Le but de la vie consiste donc à entretenir en elle ce mouvement doux. Il n'y a pas d'autre bien que celui-là, car que serait un bien qui ne serait pas agréable? Il n'y a d'autre mal que la douleur, car que peut faire un mal sinon apporter du désagrément? Et cela est si vrai que tous les êtres sentants, tous les animaux, tous les humains recherchent le plaisir et fuient la douleur. C'est la loi universelle de l'action. Or, comment connaissons-nous ce qui nous fait plaisir et ce qui nous procure de la douleur? Ce ne peut être que par la sensation et non par le raisonnement. La sensation seule est donc la mesure de la vérité. Les choses sont bonnes ou mauvaises selon que nous les sentons telles. C'est par là que l'école cyrénaïque arrive à rejoindre Protagoras

Le plaisir étant dans la sensation ne peut être que présent. Le passé ni l'avenir ne sont sentis. Le bonheur est donc dans le présent. Le sage ne s'inquiète ni du passé ni de l'avenir, il ne songe qu'au présent. A cette considération de la volupté présente, tout doit être subordonné. Cependant les cyrénaïques ne purent s'empêcher de remarquer qu'un petit plaisir présent pouvait causer de grandes peines dans l'avenir. Ils furent donc amenés à dire que, dans ces cas, il fallait sacrifier le présent à l'avenir. Aussi l'humain intelligent s'abstiendra-t-il de toute action punie par les lois civiles ou par la réprobation publique. Ils allaient même plus loin et, constatant que l'intelligence des choses procurait un véritable plaisir, ils recommandaient la culture de l'esprit et même en quelques endroits la spéculation désintéressée pour les esprits qui y trouvaient leur agrément. 

L'école cyrénaïque apprenait à ses disciples à jouir de la vie et de tout ce qu'elle offre de bon. Le cyrénaïque aime la bonne chère, le luxe de l'habillement et de l'habitation, par-dessus tout la richesse qui permet de se procurer tous les plaisirs. Il veut avoir la jouissance, mais, comme il la veut sans trouble, il la possède et n'en veut point être possédé. Il use de la vie et de tous ses biens comme un hôte d'un banquet, y prenant plaisir, mais prêt aussi à en sortir sans trop de regrets. Le plaisir n'est pas là où manque la mesure, où le mouvement des sens est trop vif. Il demeurera donc élégant et délicat même au sein des orgies et, s'il se prête volontiers à tous les genres de volupté, il ne le fait pas sans garder un air de hauteur et de détachement.

L'École cyrénaïque fut complètement éclipsée par l'Epicurisme, qui, en adoptant des  principes de morale analogues, les fit entrer dans un système à toutes les parties duquel ils se rattachent intimement. (G. Fonsegrive / B-E).
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• Aristippe de Cyrène, fondateur de l'École cyrénaïque, a développé la philosophie hédoniste, soutenant que le but ultime de la vie est de rechercher le plaisir et d'éviter la douleur. Cependant, il a souligné que le plaisir intellectuel (eudaimonia) est supérieur au plaisir physique.

• Arété, fille d'Aristippe et mère d'Aristippe le Jeune, vivait au IVe siècle avant l'ère chrétienne. Son père l'instruisit assez complètement dans sa philosophie, pour qu'elle pût à son tour la transmettre à son fils; c'est pourquoi elle fut considérée comme le successeur d'Aristippe l'Ancien à la tête de l'école cyrénaïque. Elle eut également pour disciple Théodore l'Athée (ci-dessous). Mais  elle ne se distingua par aucune opinion nouvelle. (GE / F.).

• Aristippe le Jeune (aussi surnommé Métrodidacte, parce qu'il avait reçu les leçons de sa mère), petit-fils du précédent et fils d'Arété. Il passe pour avoir systématisé la théorie hédonistique en distinguant le plaisir du repos, purement négatif, du plaisir qui accompagne l'action; ce dernier est à ses yeux le souverain bien (Diogène Laerce, Il, 8, § 65 et suiv., 82 et suiv.). Nous ne savons rien de ses ouvrages, quoiqu'il paraisse en avoir écrit.

• Hégésias de Cyrène, né vers l'an 300 av. JC, également connu sous le surnom de Pleureur, a fait valoir que la vie était dominée par la souffrance, et il a encouragé la modération dans la recherche du plaisir. Il conseillait également le suicide ce qui le fit surnommer aussi Pisithanate ( = qui persuade la mort). Plusieurs de ses disciples s'étant en effet donné la mort, le roi Ptolémée fit fermer l'école et exila le philosophe.

• Théodore de Cyrène vivait vers 325 av. JC. Disciple d'Aristippe ed'Hégésias, était connu pour son attitude de non-attachement aux biens matériels et pour sa conviction que la sagesse réside dans le contrôle des désirs et l'indifférence aux conventions sociales. ll professa dans un Traité des Dieux, des opinions hardies qui lui valurent le surnom d'Athée et qui le firent exiler de Cyrène, vint se fixer à Athènes, mais y déplut également par son impiété et fut, dit-on, condamné par l'Aréopage à boire la ciguë.

• Anniceris, disciple d'Aristippe qui a modifié la philosophie cyrénaïque en introduisant l'idée que l'amitié et les relations sociales étaient essentielles pour le bonheur. Il a promu l'idée que l'amitié était une source de plaisir.



En bibliothèque - Diogène Laërce, Vies des Philosophes, Aristippe; Mentzius, Aristippus..., seu de ejus vita, moribus et dogmatibus commentarius, Halle, 1719, in-4°; Kunhards, De Aristippi philosophie morali, Helmst., 1796, in-4°; Wieland, Aristippe, Leipz., 1800, in-8°, et les Histoires de la Philosophie, de Tennemann et du Ritter.
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