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L'histoire des États-Unis
La Guerre de Sécession
Histoire des Etats-Unis d'Amérique
Aperçu
Les premiers affrontements
L'encerclement du Sud Les grandes batailles
Grant et Sherman
La guerre de Sécession commença en 1861, et dura jusqu'en avril 1865. Elle eut pour causes l'antagonisme qui existait entre les deux régions, à propos de l'esclavage des Noirs : le Nord était abolitionniste, le Sud esclavagiste; et aussi la nature des intérêts opposés des deux régions. Le Nord, manufacturier, redoutant la concurrence des produits manufacturés de l'Europe, réclamait et imposait des tarifs de douanes protecteurs des produits locaux. Le Sud, agricole, voulait avoir des produits manufacturés à bon marché, et regardait les tarifs protecteurs du Nord comme des impôts qu'il payait sans aucune compensation.

Pendant quatre ans, les Sudistes ou Confédérés, commandés par Beauregard, Jackson et Lee, livrèrent aux Nordistes ou Fédéraux, commandés par Scott, Mac Clellan, Burnside, Sherman et Grant, une suite de  batailles meurtrières, où les succès et les revers se balancèrent longtemps. La résistance du Sud contre les masses sans cesse renouvelées du Nord commença à cependant s'épuiser après la bataille de Gettysburg et la prise de Vicksburg (1863). L'expédition de Sherman dans le Sud et les victoires répétées de Grant autour de Richmond eurent enfin raison du courage désespéré des derniers régiments levés par Jefferson Davis et commandés par Lee. Dans les premiers mois de 1865 la prise de Richmond amena la reddition de Lee et la chute définitive du gouvernement confédéré. Les États qui avaient fait sécession en 1860 et 1861 furent tour à tour réintroduits dans l'Union entre 1865 et 1870

Dates-clés :
1857 - Publication de la Case de l'Oncle Tom; montée de l'abolitionnisme.

1860 - Lincoln et le parti républicain (abolitionniste) au pouvoir.

1861 - Sécession du Sud.

1863 - Bataille de Gettysburg; victoire de Grant pour le Nord.

1865 - Capitulation du Sud à Appomatox; assassinat de Lincoln.

Les causes de la guerre
La question de l'esclavage n'avait cessé de divisé le pays depuis sa fondation. 
Depuis le compromis de 1850 qui avait apaisé pour un temps les luttes violentes au sein du Congrès, dans la presse et dans toutes les manifestations de la vie politique et sociale entre les adversaires et les défenseurs de l'esclavage, la lutte avait repris, plus ardente que jamais, aux élections de 1856, où un président démocrate, Buchanan, fut nommé.

Cette présidence de James Buchanan, 1857-1861, marquée par l'admission à titre d'États du Minnesota, 1857, et de l'Orégon, 1859, et par des traités avantageux conclus avec la Chine et le Japon, 1858-1859, fut des plus agitées : à l'extérieur, par la tolérance accordée aux entreprises du flibustier Walker sur le Nicaragua, et au rétablissement occulte de la traite; par des démêlés avec l'Angleterre relativement aux îles de la baie de Honduras, et à l'île San-Juan dans le détroit de Fuca, par les intrigues du gouvernement américain au Mexique; à l'intérieur, par la guerre contre les mormons, l'anarchie sanglante du Kansas, la partialité du gouvernement pour le maintien de l'esclavage, qui amena en 1859 la conspiration abolitionniste de J. Brown, par la crise commerciale et financière de 1857-1858. Enfin l'opposition des États du Nord et de ceux du Sud, la diversité des intérêts commerciaux, la faiblesse du lien fédéral, les rivalités ardentes des républicains et des démocrates dans chaque État furent autant de périls pour l'Union; en même temps, ses convoitises à l'égard des contrées voisines, sa prétention d'exclure de l'Amérique les Européens, ne manquèrent pas d'indisposer contre elle les grands États de l'Ancien monde. 

La tension atteignit son maximum d'acuité en 1860, lorsque le parti républicain du Nord triompha avec son candidat, Abraham Lincoln, pour la présidence.  Le 10 novembre 1860, lorsque le résultat de l'élection fut connu, la législature de la Caroline du Sud ordonna l'élection d'une Convention chargée de considérer la question de la sortie de l'Union. Elle fit le choix de la scission entre les États du Sud, partisans de l'esclavage, et les États du Nord, opposés à cette institution. 

Dix États, la Caroline du Nord et du Sud, la Floride, la Géorgie, l'Alabama, le Mississippi, la Louisiane, le Texas, l'Arkansas, le Tennessee, et une partie de la Virginie, déclarèrent successivement (20 décembre 1860 - 12 juin 1861) se détacher de l'union, se constituèrent en gouvernement séparé : la  Confédération sudiste. Une constitution fut adoptée, et on nomma  Jefferson Davis comme président et Alexander Stephens comme vice-président. Les Sudistes adoptèrent une nouvelle capitale (Richmond), et opposèrent une armée à celle de l'Union. 

A Washington, le Congrès, pendant les dernières semaines de la présidence de Buchanan, tenta quelques mesures de conciliation qui ne purent aboutir.  Il quitta la Maison-Blanche le 4 mars 1861, léguant à son successeur et à son pays ce qui allait être une effroyable guerre civile.

Les opérations.
Le Sud commença la lutte, en s'emparant du fort Sumter, à l'entrée de Charleston, 12-14 avril 1861. Le Congrès confédéré s'ajourna à Montgomery, le 21 mai, et se réunit le 20 juin à Richmond. La constitution définitive était à ce moment ratifiée par tous les États. Ayant désormais les mains libres, le gouvernement confédéré, sous la direction omnipotente de Jefferson Davis, mena à partir de là les opérations de guerre avec une extrême énergie et délivra des lettres de marque et de représailles. Il ne réussit pas cependant à faire reconnaître en Europe la Confédération comme puissance indépendante, malgré les sympathies qu'ils trouva de la part de la France et de l'Angleterre.  Les troupes du Sud, mieux exercées que celles du Nord, et commandées par des officiers plus habiles,  gagnèrent une bataille sur le Bull's Run, près de Manassas, 21 juillet. 

Les Fédéraux, compensant ces échecs par des avantages maritimes, bloquèrent les côtes des confédérés, et y prirent diverses positions. L'année suivante, les opérations commencèrent encore par leur être favorables une victoire à Somerset dans le Kentucky, la prise des forts Mac Henry et Donelson, celle de Nashville par le général Grant, ramenèrent le Tennessee à l'Union, et assurèrent la possession du Kentucky et du Missouri; Curtis battit les confédérés à Pea-Ridge dans l'Arkansas, Grant à Corinth dans le Mississippi; Butler occupa la Nouvelle-Orléans, Burnside prit l'île de Roanoke et l'importante position de New-Bern, et Mac-Clellan menaça Richmond, capitale des États du Sud. Mais les confédérés, évacuant Yorktown, concentrèrent leurs forces pour un effort décisif, et réussirent, malgré des échecs partiels à Williamsburg et aux Sept-Pins sur le Chikahominy, à repousser l'invasion : après 7 jours de combats, qu'on appelle les batailles de White Oak Swamp, de Mechanicsville, de Gaines Mill, de White House, de Savage Station, du James-River, et de Malvern Hill, 25 juin - 1er juillet 1862, ils prirent à leur tour l'offensive, gagnèrent une seconde bataille de Bull's Run, prirent Fairfax et Centreville, et ne furent arrêtés par Mac-Clellan qu'aux combats d'Hagernstown et d'Antietam, 14 et 17 septembre. L'épuisement du Sud et l'incapacité administrative et militaire du Nord amenèrent alors un temps d'arrêt : quand les deux armées, qui étaient restées en présence entre Washington et Richmond, s'abordèrent de nouveau, Burnside, successeur de Mac-Clellan, perdit la bataille de Frederiksburg, 15 décembre.

Hooker ne fut pas plus heureux à Chancellorsville, 3-4 mai 1863, où les sécessionnistes perdirent cependant un de leurs meilleurs généraux, Jackson Stonewall, tué accidentellement par les siens. D'un autre côté, la marine fédérale avait échoué, mars-avril, dans une attaque contre Charleston. Mais la prise d'Arkansas Post et la victoire de Rosencranz sur Braxton Bragg à Murfreesborough rendirent aux fédéraux presque tout l'Arkansas elle Tennessee. Ces événements, et le désir de s'opposer à l'invasion des fédéraux dans la vallée du Mississippi, où Wicksburg et Port Hudson étaient les seules places capables de les arrêter, déterminèrent Lee et Longstreet à conduire une seconde fois les confédérés dans le Maryland : le général Meade soutint victorieusement leur choc à Gettysburg, 1-3 juillet, et au même moment Wicksburg capitula, et, peu après, Port Hudson.

Le 22 septembre 1862, le président du Nord, Abraham Lincoln, avait déclaré libres tous les esclaves des États rebelles qui ne seraient pas rentrés dans l'Union au 1er janvier 1863. Les confédérés répondirent en condamnant aux travaux forcés les officiers blancs, et en mettant à mort non seulement les soldats noirs prisonniers de guerre, mais les blancs qui les commandaient. Ils s'allièrent en même temps aux Indiens, par qui ils faisaient ravager les États de l'Ouest. Unis dans le Nord au parti violent des Copper Heads, ils faisaient éclater à New-York une terrible émeute, 13 juillet, où les gens de couleur furent massacrés, les abolitionnistes menacés, et une partie de la ville livrée au feu et au pillage. Une société d'incendiaires se forma pour brûler les vapeurs du Mississippi, dont un grand nombre furent en effet la proie des flammes. Mais ces moyens ne firent que compromettre la cause du Sud en Europe et exciter l'ardeur du Nord.

Le principal théâtre de la guerre, à la fin de 1863, fut le Tennessee et le nord de l'Alabama et de la Géorgie. L'importante place de Chattanooga, à la frontière de ces trois États, fut occupée par Rosencranz, pendant que Burnside s'emparait de Kingston, de Knoxville dans le Tennessee oriental, et du passage de Cumberland Gap qui le reliait aux unionistes du Kentucky et lui donnait l'entrée de la Virginie. La situation était critique pour le Sud, qui porta presque toutes ses forces sur Chattanooga; mais, après une bataille indécise à Chickamanga, 19-20 septembre, Bragg ne put reprendre Chattanooga, octobre, et fut vaincu devant cette ville, 23-21 novembre, par Grant, Sherman, Thomas et Hooker. De son côté, Longstreet fut repoussé de Knoxville par Burnside, 29 novembre.

La campagne de 1864 devait être décisive. Grant se chargea de l'attaque directe sur Richmond, pendant que Sherman percerait le Sud, du Mississippi à l'Atlantique, et, enlevant les ports de la côte d'où les confédérés tiraient d'Europe leurs ressources militaires, viendrait le rejoindre en Virginie. Les deux armées commencèrent en mai leurs opérations. Grant marcha sur Richmond, défendu par Lee, et Beauregard livra une bataille indécise à Wilderness, 5-6 mai, remporta à Spottsylvania une grande victoire, 8-11 mai, et força Lee à reculer sur le Chickahominy, la dernière vallée qui couvre Richmond au Nord. Pendant ce temps, Butler, trompant les confédérés par une fausse attaque sur Yorktown, s'emparait de City Point, à 25 km au Sud de Richmond, et se fortifiait dans la presqu'île de Bermuda. La guerre se concentra entre Richmond et Petersburg, sa forteresse vers le Sud sur un espace de 40 km défendu par de formidables retranchements. Après des assauts réciproques et sans avantages décisifs sur la position intermédiaire de Cold Harbour, 4-6 juin, Grant commença le siège de Petersburg, 17, qui isolait Richmond des Carolines. Pendant que cette menace retenait toute l'armée de Lee devant Richmond, un lieutenant de Grant, Sheridan, repoussait les confédérés de la vallée de la Shenandoah, par laquelle, dans les années précédentes, ils avaient envahi le Maryland, la Pennsylvanie, et menacé Washington. En même temps, Sherman envahit la Géorgie par Chattanooga, chassa Johnstone de Dalton, le battit à Resaca, 14-15 mai, et s'empara, après une sanglante bataille, de la forte place d'Atlanta, 2 septembre. De là, laissant son lieutenant Thomas attirer Hood dans le Tennessee et le détruire, il traversa, par une marche de 130 km, sans obstacle, et aidé par la complicité des Noirs, toute la Géorgie, et, se reliant à la flotte fédérale, prit le port de Savannah, 15 décembre.

La victoire du Nord.
Maître ensuite de Charleston, janvier 1865, de Wilmington, il rejoignit Grant en Virginie. Le gouvernement et les généraux confédérés furent alors rejetés de Richmond et de Petersburg, 3 avril. Lee capitula devant Grant, 9 avril, Johnstone devant Sherman, et Jefferson Davis, président du Sud, s'enfuit vers le Mississippi. Sur ces entrefaites, un fanatique du Sud, Booth, assassina Lincoln, récemment réélu dans le Nord, 11 avril. Lincoln fut remplacé par le vice-président, Andrew Johnson, Jefferson Davis fut poursuivi dans sa fuite, arrêté, et emmené à Washington, tandis que le dernier chef confédéré, Kirby Smith, qui avait annoncé l'intention de résister dans le Texas, capitulait devant les forces fédérales, mai 1865. Ainsi se termina la guerre civile.

Le Congrès fédéral vota un amendement à la constitution relatif à l'abolition de l'esclavage, amendement qui dut être ratifié, pour être valable, par les deux tiers des congrès particuliers des États.

Le triomphe des États du Nord et le rétablissement de l'Union ne mirent pas fin aux embarras intérieurs des Etats-Unis. Les exigences et les emportements des représentants du Nord, qui voulaient exercer des représailles, le procès sans cesse ajourné de l'ex-président des États confédérés, Jefferson Davis, la dictature administrative et militaire imposée aux États du Sud, l'agitation et les soulèvements des esclaves affranchis, enfin la lourde charge de la dette publique troublèrent la présidence d'Andrew Johnson, qui fut mis en accusation par la Chambre des représentants. Mais les adversaires ne purent réunir au Sénat la majorité des deux tiers requise pour une condamnation. 

Aux élections présidentielles de 1869, le parti républicain fit triompher son candidat, le général Grant, et le maintint au pouvoir pour une seconde période présidentielle, en 1873. Malgré les efforts des démocrates, les républicains purent encore élever à la présidence Hayes, de 1877 à 1881, et le général Garfield, qui fut assassiné le 20 septembre 1881. Le pouvoir fut alors exercé par le général Arthur, vice-président. Mais, dans les élections de 1884, les démocrates ont obtenu l'avantage, et leur candidat, Cleveland, a été élu président des États-Unis. (Dezobry).

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