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Le Pamir
Le Pamir est une vaste région montagneuse du centre de l'Asie, occupant tout l'Est du Tadjikistan, (en débordant sur la Chine), et au Nord du Pakistan, de laquelle elle est séparé par la vallée afghane du Wakhan, et comprenant aussi plusieurs contrées connues sous le nom de Darvaz, Rochan, Chougnan.

Le mot Pamir, Pamilo, du premier voyageur chinois Hiuen-Tsang, proviendrait, selon les uns, du mot Bami-Bal,  « haut toit ». Selon les autres, le nom primitif serait Bam-i-douniah ou « toit du monde ». De toutes façons, le nom Pamir, employé à la fois par les habitants du pays et dans la littérature européenne, représente bien, au point de vue géographique, une sorte de toit, ou immense plateau, hérissé de chaînes, noeud des principaux systèmes montagneux du continent asiatique : Tian-chan, Hindou-Kouch, Kouen-Loun, Kara-Koram, Himalaya.

Le Pamir propre a été divisé, un peu arbitrairement, par divers explorateurs en différentes sections : Grand Pamir ou Pamir-i-Kalan, Petit Pamir, Pamir Alitchour, Pamir Sarez, Pamir des Lièvres, selon les termes dont s'étaient servis leurs guides ou les indigènes rencontrés sur leur route.

Configuration physique.
Prise dans son ensemble, la région désignée sous le nom Pamir peut être assez nettement délimitée au Nord par la vallée du Kyzylsu, audelà de laquelle s'élèvent les monts Alaï (Alaj) à l'Ouest et au Sud pour le cours du Piandj (Pandzh ou Pändj), cinq en langue locale ( probablement par allusion aux cinq rivières qui semblent former le cours d'eau), branche supérieure de l'Oxus, et la chaîne de l'Hindou-Kouch; à l'Est, par le Kandjout, une partie du cours de l'Aksu et par la Kashgarie. C'est un espace est d'une étendue d'environ 74 000 km², soit les quatre cinquièmes du Portugal : 270 kilomètres du Nord au Sud; 240 kilomètres de I'Est à l'Ouest (du Muztagh Ata au Murghab). 

L'aspect du Pamir est des plus caractéristiques. Séparé du reste du continent par des abîmes sans fond, le terrain s'abaisse et se relève continuellement pour former une série de hauteurs et de vallées; çà et là, quelques pics isolés. L'altitude moyenne du pays atteint la hauteur des sommets les plus élevés des Alpes bernoises. Les massifs qui le couronnent s'étendent presque exclusivement du Nord-Est au Sud-Ouest; uelques-uns dressent leurs cimes à 2100, 2500 m et davantage au-dessus du plateau, ce qui leur donne couramment une altitude de 6400 à 6700 m au-dessus du niveau de la mer, voir davantage. Tel est le cas, en Chine, du Koungour (7739 m) et du Muztagh Ata (7546 m), ou du point culminant du Tadjikistan, le Qullai Ismoili Somoni (anc. Pic du Communisme), qui a 7495 m.

Hydrographie.
A l'exception de quelques vallées au Nord, qui vont au bassin de Tarim, et de celles à l'Est de la passe de Vakdjir, également tributaire du bassin de l'Asie centrale, le Pamir proprement dit appartient tout entier au versant de l'Amou-daria (Oxus), ou se compose de bassins isolés sans déversoir, comme celui du grand Kara-Kul.

Le niveau inférieur des vallées est habituellement à une altitude variant de 4000 à 5000 m. Les neiges perpétuelles, dont la limite est difficile à fixer exactement, vu le changement de latitude, ne descendent guère au-dessous de 5000 m. Les pluies et les neiges, presque inconnues dans les vallées du Nord jusqu'à l'Aksu (rivière Blanche, cours supérieur de l'Amou-Daria), sont plutôt abondantes dans les vallées du Sud. Ces dernières, quoique plus élevées, sont assez gazonnées; les montagnes ont des formes douces, arrondies, peu rocheuses et s'élèvent souvent  jusqu'à 6000 m et au-dessus.

Le régime des eaux est compliqué, les lacs abondent et les rivières qui en découlent ou qui les forment ont les cours les plus capricieux. Parmi les lacs, les principaux sont : le Kara-Kul (3914 m ); Rang-Kul (3782 m), Yashi-Kul (3719 m), Zor-Kul (4125 m), Sarez (3239 m).

L'ensemble du Pamir, relevé dans l'Est, où se trouve le Muztagh Ata , est incliné vers l'Ouest par une pente douce. Les rivières courent donc en général de l'Est à l'Ouest. L'Aksu, qui prend sa source dans les marais et la plaine du lac Ghalmakmi, forme un grand coude et, après avoir coulé an Nord-Est, revient dans l'Ouest former le Murghab (ou Murgab). Dans cette boucle immense se trouvent plusieurs vallées importantes, entre autres celle de l'Alichur et celle du Zor-kul et de la rivière Pamir, vallées orientées directement à l'Ouest. A peu de distance des sources de l'Aksu se trouvent celles de l'Oxus. Sous les nom de Wakhan-Daria, puis de Pandzh, ce dernier coule directement à l'Ouest, puis revient vers le Nord recevoir successivement les divers affluents que lui envoient les montagnes. Les lignes de partage des eaux des rivières ne sont pas constituées par les plus grandes altitudes; arêtes douces des montagnes et cours des rivières sont parallèles. L'Aksu court d'abord le long de la ligne de faîte qui sépare ses eaux de celles de l'Asie centrale ; l'Alichur est séparé de l'Aksu par une haute chaîne; une autre chaîne importante le sépare de la rivière Pamir; la chaîne du grand Pamir, parallèle au cours de cette dernière, l'est aussi avec celui de l'Oxus et ce dernier longe toute la haute crête de l'Hindou-Kouch. 

A leurs sources, les différentes rivières sont séparées par de légers vallonnements dans des plateaux gazonnés; leurs premiers petits ruisseaux sont enchevêtrés les uns près des autres, et les passes sont presque toujours, non pas à angle droit avec le cours des rivières les plus importantes, mais aux sources mêmes de ces rivières. La région du Pamir n'est donc pas un vaste désert; on y trouve très fréquemment des endroits propres à la culture et surtout à l'élevage.

Cols. Passages.
Quelques passes seulement d'une altitude moyenne de 4000 m, conduisent de l'Alaï au Pamir. Ce sont le Taldik (3537 m), le Djipptik (4140 m), le Sarik-mogal (4300 m), le Tengais-bai (3850 m) et le Kara-Kasik (4360 m). Les passes du Karakaram montent jusqu'à 3000 m. A l'Est, le Terek-Davan, mettant le Turkestan en communication avec la Kashgarie, est seul accessible. Du côté du Pakistan, diverses routes mènent au Pamir : route du pays de Hunza ou Kandjout, route du Iassine et du Chitral. Mais ces routes présentent de grandes difficultés.
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Pamir.
Le Pamir vu de l'espace. Image : Nasa World Wind.

Climat.
Au point de vue climatique, le Pamir doit être divisée en plusieurs portions. Malgré la rudesse du climat, diverses parties, à l'Ouest et à l'Est du massif, sont parfaitement habitables. Dans le Nord, les nombreux troupeaux des Kirghiz et des Tadjiks (chevaux, chameaux, brebis, chèvres) trouvent un pâturage suffisant. Le centre du Pamir est, par contre, un véritable désert, dépourvu de toute végétation et où aucune habitation humaine n'est possible. Par suite de sa haute altitude, le Pamir est exposé à tous les vents, les bourrasques de neige y sévissent à l'état presque permanent et la température demeure constamment très basse. Des observations ont été faites au poste du Pamir (Pamirsky poste, 3700 m)  : température moyenne de l'année -1,1°C. La plus basse (-44°C) a été remarquée en janvier; la plus haute (+ 27,5°C) en juillet. Vents régnants : septembre à février, vents du Sud-Ouest; de mars à août, ceux du Nord-Est. Il y a des gelées matinales durant tous les mois de l'année. Malgré la nébulosité considérable de l'endroit, la quantité d'eau qui y tombe est très faible. Une des particularités caractéristiques du climat pamirien consiste dans l'intensité de l'amplitude de la température. On a constaté des amplitudes de plus de 60°C entre le minimum et le maximum absolus, et de plus de 40°C entre le minimum et maximum à l'ombre dans la même journée. Les écarts les plus généralement observés entre les températures au soleil et à l'ombre sont de 30°C environ. Ainsi, un filet d'eau de neige fondue au contact d'un objet de couleur sombre regèle de suite dès qu'il arrive à l'ombre de ce même objet. 

Faune.
Dans de pareilles conditions climatiques, la faune et la flore sont forcément très restreintes. La flore se réduit à quelques herbages. La faune, par contre, bien que peu variée, tente plus d'un chasseur à la recherche de l'Ovis Poli, du cerf, du mouflon, de l'ours, du loup, du renard, de la panthère des neiges, à la voracité desquels le mouton sauvage sert souvent de proie. (P. Lemosof).

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