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James Monroe
est le cinquième président
des Etats-Unis![]() ![]() - ![]() James Monroe (1739-1831). Monroe avait six ans lorsque le gouvernement
anglais tenta d'appliquer dans ses colonies
d'Amérique le fameux Act du timbre que venait de voter
le Parlement. Elevé dans la haine de la « tyrannie »,
il quitta à dix-sept ans le collège William and Mary, où
il faisait ses études, pour prendre du service dans l'armée
continentale. La déclaration d'indépendance l'avait enthousiasmé
et il rejoignit le quartier général de Washington à
New-York, au moment où commençaient
les opérations qui allaient faire perdre coup sur coup aux Américains
le New York et le New Jersey ( On le voit ensuite s'occuper de diverses
missions que lui avait confiées Jefferson, gouverneur de la Virginie
en 1780. La guerre terminée, il fut élu membre de l'assemblée
virginienne par le comté du roi George en 1782. L'année suivante,
la législature l'envoya, bien qu'il n'eût encore que vingt-quatre
ans, représenter l'Etat au Congrès continental. Il vit Washington
remettre à cette Assemblée, qui siégeait alors à
Annapolis, sa commission de commandant en chef. Monroe fut un de ceux qui,
comme Washington et Madison, estimèrent tout à fait insuffisants
les pouvoirs conférés au Congrès par les articles
de confédération, et engagèrent le mouvement qui conduisit
à la conférence d'Annapolis (1789) et à la convention
de Philadelphie (1787), où fut
discutée et rédigée la constitution
actuelle des Etats-Unis. Toutefois l'esprit particulariste, très
fort à cette époque en Virginie, l'avait promptement ressaisi,
et il s'éloigna ainsi de Madison, se rapprochant du parti virginien
qui voulait conserver le plus possible des droits particuliers des Etats
et lutter contre les tendances centralisatrices des Etats du Nord-Est.
Il prit en même temps très vigoureusement parti contre l'idée
d'abandonner à l'Espagne le droit
de navigation sur le Mississippi Tandis qu'il siégeait au Congrès
à New York, James Monroe épousa miss L. Kortright, de cette
ville, renommée pour sa beauté dans les cercles mondains
de Londres et de Paris.
Il quitta le Congrès en 1786, s'établit avocat à Frederiksburg
(Virginie), mais fut aussitôt élu membre de la législature,
puis (1788) membre de la convention populaire qui eut à se prononcer
sur l'adoption ou le rejet de la constitution que venait de voter la convention
de Philadelphie. Avec Patrick Henry, George Mason, William Grayson, il
combattit l'adoption de la constitution ou du moins proposa divers amendements.
La thèse de l'adoption était soutenue par James Madison,
John Marshall, Edmund Randolph. Les antifédéralistes, dont
était Monroe, furent battus, les fédéralistes l'emportèrent
par 89 voix contre 79. La Virginie était cependant en majorité
antifédéraliste, et le prouva en envoyant siéger au
Congrès comme sénateurs et représentants plusieurs
partisans de cette opinion.
![]() Le bureau d'avocat de James Monroe à Fredericksburg. L'un des deux sénateurs fut Monroe
(1790). Il fit, avec Madison et presque toute la délégation
de Virginie, de l'opposition au gouvernement de Washington, ce qui ne l'empêchait
pas de rester en d'excellents termes avec le président. Celui-ci
l'envoya en 1794 remplacer à Paris le gouverneur Morris, comme ambassadeur
des Etats-Unis. Monroe y déploya un zèle républicain
qui ne concordait point tout à fait avec les idées de neutralité
que Washington voulait faire prédominer dans sa politique à
l'égard de l'Angleterre Sorti de charge, il fut nommé par
Jefferson envoyé extraordinaire en France, et chargé, de
concert avec Livingston et Charles Pinckney, des négociations relatives
à l'achat de la Louisiane (1803).
Cette affaire réglée, il poursuivit diverses négociations
à Madrid pour la fixation des frontières
de la Louisiane, et à Londres au sujet du droit de neutralité.
Il signa en 1807 avec l'Angleterre. un traité que Jefferson ne crut
pas devoir soumettre au Sénat. De retour en Amérique, Monroe
en voulut quelque temps à Jefferson, et du rejet de son traité,
et de la laveur qu'il témoignait à Madison.
Il aurait voulu être le successeur de Jefferson
à la présidence, mais la Virginie marqua sa préférence
pour Madison qui fut en effet élu en 1808. Monroe put se, consoler,
en étant pour la seconde fois nommé par ses concitoyens gouverneur
de la Virginie (1811).
En 1816, le parti républicain démocratique récompensa Monroe des incontestables services qu'il venait de rendre à son pays. Sa candidature pour la présidence fut adoptée à l'unanimité, et le verdict du corps électoral ratifia ce choix (novembre 1816). Monroe entra en fonction le 4 mars 1817. Réélu pour an second terme en 1820, il resta président de l'Union jusqu'au 4 mars 1825. Son administration fut très libérale. L'ancien parti fédéraliste était mort. Il n'en restait tout au moins qu'un état-major composé d'hommes d'Etat des plus respectables, illustrations anciennes de la Nouvelle-Angleterre, qui n'avaient plus de contact avec l'opinion publique et ne pouvaient plus exercer la moindre action sur la marche des affaires. De nouveaux intérêts nationaux
avaient surgi pendant la guerre; des questions jadis secondaires étaient
devenues d'importance capitale. Au Sud et dans l'Ouest, des éléments
ethniques, très faibles à la fin du XVIIIe
siècle, avaient conquis une force irrésistible, dont l'élection
de Jackson, quelques années plus tard,
allait être l'éclatante révélation. Les huit
années de 1817 à 1825 sont une époque remarquable
de transition dans l'histoire des Etats-Unis par la désagrégation
des anciens éléments politiques et le processus de formation
des partis nouveaux.
![]() Statue de James Monroe à Charlottesville (Virginie). Pendant que s'accomplissait dans la nation ce travail intérieur de décomposition et de recomposition, l'harmonie était à la surface. Le seul grand débat fut celui que souleva la question de l'esclavage et qui se termina par l'adoption du Compromis du Missouri. La paix était profonde, le crédit se relevait, la prospérité matérielle faisait d'étonnants progrès. Cette époque fut appelée : « l'ère de la bonne entente ». L'histoire particulière de Monroe
pendant ces huit années se confondant avec celle de l'Union, nous
renvoyons pour les faits de sa présidence à l'article Etats-Unis.
Rappelons seulement que Monroe, en 1819, acquit, par un traité avec
l'Espagne, la Floride aux États-Unis,
donnant ainsi à la nation la possession de tout le territoire situé
au Nord du golfe du Mexique, et qu'il adressa au Congrès, le 2 décembre
1823, à l'occasion de la révolte des colonies espagnoles
de l'Amérique du Sud L'idée essentielle de la « doctrine » était de conserver l'Amérique entière au self government et de la fermer au principe monarchique, ou d'empêcher au moins ce principe d'y jeter de plus profondes racines. Il faut songer qu'un empire allait se fonder au Brésil, qu'un essai impérial venait d'avoir lieu au Mexique, que le Canada et les Antilles appartenaient à des monarchies. Ce prise de position de James Monroe, longtemps opposée comme une loi fondamentale de la diplomatie américaine, aux puissances européennes, chaque fois qu'une difficulté a mis ces puissances en contact avec les républiques du nouveau continent, offre ceci de particulier qu'à l'époque où elle fut énoncée, elles ne furt non seulement l'objet d'aucune polémique dans la presse, d'aucun débat, mais aussi qu'elle n'a jamais fait l'objet d'aucune sanction législative; elles ne s'appuie sur aucune convention; ce n'est même pas un acte de volonté unilatérale affirmée par l'Etat fédéral, c'est une simple déclaration. Le 3 mars 1825, Monroe, laissant la Maison
Blanche à son successeur, John Quincy Adams,
se retira dans sa résidence du comté de London (Virginie),
y fut juge de paix, puis administrateur de l'université de Virginie.
Lorsqu'il quitta la présidence, il était très pauvre,
même embarrassé de dettes. Mais il avait, pendant les heures
sombres de la guerre de 1812-1815, engagé ses biens et son crédit
personnel au service de l'Etat. Le Congrès sut le reconnoître
et, sur sa demande, lui remboursa largement ce qu'il avait alors avancé.
En 1830, il présida les délibérations d'une convention
populaire chargée de reviser la constitution de l'Etat. Sa santé
étant ébranlée, il se rendit à New York, chez
son gendre, Samuel L. Gouverneur, et mourut l'année suivante, à
soixante-douze ans. Sa femme était morte peu de temps avant lui.
(A. Moireau).
![]() Tombe de Monroe, à Richmond (Virginie). |
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