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La période ptolémaïque |
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Redevenue province de l'empire des Achéménides, l'Égypte (La Basse Époque) partagea sa destinée et passa, après la bataille d'lssos, sous la domination d'Alexandre le Grand (332). Précédé par sa renommée, Alexandre fut accueilli en Égypte comme un libérateur. Les fâcheux souvenirs laissés par les cruautés de Cambyse et d'Ochos lui dictaient en quelque sorte sa ligne de conduite : il montra autant de respect que les Perses avaient montré de mépris pour les croyances et les coutumes du pays. II se posa en protecteur de la religion (Religion égyptienne), et le parti sacerdotal se déclara hautement pour lui. Il apporta même la plus grande affectation à prendre l'avis des oracles et alla consulter en grande pompe celui de l'oasis d'Ammon. Il ne montra pas moins de clairvoyance en comprenant le rôle central que l'Égypte était appelée à jouer par suite de l'agrandissement de la carte commerciale du monde et fonda la belle et puissante cité maritime à laquelle il donna son nom (Alexandrie). Après la mort d'Alexandre son empire fut dirigé par Philippe Arrhidée (323-316), Alexandre IV Aegos (316-304) (dynastie macédonienne), puis, en 304, lorsque l'empire se fractionna en entités autonomes, l'Égypte échut en partage à l'un des généraux d'Alexandre, Ptolémée, fils de Lagos. Il prit le titre de roi, et sa postérité, connue sous le nom de dynastie des Lagides, ou des Ptolémées, régna jusqu'à ce que Rome s'empare du pays. Les guerres de palais et les assassinats se succèdent en permanence pendant cette période bien peu glorieuse sur le plan politique. En revanche, sur le plan intellectuel, l'Égypte ptolémaïque, qui profite de déclin progressif d'Athènes, va briller de tous feux et Alexandrie devient à cette époque la capitale culturelle du monde méditerranéen : en mathématiques, en astronomie, en médecine, l'Antiquité connaît son apogée; seule la philosophie, égarée par les démons du mysticisme, semble s'acheminer sur une voie sans issue (Les Écoles d'Alexandrie). La prééminence d'Alexandrie durera encore au premiers siècles de l'ère chrétienne, après donc qu'Octave (le futur Auguste), vainqueur d'Antoine et de Cléopâtre, eut réduit l'Égypte en province romaine, en l'an 30 av. J.-C. Dates-clés : 332 av. J.-C. - Conquête de l'Égypte par les armées d'Alexandre. | ||
L'État lagide Le rôle de pharaon que leur prêtait l'imagination populaire, les Ptolémées le jouèrent, il faut bien le dire, avec un art consommé. Ils en prirent le costume parce qu'il symbolisait la toute-puissance royale, et, comme le roi d'Égypte devait être dieu, ils se firent du même coup adorer; ne se refusant pas d'ailleurs à prendre part eux-mêmes au culte rendu aux dieux et aux anciens rois du pays, en leur qualité de chefs de la religion (Religion égyptienne). Est-il besoin de dire qu'ils conservèrent scrupuleusement toutes les cérémonies et tous les usages relatifs à la royauté : panégyries annuelles, association du prince héritier au trône paternel, mariages entre frères et soeurs, pratique funéraire de l'embaumement, etc. Mais ils ne s'en tinrent pas à ce formalisme. Leur politique extérieure fut celle des pharaons. Sans doute, ils laissèrent subsister en toute indépendance le royaume de Nubie dont les pharaons, depuis Pepi (Ancien Empire) jusqu'à Ramsès III (Nouvel Empire), s'étaient efforcés de faire une province égyptienne; mais c'est qu'avec les migrations successives, le royaume de Napata s'était civilisé à l'égal de l'Égypte, et, s'il ne pouvait plus prétendre renouveler les exploits des Piankhi, des Sabacon, et de Taharqa (Basse Époque), il avait au moins la prétention de n'être pas traité en quantité négligeable. La constitution et l'administration de l'Égypte sous les Ptolémées furent un très habile compromis entre l'organisation indigène primitive et la conception cosmopolite que pouvait se faire d'un État monarchique une lignée de princes profondément imbue des idées d'Alexandre. Autour du roi se trouvait groupée une hiérarchie nobiliaire, à la fois égyptienne, persane et macédonienne : les parents du roi, les gardes du corps, les amis, les envoyés, et les parents catèques. A ces titres nobiliaires, qui étaient à l'origine les désignations de véritables fonctions, s'ajoutaient certains titres militaires devenus purement honorifiques. C'était dans cette noblesse que se recrutaient les hauts fonctionnaires de palais, l'épitrope, ou régent, personnage dont l'autorité balançait quelquefois la puissance royale, le garde du sceau qui était aussi directeur du musée et, en sa qualité de prêtre d'Alexandre et des Lagides, le chef du clergé grec et indigène; les archypérètes ou payeurs généraux des troupes macédoniennes, l'archicynège ou grand veneur, l'archedeatre ou principal majordome. Au point de vue administratif, l'Égypte restait, à l'exception des communautés grecques d'Alexandrie, de Ptolémaïs et de Naucratis, divisée en nomes qui se subdivisaient en cités (kômai) et territoires cultivés (topoi). Le nome était administré par un nomarque ou stratège (charge devenue civile de militaire qu'elle était à l'origine) qui avait en sous-ordre un épistate du nome, autorité essentiellement judiciaire; la cité par l'épistate de la cité, sorte de gouverneur juge, et les territoires cultivés par un toparque assisté d'un épimélite. Le stratège avait sous ses ordres un interprète, un agoranome ou intendant des marchés, des ingénieurs chargés du service technique de l'irrigation et des autres travaux publics, des laocrites ou juges de paix, et enfin les nombreux cheikhs de tous les villages du nome (presbyteroi). Postérieurement, l'administration provinciale de l'Égypte fut divisée en trois épistratégies ou vice-royautés : la Basse-Égypte, l'Heptanomide ou Moyenne-Égypte, et la Haute-Égypte avec Héliopolis, Memphis et Ptolémaïs pour chefs-lieux, mais sans préjudice des nomes, passés au degré de subdivision. Cette complication du rouage administratif porta aussi sur les nomes qui se subdivisèrent en toparchies. Alexandrie, capitale de l'Égypte en même temps que cité grecque, c. -à-d. divisée en phyles et en dèmes, avait le privilège de posséder une administration centrale et une administration locale. En tant que municipalité, elle avait une Boulè ou conseil élu. Elle était le siège d'un exégète, d'un hypomnématographe, d'un archidicaste ou président de la cour d'appel (les 30 juges royaux : 10 pour Memphis, 10 pour Thèbes, 10 pour Héliopolis), d'un stratège de nuit, d'un alabarque ou directeur des contributions, du dioecète ou ministre des finances, de l'hypodioecète et des autres hauts fonctionnaires de l'administration des finances, l'économe et le basilicogrammate desquels dépendaient tous les comogrammates et topogrammates de l'Égypte. | ||
La dynastie des Ptolémées (Lagides) Ptolémée Ier Sôter. C'est ainsi que, en 315, nous le voyons s'associer aux projets de Cassandre, de Lysimaque et de Séleucus contre l'ambition d'Antigone. L'année suivante, il réprime les velléités d'indépendance que manifestent Chypre et Cyrène et engage une nouvelle campagne en Syrie contre Démétrius, fils d'Antigone. II le bat à Gaza, puis, battu à son tour dans la personne de son sous-lieutenant Cellés qui n'avait pu empêcher la jonction d'Antigone et de Démétrius, il évacue la Syrie. Le pacte de désintéressement conclu en 311 entre les quatre généraux ayant été rompu par la mauvaise foi d'Antigone, qui mettait des garnisons dans les villes grecques après avoir adhéré à la reconnaissance de leur liberté, la guerre éclate de nouveau, mettant aux prises les troupes des alliés et d'Antigone un peu partout, sur l'Hellespont, en Cilicie où Léonès, lieutenant de Ptolémée, fut vaincu, sur la côte occidentale de l'Asie Mineure, dans les Cyclades, en Grèce où la flotte de Ptolémée s'empare coup sur coup de Sicyone, de Corinthe et de Mégare. L'année 307 fut favorable aux armées d'Antigone. Après s'être emparé d'Athènes, Démétrius cingla vers Chypre, où il détruisit la flotte de Ptolémée, mais, l'année suivante, le père et le fils échouèrent dans leur attaque combinée contre Péluse. Antigone se tourna alors contre Rhodes qui résista grâce aux secours des trois confédérés. Mais Ptolémée, toujours habile, après l'avoir soutenue dans sa résistance, lui donna le conseil de traiter avec Antigone. Les Rhodiens se trouvèrent si bien de ses bons offices et de ses conseils qu'ils lui décernèrent les honneurs divins avez le titre de Sôter. Une nouvelle ligue se forma bientôt contre Antigone; aux trois confédérés se joignit Séleucus. La journée d'Ipsus, fatale à Antigone, ne mit pas fin aux rivalités. Le partage de ses dépouilles divisa les vainqueurs en deux camps et donna lieu à de nouvelles guerres, au cours desquelles Ptolémée fut assez heureux pour reprendre Chypre et Cyrène. Une légende assez consolante pour l'amour-propre du peuple vaincu faisait naître Alexandred'Olympias et du roi sorcier Nectanébo réfugié en Macédoine. Ptolémée Sôter étant considéré comme fils de Philippe, il en résultait que les Lagides avaient tous les droits possibles à la double couronne. De fait, Ptolémée Ier Sôter se montra en Égypte scrupuleux observateur de la légalité : les monuments portant les cartouches de Philippe Arrhidée et d'Alexandre Aegos en font foi. Ce n'est qu'en 304 qu'il se décida à prendre la couronne et les titres royaux et fit frapper monnaie en son nom, mais en datant ses années de règne d'après la durée totale de son gouvernement. L'an 39 de ce comput, il associa à son trône Ptolémée, le fils qu'il avait eu de Bérénice sa première femme. Son règne n'a pas laissé que des souvenirs militaires : c'est à Sôter, en effet, qu'il faut faire honneur des rapides procès que fit la nouvelle capitale. ll construisit le phare, dans l'île de Phares qu'il relia au port, fonda l'école et la bibliothèque d'Alexandrie, attira les plus illustres des savants et des artistes grecs. Le Museon, son palais, était une véritable académie. II se montra, en un mot, fidèle exécuteur des magnifiques projets d'Alexandre. Philadelphe. Evergète Ier. Philopator. Philopator reprit possession des villes de Palestine et de Syrie conquises par ses prédécesseurs. II lui restait un crime à commettre : le meurtre de sa femme, Arsinoé. Peu de temps avant sa mort, il la sacrifia à sa passion pour Agathoclée. Ses forfaits ne le détournèrent pas, néanmoins, de la politique prudente des Ptolémées à l'égard du parti clérical : il le combla comme avaient fait ses pères et attacha son nom à de nombreuses constructions ou restaurations à Akhmîn, à Thèbes, à Edfou, à Philae, à Dakkeh, etc. Epiphane. Philométor. Au contraire, la crainte qu'il leur inspirait les unit dans un commun effort. Mais il ne fallut pas moins d'une nouvelle intervention de l'ambassadeur romain, Popilius Lenas, pour l'obliger à évacuer l'Égypte qu'il avait de nouveau envahie (168). Toutefois, l'espoir d'Antiochus ne fut pas complètement déçu : le partage de l'empire mit aux prises les deux frères. Evergète ne voulait pas se contenter de Cyrène et de la Libye; Philométor refusait de se rendre aux ordres du sénat romain, qui lui enjoignait d'y ajouter Chypre. Ils finirent par tomber d'accord au prix de la concession de quelques villes cypriotes, et la fin du règne de Philométor ne fut troublée par d'autres guerres que celle qu'il fit pour soutenir les prétentions d'Alexandre Bala contre Démétrius, puis celles de Démétrius contre Alexandre Bala. Heureux dans ses entreprises, il assura chaque fois le succès de son allié. Evergète II et Sôter II. Sôter II ou Lathyre fut en quelque sorte imposé par les Alexandrins. Sa mère, Cléopâtre II, qui favorisait son frère Alexandre, après des années d'hostilité sourde, le fit faussement convaincre de tentatives parricides et exiler en qualité de gouverneur à Chypre (106) et fit couronner son frère. Alexandre lui marqua quelques années plus tard sa reconnaissance en la faisant assassiner. Cet acte monstrueux et beaucoup d'autres, comme la violation du tombeau d'Alexandre le Grand, réussirent si bien à lui aliéner l'affection des Alexandrins qu'il dut fuir à son tour, chassé par une émeute, et abandonner le trône à l'exilé de Chypre. Le retour de Lathyre ne rencontra pas le même accueil dans toute l'Égypte : Thèbes refusa de le reconnaître. Il se mit en route contre l'ancienne capitale, s'en empara et la livra à toutes les horreurs de la guerre. Son règne s'acheva paisiblement en 81. L'ingérence de Rome. L'ingérence des Romains dans les affaires des Ptolémées ne tarda pas à blesser les Alexandrins, excités, d'ailleurs, par l'eunuque Pothin, Théodote et Achillas, ministres du jeune Ptolémée, qui l'entretenaient dans une perpétuelle aversion de sa soeur. Une armée de 22 000 hommes, commandée par Achillas, marcha sur Alexandrie. César s'enferma dans le Bruchion avec Cléopâtre qu'il refusa de livrer au peuple en délire et soutint un siège qui ne prit fin qu'à l'arrivée des renforts envoyés par Domitius Calvinus. Ptolémée s'était constitué son prisonnier. Victorieux, César consentit à le délivrer, estimant que le groupement de toutes les forces autour du roi, loin de lui créer de nouvelles difficultés, lui permettrait de s'emparer de l'Égypte par une victoire décisive. Et, en effet, à peine rendu à la liberté, Ptolémée prit le commandement de son armée, essuya une première défaite en essayant d'arrêter au passage Mithridate de Pergame qui se portait au secours de César, puis fut battu et perdit la vie dans une seconde rencontre avec les troupes de ce dernier (47). Fidèle exécuteur du testament d'Aulète, César n'usa pas de sa victoire pour s'emparer de l'Égypte, mais appela le jeune frère de Ptolémée à régner conjointement avec Cléopâtre. |
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