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Khosroès
II ou Chosroès II, Parviz (= le Puissant, Khosroû
Aberviz des Arabes), roi dede Perse
(590-628), fils d'Hormisdas IV (qu'il fit périr et auquel il succéda
en 590 à la suite d'une révolution), et petit-fils de Khorosès
Bouchirvân. Il eut à compter, dès son arrivée
au trône, avec le rebelle Bahram Tchoubin , général
des armées devenu puissant à la suite de ses victoires et
qui s'était fait proclamer roi de Perse. Khosroès lui adressa
un ultimatum dont le texte curieux nous a été conservé
par l'historien Simocatta, mais il fut obligé de s'enfuir en Mésopotamie,
poursuivi par les troupes de Bahram et il ne fut sauvé que par le
dévouement de son oncle Bindoïé. Il se retira sur le
territoire byzantin,
à Edesse, puis à Circésium
sur l'Euphrate et demanda sa protection à l'empereur Maurice
Tibère, promettant de lui céder l'Arménie
et les fameuses citadelles, objet de tant de luttes sous Nouchirvân
et sous Hormisdas : Dara et Martyropolis. Ses propositions furent acceptées
malgré les efforts des envoyés de Bahram. Maurice lui donna
(Masoudi, II, 220) deux millions de pièces
d'or et une armée de cent mille cavaliers commandée par l'Arménien
Narsès. Khosroès put de son côté rassembler
des troupes à Nisibe
et en Arménie sous le commandement de Mebodès; il se porta
à la rencontre de Bahram et lui infligea une sanglante défaite
à Ganzak. Bahram put s'échapper le long du Sud de la mer
Caspienne
et se réfugia chez les Turks où
il commença sa vie d'aventures romanesques qui ont défrayé
les légendes persanes (591).
A peine débarrassé de ce
rival, Khosroès eut encore à se défendre contre les
prétentions de son oncle Bestam qui chercha à le détrôner
et qui parvint à se faire reconnaître et à se maintenir
roi dans le Khorassan
jusqu'en 597.
Du côté de l'empire byzantin,
Khosroès resta le fidèle allié de son protecteur,
dont il épousa la fille, la princesse Marie; mais, en 602, Phocas
avant usurpé le trône de Byzance après avoir fait massacrer
Maurice et toute la famille impériale,
Khosroès fut obligé de reprendre les armes. La guerre éclata
et, pendant plus de vingt ans, ne fut plus qu'une longue suite de dévastations
et de pillage dont l'Arménie
et les villes de Dara, Edesse, Hiérapolis
furent les victimes. Après la mort de Phocas, en 610, la guerre
continua en Syrie et jusqu'en Egypte.
Le général Chahrbarâz, gendre de Khosroès, se
rendit maître de Jérusalem
dont il emmena les habitants en captivité (614). Il pénétra
ensuite en Egypte, prit Alexandrie, et
son armée se répandit jusqu'en Nubie.
L'occupation perse dura près de trois ans (615-618) (c'est à
cette période qu'appartiennent les papyrus pehlvis trouvés
au Fayoum
en 1882). Chahrbarâz repassa en Asie, fit la siège de Chalcédoine
et, pendant quatre ans, parcourut toutes les provinces orientales de l'empire
byzantin sans rencontrer de résistance. Mais en 622 Héraclius
prit sa revanche, et, après avoir battu les Perses
sur les frontières de la Petite-Arménie,
il ravagea l'Atropatène,
la Médie et l'Albanie.
Chahrbarâz fut de nouveau défait en 625. Khosroès forma
alors trois nouvelles armées dont l'une devait faire sa jonction
par mer à Byzance
avec les Avars et les Bulgares, mais çes
armées furent successivement détruites par Héraclius.
qui franchit le Tigre et arriva jusqu'à Dastagerd, une des résidences
royales qui fut prise et pillée. Khosroès se réfugia
en Susiane
avec ses femmes, sa famille et ses trésors et il envoya à
son général qui était resté en Asie Mineure.
l'ordre de venir à son secours. Le message fut intercepté
par Héraclius, et Chahrbarâz ne put venir en temps utile.
Khosroès fit alors une nouvelle levée de troupes dont il
confia le commandement à Gournadaspe (628); mais l'un des fils du
roi, Kobad Chiroïé, se révolta, et les deux chefs d'armée,
Gournadaspe et Chahrbarâz, se joignirent à lui. Khosroès
fut déposé et jeté en prison. D'après Tabari,
cette fin lui avait été prédite par le Prophète.
Ayant reçu une lettre de Mohammed qui l'engageait à embrasser
l'islam,
Khosroès déchira cette lettre et traita avec mépris
le messager Abdallah ben Hodafah. En apprenant ce fait, Mohammed s'écria
: « Il a déchiré son royaume. » Khosroès
écrivit alors au gouverneur persan du Yémen pour lui donner
l'ordre de s'emparer du Prophète, mais c'est sur ces entrefaites
qu'il fut détrôné.
La fin de Khosroès II est racontée
en détails par les historiens orientaux. D'après Tabari,
que la plupart des auteurs ont copié, Chiroïé envoya
à son père, en prison dans le château
de Makhoureh (Masoudi, VII, 298), une série
de messagers lui demandant compte de ses actions, et le vieux roi répondait
chaque fois en repassant les principaux événements de son
règne et en cherchant à justifier ses actes comme les meurtres
dont on l'accusait, ce qui nous donne l'occasion de connaître bien
des détails d'administration intérieure qui, sans cela, seraient
restés ignorés. Finalement, après tous ces interrogatoires,
il fut assassiné sur l'ordre de son fils (février 628) par
un nommé Mir-Hormuzd que Chiroïé fit ensuite périr
à son tour.
Khosroès laissait plusieurs femmes,
entre autres la fameuse Chirin et Gourdieh, la soeur de Bahram, toutes
deux célèbres dans la poésie orientale, et de nombreux
enfants (17 ou 19 suivant les auteurs) que Chiroïé fit tous
massacrer afin d'éviter toute compétition an trône;
deux de ses soeurs, Borân et Azermidokht, nées comme lui de
la princesse Marie, furent seules respectées. De même que
Khosroès Ier
est resté célèbre par son amour pour les sciences
et sa sagesse, de même son petit-fils le fut pour son luxe, ses richesses
et ses nombreux trésors situés dans plusieurs villes et qui
consistaient dans l'amoncellement de pièces de monnaie, de lingots
et de pierres précieuses; il possédait aussi plus de mille
éléphants
blancs de haute taille. Les auteurs persans se complaisent dans la description
de tous ces objets éblouissants.
Khosroès Parviz est-il allé
en Inde?
Les auteurs sont muets sur ce point. Firdousi
seul dit qu'il recevait des tributs de la Chine
et de l'Inde; d'après les annales chinoises il envoya une ambassade
au Fils du Ciel en 617. La question du voyage dans l'Inde a été
posée et résolue dans le sens affirmatif par Fergusson dans
sa description des fresques de la grotte d'Ajanta, près de Bombay
(Journ. asiat. du Bengale, 1879). Une de ces fresques
représente le roi assis, revêtu du costume sassanide,
ayant à sa droite Chirin, son épouse préférée;
sur une autre fresque est un roi de l'Inde, peut être Pulukesha-Perameça,
roi du Maharastra, contemporain de Parviz, recevant des ambassadeurs persans.
Il existe en outre au musée de Vienne (Autriche)
une monnaie d'argent à deux bustes représentant à
l'avers Khosroès Parviz de face et au revers une divinité
indienne, peut-être le dieu soleil
(Aditya) qui avait un temple très célèbre à
Moultân. |
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