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Les
Avars
ou Avares étaient un peuple de la famille turque, célèbre par
ses invasions en Europe, du VIe au IXe
siècle de l'ère chrétienne. Ce sont les « Huns
» de l'époque de Justinien. Ils étaient
originaires des steppes de la mer Caspienne.
Ils Ils apparaissent en Europe vers le milieu du VIe
siècle après la destruction des Jou-jouen par les Turks,
et on a supposé que ces Huns étaient sinon les Jou-jouen eux-mêmes,
du moins un population turque chassée des steppes de l'Aral
et de l'Oural par les Jou-jouen et par les Ephthalites. Leur vrai
nom paraît avoir été Varkhonites, mais ils prirent le nom Avars.
Ils s'établirent
d'abord aux environs de la mer d'Azov
et soumirent le peuple slave des Doulèbes. Sous la conduite d'un chef
appelé Baïan, ils pénétrèrent ensuite en Maésie et en Dacie,
puis dans la Hongrie actuelle, en Bohème, et en Thuringe,
où ils furent repoussés par Sigebert, et
en Pannonie.
Ils s'avancèrent même jusque dans la France Austrasienne,
mais ils furent battus en 562 par Sigebert,
fils de Clotaire Ier,
en Thuringe, près de la Saale
(Paul Diacre); quatre ans après, ils étaient vainqueurs et faisaient
un traité d'alliance avec les Francs.
C'est dans les plaines
de la Hongrie qu'ils établirent finalement le siège de leur domination.
Ils eurent pour vassaux des peuples slaves que les historiens allemands
ou grecs ont parfois confondus avec eux. Mais les Européens virent surtout
en eux une réminiscence des Huns d'Attila. Leur chef avait le titre de
khaqan
(Chagânos). Grégoire de Tours,
contemporain de cette invasion, parle de « Gagan, roi des
Huns-»,
expression qui a été reproduite par Frédégaire
qui écrivait cent ans plus tard (en 650). C'est la première fois que
ce mot apparaît dans Menander appliqué au khan des Avars; et, à partir
de cette époque, on le rencontre pour désigner le souverain de tous les
peuples "tartares" en contact avec l'Europe.
En dehors
de Baïan, les historiens ne nous ont conservé le nom d'aucun autre chef
de ces Huns; ils se contentent de les désigner sous le nom de « Khaqan
», Cacanus Hunnorum ou Avarum. L'étymologie et le sens
du mot Baïan sont inconnus; c'était sans doute un nom assez répandu
chez les peuples turco-mongols, car au XIIIe siècle il est
porté par un chef mongol, général de Koubilaï.
Mais nous avons les noms d'ambassadeurs de la nation des Avars, ce sont
Kandikh en 558, Ioboulidas et Targetius en 573, Solakh en 580. Le mot Targetius
rappelle le Tagitaos, nom d'un guerrier scythe dans Hérodote.
Dans l'entrevue que Valentin a en 580 avec Tourxanlh, le khaqan des Turks,
ce dernier parlant avec mépris des Avars, les traite d'esclaves et leur
donne le nom de Oûarchonitaï, Varkhonites, qui était, comme nous
l'avons vu, leur vrai nom asiatique.
Au long des premières décennies
du VIe siècle Avars attaquèrent les diverses
tribus hunniques qui étaient le long de la mer Noire : les Barsiliens,
les Sabires, les Onogoures, et, après de grands ravages, finirent par
franchir le Danube et menacer l'empire grec lui-même. Justinien
effrayé fit alliance avec les Turks qui venaient aussi d'apparaître dans
le monde occidental et qui étaient tout disposés à écraser de nouveaux
les Avars. Des ambassades qui furent également échangées avec les Avars
eux-mêmes à cette époque (558, 569, 571, etc.). L'ambassade qui eut
lieu en 558, sous Justinien, aboutit à la conclusion d'un traité au terme
duquel les Avars s'engageaient à faire la guerre aux autres barbares ennemis
des Romains.
Les historiens byzantins
nous ont laissé d'intéressants détails sur ces peuples :
« En l'année
558, dit Théophane, arrivèrent à Constantinople
des ambassadeurs d'une nation jusqu'alors inconnue : leur habillement,
leur grande taille, la férocité peinte sur leur visage, leurs cheveux
pendants par derrière en longues tresses. »
En 580, leur khaqan
était encore Baïan (ou un autre prince, mais du même nom). C'est lui
qui, à la tête d'une armée nombreuse, avec des machines de guerre et
un appareil nautique considérable, jeta un pont sur la Save et s'empara
de Sirmium; la ville fut abandonnée par Tibère II qui consentit à payer
un tribut annuel de 80 000 sous d'or. En 583, Singidunum (Belgrade) tombe
également au pouvoir des Avars qui ravagèrent tout le bas Danube jusqu'au
Pont-Euxin. En l'an 600, par un traité, ils s'engagèrent à ne plus franchir
le Danube. Le roi slave Samo réunit contre eux un certain nombre de tribus
et réussit à les tenir en échec du côté de la Bohême. D'autre part,
l'empereur Héraclius appela des régions carpathiennes les Serbes et les
Croates avec lesquels il fonda deux marches qui ont été l'origine de
la Croatie et de la Serbie (635 - 638).
Désormais, les redoutables
Avars restèrent établis dans le bassin de la Tisza et du moyen Danube,
contenus, d'une part, par les Francs, de l'autre, par les Slaves. Ils poussèrent
des pointes jusqu'Ã Constantinople,
mais ne réussirent pas à s'en emparer; ils ravagèrent la Dalmatie
(630), mais ils furent obligés de la céder aux Serbes et aux Croates.
Tous les documents
que nous avons sur les Avars nous les présentent sous les mêmes traits
que leurs congénères les Huns ou les Mongols. Ils mènent comme eux une
vie nomade. Ils restent des étrangers au milieu des peuples européens
qu'ils ont soumis, slaves, grecs ou allemands. Les chroniqueurs nous les
dépeignent sous les couleurs les plus noires. Au dire de Frédégaire,
ils venaient chaque année enlever les femmes des Slaves qui leur payaient
tribut; d'après la chronique russe, dite de Nestor :
"
Quand un Obre (Avare) voulait-aller quelque part, il ne faisait pas atteler
à sa voiture un cheval ou un boeuf, mais il ordonnait qu'on attelât trois,
quatre ou cinq femmes pour le traîner. Les Obres étaient hauts de taille
et orgueilleux d'esprit et Dieu les anéantit, et pas un d'eux ne survécut.
»
Et, paraît-il, un proverbe
russe dit encore :
" Ils ont
péri comme les Obres, car ils n'ont laissé ni descendants, ni héritiers.
"
Les mots Obr, Olbrzym
qui, en tchèque et en polonais, signifient géant, conservent encore le
souvenir de la terreur qu'inspirait aux Slaves la domination des Avars.
Toutefois ce n'est pas le Slaves qui mettront fin à cette domination,
c'est Charlemagne. De 791 Ã 796, il
leur fit une guerre impitoyable dont Éginhard
et le moine de Saint-Gall
nous ont transmis tous les détails. Parmi les chefs qui s'y distinguèrent,
on cite Pépin, Erich de Frioul,
Gerold de Thurgovie, le chef croate Zvonimir. Le siège principal des Avars
était le campement circulaire ou hring, où leur khan résidait
sur les bords de la Tisza. Il fut pris en 796, et la quantité de richesses
qu'il renfermait était telle, prétendent les chroniques, qu'en se répandant
sur les marchés de l'Occident, elle fit baisser la valeur des métaux
précieux. Le khan Toudoun alla à Aix-la-Chapelle rendre hommage à Charlemagne
et se fit baptiser. La puissances des Avars, une fois détruite, leurs
hordes impuissantes furent réduites à végéter sous la tutelle de Charlemagne.
Il ne nous est presque
rien resté de la civilisation des Avars; on n'a trouvé que des harnais,
des bijoux et des vases d'argent, quelques armes et des médailles de Justinien
et de Justin. Dans les Annales carolingiennes
qui racontent la défaite des Avars par Charlemagne, leurs derniers khaqans
sont Toudoun et Kaïam; Alcuin traite la nation
des Avars de gens certe idiota et sine literis. En recevant le baptême
(24 septembre 805) sur le bord de la rivière Fisha (en Bavière?) le khaqan
prit le nom d'Abraham. C'est en 822 que leur nom est, pour la dernière
fois, mentionné dans l'histoire. Il est possible que les débris de ce
peuple asiatique furent assimilés par leurs congénères les Magyars. |
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