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La constellation
du Bouvier (Bootes)
est une constellation boréale renfermant quatre-vingt-cinq étoiles
visibles à l'oeil nu, située entre la Vierge
et la Lyre ,
et dans laquelle se trouve la belle étoile Arcturus.
Cette constellation figure dans plusieurs
mythes grecs.
L'un d'eux, fait du Bouvier,
Bootes ou Arcas, qui donna son nom à l'Arcadie. Il était
fils de Zeus et de Callisto, placée au pôle sous la forme
d'une ourse. Ce mythe s'articule ainsi avec le principal mythe attaché
à la constellation de la Grande
Ourse .
Dans un autre mythe, c'est avec une autre
partie du ciel que se relie le Bouvier. Cette fois la constellation est
Icare, laboureur qui avait enseigné aux humainss, suivant les préceptes
de Dionysos, l'art de planter, de cultiver la vigne et de faire le vin.
Il fut tué ou par des bergers ivres. Son chien, Mera, vint en hurlant
auprès d'Erigone, sa fille, lui apprendre la mort de son père.
Erigone mourut pauvre et affligée. Mera, inconsolable, expira auprès
du corps d'Erigone. Zeus les plaça aux cieux, Icare sous le nom
d'Arcture ou Arcturus; Erigone fut la Vierge qui porte des épis
ou la Vendangeuse, et le chien reçut le nom de Canicule (Sirius
ou Procyon selon les auteurs).
Lorsqu'on observe la position qu'occupe,
dans le ciel, le Bouvier, et les rapports qui le lient aux vendanges et
aux moissons, il ne sera pas difficile de reconnaître comment on
a pu vouloir fonder les allégories faites autour de cette constellation.
Les noms du Bouvier.
La constellation du Bouvier a été
aussi appelée Atlas et la mythologie dit qu'Atlas
supportait l'axe du monde, parce qu'autrefois la tête du Bouvier
était très rapprochée du pôle. Nigidius
donnait à la constellation du Bouvier le nom d'Horus,
ou de nourricier d'Horus, fils d'Osiris et de
la Vierge Isis; Théon d'Alexandrie celui
de Protrygêtès. Nonnus et Hésychius
donnent aussi le nom d'Orion au Bouvier ou à Arcturus ( Théon,
Hésychius). Nonnus lui donne l'épithète de Grandinosus.
On l'appellait aussi l'Astre Froid, et Cheimerinos , le vieil Icare et
les étoiles de l'Ourse, les Boeufs d'Icare, Sydera Tarda.
Cette constellation a porté encore
plusieurs autres noms, dont voici les principaux, tels que les donnent
Blaeuw, Riccioli, Bayer,
Stoffler et Scaliger :
Bootis, Bubulus, Bubulcus, Tardibubulcus,
Pastor, Custos Boum Curum trahentium, Clamans, Clamator, Vociferator. Il
semble que ces derniers mots sont une mauvaise traduction du mot Bootès,
qui signifie non pas Clamans, ou Boans, mais Bouvier.
Les anciens auteurs nomment cette constellation
aussi :
Plaustri Custos, Ursae Custos
Erymanthidos, Arcturus , Acturus Minor, Septemtrio, Lycaon, Orion , Plorans,
Venator Ursrae, Insectans Ursam, Arctophylax; Custos Arcti, et Ursarum.
Hastatus, Lanceator, Canis, Molossus Latrans, Sydus Horridum, Sagittifer,
Cheguius, Ceginus, Thegius.
Les astronomes
arabes appellent la constellation en général :
Arramech, Alramech, Aramech
et Deferens Lanceam ( Al-Ferghani);
quelquefois aussi c'est le nom d'Arcturus, Caleb, Henobach, Samech Haromach,
Al-Hawa.
Les anciennes représentations
du Bouvier
Le Bouvier est représenté,
sur les globes, à demi vêtu ( Caesius),
avec une espèce de ceinture au-dessus des reins. Sur certaines
cartes anciennes, la main droite du Bouvier est baissée et tient
une massue; la main gauche est élevée dans la direction de
la Grande Ourse et tient en laisse les deux Lévriers (aujourd'hui
la constellation des Chiens de chasse )
dont l'un a au cou une étoile de magnitude 3 environ, appelée
le Coeur de Charles (Cor Caroli).
Il est aussi représenté au
ciel conduisant son chariot ( Théon,
Aratus, Hipparque),
observant l'Ourse qu'il garde. Aussi Aratus lui donne l'épithète
de surveillant et de Polysceptos.
Il porte sa main gauche sur le cercle arctique,
de manière qu'elle ne se lève ni ne se couche ( Hyginus);
il appuie son pied droit sur le tropique. II se couche avec le Taureau,
les Gémeaux ,
le Cancer, et le Lion ;
ce qui lui a fait donner, dit Hyginus, l'épithète de paresseux
à se coucher.
Les planisphères des astronomes
turcs y peignent une Lance entortillée d'un faisceau d'herbes ou
de feuillages; et ils l'appellent Hastile Canes (Alphonse X) habens, et
Serpentes habens. Sur les cartes arabes, la constellation apparaît
sous la forme d'un homme debout, les mains étendues en direction
de diverses étoiles.
Le Bouvier dans la mythologie
grecque
Le mythe d'Arcas.
'Arcas,
est le personnage qui, selon la tradition, aurait donné son nom
à l'Arcadie. Il était fils
de Zeus et de Callisto,
fille de Lycaon, celui-là même dont
ce prince féroce servit dans un repas les membres à Zeus,
afin d'éprouver s'il était un dieu, et s'il avait la conaissance
que les dieux doivent avoir de toutes choses ( Germanicus,
Hyginus, Eratosthène ).
Il en fut puni; car Zeus, du feu de sa foudre, brûla sa maison, dans
le lieu où fut bâtie Trapezonte ( Pausanias),
et le changea lui-même en Loup. Le dieu rassembla
ensuite les membres du jeune Arcas, recomposa son corps, et le donna à
nourrir à un certain chevrier d'Etolie.
Le jeune Arcas devenu grand et chassant
dans les forêts vit, sans le savoir, sa
mère changée en Ourse. Comme il se
disposait à la percer de ses traits, elle se réfugia dans
le temple de Zeus Lycéen, où il la suivit. Une loi portait
peine de mort contre quiconque y serait entré. Pour les soustraire
à cette peine ( Théon),
Zeus, touché de leur sort, les plaça tous deux aux cieux,
ou l'on voit encore Arcas s'attachant aux pas de l'Ourse.
On le nomme ArctophyIax ( Nonnus,
Isidore de Séville), gardien du Pôle
de l'Ourse, ou gardien du Chariot, qu'il paraît suivre, et des Septentrions,
qui l'environnent ( Germanicus). Lycaon
son père était fils de Pelasge, le premier chef des hordes
Arcadiennes, avant leur civilisation, si nous en croyons Pausanias.
D'autres
versions du mythe d'Arcas.
D'autres traditions, admettant le même
mythe des amours de Zeus et de Callisto, fille
de Lycaon, supposent que Héra, ayant découvert
l'infidélité de son époux, changea Callisto en Ourse,
et qu'Artémis, pour plaire à la
déesse, l'avait percée de ses traits; mais que Zeus avoit
envoyé Hermès, pour sauver l'enfant
qu'elle portait; et qu'il avait placé la mère, aux cieux,
dans la constellation de la Grande Ourse.
Arcas régna sur ce pays après
Nyctimus, et il enseigna aux humains à se nourrir du blé,
dont Triptolème lui avait communiqué
la découverte, à faire le pain , et à se couvrir d'habits.
On remarquera, que le Bouvier accompagne la Vierge Déméter
/ Cérès, qui porte un épi,
qu'il préside avec elle aux moissons, et qu'il annonce, par son
lever total ; le commencement des froids de l'automne .
C'est ce qui l'a fait nommer Philomèle le Laboureur, dans un autre
mythe.
Ovide a raconté
l'aventure de Callisto et d'Arcas son fils, dans ses Fastes
et dans ses Métamorphoses .
Son récit s'accorde en grande partie avec les traditions, que nous
venons de rapporter. Il y suppose que c'est Héra irritée
, qui change Callisto en ourse; qu'elle erra dans les forêts, et
que par la suite son fils en chassant se disposait à la percer,
lorsque Zeus / Jupiter les enleva l'un et l'autre
de la terre, pour les placer aux cieux , l'un à côté
de l'autre.
D'autres
détails sur Arcas.
On lui donna pour femme une nymphe
dryade, ou naïade, appelée Erato,
nymphe interprète des oracles
de Pan. Erato est aussi le nom d'une nymphe hyade
( Hyginus).
Arcas avait son tombeau, ses temples et
ses sacrifices en Arcadie ( Pausanias),
ainsi que Callisto sa mère. Athènes
et Delphes retraçaient son image,
dans des statues et des peintures.
Et si c'était
Icare...
Au lieu d'Arcas, plusieurs ont vu, dans
cette constellation, Icare cultivateur de l'Attique,
qui communiqua aux humains l'art de faire le vin, qu'il avait appris de
Dionysos / Bacchus
( Hyginus, Nonnus). ll avait pour
fille Erigone, que d'autres, tels Plutarque,
nomment Entoria.
Dionysos voyageant par toute la terre,
pour y faire connaître la précieuse découverte du vin
( Hyginus), arriva dans l'Attique
chez Icare ( Pausanias),et chez Erigone
sa fille, qui lui donnèrent l'hospitalité. Ce dieu leur donna
une outre pleine de vin, en leur enjoignant de propager la culture de la
vigne par toute la terre, et d'y faire connaître ses présents.
Icare charge cette outre, et se met à voyager, accompagné
d'Erigone sa fille, et de son chien Moera (ou Mera). Il rencontré
dans l'Attique des bergers, à qui il fait part de la nouvelle découverte,
et à qui il fait goûter le jus délicieux de Dionysos.
Les bergers, en ayant bu outre mesure, s'enivrèrent et tombèrent
dans une espèce de délire. S'étant imaginé
qu'Icare leur avait donné un breuvage funeste, ils s'armèrent
de pierres et de bâtons, et le tuèrent. Son chien Moera, hurlant
près du lieu où l'on avait caché son cadavre, le fit
découvrir à Erigone sa fille, qui de désespoir se
pendit près du corps de son père.
Zeus, irrité contre les Athéniens,
les en punit, en frappant leurs filles d'un délire, qui les portait
à se pendre. L'oracle d'Apollon consulté
répondit, qu'ils étaient punis pour n'avoir pas vengé
la mort d'Icare et d'Erigone. En conséquence de cette réponse,
on punit les bergers, et on établit une fête de balançoire
en honneur d'Erigone, pour arrêter les ravages de la contagion. Pendant
les vendanges, on offrit les prémices des fruits à Icare
et à Erigone, qui furent placés ensuite, au nombre des astres.
Erigone, dit Hyginus, devint la figure de la Vierge ,
que nous appelons Justice; et Icare devint le Bouvier et l'Arcture (= l'étoile
Arcturus). Leur chien fut placé dans la Canicule (l'étoile
Procyon, ou bien Sirius dans la constellation du Grand
Chien ).
On peut comprendre le rapprochement qui
peut être fait entre cette institution des fêtes
athéniennes et les offrandes faites à la Vierge et au Bouvier,
quand on se rappele qu'on peut leur faire faire l'ouverture de l'automne
et des vendanges ( Hésiode);
que la Vierge même a une étoile (Epsilôn Virginis) à
qui cette circonstance a fait donner le nom de Vendangeuse (Vindemiatrix),
et qu'enfin leur lever est supposé tempérer les ardeurs caniculaires,
qui produisent les maladies.
Le voisinage, dans lequel le Bouvier est
de la Vierge et de la Balance, l'a fait passer pour un homme recommandable
par sa justice et par sa piété ( Hyginus),
comme l'était Noé pour les Hébreux,
qui le premier planta aussi la vigne. Ce furent ces vertus, qui lui méritèrent
la faveur, que lui accorda Dionysos, d'être le premier dépositaire
de la vigne, des raisins et du vin, et de l'art de la planter, de la cultiver
et de se servir de son fruit. On prétend, que lorsqu'il l'eût
plantée et cultivée avec soin, au point de la faire fleurir,
un bouc vint se jeter dessus, et en brouter les feuilles les plus tendres;
qu'Icare irrité l'avait tué et avait fait de sa peau une
outre qu'il avait enflée, et sur laquelle il avait engagé
ses compagnons à sauter. Hyginus raconte ailleurs la même
aventure avec plus de détails. Après nous avoir fait la peinture
des effets de l'ivresse sur les pâtres à qui Icare donna du
vin, il nous dit que, l'ayant tué, ils jetèrent son corps
dans un puits, ou, suivant d'autres, qu'ils l'enterrèrent au pied
d'un arbre.
Ceux d'entre eux, qui n'avaient pas pris
part au meurtre d'Icare, parce qu'ils s'étaient endormis, venant
à se réveiller, songèrent à témoigner
leur reconnaissance à leur bienfaiteur. Les autres, pressés
par le remords, prirent la fuite, et se réfugièrent chez
les Etoliens, où ils furent reçus,
et où ils se fixèrent. Erigone, ne voyant pas revenir son
père, fut inquiète et se mit à sa recherche. Moera
(Mera), chien d'Icare, revint à la maison en hurlant, comme s'il
eût pleuré la mort de son maître, et par là il
donna à Erigone de violents soupçons sur la mort de son père,
dont une absence aussi longue lui avait déjà fait pressentir
le triste sort. Le chien, fidèle au souvenir de son maître,
prend Erigone par les pans de sa robe, et la conduit au lieu où
était le cadavre. Dès qu'elle aperçut son père,
dans le désespoir, l'abandon et la misère où elle
se trouva, après avoir versé des torrents de larmes, elle
ne vit d'autre ressource, que de se pendre aux branches de l'arbre, au
pied duquel on avait enterré Icare. D'autres disent, qu'elle se
jeta dans le puits, où il était; puits, qu'on nommait Anigrus,
et dont personne ne but plus dans la suite. Zeus, touché par leur
sort, les plaça aux cieux. D'autres disent que ce fut Dionysos.
Icare devint le Bouvier, Erigone la Vierge, et leur chien Moera, la Canicule
ou Procyon ( la constellation du Petit
Chien ),
qui se lève avant le Grand Chien.
Cependant une foule de filles Athéniennes
se pendaient tous les jours, parce qu'Erigone en mourant avait demandé
aux dieux, qu'elles mourussent de la même mort, dont elle était
morte elle-même, si l'on ne vengeait sa mort. Ce fut en conséquence
de cela, que, guidés par l'oracle d'Apollon, ils instituèrent
des fêtes, ou l'on se balançoit dans l'air comme avait
fait le corps d'Erigone. Ce sacrifice solennel, adopté par les particuliers
et par l'Etat, se nomma Alêtis parce qu'Erigone, cherchant
dans la solitude avec son chien le père qu'elle avait perdu, ressemblait
aux mendiants que les Grecs nomment Alétides. On donna a Erigone
les noms d'Aiora et d'Alêtis ( Eratosthène).
On la faisait quelquefois fille d'Egisthe, et mère de Penthilus
( Pausanias), et l'on célébrait
en son honneur les fêtes Aiora.
On ajoute que la Canicule par son lever
brûlait les campagnes et les fruits de l'Attique, et produisait des
maladies contagieuses. Aristée, fils
d'Apollon et de Cyrène, placé dans le Verseau ,
avec lequel se lève le Bouvier Icare ( Ovide,
Fastes), et qui monte le soir au solstice
d'été, au lever du matin de la canicule, consulta les dieux,
pour connaître le moyen d'appaiser ces fléaux. Il lui fut
répondu qu'il devait chercher à apaiser les mânes d'Icare,
du Bouvier ou de la constellation, qui ramène le frais de l'automne,
et demander à Zeus que les vents étésiens soufflassent
au lever de la Canicule, pendant quarante jours. C'est à peu près
le temps que les calendriers anciens mettent, entre le lever de Procyon
et celui du Bouvier ( Germanicus).
Aristée obéit a l'oracle, et obtint
l'effet de sa demande.
Plutarque raconte
l'histoire du Bouvier, sous le nom d'Icare, à quelques circonstances
près de différence. C'est Cronos
/ Saturne, qui a son exaltation dans la Balance ,
près du Bouvier, et son domicile dans le Capricorne
et le Verseau, qu'il fait arriver chez Icare. Celui-ci avait une fille
d'une rare beauté, nommée Entoria, dont il eut pour fils
Janus, Hymnus, Faustus et Félix. Le reste
de l'histoire est à peu près tel que nous l'avons raconté,
à l'exception de ce qu'il dit des fils de la fille d'Icare, qui
se pendirent aussi. Cronos les plaça tous aux cieux. Les uns devinrent
la Vendangeuse, ou l'étoile de la Vierge connue sous ce nom; et
Janus est une étoile, près des pieds de la Vierge, qui les
précède dans son lever.
... Ou bien le
fils de Déméter?
Enfin, il est une autre tradition ( Hyginus),
qui fait du Bouvier un fils de Déméter
/ Cérès, ou de la Vierge céleste;
c'est l'inverse de celle qui fait la Vierge, sous le nom d'Erigone, fille
du Bouvier ou d'Icare. Malgré la différence des filiations,
l'arrière-plan astronomique est le même. On suppose, que Déméter
coucha avec Jasion, fils d'Electre et de Corythus,
qui, à cause de cela, fut frappé de la foudre. Il en naquit
deux fils, Philomèle et Plutus. Ce dernier,
qui était le plus riche, ne fit pas part de ses biens à son
père. Philomèle fut obligé de vendre le peu qu'il
avait, pour acheter deux boeufs, et il fabriqua un chariot auquel il les
attela. Ce sont les boeufs d'Icare. Il laboura la terre, et par la culture
qu'il lui donna, il trouva le moyen de subsister. Déméter,
pleine d'admiration pour ses talents agricoles, le plaça aux cieux,
où il a l'air de labourer, et il lui donna le nom de Bouvier. On
fait naître de lui Pareas, qui donna son nom à la ville de
Paron.
Les étoiles du
Bouvier
Arcturus.
On distingue principalement, dans la constellation
du Bouvier, une étoile rougeâtre, de magnitude 0, connue,
dans tous les calendriers anciens,
sous le nom d'Arcturus, étoile aussi observée des laboureurs,
qu'elle l'était des navigateurs ( Virgile,
Géorgiques ).
Cette étoile est placée sur le prolongement de la queue de
la Grande Ourse ,
à peu près au milieu de l'intervalle qui sépare l'extrémité
de l'Ourse, de l'Epi de la Vierge
(Alpha Virginis). Elle se lève aux approches de l'automne ( Isidore
de séville, Origines); elle semble appartenir à la
partie inférieure de la Ceinture du Bouvier ( Hyginus,
Aratus), Arcturi Oura; elle est placée entre ses cuisses
( Germanicus, Eratosthène,
Proclus, Théon). On donna aussi
à la belle étoile Arcturus le nom d'Eosphoros, ou de Lucifer.
On donne aussi à Arcturus les noms
de Pugio, Gladius; d'Azimech, d'Azimeth; nom qui convient mieux à
l'Epi de la Vierge; d'Al-Kameluz, de Kolanza ( Riccioli,
Alphonse X), d'Azemer, et d'Aramer.
On a étendu quelquefois cette dénomination
d'Arcturus ( Théon) à
toute la constellation.
Les autres étoiles
de la constellation.
On distingue encore les étoiles
du sceptre ou de l'aiguillon du Bouvier, et on les nomme Collorobos ( Hipparque,
Théon), Ropalos.
L'étoile double Dzêta, située
tout aa bas de cette constellation, était Janus, le dieu du temps
chez les Romains.
La plus boréale des étoiles
de la jambe gauche ( Ulugh-Beg)
se nomme Muphrid al-Râmih; celle d'entre les cuisses, Simâk-al-Rami.
Les astronomes arabes, traduisant par Clamans
le mot Bootès, l'ont appelé Auwa, Vociferator. Ils
y placent une étoile brillante, appelée Al-Simâk al-Râmih,
Efferens Hastiferum; dans la partie australe est la brillante Al-Simâk,
Al-Azal, Efferens Inermem.
Simâk-al-Râmih, appelée
mal-à-propos Huzmè, est celle qu'on nomme habituellement
Arcture ou Arcturus.
Dans les Tables Persiques, on le
nomme Kontartos, Contifer, Hastili Armatus; d'autres tables le nomment
Alnekkar, Fossor, Pastinator.
L'étoile, qui près de la
ceinture, se nomme Mezer, Merer, Mirach; celle de l'épaule gauche,
Ceginus; à la main droite sont trois étoiles, appelées
les trois Anes, le premier, le second et le troisième. Celle de
la lance, Calauropon , Clava , Hastile Cavum, Venabulum, Incalurum. Al-Kalaurops,
Colorrobon. Celle de la Faux, Marra, Merga, Falx Italica ( Bayer,
Riccioli).
L'année du Bouvier
et ses présages
Le Bouvier, tels qu'on se le représentait
dans l'Antiquité, descend les
pieds les premiers. Il se lève ,
avant la Balance; son coucher coïncide avec celui de quatre signes,
dit Théon. Au temps de Numa,
le lever de l'étoile de Janus (un lever qui précéde
celui de la Vierge) annonçait une nouvelle année. Au lever
du Cancer ,
la plus grande partie du Bouvier est couchée. Il commence a descendre
sous l'horizon, au lever du Taureau ;
il se lève tout entier avec les Chèles (Scorpion ),
ou avec la Balance ( Théon);
il commence à se coucher, lorsque la queue de la Baleine
monte.
Son coucher d'hiver est fort redouté.
Le Bouvier est classé, comme Orion et comme les Chevreaux, parmi
les astres appelés Horrida (Germanicus, Pline).
Columelle marque
un lever du matin d'Arcturus en février, vers le six ou le cinq
avant les calendes de mars; et un autre, cinquante jours après celui
de la Canicule. Il dit, que le lever de l'Arcturus, qui annonce le retour
de l'hirondelle, présage une température plus douce.
Le même auteur marque, au neuf des
calendes de mars, un lever du soir d'Arcturus , avec annonce de froid,
du souffle des vents aquilon, et corus, et avec pluie. Il fixe, au onze
et dix des calendes de juin, le coucher du matin d'Arcturus, avec annonce
de tempête.
Au sept des ides de juin, il marque le
coucher de l'étoile, accompagné du souffle du favonius et
du Corus; au sept des calendes de septembre, le lever du matin de la Vendangeuse,
et le commencement du coucher d'Arcturus, accompagné de pluies;
aux nones de septembre, un lever d'Arcturus, accompagné du corus
et du favonius; et quelquefois de l'eurus, que quelques-uns appellent le
vulturne. Il marque, au quatre des calendes de novembre , un coucher du
soir d'Arcturus, accompagné de vents.
Hésiode
lie le lever du matin d'Arcturus, avec le passage au méridien d'Orion
et de Sirius, et il en fait l'indication des vendanges.
Ovide, dans son
calendrier des Fastes, fixe le commencement du printemps ou du primum
ver, à la veille du lever du Bouvier et de la fête
de Faunus. Il marque, au quatre des nones de
mars, le coucher du Bouvier le matin, et du Vindemiator, dans lequel fut
placé le jeune la Vigne ou Ampelus, aimé de Bacchus.
Le même Ovide annonce un coucher
du Bouvier, pour le sept des calendes de juin, et un autre au sept des
ides.
Il était une indication de beaucoup
de phénomènes, et un grand signe ( Aratus).
On peut voir dans Germanicus
plusieurs de ces indications météorologiques.
La durée de son séjour sur
l'horizon et sa marche lente, le firent appeler Opsédyon ( Hyginus),
Tardus, et Senior ( Martianus
Capella). (Ch. Dupuis / L. Barré). |
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