| Les calendriers grecs et romains donnent lieu à une foule de discussions qui dureront longtemps encore, et de nombreux problèmes se rattachant à cette question sont demeurés jusqu'ici sans solution. Nous ne pouvons ici que résumer les notions essentielles, définitivement acquises, en nous en tenant aux points les plus importants. Calendriers de la Grèce Le calendrier grec qui nous est le mieux connu est celui d'Athènes (calendrier attique). Les renseignements que nous possédons sont épars dans les écrits des anciens et quelques monuments épigraphiques. Le plus ancien calendrier construit par les astronomes grecs date du temps de Périclès et a pour auteur Meton; on cite encore ceux de Démocrite, de Philippe, de Callipe, de Conon de Samos, de Métrodore, contemporain d'Auguste, d'Eudoxe : ce dernier, qui nous est seul parvenu, remonte à la première partie du IIe siècle av. J.-C. On a trouvé encastré dans un mur de l'ancienne église métropolitaine d'Athènes, le Panagia Gorgopiko, un calendrier liturgique figuré sur une plaque de marbre du Pentélique. Les mois y sont caractérisés par les signes du zodiaque correspondants; ils portent des numéros d'ordre partant du mois hécatombéon; des personnages allégoriques indiquent les fêtes publiques appartenant à chacun des mois; il y a d'ailleurs trois lacunes dans ce monument : les mois Gamélion, Munichion et Métagitnion. (On peut en voir une reproduction dans le Dictionnaire des antiquités de Daremberg et Saglio, art. calendrier). Une des inscriptions les plus importantes est conservée à l'Université d'Oxford; n'est un fragment du calendrier athénien donnant la succession de huit mois, avec l'indication des dieux auxquels ils étaient consacrés. L'année comprenait primitivement douze mois lunaires, alternativement pleins (plhreis) et caves (koiloi), C.-à-d. formés de 30 et de 29 jours. Au total de 354 on ajoutait chaque année les 11 jours 1/4 nécessaires pour égaler l'année solaire de 365 jours 1/4. Vers l'an 500 av. J.-C. l'astronome Cléostrate de Ténédos imagina trois mois intercalaires (embolimoi) destinés à rétablir la concordance dans une période de huit ans (oktaethris). Ces trois mois étaient de 30 jours chacun, et se plaçaient après le sixième mois de la troisième, de la cinquième et de la huitième année. Il portait le même nom que le sixième mois, suivi d'un numéro (deuteros, second). Ce cycle remplaça avantageusement celui de deux ans institué du temps de Solon, et celui de trois ans dont parle Hérodote. Il est antérieur au fameux cycle de Méton qui avait une durée de dix-neuf ans. Toutes ces réformes amenèrent une certaine confusion que raille Aristophane. Les Nuées, dans la comédie de ce nom se plaignent que les dieux n'entendent rien à tous ces changements; ils se trompent sur les jours de sacrifices et sont réduits à se passer de dîner. L'année athénienne commençait le premier jour du mois hécatombéon. Voici, dans leur ordre, les mois athéniens : 1. Hécatombéon; 2. Métagitnion; 3. Boédromion; 4. Pyanepsion; 5. Mémacterion; 6. Poseidon (poseidwn deuteros, intercalaire); 7. Gamélion; 8. Anthesterion; 9. Elaphébolion; 10. Mynichion; 11. Thargelion; 12. Scirophorion. Le 1er, le 3e, le 4e, le 6e, le 7e, le 9e et le 11e avaient trente jours ; les autres, vingt-neuf. Chez les autres peuples de la Grèce, les noms des mois étaient tout différents, et le désaccord dans leur disposition était complet; Aristoxène, le musicien, nous apprend que les Corinthiens en étaient au dixième jour du mois, quand les Athéniens en étaient au cinquième et d'autres au huitième (Plut., Aristid., 58 ; Aristoxène, Elém. harm., éd. Meyb., p. 37). Ruelle, dans le dictionnaire cité plus haut, a décrit, aussi complètement qu'il est possible, les anciens calendriers grecs, dont le plus important et le mieux connu est celui de Delphes. Les mois se divisaient en trois décades, que l'on désignait par le nom du mois suivi d'une indication spéciale: du 1er au 10, c'était le mois commençant (mhn istamenos ou arcomenos); du 11 au 20, c'était le milieu du mois, (men meswn ou epi deka); du 21 à la fin, c'était le mois finissant (men fqinwn, pauomenos, lhgwn ou apiwn). Le premier jour du mois s'appelait la nouménie (nouvelle lune); puis venait le deuxième, le troisième jour du mois commençant jusqu'au dixième (ekath istamenou). On comptait de même les dix jours de la deuxième décade, depuis le onzième (prwth mesountos), jusqu'au vingtième (dekath mesountos). Pour la troisième décade on comptait les jours de deux manières. Ou bien on disait le premier, le deuxième, le troisième après la vingtaine (ep eikadi ou met eikada); ou bien à rebours à partir de la fin du mois, comme firent les Romains; le vingt-septième jour du mois, par exemple, était le troisième à partir de la fin du mois, trith mhnos fqinontos. Calendriers de Rome Chez les Romains, l'année primitive était, suivant les auteurs, de 304 jours répartis en 10 mois, dont 4 avaient 31 jours et les autres 30. L'année, dite de Romulus, commençait avec le mois de mars; les mois qui depuis durent à César les noms de Julius et d'Augustus s'appelaient quintilis et sextilis. Il nous est bien difficile de comprendre une année de dix mois; des explications que l'on a tentées à ce sujet, la plus vraisemblable est qu'une telle année n'a jamais existé réellement (Bergk). Quoi qu'il en soit, c'est Numa, dit-on, qui établit l'année de douze mois, ayant au total 355 jours; une période intercalaire était nécessaire pour rétablir la concordance avec l'année solaire. On imagina un mois intercalaire de 22 ou de 23 jours, qui revenait tous les deux ans et se plaçait dans le dernier mois de l'année, entre le 23 et le 24 février. On l'appela mercedonius. Ce cycle de quatre années surpassait de douze jours le nombre de jours renfermé dans quatre années tropiques. Les décemvirs (450 av. J.-C.) imitèrent lecalendrier athénien et adoptèrent un cycle de huit années, octennium, dans lequel se plaçaient trois mois intercalaires. Les pontifes, chargés par la loi de M. Acilius Glabrio de déterminer le nombre de jours de chacun de ces mois, le firent arbitrairement, par négligence ou par intérêt, en sorte que le désordre se mit de nouveau dans le compte des mois et des saisons (Cicéron, De leg., Il, 12; Ad fam., VII, 3 et VIII, 6; Ad att. V, 9 et X, 17; Suétone, César, 40, etc...). Ainsi, en 168,1er janvier correspondait au 15 octobre. En 47, Jules César, étant grand pontife, réforma définitivement le calendrier. Il commença par ajouter à cette année, outre le complément régulier de 23 jours, deux mois, l'un de 33 et l'autre de 34 jours. Puis l'astronome Sosisthène (ou Sosigène) d'Alexandrie établit une année de 365 jours, les six heures qui complètent la révolution de la Terre autour du Soleil formèrent tous les quatre ans une journée que l'on plaça après le 23 février, c.-à-d. après le sixième jour des Calendes ou Kalendes (sextus K), d'où son nom de bissextus calendarum et celui de l'année bissextile. L'année de Sosigène étant encore trop courte de onze minutes douze secondes, le calendrier Julien dut encore être réformé : ce fut l'oeuvre de Grégoire XIII (1582). L'année julienne commençait le 1er janvier, jour ou depuis l'an 153 av. J.-C. les consuls entraient en charge; les mois de janvier, mars, mai, juillet, août, octobre et décembre eurent 31 jours, février 28 ou 29 et les autres 30. Le mois était partagé en trois parties-: 1° des calendes aux nones; 2° des nones aux ides; 3° des ides aux calendes. Cette division avait son origine dans l'ancienne année lunaire. Les calendes correspondaient à la nouvelle lune, les nones au premier quartier, les ides à la pleine lune. Dans les mois de 30 jours les nones tombent le 5, les ides le 13; cependant les mois de janvier, août, décembre, n'ayant eu 31 jours que depuis la réforme de Jules César, suivent la règle des mois de 30 jours. Une autre division des jours de l'année est celle des marchés ou nondines qui revenaient tous les 9 jours; dans les vieux calendriers les jours sont désignés par les neuf lettres ABCDEFGH, qui se succèdent par séries continues depuis le 1er janvier; ainsi le dernier jour de ce mois était marqué G, le 1er février H, etc... Les jours se comptaient d'ailleurs à rebours, à partir des nones, des ides, puis des calendes; voici le tableau des jours du mois de janvier : 1. A. Kalendae. 2. B. IV anti Nonas. 3. C. III. 4. 11. pridie Non. 5. E. Nonae. 6. F. VIII a. Idus 7. G. VII. 8. H. VI. 9. A. V. 10. B. IV. 11. C. III. 12. D. Pridie Id. 13. E. Idus. 14. F. XIX. 15. G. XVIII. 16. H. XVII. 17. A. XVI. 18. B. XV. 19. C. XIV. 20. D. XIII. 21. E. XII. 22. F. Xl. 23. G. X. 24. H. IX. 25. A. VIII. 26. B. VII. 27. C. VI. 28. D. V. 29. E. IV. 30. F. 111. 31. G. Pridie KaI. Cependant, sous les empereurs, l'usage s'établit de compter par semaines de sept jours et, dès le IIe siècle, Dion Cassius constate que cette division du mois est adoptée. Pour le partage des jours fastes et néfastes. | |