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Les îles Andaman

2.3° N, 48.8° E
Les îles Andaman sont un archipel situé dans le golfe du Bengale (Océan Indien), dépendant de l'Inde (sauf les plus septentrionales) et formant avec les îles Nicobar un territoire de l'Union Indienne, et s'étendant sur une longueur de 425 km, avec une superficie totale de 6497 km². Ces îles sont si rapprochées qu'on les a considérées pendant longtemps comme formées de deux terres jumelles qu'on appelait la grande et la petite Andaman. Elles font partie d'une série de sommets dont quelques-uns sont volcaniques et de constructions coralliennes qui s'étendent depuis l'extrémité Nord de Sumatra jusqu'au cap Negrais. Ces terres sont comme les anneaux disjoints d'une longue chaîne dessinant une courbe élégante dont la convexité est tournée à l'Ouest. 

Entre le cap Negrais et la grande Andaman se trouvent l'île Préparis, le petit groupe des îles aux Cocos. Ce sont des terres, possessions de la Birmanie, à très faible relief au-dessus du niveau de la mer.
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Les îles Andaman. Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée.

La grande Andaman est un plateau sillonné par des crevasses et des canaux emplis, les uns d'une eau croupissante et trop peu profonde pour la navigation, les autres de vrais bras de mer. Quatre îles principales, fort rapprochées et comme enchevêtrées les unes dans les autres, forment ce groupe : Nord-Andaman, Middle-Andaman, South-Andaman et Rutland. Les détroits qui les séparent sont Andaman strait, non navigable, sorte de cul-de-sac fétide, Middle strait, étroit, mais avec des courants et des fonds assez sûrs, enfin Macpherson strait qui est aussi navigable. La longueur totale est de 250 km; la largeur de 25 à 32 km. 

Quelques îlots de moindre importance flanquent ce groupe: Ce sont les îles Ladfall, Interview, l'Archipel et la Grande Sentinelle. Tout près de la côte Nord-Est de grande Andaman, dans la baie de Port-Blanc se trouve la petite île de la Vipère, qui était célèbre en Inde comme pénitencier. 

Le détroit de Duncan, dont la largeur est d'environ 45 km, sépare ces îles de la petite Andaman, longue d'environ 50 km, large aussi de 25 à 30, de forme rectangulaire. Ces îles. vues de la mer, apparaissent comme une série de hauteurs très boisées.  Il existe peu de ruisseaux par suite de la faible largeur des îles, aussi les dépôts d'alluvions n'existent pas; dans un grand nombre d'endroits le roc est nu. On y a reconnu des couches tertiaires relativement assez épaisses et dont le principal élément est du grès grisâtre donnant d'excellents matériaux de construction. Quelques dépôts carbonifères ont été relevés. 

La flore est à peu près la même que celle de Sumatra. Il existe peu d'animaux sauvages : des sangliers, des chauves-souris, des rats, des chats sauvages et des écureuils. Il y a très peu de reptiles et d'oiseaux, il faut citer pourtant les hirondelles dont les nids sont l'objet d'un petit commerce. La mer est très poissonneuse et donne une grande quantité de coquillages. Les tortues sont une des principales ressources.

Ces îles sont au point de vue du climat, soumises au régime des moussons. Port-Blair, situé par 11°41 de latitude Nord et à 19 m au-dessus du niveau de la mer, a une température moyenne de 22,7°C. Les extrêmes sont 35, 2 °C et 20,5 +C. Il y a deux saisons pluvieuses, en mai et en juin, puis en septembre. La hauteur annuelle est de plus de 2.969 m. (Louis Bougier).

Histoire des îles Andaman.
Les îles Andaman sont habitées depuis des milliers d'années par des populations autochtones. Ces populations, dont les tribus principales sont les Grands Andamanais, les Onges, les Jarawas et les Sentinelles, ont mené une vie isolée pendant des millénaires, sans presque aucun contact avec le monde extérieur. Les tribus andamanaises sont considérées comme faisant partie des premiers humains à avoir quitté l'Afrique lors des premières migrations humaines. Ces populations sont des chasseurs-cueilleurs. Certaines tribus, comme les Sentinelles, sont encore aujourd'hui extrêmement isolées et hostiles à tout contact.

Les îles Andaman auraient été connues des géographes grecs qui les appelaient Agathon daimonos nèsos; d'où serait venu le mot Agdaman, puis Andaman; mais l'identification n'a pas été établie d'une manière certaine. Les géographes arabes du IXe siècle décrivent, au contraire, dans des relations qui ont été traduites par Renaudot et Reinaud, l'archipel des deux Andaman, mais ils attribuent aux population qui l'habitent des moeurs d'anthropophages. Marco Polo dépeint les Andamènes comme des mangeurs d'hommes à tête de chien. De même Niccolo Cont (1440) et Cesere Frederici (1659); le capitaine Hamilton les décrivit d'après des traditions vagues en 1727. 

Au XVIIIe siècle, les marins européens ont commencé à explorer les îles de manière plus systématique. Les Britanniques, en particulier, s'intéressaient à la région pour des raisons stratégiques, en raison de la position clé des îles Andaman entre l'Inde et l'Asie du Sud-Est.

En 1788-1789, lord Cornwallis, gouverneur du Bengale, songea à établir dans cet archipel un pénitencier. Une expédition y fut envoyée sous la direction du capitaine Blair, qu'accompagnait le célèbre indianiste R. HH.. Coolebroke. Un établissement fut créé sous le nom de Cornwalis, au Sud de la grande Andaman, puis transféré sous le même nom dans la partie Nord-Est (1792). En mai 1796 on évacua ce poste à cause des épidémies. En 1824, la flotte portant la première expédition contre la Birmanie se rallia à Port-Cornwallis, mais on n'y fit pas d'établissement. En 1839 le naturaliste allemand, Helfer, y fut assassiné; enfin, en 1844, le naufrage de deux bâtiments de transport anglais, le Briton et le Runnimede, attira de nouveau l'attention sur ces îles. En 1855, le gouvernement colonial reprit le projet d'y créer un pénitencier et, dès que la révolte des Cipayes eut été réprimée, on y transporta les rebelles condamnés à la relégation. Le nouvel établissement fut installé sous le nom de Port-Blair (premier port Cornwallis), c'est une des meilleures rades de cette partie du monde. Cette prison est devenue tristement célèbre pour ses conditions de détention extrêmement dures. De nombreux prisonniers y ont été soumis à des travaux forcés et à des traitements inhumains. Le Cellular Jail reste aujourd'hui un symbole de la lutte pour l'indépendance de l'Inde. 

Le colonel Henry Man, qui y commanda de 1868 à 1870, fit assainir les marais et les jungles qui entourent Port-Blair, installa un petit observatoire et fit planter des jardins-vergers. Aussi la mortalité des convicts tomba-t-elle en deux ans à 2%. Quant au détachement de 120 Européens, il a eu souvent son effectif au complet sans un seul malade. En 1869, l'archipel des îles Andaman fut réuni à celui de Nicobar, sous l'autorité d'un commissaire en chef résidant à Port Blair. En 1872 le vice-roi de l'Inde, lord Mayo, visitant l'île Andaman, y fut assassiné par un condamné musulman. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les îles Andaman ont été occupées par les forces japonaises de 1942 à 1945. Les Japonais ont pris le contrôle de l'archipel après la défaite des forces britanniques dans la région. Pendant l'occupation, les Japonais ont également utilisé les îles comme base stratégique, et il y a eu de nombreuses atrocités commises contre la population locale (massacres et  persécutions des prisonniers politiques). Le Mouvement pour l'indépendance indienne, dirigé par Subhas Chandra Bose et son armée nationale indienne (INA), a également brièvement pris pied dans les îles et Bose a proclamé la libération symbolique des îles Andaman du joug britannique. Cependant, le contrôle japonais n'a pas abouti à une véritable indépendance, et l'archipel est retourné sous contrôle britannique à la fin de la guerre.

Après l'indépendance de l'Inde en 1947, les îles Andaman et Nicobar ont été intégrées au territoire indien en tant que territoire de l'Union en 1956. Le gouvernement indien a lancé plusieurs initiatives pour développer ces îles, en encourageant la migration des personnes de la partie continentale de l'Inde vers les Andaman et en promouvant le développement économique. Cependant, cela a également entraîné des tensions avec les populations autochtones, notamment les Jarawas, qui se sont souvent opposés à l'intrusion sur leurs terres.

Les îles Andaman ont connu une modernisation rapide, avec l'essor du tourisme, de l'agriculture, de la pêche et des projets de développement infrastructurel. Cependant, les défis posés par l'équilibre entre développement économique et conservation des peuples autochtones et de l'environnement naturel restent majeurs. Des efforts ont été faits pour protéger les tribus comme les Jarawas et les Sentinelles en interdisant tout contact avec eux afin de préserver leur mode de vie unique et d'éviter la propagation de maladies. Les îles Sentinelles (Sentinel Islands), où vivent les Sentinelles, sont particulièrement connues pour leur isolement total. Cette tribu refuse tout contact avec le monde extérieur, et le gouvernement indien a pris des mesures strictes pour protéger leur territoire et les laisser vivre selon leurs propres règles.

En 2004, les îles Andaman ont été sévèrement touchées par le tsunami dans l'océan Indien, causé par un tremblement de terre sous-marin. Les îles ont subi des destructions importantes. Beaucoup de vies ont été perdues.

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