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Saint-Bertrand-de-Comminges

Saint-Bertrand-de Comminges est une commune du département de la Haute-Garonne, arrondissement de Saint-Gaudens, sur un rocher isolé au-dessus de la vallée de la rive gauche de la Garonne, 515 m d'altitude. Saint-Bertrand est une des régions les plus curieuses et pittoresques de la région pyrénéenne; à ses pieds, la Garonne coule dans les défilés de Tibiran; au-dessus d'elle, derrière des ravins solitaires qui l'isolent, s'élèvent des collines boisées de 1050 m de haut. La petite ville est resserrée étroitement au pied de la cathédrale qui occupe le point culminant du rocher; les maisons s'étagent en amphithéâtre, entourées et comme retenues par un vieux mur d'enceinte; au bas du rocher s'étend le faubourg du Plan, plus peuplé que la ville qui est presque déserte (environ 240 habitants en 2006) et ne vit que des pèlerinages et des visites des touristes à ses richesses artistiques. 

On monte à la cathédrale par deux routes : l'une qui aboutit à la porte Nord-Est. de la ville, la porte Cabirole; l'autre va à la porte Ouest, la porte Majou, restaurée au XVe siècle avec de curieux bas-reliefs et inscriptions. Vieilles maisons (1549), et maison Bridant (1440), vieux bâtiment à trois fenêtres romanes appelé palais de Saint-Bertrand. Devant la cathédrale, fontaine à vasque du XVIIIe siècle. 
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Saint-Bertrand-de-Comminges : la cathédrale.
La cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges.

La cathédrale Notre-Dame est la plus belle des Pyrénées avec celle de Bayonne. Elle comprend deux parties inégales, un vestibule intérieur formé de la première travée d'une église romane avec façade, tour, bas-côtés, et un vaisseau gothique avec abside et chapelle dont la largeur répond à celle des trois nefs qu'il remplace; sous la tour carrée qui est au milieu de la façade et ressemble à un donjon avec les « hourds » en bois qui la couronnent, un perron de vingt marches conduit à la porte de la cathédrale, dont le tympan est orné de bas-reliefs représentant les douze apôtres, une Adoration des Mages et plusieurs figures énigmatiques; une coupole de forme insolite s'appuie au mur de façade; au-dessus est bâti le clocher

L'église primitive, dont il ne subsiste que ces restes, a dû être commencée par saint Bertrand vers 1120, et terminée vers 1140; le vaisseau gothique, commencé en 1384, ne fut achevé qu'au milieu du XIVe siècle; la maîtresse voûte, jetée à 25 m de hauteur, est du XIVe siècle; l'abside est entourée de cinq chapelles polygonales; une tourelle polygonale renferme la sacristie, à la naissance de l'abside, à droite; les fenêtres principales, étroites et longues, sont presque toutes murées ou remplies par des débris de verrières de la Renaissance, dues à Jean de Mauléon, qui fit aussi exécuter les grandes voûtes et les célèbres boiseries du choeur et de l'orgue (inaugurée la nuit de Noël 1535); la disposition intérieure de l'église forme un ensemble unique du style Renaissance le plus original et le plus élégant.
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Saint Bertrand de Comminges : stalles.
Stalles du choeur des chanoines de l'église de Saint Bertrand de Comminges.
Ci-dessous : détail des stalles (XVIe s.).
Sculptures des stalles de Saint-Bertrand-de-Comminges.

Il y a 66 stalles dont les hauts dossiers sont ornés de panneaux avec effigies en haut-relief de personnages bibliques, saints, sibylles, pontifes, abrités par un dais continu; sous le jubé est un arbre de Jessé du travail le plus délicat; derrière le maître-autel, surmonté d'un retable du même style que les boiseries, mausolée de saint Bertrand (XVe siècle) avec grilles du temps et panneaux ornés au XVIe siècle de peintures sur bois. Magnifique tombeau en marbre blanc de l'évêque Hugues de Châtillon, mort en 1352, dans une chapelle de gauche; la statue couchée de l'évêque est d'un travail et d'un fini remarquables. 

On signalera encore d'autres tombeaux moins beaux, tels que celui de l'évêque Donadieu de Griet (1637). Le trésor de la sacristie est précieux : crosse de saint Bertrand, dont la hampe d'une seule pièce d'ivoire en défense de narval; mitre et sandale du XIIIe siècle, attribuées cependant aussi par la tradition au saint; coffret en cuivre repoussé de la fin du XIIIe siècle; deux belles chapes, ornements sacerdotaux, etc. Au mur intérieur de la façade, une carapace de crocodile. Au Sud de la cathédrale, dans un escarpement de la colline s'élève un cloître à trois galeries romanes du XIIe siècle, bien que différentes de style (la quatrième galerie a été reconstruite au XVe siècle); là galerie de l'Ouest a des chapiteaux historiés remarquables, dont le plus volumineux est soutenu par quatre statues d'évangélistes; sous la galerie gothique, tombeaux des XIIe, XIIIe et XIVe siècles en forme de sarcophages. On a relevé dans un certain nombre de places de l'église et du cloître des inscriptions romaines et du Moyen âge fort curieuses. 

Ruines de remparts romains près de la porte Majou. A l'Est, église romane de Saint-Just (Valcabrère).
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Saint Bertrand de Comminges : le cloître.
Cloître de Saint-Bertrand de Comminges.

La date précise de la fondation de Saint-Bertrand, ville d'origine gauloise, est connue par un passage de saint Jérôme qui dit qu'elle fut bâtie en 72 av. J.-C., par des brigands (montagnards) du versant Sud des Pyrénées, partisans de Sectorius, chassés par Pompée et réfugiés dans le bassin supérieur de la Garonne, qui porta alors le nom de pays des Convènes, ou encore pays de Commènes ou de Comminges; la capitale de ce peuple prit le nom de Lugdunum Convenarum et s'établit dans la plaine, sur la rive gauche du fleuve; un grand temple s'éleva sur la colline; à la fin du IVe siècle on entoura la colline d'une fortification de remparts derrière lesquels s'établirent peu à peu les habitants, tandis que la ville de la plaine devenait un faubourg. Les Vandales, au Ve siècle, achevèrent la décadence de la cité; mais celle-ci, capitale nominale des Convènes, devint ville épiscopale lors de l'organisation de l'église catholique en Gaule. 

En 586, la cité joua un rôle historique à son détriment; l'un des épisodes les plus considérables et les plus dramatiques de l'histoire mérovingienne y eut son dénouement, Gondowald proclamé roi d'Aquitaine mais battu par Gontran, roi de Bourgogne, se réfugia dans la ville forte de Convènes; attiré hors des murs par trahison, il fut précipité du haut de la roche Matacan ( = assomme-chien), tandis que la ville était pillée et ses habitants massacrés jusqu'au dernier par les soldats de Gontran. La colline resta déserte 500 ans, et les évêques de Comminges (dont le premier cité l'est par Sidoine Apollinaire comme martyr de la persécution d'Enric en 466) présentent une lacune de deux siècles, de 587 à 788.

En 1073, l'évêque Bertrand de l'Isle Jourdain fonda la cathédrale romane, se bâtit un palais et s'y établit avec ses chanoines constitués en communauté. Une nouvelle ville ne tarda pas à se grouper autour de lui. Plus tard, Bertrand de Got, devenu le pape Clément V et qui avait été évêque de Comminges (1295-99) se souvint de la ville de Saint-Bertrand; il se chargea des frais de la cathédrale gothique et institua un grand pardon que l'on célèbre encore tous les ans où la fête de l'Invention de la Sainte-Croix (3 mai) tombe un vendredi. Il faut en excepter Jean de Mauléon qui dota la cathédrale de ses admirables boiseries (1523-51). Les évêques de Comminges n'habitèrent plus la ville à partir du XIVe siècle et résidaient dans leur château d'Alan ou à Saint-Gaudens. Urbain de Saint-Gelais, l'un d'eux, ne vint à Saint-Bertrand que pour chasser les huguenots qui ravagèrent trois fois la cité de 1569 à 1593.

La ville de Saint-Bertrand ne fut jamais la capitale effective du comté de Comminges, mais celle du diocèse. Les comtes de Comminges avaient choisi Muret comme capitale. Saint-Bertrand perdit son évêché lors de la Révolution, mais devint chef-lieu de canton, titre qui lui a été enlevé en 1888 pour passer à Barbazan. (GE).
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Tombeau de saint Bertrand.
Mausolée de saint Bertrand. © Photos : Serge. Jodra, 2013.
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Dictionnaire Villes et monuments
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