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Le Mont Saint-Michel est une commune du département de la Manche, sur un rocher isolé, dans la baie du Mont Saint-Michel, à 2 kilomètres et demi des polders du rivage, à 5 kilomètres du cap nommé le Bec d'Andaine, relié aujourd'hui à la terre ferme par une digue insubmersible, longue de 2 kilomètres, construite en 1880, qui va de la partie Sud de l'île (Porte du roi) à l'embouchure du Couesnon. Depuis plus d'un siècle, cette digue-route, qui a facilité l'accès au site (aujourd'hui le plus visité de France, avec 3 millions de touristes par an) a aussi joué un rôle néfaste sur l'environnement par son rôle dans l'ensablement de la baie. Il a été décidé en 2003 de grands travaux d'aménagement (parmi lesquels figurent la construction d'un barrage et la suppression partielle de la digue) destinés à permettre de nouveau l'action des marées et du Couesnon, afin de rendre au site ses caractéristiques passées. Le coup d'envoi officiel des travaux a été donné en juin 2006. Ils sont prévus pour durer 6 ans.Histoire. Selon la légende, l'évêque d'Avranches Aubert, à la suite d'une apparition de l'archange saint Michel, en 708, aurait fait creuser dans le roc le premier oratoire qui exista sur l'îlot; il s'appelait alors le Mont-Tombe. Devenu bientôt un lieu de pèlerinage fréquenté, cet oratoire fut protégé par une enceinte fortifiée contre les incursions des pirates; les habitants du continent y trouvèrent un refuge à l'époque des invasions normandes (Les Vikings) et formèrent une agglomération qui devait plus tard devenir le bourg du Mont Saint-Michel. Seul de tous les sanctuaires du littoral, cette humble chapelle aurait échappé au pillage et à la dévastation des pirates. En 965, Richard Ier, duc de Normandie, y appela des moines bénédictins pour remplacer les quelques clercs qui l'avaient jusque-là desservi et l'abbaye fut constituée. Richement dotée par les princes normands, surtout après la conquête de l'Angleterre, l'abbaye du Mont Saint-Michel ne tarda pas à prendre un grand développement. Assiégée et prise en 1090 par Guillaume le Roux et par Robert, duc de Normandie, sur leur frère Henri, elle fut en partie détruite par un incendie en 1138. En 1203, la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste fut l'occasion d'un nouveau désastre. Gui de Thouars, qui assiégeait la place et en avait tenté vainement l'escalade, réussit à y allumer un incendie, qui la lui livra, mais en ruines. Philippe-Auguste, vainqueur, dédommagea royalement l'abbaye des pertes qu'il lui avait causées et les moines, grâce aux libéralités du roi, purent en refaire et en développer largement les constructions. Peu après fut entreprise l'édification d'un ensemble complètement nouveau de fortifications, adaptées aux modes nouvelles et qui devaient longtemps rendre la place imprenable. Des largesses considérables dues à saint Louis lors d'une visite qu'il fit à l'abbaye en 1254 pourvurent à ces travaux. Depuis cette époque, le Mont devint une place forte, où le roi de France établit un gouverneur, subordonné cependant à l'abbé, pour commander une garnison entretenue à frais communs par le roi et par l'abbaye. Grâce à cette organisation, l'abbaye échappa à l'occupation anglaise durant la guerre de Cent ans. En 1417, en 1423, en 1434, les Anglais assiégèrent vainement la place. Cette préservation, considérée comme miraculeuse et attribuée à la protection de l'archange, contribua à développer la dévotion particulière à saint Michel qui fut considéré comme le protecteur du royaume, et accrut dans une large mesure la renommée de l'abbaye. Aussi, après le départ définitif des Anglais en 1450, une nouvelle ère de prospérité succéda pour elle à la détresse qui durait depuis le commencement des hostilités. Le bourg, grâce à l'affluence considérable des pèlerins, se développa si rapidement qu'il fallut démolir une partie de l'enceinte pour la reporter au Sud et au Sud-Ouest jusqu'à la côte. Le Mont Saint-Michel. La période des guerres religieuses (Renaissance) ramena les mauvais jours. Le 22 juillet 1575 la ville et le château furent surpris par les protestants, mais ils en furent aussitôt délogés; nouvel assaut infructueux en 1577. En 1591, Montgomery échoua devant la place qui fit subir à sa troupe des pertes sérieuses. Toutefois, l'abbaye adhéra à la Ligue en se plaçant sous la protection du duc de Mercoeur et ne se soumit à Henri IV qu'en 1592. La paix y ramena la sécurité, mais non la prospérité; la dévotion aux saints est affaire de mode et les pèlerins avaient désappris ce qu'étaient les vertus de saint Michel. Depuis son affiliation à la réforme de Saint-Maur, en 1622, l'abbaye servit de lieu d'exil ou de détention aux moines frappés de peines disciplinaires. Au XVIIIe siècle, elle devint une prison d'État. Supprimée en tant qu'abbaye en 1790, elle redevint lieu de détention après la Révolution et le demeura jusqu'en 1863. Heureusement que, malgré quelques déplorables mutilations, les bâtiments furent conservés par l'État qui les a classés parmi les monuments historiques. En 1838 eut lieu la reconstruction de l'ancienne église par les prisonniers à la suite d'un incendie; d'autres travaux suivirent en 1863. Mais la véritable restauration commença en 1878, sous l'égide de l'architecte en chef des Monuments Historiques Édouard Corroyer. Ses travaux, fort contestés dès son époque et fortement influencées par les théories d'Eugène Viollet-le-Duc n'en restent pas moins l'impulsion primordiales des campagnes successives menées par Victor Petitgrand et Paul Gout jusqu'en 1923. Yves-Marie Froidevaux achèvera pour ainsi dire ce grand projet de 1957 à 1983. Les remparts. Le bourg. L'abbaye. Le cloître de l'abbaye du Mont Saint-Michel. Les édifices conventuels dont les dates de construction sont comprises entre l'abbatiat d'Hildebert II (1017-23) et celui de Richard Turstin (1236-1264) s'étagent sur le rocher et enveloppent presque complètement l'église qui les domine. Il serait impossible, sans allonger démesurément cet article, d'en donner ici une description complète, mais il est indispensable de dire quelques mots du plus important de tous, celui que l'on a appelé la Merveille. Il se compose de deux bâtiments juxtaposés, orientés de l'Ouest-Nord-Ouest à l'Est-Sud-Est, commencés entre 1203 et 1212, et terminés en 1228. En témoignait une inscription aujourd'hui disparue dans le cloître. Chacun de ces deux bâtiments est divisé en trois étages. Celui qui est situé vers l'Ouest comprend : au rez-de-chaussée, le cellier, salle de trois nefs voûtées d'arêtes séparées par des piliers carrés; au premier étage, la salle des Chevaliers, peut-être une ancienne salle de lecture, à quatre nefs voûtées d'ogives et séparées par des colonnes (son nom lui vient d'un panneau en l'honneur des 119 chevaliers ayant tenu le siège pendant la Guerre de Cent Ans); au deuxième étage, à ciel ouvert, le cloître, bordé d'élégantes arcades doubles, disposées en herse, auprès duquel s'ouvre une petite pièce voûtée qui fut le chartrier. La salle des Chevaliers. (Photos © Serge Jodra). Le bâtiment oriental se compose : au rez-de-chaussée, de l'aumônerie, salle à deux nefs voûtées d'arêtes; au premier étage, de la Salle des Hôtes, à deux nefs voûtées d'ogives, ouverte par de larges fenêtres à meneaux, avec de magnifiques cheminées dans le mur occidental, au deuxième étage, du réfectoire, recouvert d'un toit à charpente apparente. L'église. Tous ces édifices en granit gris d'un grain très fin, sobre de sculpture, mais admirablement taillé et appareillé, qui s'étagent en amphithéâtre de la base au sommet de la colline, forment un ensemble unique de l'aspect le plus grandiose. (A19). Un grand merci à Thomas Evariste, conférencier à l'abbaye du Mont Saint-Michel, pour les nombreuses corrections et précisions qu'il a apportées à cet article. |
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