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Dombes

Le Pays de Dombes (Dumbae) est un ancien pays de France, aujourd'hui compris dans le département de l'Ain. Les limites naturelles de la Dombes sont, au point de vue géographique, la Seille au Nord, la Saône à l'Ouest, le Rhône au Sud et l'Ain à l'Est. Mais ces limites ont été singulièrement modifiées au point de vue politique, et la Dombes proprement dite est loin d'aller au Nord jusqu'à la Veyle; le reste est la Bresse, et la partie Sud-Ouest le Franc-Lyonnais. C'est un vaste plateau ondulé, dont l'altitude varie de 180 à 377 m, d'un sol silico-argileux qui s'est admirablement prêté à la création des étangs artificiels qui le couvrent encore en grande partie.

L'histoire de la Dombes est des plus mouvementées; les vestiges de toutes les époques y abondent : la Préhistoire avec ses outils de silex et de pierre polie, et surtout ses monuments si caractéristiques, les poypes, monticules artificiels dans lesquels il n'est pas rare de rencontrer superposées, comme à Riotiers, les traces de plusieurs civilisations; des débris romains, surtout aux bords de la Saône, au plateau de la Bruyère, près de Trévoux, où se livra la bataille de César contre les Helvètes; à Montmerle, à Reyrieux, dont les sources ferrugineuses étaient déjà exploitées. 

Le plus ancien document qui fasse mention de la Dombes est la légende de Saint Trivier : Duo pueruli de pago Dumbensi, ubi Brixia dicitur, juxta fluvium Araris; mais les chroniques sont muettes. Ce qu'il y a de certain c'est qu'elle subit la destinée de toute cette rive de la Saône, passant des Burgondes aux Francs pour faire partie du royaume de Lothaire en 843, du second royaume de Bourgogne pour tomber aux mains de Conrad le Salique, mais seulement nominalement, car déjà se créaient des souverainetés indépendantes : les comtés de Lyon, de Savoie, de Maurienne, les sireries de Bâgé, de Thoire, de Villars, qui, après l'excommunication de Frédéric II, rompirent le dernier lien nominal qui les rattachait au Saint-Empire Romain Germanique. Jusqu'en 1400, la Dombes n'existe que de nom; le territoire est partagé entre les sires de Bâgé, de Villars, puis de Thoire-Villars et de Beaujeu, constamment en guerre entre eux et avec les comtes de Forez, les archevêques de Lyon, les dauphins de Viennois

En 1400, Edouard II, dernier sire de Beaujeu, céda, avec ses autres possessions, à Louis II, duc de Bourbon, le Beaujolais à la part du Saint-Empire, qui, augmentée (1424) des seigneuries de Trévoux, du Châtelard et d'Ambérieu, forma la principauté souveraine de Dombes avec Trévoux pour capitale. Cette principauté comprenait au point de vue administratif et judiciaire les douze châtellenies d'Ambérieu, Baneins, Beauregard, Chalamont, Le ChâteIard, Lent, Lignieu, Montmerle, Saint-Trivier, Thoissey, Trévoux, Villeneuve. 

Confisquée par François Ier, à la suite de la défection du connétable de Bourbon en 1523, elle fut remise en 1527 à la reine mère Louise de Savoie, reprise à sa mort et possédée successivement par François Ier, Henri II, François II, Catherine de Médicis, et rendue en 1561 à Louis de Bourbon-Montpensier. Elle resta dans la famille de Montpensier jusqu'à Anne-Marie-Louise d'Orléans, la grande Mademoiselle, qui, en 1681, la céda au duc du Maine, fils de Louis XIV et de la Montespan, espérant ainsi obtenir le consentement du roi à son mariage avec Lauzin. 

Le 28 mars 1762, la Dombes fut définitivement réunie à la France, à la suite d'un échange consenti par son prince, le comte d'Eu, second-fils du duc du Maine. 

Cette situation de principauté indépendante semblerait avoir favorisé la fortune de ce petit pays; il n'en fut pourtant rien; malgré son parlement qui siégea longtemps à Lyon par emprunt de territoire, malgré l'atelier monétaire fort prospère de Trévoux, malgré l'importante imprimerie de S. A. S. qui faisait concurrence aux presses de Hollande, malgré le riche collège de Thoissey qu'on songea même ériger en université, il marchait à sa ruine. C'est que cette indépendance, la douceur, pour ne pas dire l'incurie de son gouvernement, avait facilité, jusque par la suppression des routes, l'extension énorme d'une grande propriété, d'autant plus lucrative qu'elle ne demandait pas de bras pour l'exploiter, la création de ces immenses étangs, qu'à partir du dernier tiers du XIXe siècle on a travaillé à dessécher. (GE).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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