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Charles de Bourbon

Charles, duc de Bourbon, connu sous le nom de Connétable de Bourbon, porta d'abord le titre de comte de Montpensier et devint chef de la maison de Bourbon par la mort de son oncle Pierre, sire de Beaujeu, dont il avait épousé la fille. Il était le  fils de Gilbert de Bourbon, comte de Montpensier et dauphin d'Auvergne, et de Claire de Gonzague, né le 17 février 1490, tué au siège de Rome le 6 mai 1527. 

A la mort du duc de Bourbon, Pierre II, Charles de Bourbon fit valoir sur le duché des droits qu'il prétendait tenir de leur ancêtre commun le duc Jean ler. La duchesse douairière, Anne de France, jugea bon d'éviter un procès en lui donnant la main de sa fille Suzanne; le mariage eut lieu en 1505 et le nouveau duc de Bourbon devint le seigneur le plus riche de toute l'Europe : en même temps que duc de Bourbon, il se trouva en effet à quinze ans duc d'Auvergne, de Châtellerault, comte de Clermont en Beauvaisis, de Montpensier, de Forez, de la Marche et de Gien, dauphin d'Auvergne, vicomte de Carlat et de Murat, sire de Beaujeu, de Combraille, de Mercoeur, d'Annonay, de la Roche-en-Régnier et de Bourbon-Lancy. 

En 1507, il suivit le roi Louis XII à l'expédition de Gênes, retourna avec lui en Italie en 1509 et se distingua à la bataille d'Agnadel (14 mai 1309). François Ier, auquel l'unissait une amitié d'enfance, lui donna à son avènement l'épée de connétable de France. Les guerres d'Italie ne tardèrent pas à lui donner l'occasion de justifier cette faveur. A Marignan (13, 14 septembre 1515) il commandait l'avant-garde et contribua beaucoup à la victoire. Resté dans le Milanais avec le titre de vice-roi, il réussit à s'y maintenir et à en repousser l'empereur Maximilien qui l'avait envahi. Pendant son absence Louise de Savoie, qui avait toujours haï en lui le fils d'Anne de France, avait réussi à faire partager son animosité par François Ier. A son retour dans le royaume, il commença à sentir les premiers effets d'une disgrâce, puis en 1519, lorsque le roi marcha sur l'empereur Charles-Quint, campé sous Valenciennes, il enleva au connétable le commandement de l'avant-garde qui était un privilège de sa charge. 
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Le connétable de Bourbon vu par Mignet

« Le connétable de Bourbon était aussi dangereux qu'il était puissant. Il avait de fortes qualités. D'un esprit ferme, d'une âme ardente, d'un caractère résolu, il pouvait ou bien servir ou beaucoup nuire. Très actif, fort appliqué, non moins audacieux que persévérant, il était capable de concourir avec habileté aux plus patriotiques desseins et de s'engager par orgueil dans les plus détestables rébellions. C'était un vaillant capitaine et un politique hasardeux. Il avait une douceur froide à travers laquelle perçait une intraitable fierté et, sous les apparences les plus tranquilles, il cachait la plus ambitieuse agitation. Il est tout entier dans ce portrait saisissant qu'a tracé de lui la main de Titien, lorsque, dépouillé de ses États, réduit à combattre son roi et prêt à envahir son pays, le connétable fugitif avait changé la vieille et prophétique devise de sa maison, l'Espérance, qu'un Bourbon devait réaliser avant la fin du siècle dans ce qu'elle avait de plus haut, en cette devise terrible et extrême Omnis spes in ferro est : « toute mon espérance est dans le fer ». A Sur ce front hautain, dans ce regard pénétrant et sombre, aux mouvements décidés de cette bouche ferme, sous les traits hardis de ce visage passionné, on reconnaît l'humeur altière, on aperçoit les profondeurs dangereuses, on surprend les déterminations violentes du personnage désespéré qui aurait pu être un grand prince et qui fut réduit à devenir un grand aventurier. C'est bien là le vassal orgueilleux et vindicatif auquel on avait entendu dire que sa fidélité résisterait à l'offre d'un royaume, mais ne résisterait pas à un affront. C'est bien là le serviteur d'abord glorieux de son pays qu'une offense et une injustice en rendirent l'ennemi funeste, qui répondit à l'injure par une trahison, à la spoliation par la guerre. C'est bien là le célèbre révolté et le fougueux capitaine qui vainquit François ler à Pavie, assiégea Clément VII dans Rome et finit sa tragique destinée les armes à la main en montant à l'assaut de la Ville éternelle. »
 

(F. Mignet).

La mort de Suzanne de Bourbon, survenue le 28 avril 1521, ouvrit une nouvelle voie aux intrigues de Louise de Savoie qui prétendit lui succéder. Le procès fut plaidé devant le Parlement qui, sans se prononcer sur le fond, ordonna le séquestre des biens contestés. L'exécution de cette sentence mit le connétable au désespoir; il noua des intelligences avec l'empereur et conclut avec lui un traité secret. Tandis que François Ier serait en Italie, Charles de Bourbon resté en France devait lever une armée dans ses domaines, courir aux Alpes prendre le roi à revers, et favoriser l'invasion du royaume : le plan exécuté, Charles-Quint devait avoir le duché de Bourgogne, la Picardie, la Champagne; Henri VIII, les anciens Bourgogne, des Plantagenets; quant au connétable il devait trouver un royaume dans les débris de la France. Deux gentilshommes normands révélèrent au roi ce complot. François Ier, alors en marche pour l'Italie, se rendit à Moulins où était Charles de Bourbon et lui ordonna de le suivre en Italie. Celui-ci le promit mais ne tarda pas à se dérober. Sous un déguisement il gagna les rives du Rhône, puis la Franche-Comté et enfin les terres de l'Empire où il reçut le commandement d'un corps de 6000 mercenaires, avec lequel il fit la campagne d'Italie. 

Ses tentatives pour envahir la Provence n'eurent pas le succès qu'il s'était promis. Suspect aux généraux de Charles-Quint, il dut bientôt rétrograder, retourna en Allemagne et revint à la tête de 12,000 lansquenets secourir Pavie assiégé par François Ier (25 février 1525); l'année suivante il guerroya en Espagne, puis, l'Italie ayant fait un effort pour chasser les bandes qui l'opprimaient, il fut chargé par l'empereur du commandement des troupes impériales de la péninsule. En janvier 1527, il partit de Milan, fit sa jonction à Plaisance avec les lansquenets amenés d'Allemagne par Georges de Freundsberg, feignit de se diriger sur Florence et marcha sur Rome. Aussitôt arrivé sous les murs de la ville il voulut donner l'assaut, posa la première échelle et tomba mort le premier, frappé au flanc d'un coup d'arquebuse. Ses bandes pénétrèrent dans Rome et dix mois durant l'occupèrent en lui faisant subir toutes les horreurs du pillage et de la dévastation.  Il n'avait que 38 ans, et ne laissa pas d'enfants. Ses domaines furent réunis à la couronne. (GE)

Charles, cardinal de  Bourbon est le troisième fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme. Il était frère cadet d'Antoine de Bourbon, père de Henri IV (La Maison de Bourbon). Il est né à la Ferté-sous-Jouarre le 22 décembre 1520, mort à Fontenay-le-Comte le 9 mai 1390. 

Destiné dès son enfance à l'état ecclésiastique, il devint à vingt ans évêque de Nevers (1540), pins de Saintes (1544), reçut le chapeau en 1548, fut nommé archevêque de Rouen en 1550, et chargé de l'administration de l'évêché de Beauvais lorsque le cardinal de Châtillon se fut converti au protestantisme. Pendant les troubles religieux, il prit le parti des Guises.

Dès 1584 dans un traité secret conclu par le duc de Guise avec Philippe II et ratifié par le pape, il avait été stipulé qu'après la mort de Henri III, le cardinal serait reconnu comme héritier de la couronne « à l'exclusion du tout pour toujours et à jamais de tous les princes du sang de France étant à présent hérétiques et relaps ». 

Lui-même, le 1er avril 1585, publia un manifeste; aussi après l'assassinat du duc de Guise (23 décembre 1588) fut-il arrêté et enfermé au château de Fontenay-le-Comte. Il y était encore à la mort de Henri III; néanmoins, le duc de Mayenne le fit proclamer roi à Paris sous le nom de Charles X, et un arrêt du Parlement du 3 mars 1590 le reconnut comme tel. Mayenne s'était du reste réservé l'autorité sous le titre de lieutenant-général de l'Etat et couronne de France. 

Un médaillon et quelques monnaies nous ont conservé l'effigie du roi de la Ligue qui mourut bientôt dans sa prison,  à 67 ans. On ne le compte pas au nombre des rois de France

Charles, cardinal de Vendôme, puis de Bourbon, quatrième fils de Louis, prince de Condé, petit-neveu du précédent, est né à Gandelu (Aisne) en 1562, mort dans son abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le 30 juillet 1594. Pourvu de très nombreux bénéfices, il fut nommé cardinal en 1583; à la mort de son grand-oncle, il le remplaça à l'archevéché de Rouen (1590) et fut connu depuis lors sous le titre de cardinal de Bourbon. Il espérait lui succéder aussi dans le rôle de roi de la Ligue et fut mêlé à toutes sortes d'intrigues; mais la conversion de son neveu Henri IV ne tarda pas à lui faire perdre toutes ses espérances.
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Dictionnaire biographique
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