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Paisiello

Giovanni Paisiello est un des compositeurs italiens les plus éminents de son époque qui précéda et prépara en quelque sorte la venue de Rossini. Si l'apparition de ce dernier maître a fait oublier tous ceux qui vécurent immédiatement avant lui, il convient cependant de rendre justice à des musiciens qui, dans un genre plus brillant sans doute que solide, montrèrent souvent cependant les plus belles qualités. 

Paisiello naquit à Tarente le 9 mai 1741; il entra fort jeune dans un collège de jésuites de cette ville, et là commença à se faire remarquer par sa belle voix et son intelligence musicale. On conseilla à ses parents de l'envoyer à Naples étudier sous quelque maître habile. Il fut admis au conservatoire de San Onofrio en juin 1754, et il y travailla quelque temps sous l'illustre Durante. Après neuf ans de séjour au Conservatoire, il se produisit pour la première fais en public avec un petit intermède exécuté sur le théâtre de cet établissement. Cet ouvrage plut beaucoup; il eut même un certain retentissement. 
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Paisiello.
Paisiello (1741- 1815).

Paisiello fut appelé à Bologne pour écrire deux opéras bouffes, la Pupilla et il Mondo a Rovescio, qui inaugurèrent la longue série de ses succès sur tous les théâtres d'Italie. A Modène, à Parme, à Venise, ses opéras, bouffes ou sérieux, firent fureur. Aussi sa réputation fut-elle bientôt assez bien établie pour qu'on lui ft offrir d'écrire pour les théâtres de Rome, alors, l'arbitre de la renommée des musiciens d'Italie. Ce fut pour cette ville que Paisiello écrivit son célèbre opéra bouffe, il Marchese di Tulipano, que toute l'Europe accueillit avec un égal enthousiasme.

Peu de temps après, Paisiello allait à Naples, où il savait trouver cependant d'illustres rivaux : Piccinni d'abord, puis, après le départ de ce maître pour Paris, Cimarosa. Paisiello sut fort habilement ménager le premier de ces maîtres et se faire à côté de lui une place honorable. A l'égard de Cimarosa, comme pour Guglielmi plus tard, il se conduisit d'une façon peu honorable, paraît-il, et ne craignit pas de recourir aux intrigues les plus perfides pour atténuer les succès de ce musicien. Sa situation à la cour de Naples était fort belle, et sa musique plaisait beaucoup. De cette époque de sa vie datent de nombreuses oeuvres, tant sacrées que profanes. En 1776, sur l'invitation de l'impératrice, Catherine, Paisiello partit pour la Russie, où un traitement magnifique lui était offert. Il devait y écrire d'assez nombreux opéras, notamment ce Barbiere di Siviglia, qui devait, par la suite, être opposé au chef-d'oeuvre de Rossini, Après huit ans de séjour, Paisiello revint en Italie après quelque séjour en Pologne, puis à Vienne où fut composé l'opéra il Re Teodoro, dont un final en septuor fut longtemps célèbre. En effet, Paisiello, un des premiers, fit dans ses oeuvres une large place aux morceaux d'ensemble, combinaison fort nouvelle alors, si l'on considère que l'ancien opéra, français ou italien, ne comportait guère (en dehors des morceaux à voix seule) que des duos, fort rarement des trios, et que l'usage des choeurs était presque inconnu en Italie. Aussi les morceaux d'ensemble de Paisiello surprirent-ils à l'excès les dilettantes italiens que ces combinaisons harmoniqùes effrayaient un peu. 

Ces nouveautés nuisirent un peu à son succès à Rome où il vint se produire à son retour. Mécontent de cet accueil, en 1785 l'artiste alla se fixer définitivement à
Naples, où la faveur de la cour et du public lui était acquise. Il y passa treize années, marquées par la composition de ses plus beaux ouvrages, la Molinara; Nina, la Zingari in fiera, etc, Pendant les révolutions de Naples en 1799, Paisiello perdit naturellement ses places de cour et se compromit, aux yeux des Bourbons, avec le nouveau gouvernement. A la restauration qui suivit, sa faveur sembla fort diminuée. Aussi, un peu plus tard, Paisiello acceptait-il les offres du premier consul et partait-il pour Paris où il arrivait en 1802. Malgré la faveur, de Bonaparte qui aimait beaucoup sa musique, Paisiello fut assez froidement accueilli par les musiciens français. Un ouvrage qu'il mit en musique pour l'opéra, Proserpine, ne réussit pas; et cet échec le détermina à demander sa retraite.

De retour à Naples, Paisiello reprit son service. auprès du roi et le continua, dans les mêmes conditions, quand Joseph, frère de Napoléon, monta sur le trône. Murat conserva au musicien son titre et ses emplois. Malheureusement pour lui, Paisiello devait revoir la seconde restauration des Bourbons. Ferdinand IV ne lui pardonna pas son attachement à la famille Bonaparte. Privé de ses emplois et de ses pensions, le vieux maître passa ses dernières années dans une situation d'autant plus pénible pour lui qu'il avait jadis connu l'opulence. Il faut dire qu'il fit preuve d'assez peu de dignité dans cette triste position, mais tout fut inutile. Aussi le chagrin acheva d'abattre ses forces, déjà chancelantes, et Paisiello, à l'âge de soixante-quinze ans, mourut le 5 juin 1815.

Paisiello fut d'une grande fécondité, comme beaucoup de musiciens de ce temps. Il écrivit près de 100 opéras et beaucoup d'autre musique de toute sorte. Quoique toutes ces oeuvres soient bien oubliées aujourd'hui, cet artiste mérite cependant d'être mentionné. Avec Guglielmi et Cimarosa, Paisiello est un des maîtres de cette époque; s'il a moins de verve que Guglielmi, moins d'abondance et de grâce que Cimarosa, ses qualités n'en sont pas moins grandes. Son style est surtout expressif, et toutes ses mélodies, remarquables par leur grâce et leur simplicité, ont beaucoup de charme. Plusieurs sont restées fort longtemps populaires; il faut se souvenir que Beethoven n'a pas dédaigné d'écrire des variations sur un air de la Molinara. (H. Quittard).

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