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Nicolas
de Cues (ou de Cusa) est un théologien et cardinal, né
en 1401, mort à Todi (Italie)
le 11 août 1464. Le nom de son père, batelier sur la Moselle,
était Chrypffs (= écrevisse); Nicolas fut appelé Cusanus,
du nom de son lieu d'origine, Cues, dans le diocèse de Trèves.
II étudia d'abord le droit, puis à la suite d'un échec
entra dans le sacerdoce et s'adonna à l'étude de la philosophie
et de la théologie.
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Nicolas
de Cues (1401-1464).
Comme archidiacre
et protonotaire de Liège, il assista au concile
de Bâle, convoqué pour 1431. Pour
l'ouverture de ce concile, il avait terminé ses trois livres De
Catholica Concordantia. Avec quelques-uns des esprits les plus distingués
de son temps, il soutenait dans cet écrit, et dans un autre traité
contemporain : la suprématie des conciles sur le pape; l'indépendance
des deux pouvoirs, l'impérial et le papal, la restauration de l'autorité
épiscopale et l'élection de l'évêque par le
clergé et le peuple. A ces assertions courageuses, il joignit une
certaine tolérance qui lui fit réprouver les rigueurs du
concile à l'égard des hussites.
Mais dès 1440,
il fit volte-face et prit désormais la défense du pape. Il
est probable que l'habileté du secrétaire du concile, Enée
Silvius (Pie II, en 1458), ne fut pas étrangère à
cette conversion. Quoi qu'il en soit, Nicolas fut dès lors comblé
d'honneurs par le Saint-siège
et chargé des missions les plus importantes. Il alla à Constantinople
pour essayer de faire cesser le schisme et fut député à
Francfort
auprès des électeurs rassemblés. En 1448, il fut nommé
cardinal, et peu après évêque de Brixen.
Là il entra en conflit avec l'archiduc Sigismond, fut emprisonné,
mais relâché devant les menaces du pape. Pie II, qui en 1458
lui avait déjà conféré le titre de vicaire
du pape, l'appela alors à Rome.
La philosophie de
Nicolas de Cues demeura plus indépendante que sa conduite. Son principal
ouvrage, les trois livres De Docta Ignorantia, oppose à la
scolastique
qui se survivait, une sorte de
néoplatonisme
diffus, mélangé d'idées spéculatives empruntées
à maître Eckhart. Dieu,
selon lui, est le maximum et le minimum absolus puisqu'il ne saurait être
ni plus grand, ni plus petit qu'il n'est; le monde n'est qu'une réduction
ou contraction du maximum; mais Nicolas ajoute qu'il faut se contenter
de pareilles conjectures, parce que l'homme ne peut comprendre la vérité
entière. Giordano Bruno procède de
Nicolas de Cues.
Comme mathématicien,
Nicolas est fort remarquable; dès 1436, il proposa la réforme
du calendrier julien
et entrevit la rotation de la Terre
autour du Soleil.
Mais son essai ne passa que pour un paradoxe. Il critiqua les tables
Alphonsines (les tables astronomiques),
et, en renouvelant l'antique problème de la quadrature du cercle,
il employa, pour calculer le rayon, un procédé qu'exprime
cette formule :
où n
désigne le nombre des côtés du polygone régulier
inscrit, et p le périmètre de ce polygone. Mais quelque
exacte que fût cette expression générale, elle était
impropre à faire ressortir l'irrationalité du rapport du
diamètre à la circonférence. Sa prétention
à avoir trouvé la quadrature du cercle fut vivement réfutée
par Regiomontanus (Kaestner, Geschichte
der Mathematik, t. II, p. 319, Göttingen, 1797, in-8°).).
Ajoutons qu'il avait
deviné également la fausseté des décrétales
du pseudo-Isidore, et la fiction de la donation de Constantin.
(F.-H. Krüger). |
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