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Les
tables astronomiques sont des suites de nombres qui indiquent les
situations et les mouvements des astres ou qui servent à les calculer.
Les plus anciennement connues paraissent être celles que Ptolémée
publia dans son Almageste
et qui, rectifiées et augmentées au XIIIe
siècle, sur l'ordre d'Alphonse X, roi de Castille ,
devinrent les Tables alphonsines.
Les Tables
Alphonsines. On dit aussi tables alonsines. Tables astronomiques,
tirant leur nom d'Alphonse X, roi de Castille,
qui les fit dresser, de 1248 à 1252, par les plus célèbres astronomes
de l'époque, et dépensa dans ce but environ 400 000 ducats. Alphonse
X se proposait de les substituer à celles de Ptolémée, qui concordaient
de plus en plus mal avec les observations; mais, malgré l'énormité de
la dépense, les résultats furent loin d'atteindre la perfection désirée.
La première édition imprimée parut en 1483, à Venise,
avec le titre : « Alphonsi regis Castellae caelestium motuum tabulae,
nec-non stellarum fixarum longitudines ac latitudines». Vol. in-4,
goth. de 93 f. Ã 41 lignes par page. Figures sur bois. Les tables alphonsines
furent rééditées à diverses reprises, et, en dernier lieu, à Paris,
en 1553, par Hamelius (Duhamel) sous le titre
: « Divi Alphonsi Romanorum et Hispaniarum regis astronomicae tabulae.
»
Calculées pour le
méridien de Tolède, elles renferment notamment : L'équation des jours
(qui est devenue notre équation du temps). - Le moyen mouvement des étoiles
fixes (par l'effet de la précession). - Les moyens mouvements de la Lune.
- Les passions des planètes, c.-à -d. leurs stations, rétrogradations
et progressions. -Les dates d'entrée du Soleil dans les signes du zodiaque.
Les conjonctions des planètes. - Les éclipses. On y trouve aussi les
nombres d'or, les indictions, les cycles solaires, les lettres dominicales,
et jusqu'à des préceptes pour l'horoscope.
L'amplitude totale des oscillations du midi vrai, par rapport au midi moyen,
est évaluée à 32 mn 52 s, tandis qu'en réalité elle ne dépasse pas
30 mn 53 s. La différence tient aux saleurs un peu trop fortes attri-buées
à l'excentricité et à l'obliquité de l'écliptique. Pour le mouvement
de la Lune, on s'en est tenu à la théorie de Ptolémée, en adoptant
seulement pour l'équation du centre
4° 56 au lien de 5°. La longueur de l'année est fixée à 365 jours,
5h 49m 16s, estimation qui excède de 26s seulement la durée exacte. La
plus grosse inexactitude concerne la précession des équinoxes, qui est
rendue en moyenne deux fois trop faible, et qui est arbitrairement affectée,
en outre, d'une inégalité ayant une période de 7 000 années. Cette
erreur paraît due à l'influence d'idées mystiques : elle revient en
effet à admettre que les équinoxes se retrouvent à leur point de départ
au bout de 49 000 ans, divisés en 7 périodes de 7 000 ans. Or, Moïse
a voulu que la 7e année fût une année de repos, et la 50e un jubilé.
(L. Lecornu).
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En
bibliothèque - Delambre,
Histoire de l'astronomie au Moyen âge; Paris, 1819, in-4. |
Le nombre des tables
astronomiques est toujours allé, depuis, en croissant, surtout après
que Copernic eût fait connaître le nouveau
système du monde et donné à l'astronomie, par cette découverte, un
essor et une précision qu'elle n'avait encore jamais connus. Lui-même
publia en 1543, dans son De revolutionibus orbium coelestium, une
nouvelle collection de tables de mouvements célestes, qui ne lui avaient
pas coûté moins de trente années d'observations et d'études. Successivement
corrigées et augmentées pat les observations de ses disciples, elles
devinrent les plus correctes de celles encore parues. Elles ne furent dépassées
que par les Tables rudolphines, oeuvre de Tycho
Brahé et de Képler, qui furent publiées
à Linz en 1627 et réimprimées à Paris en
1650. Celles qui parurent à la même époque ou dans les années qui suivirent
ne firent guère que les reproduire sous une forme quelquefois plus commode.
Elles avaient pour auteurs Christian Reinhart (Tabulae astronomicae,
1630); Philippe Lansberg (Tabulae motuum, 1632); Ismaël
Boulliaud (Astronomia philolaica, 1645); Maria
Cunitz (Urania propitia, 1650); B. Riccioli
(Tabulae novae, 1665), etc. Puis furent le plus généralement employées
les Tables Carolines, dues à Street, qui furent publiées d'abord
à Londres, en 1661, puis à Nuremberg, en 1705, et que les astronomes
ne délaissèrent que pour les Tables de La
Hire, parues en 1687 et complétées en 1702 sous le titre de Tabulae
astronomicae Ludovici magni. Elles furent détrônées à leur tour
par celles que donna Cassini, en 1740, dans ses
Eléments d'astronomie, et celles-ci par les Tables de Halley,
qui parurent à Londres en 1749 et qui demeurèrent les plus parfaites
jusqu'Ã la publication des Tables de Lalande,
en 1771.
Outre ces tables
générales, il a été construit, en outre, au XVIIIe
siècle, un grand nombre de tables spéciales : tables du Soleil
de Lacaille; tables de la Lune de Mayer,
publiées par le Bureau des longitudes, et tables de la Lune de
Mason, employées par les calculateurs du Nautical
Almanak. Au commencement du XIXe siècle,
nous avons eu principalement les tables du Soleil de Delambre,
celles de la Lune de Burckhard, les
tables de Jupiter et de Saturne de Bouvard,
les tables de satellites de Jupiter de Damoiseau.
Le nombre s'en est encore multiplié ensuite, en même temps que la diffusion
et les progrès de l'astronomie ont compiètement changé leur caractère.
Parmi les plus importantes, il convient de citer celles publiées par le
Bureau des longitudes dans son Annuaire
et dans la Connaissance des temps. Elles serviront de guide aux
praticiens de la navigation et de la géodésie, elles permettront aussi
aux astronomes, par la découverte de petits écarts entre leurs indications
et les faits observés, de perfectionner les théories et à l'occasion,
de les rectifier.
On peut rapprocher
des tables astronomiques les tables nautiques :
Tables
nautiques. - Les marins ont fait traditionnellement un fréquent usage
de tables, principalement pour l'établissement du point et pour les relèvements.
Tous les bâtiments de quelque importance avaient, d'abord, la Connaissance
des temps. On trouve, en outre, sur la plupart, des tables dites azimutales,
qui permettent, dans le calcul d'azimut, de supprimer ou, tout au moins,
d'abréger considérablement les opérations. Les unes, les Tables de
Decante (1889-92), donnent, Ã simple vue, pour une latitude et une
heure données, l'azimut d'un astre de déclinaison connue; mais elles
ne sont utilisables que pour les latitudes comprises entre les cercles
polaires et pour les déclinaisons n'excédant pas 48°. Les autres, les
Tables de Perrin, sont, bien que condensées en un petit nombre
de pages, beaucoup plus générales, mais elles exigent quelques calculs.
Signalons encore, dans le même genre, les tables de G. Pouvreau (1885)
et celles d'E. Serres (1891). (L. Sagnet).
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