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About

Edmond François Valentin About est un écrivain français, membre de l'Institut, né à Dieuze (Meurthe), le 14 février 1828, mort à Paris le 16 janvier 1885. Elève du lycée Charlemagne, où il eut pour condisciples Sarcey, L. Ulbach, Fr.-V. Hugo, Ch. Tissot, etc., il obtint, en 1848, le prix d'honneur en philosophie et entra la même année à l'Ecole normale. Admis trois ans plus tard comme pensionnaire de l'Ecole française d'Athènes, il publia dans les Archives des missions scientifiques un mémoire sur l'île d'Egine, tiré à part (1854) et revint à Paris où, renonçant au professorat, il donna presque simultanément deux livres de nature très différente qui assurèrent à ses débuts une bruyante notoriété : la Grèce contemporaine (1855) et un roman : Tolla. Le premier était une brillante et cruelle satire, mais le second mêlait à divers détails autobiographiques des réminiscences, plus ou moins déguisées, d'un roman italien publié à Paris quinze ans auparavant : Vittoria Savorelli, storia del secolo XIX (1841); aussi la Revue des Deux-Mondes achevait à peine la publication de Tolla, que la Revue de Paris (1er juin 1855), par la plume de Julian Klaczko, dénonçait ce qu'elle appelait « la seconde édition d'un roman inédit ». About répliqua aussitôt et L. Ulbach termina le débat par une vigoureuse riposte (1er juillet). Cette polémique ne porta pas bonheur à une comédie en trois actes, intitulée Guillery, qui, reçue et représentée au Théâtre-Français avec un certain éclat (2 février 1856), ne put être jouée que deux fois. -
L'Attique au printemps

« C'est au printemps qu'il faut voir l'Attique dans tout son éclat, quand les anémones, aussi hautes que les tulipes de nos jardins, confondent et varient leurs brillantes couleurs; quand les abeilles descendues de l'Hymette bourdonnent dans les asphodèles; quand les grives babillent dans les oliviers; quand le jeune feuillage n'a pas encore reçu une couche de poussière; que l'herbe qui doit disparaître à la fin de mai s'élève verte et drue partout où elle trouve un peu de terre et que les grandes orges, mêlées de fleurs, ondoient sous la brise de la mer. Une lumière blanche et éclatante illumine la terre, et fait concevoir à l'imagination cette lumière divine dont les héros sont vêtus dans les champs Elysées. L'air est si pur et si transparent qu'il semble qu'on n'ait qu'à étendre la main pour toucher les montagnes les plus éloignées; il transmet si fidèlement tous les sons qu'on entend la clochette de troupeaux qui passent à une demi-lieue et le cri des grands aigles qui se perdent dans l'immensité du ciel. »
 

(E. About, La Grèce contemporaine).

C'est alors que About écrivit dans le Figaro naissant ses premières Lettres d'un bon jeune homme, signées Valentin de Quévilly, qui n'ont jamais été réimprimées et où il n'épargna pas plus ses adversaires qu'ils ne l'avaient épargné lui-même; l'une de ces lettres provoqua même un échange de témoins entre l'auteur et Paul de Saint Victor, mais l'affaire n'alla pas plus loin, grâce à une rétractation formelle de Villemessant. 

Ses premières rancunes satisfaites, About revint à la littérature proprement dite et donna successivement : les Mariages de Paris (1856), recueil de nouvelles dont la réputation très légitime fut vivement faite; le Roi des montagnes (1856), amusante et paradoxale peinture de la cordiale entente des gendarmes et des brigands grecs; Germaine (1857); les Echasses de maître Pierre (1847), cadre ingénieux d'une étude sur le défrichement des Landes; Trente et Quarante (1858). Vers la même époque, il déployait dans le Voyage à travers l'Exposition universelle de 1855 (1855) et dans Nos artistes au Salon de 1857 (1857), les mêmes qualités de verve et d'entrain. 

Malgré les restrictions excessives apportées par le Second Empire au régime de la presse, About ne tarda pas à donner des gages à la politique. Rome contemporaine, publiée en partie dans le Moniteur universel, ainsi que quelques-uns des romans précédemment énumérés, et surtout la Question romaine (Bruxelles, 1860), dont l'entrée fut officiellement interdite en France, la Nouvelle carte d'Europe, la Prusse en 1860, une Lettre à M. Keller, attestèrent en peu de mois cette phase nouvelle de son activité. 

Un moment collaborateur du Constitutionnel, il rouvrit dans l'Opinion nationale la série des nouvelles Lettres d'un bon jeune homme à sa cousine Madeleine, signées cette fois de son véritable nom et dirigées surtout contre les empiétements de l'ultramontanisme. Elles ont été, ainsi que les Dernières lettres, réimprimées en volumes (1861 et 1863).

About n'avait cependant renoncé ni au théâtre, ni au roman; mais le premier lui faisait cruellement expier les succès que lui valait le second. L'Education d'un prince et l'Assassin se voyaient écarter de la scène, l'une sous prétexte d'immoralité, le second parce que l'intrigue reposait sur une méprise de la police; si Risette ou les Millions de la mansarde (un acte, Gymnase, 1860), le Capitaine Bitterlin (un acte, même théâtre, même année), avec E. de Najac, Un Mariage de Paris (trois actes, Vaudeville, 1861), avec le même collaborateur, trouvèrent grâce devant le public, il n'en fut pas ainsi pour Gaëtana 'drame en cinq actes, reçu primitivement a la Comédie-Française, mais représenté à l'Odéon (2 janvier 1862). La cabale ne permit pas aux artistes de se faire entendre et, au bout de quatre tentatives signalées par des violences de toute sorte, Gaëtana disparut de l'affiche. Elle ne rencontra pas de résistances moins ardentes lorsqu'on essaya de la transporter en province. La jeunesse libérale qui croyait punir ainsi les flatteries d'About à l'adresse du pouvoir, et les catholiques, blessés par ses implacables railleries, usaient à l'égard d'une oeuvre toute littéraire des mêmes représailles.

About qui, l'année précédente, avait trouvé dans l'Homme à l'oreille cassée, l'une de ses inspirations les plus heureuses, demanda à la même veine deux fantaisies scientifiques : le Nez d'un notaire (1862) et le Cas de M. Guérin (1863). Tout en rédigeant dans la Nouvelle Revue de Paris des chroniques, réunies depuis en volumes sous le titre de Causeries, il revint bientôt à un genre plus sérieux avec Madelon (1863) et publia une étude d'économie politique sur le Progrès (1864). Les années qui suivirent furent signalées par une série de romans dont aucun n'obtint les succès de leurs aînés : La Vieille Roche, trilogie complétée par le Mari imprévu et le Marquis de Lanrose; le Turco (1866), suivi d'autres nouvelles : l'Infâme (1867); les Mariages de province (1868); le Fellah, souvenirs d'Egypte (1869). Mentionnons ici  nouvelle collaboration avec Najac pour Nos gens (un acte, Gymnase, 1866) et Histoire ancienne (Comédie-Française, 1868). Antérieurement il avait rassemblé, sous le titre justifié de Théâtre impossible, Guillery, l'Éducation d'un prince, l'Assassin et le Chapeau de Sainte-Catherine (1861).

Lors de la fondation du Gaulois, About fut l'un de ses principaux rédacteurs, et ne tarda pas à faire interdire à ce journal la vente sur la voie publique. Il passa quelques mois après au Soir. Il se trouvait en Alsace, dans sa propriété de Saverne, lorsque éclata la guerre de 1870 et il fut témoin des premiers désastres de la France. Rallié à la République et à la politique de  Thiers, il reprit des mains de G. Chadeuil le journal le XIXe Siècle, que celui-ci venait de créer et, avec le concours de Fr. Sarcey, Ch. Bigot, E. Schnerb, etc., il en fit promptement l'organe du parti républicain conservateur et anti-clérical. Cette dernière nuance valut au journal, sous le gouvernement du 24 Mai, de sérieuses difficultés. En 1872, About, rappelé à Saverne par des intérêts privés, fut arrêté sous l'inculpation singulière de haute trahison et d'outrages envers l'empereur d'Allemagne. Cette accusation, qui souleva les protestations de toute la presse, fut écartée par des considérations de droit international et About, remis en liberté au bout de quelques jours, publia peu de temps après un livre plein de patriotisme : Alsace (1872).

La direction du XIXe Siècle et la part qu'il prit à diverses affaires financières semblaient avoir éloigné à tout jamais About de la littérature. Il y revint cependant, par le Roman d'un brave homme (1880), qui obtint an succès légitime. Non contente de couronner le livre, l'Académie française appela l'auteur au fauteuil de Jules Sandeau, le 23 janvier 1884, par 19 voix contre 14 données à F. Coppée. About s'était inutilement présenté, en mai 1870, pour recueillir la succession du duc de Broglie ou celle de Pongerville. 

Décoré de la Légion d'honneur le 15 avril 1858, il a été promu officier le 15 avril
1867. Marié en 1864 à Mlle de Guillerville, il en a eu huit enfants.

Parmi les portraits d'About, il faut signaler celui qu'a peint Paul Baudry, en 1811, et qui, après avoir figuré à l'exposition des portraits du siècle (1883), a été supérieurement gravé par T. de Mare, dans la Gazette des beaux-arts.

Les autres publications d'About, qui n'ont pu trouver place dans cette énumération, forcément très brève, sont : Ces coquins d'agents de change (1861,brochure); - Salons de 1864 et 1866; - l'A B C du travailleur, manuel populaire d'économie politique (1868) ; - Décaméron du salon de peinture pour 1881 et Quinze journées au Salon de 1883; - De Pontoise à Stamboul (1884), rapide récit d'une excursion non moins rapide accomplie par « l'Orient-express », à travers l'Autriche et la Roumanie, jusqu'à Constantinople. (Maurice Tourneux).

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Dictionnaire biographique
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