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Métope

On appelle Métope l'intervalle qui, dans la frise de l'entablement 'dorique, sépare les triglyphes. Elles constituaient à l'origine un vide, ce qui explique ce vers d'Euripide (Iphigénie en Tauride, 113), où Pylade propose à Oreste de pénétrer dans le temple d'Artémis en passant entre les triglyphes. Elle est du moins l'opinion généralement admise. Plus tard, cet intervalle fut bouché, d'abord par une dalle lisse, comme on le voit encore au temple de Paestum, puis par une dalle ornée de sculptures en bas-relief et plus souvent en haut-relief. Ces sculptures étaient soit de pure ornementation, et rappelaient par exemple les boucliers d'orqu'après Marathon l'on avait suspendus à la frise du temple d'Apollon à Delphes (Pausanias, X); elles consistaient alors en armes, trophées, bucranes, objets de culte tels que couteaux, patères, couronnes, etc., ou étaient composées de sujets à plusieurs figures, dont le relief très accentué s'explique par la distance d'où l'oeil devait les apercevoir et par la hauteur où elles étaient placées. Les métopes devaient, selon Vitruve, être carrées, mais on a remarqué que, dans les temples grecs, la hauteur est un peu supérieure à la largeur, artifice par lequel les architectes, tenant compte de la perspective, donnaient l'impression d'un carré parfait.

Un grand nombre de métopes antiques figurent parmi les monuments conservés. Les plus anciennes sont celles du temple d'Assos en Phrygie, dont la frise est en partie au Louvre. Puis viendraient celles du temple C de Sélinonte conservées à Palerme. Ce temple n'avait de métopes sculptées que sur la façade. Elles représentent Persée tuant la Gorgone; un Quadrige, dont les personnages sont peut-être Apollon et Hélios, enfin Heraclès portant les Cercopes. Elles sont faites d'un tuf calcaire qui se durcit à l'air. On y trouve des traces de polychromie. La pose de tous les personnages est d'une gaucherie notoire, les proportions sont carrées, sans élégance, les têtes grossières, les yeux en boule. Ces caractères permettent de juger combien à cette époque (environ 600 av. J.-C.) les écoles doriennes étaient en retard sur les écoles d'Ionie.

A Sélinonte aussi le temple F a fourni deux importants fragments de métopes figurant avec beaucoup d'animation la Lutte des Dieux et des Géants. L'influence des maîtres d'Egine y est sensible (commencement du Ve siècle). Enfin la série de Sélinonte se complète par les admirables métopes du temple E : Heraclès tuant la reine des Amazones; Héra se dévoilant devant Zeus; Actéon dévoré par les chiens; Athéna tuant le géant Encelade. Il n'y manque, pour atteindre la perfection, qu'une plus grande liberté dans les mouvements et les draperies. A Athènes nous trouvons au prétendu Théséion dix-huit métopes conservées. Dix représentent les Travaux d'Heraclès; les huit autres se rapportent aux Exploits de Thésée. Le style se distingue surtout par l'énergie; une certaine sécheresse marque la transition entre l'archaïsme et l'art libre du Parthénon. On attribue à Myron les métopes du Théséion.
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Métope.
Métope du Parthénon.

Des 17 métopes du Parthénon qui subsistent sur 92, une seule est en place, 15 sont au British Museum, 4 au Louvre, 1 au musée de l'Acropole à Athènes. Phidias en avait laissé l'exécution à ses élèves ou à ses collaborateurs. Elles offrent le double intérêt de nous montrer l'influence persistante des vieilles écoles et l'influence directe . exercée par Phidias sur les artistes plus jeunes. On a reconnu par conjecture sur les métopes du côté Est, martelées, les principaux dieux ou héros  qui se retrouvent sur la frise orientale; les métopes de l'Ouest représentaient peut-être le combat des Athéniens contre les Amazones; au côté Nord des scènes empruntées à la lutte des Centaures et des Lapithes étaient encadrées entre des sujets en grande partie inexpliqués; au Sud, des épisodes de la Centauromachie formaient deux séries, séparées entre elles par les sept ou neuf métopes centrales dont les sujets avaient trait aux mythes et aux cultes de la religion attique (La mythologie grecque). Les métopes centrales, aujourd'hui perdues, peuvent se reconstituer grâce aux dessins de Carrey qui a dessiné les 32 métopes de la face mérdionale. Les métopes conservées appartiennent toutes au côté Sud et offrent des scènes de la Centauromachie. Le sculpteur a évité avec un art admirable ce qu'un pareil sujet pouvait présenter de monotone.

« On trouve dans l'ensemble, dit Collignon, à qui nous empruntons la plupart des détails qui précèdent, une série de groupes où l'idée de la lutte d'un Centaure contre un Lapithe se trouve développée; le sculpteur prend l'action à son début et en traduit toutes les phases. Tantôt le combat s'engage et se poursuit entre un Centaure placé à gauche et un Lapithe figuré à droite; tantôt dans une autre série la position des adversaires est renversée; enfin l'issue de ces engagements partiels est différente, et ici le Lapithe est vainqueur, tandis qu'ailleurs il est vaincu » (Collignon, Phidias, p. 68).
Une autre série de scènes différentes, mais conçues dans le même parti pris, est fournie par l'enlèvement des femmes lapithes. Dans l'une et l'autre, l'artiste a su apporter une fécondité d'imagination et une variété surprenantes. Le style de ces métopes trahit plusieurs mains et plusieurs écoles. Les artistes en se conformant au plan d'ensemble conçu par Phidias ont gardé chacun leur liberté d'exécution et leur style particulier. Plusieurs groupes notamment rappellent le style vigoureux avec un reste d'archaïsme des sculptures du Théséion.

Les fouilles d'Olympie ont amené la découverte de plusieurs métopes et d'un grand nombre de fragments importants. Ces métopes, au nombre de douze, représentaient les Travaux d'Heraclès. Deux avaient été déjà trouvées et apportées au Louvre lors de l'expédition française de Morée en 1834. La plus belle, et l'un des chefs-d'oeuvre de l'art antique, d'une facture sobre et puissante, est celle d'Héraclès domptant le taureau de Crète. Une des métopes trouvées par la mission allemande, représentant Héraclès, Atlas et l'une des Hespérides, peut être, par la perfection de l'anatomie et la pureté des lignes, égalée à celle du Louvre.

Des métopes du temple d'Apollon, à Bassae, près de Phigalie, il ne reste que de rares fragments, mais qui permettent de juger que ces sculptures étaient supérieures à la frise, bien mieux conservée. (André Baudrillart).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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