| Perspective (du latin perspicere, voir clairement), art de représenter sur une surface plane ou courbe les corps ou les objets, tels qu'ils paraissent vus à une distance et dans une position données. Elle comprend le dessin, c.-à-d. l'ensemble des lignes qui déterminent le contour du tout et des parties, le clair-obscur, qui en fait sentir le relief, et le coloris, qui en montre la véritable apparence. Bornée au dessin, la perspective est dite linéaire, et c'est la géométrie descriptive qui en fournit les règles; quand les ombres ou les couleurs sont jointes au dessin , on la dit aérienne, parce qu'elle a. pour objet la modification de la lumière et de l'ombre en raison de la masse d'air qui se trouve entre le dessinateur et l'objet qu'il représente. Dans une longue galerie, les lignes de bâtiments, su lieu de demeurer pour l'oeil telles qu'elles sont réellement, et d'être parallèles, semblent se rapprocher l'une de l'autre à proportion de la distance où elles sont du spectateur. Ces phénomènes sont ceux que la perspective enseigne à reproduire. Elle donne aussi les règles de la reproduction dès ombres portées par les objets, des figures réfléchies, des raccourcis, des plafonds et des voûtes, etc. Les tableaux peints en panorama sont la plus saisissante application de la perspective linéaire et aérienne. La perspective était connue des Anciens. Le poète Eschyle, au rapport de Vitruve, enseignait au peintre Agatharque à mettre en perspective les décorations destinées à ses tragédies : Agatharque fit même sur ce sujet un traité, que Démocrite et Anaxagore complétèrent; leurs écrits ne nous sont pas parvenus. Les peintures d'Herculanum et de Pompéi, les bas-reliefs, les médailles, prouvent que la perspective était pratiquée chez les Romains. Mais cette science n'a été poussée jusqu'à la perfection que par les Modernes. Pietro del Bozzo, Albrecht Dürer, Baldassare Peruzzi, Guido Ubaldi, en ont donné les règles.
| Patrice Maniglier , La perspective du diable : Figurations de l'espace et philosophie de la Renaissance à Rosemary's Baby, Actes Sud, 2010. 2742789537 Que peut-on demander à l'art? décorer nos appartements, comme Picasso s'indignait qu'on veuille le faire avec ses peintures? Nous évader? Eprouver un plaisir désintéressé ? Peut-être... Mais il peut aussi servir, tout simplement, à nous faire penser. L'histoire de la perspective a montré qu'une invention réalisée par des artistes et des architectes dans leurs ateliers a pu révolutionner jusqu'aux mathématiques et permis aux philosophes de reconsidérer ce que veut dire penser et vivre dans un monde. Le travail sur les apparences n'est pas indifférent à l'effort pour concevoir la réalité. Mais alors une question toute naturelle se pose : les nouvelles techniques figuratives dont nous disposons, le cinéma, les images digitales et les mondes virtuels, ne nous confrontent-elles pas à leur tour à une transformation du même genre? Ce livre propose d'expérimenter ces questions philosophiques à partir d'une installation réalisée par un duo d'artistes-architectes, DN (Laetitia Delafontaine et Grégory Niel), qui, en 2007, reconstituait en trois dimensions l'appartement du film de Roman Polanski, Rosemary s Baby, alors même que cet appartement a été filmé de telle sorte qu'il se présente comme un espace incohérent, littéralement inconstructible et pour tout dire diabolique. Traitant cette oeuvre comme l'occasion d'une expérience conceptuelle sur les nouveaux liens entre vérité et figuration, puisant autant dans l'histoire de l'art, du cinéma et de l'architecture, que dans la philosophie contemporaine (Deleuze, Badiou, Latour...), cet ouvrage entend montrer qu'on peut traiter les oeuvres d'art non pas seulement comme des objets à contempler, mais comme des outils pour penser. (couv.). Gabriel Martin Roig, La perspective, Gründ, 2007. En bibliothèque. - D. Barbaro, Prallica della prospettiva, Venise, 1559, in-fol.; J. Cousin, Livre de perspective, Paris, 1560, in-fol.; André Du Cerceau, Leçons de perspective, 1576, in-fol.; André Alberti, Traité de Perspective, en allemand et en latin, Nuremberg; 1623 et 1670, in-fol.; le P: Nicéron, Perspective curieuse, Paris, 1652; Abraham Bosse, Manière universelle de M. Desarques pour pratiquer la perspective, 1648, 2 vol.; Ozanam, Perspective théorique et pratique, 1711, in-8°; Amato, Nuova pratica di Prospettiva, Palerme, 1730, in-fol.; Monge, Théorie des ombres et de la perspective (dans sa Géométrie descriptive); Valenciennes, Éléments de perspective pratique, 2e édit., Paris, 1820, in-4°; Thibault, Application de la Perspective linéaire aux arts du dessin, Paris, 1821, in-4°; Ch. Normand, Parallèle des diverses méthodes de Perspective, d'après les auteurs anciens et modernes, Paris, 1833, in-4°; les Traités de Perspective par Lavit et par J.-B. Cloquet; les Principes de perspective linéaire par Bouillon; la Nouvelle Théorie simplifiée de la Perspective par Sutter, in-4°. | | |