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Le Fezzan
est une région de l'Afrique du Nord, qui fait partie aujourd'hui de la
Libye.
On ne saurait fixer avec précision ses limites politiques qu'elle a eu
au cours de l'histoire, les régions qui le bordent se prêtant mal par
leurs caractères physiques et leur défaut d'importance à une délimitation
rigoureuse. Il occupe un vaste espace de 1200 kilomètres. environ du Nord
au Sud, sur 600 de l'Ouest à l'Est, confinant au Nord à la zone montagneuse
qui ferme le Sahel tripolitain et le littoral de la Grande-Syrte; Ã l'Ouest
aux pays des Touareg Ajjer (en Algérie);
au Sud, un espace désert sépare le Fezzan du Kaouêr; à l'Est, le 18°
de lonitude Est forme à peu près sa limite.
Dans son ensemble, le Fezzan est constitué
par un vaste plateau dont l'altitude varie de 200 Ã 750 m, dans le sens
du Nord au Sud; la Hamada el Homra, qui est au Nord la première terrasse
du plateau fezzanien, étend ses plaines désolées, sans eaux et sans
végétation, à 450 m environ d'altitude. Elle s'abaisse sur l'ouadi El
Gharbi pour se relever jusqu'à une hauteur de 500 à 560 m. C'est la région
du Fezzan central et des villes principales antiques ou modernes, Djerma,
Mourzouk,
Zouïla. Vers l'Est, le plateau se relève dans le massif basaltique du
djebel Es Sôda, auquel succède le système basaltique du Haroûdj el
Asouad (noir), au Nord et calcaire du Haroûdj el Abiodh (blanc) au Sud.
Le système fluvial n'est représenté
au Fezzan que par ces rivières sans eau, ouadis, dépressions profondes,
qui sont, dans la région saharienne, à la fois les voies commerciales
et les centres de population. On doit citer au premier rang le grand ouadi,
orienté du Sud-Ouest au Nord-Est, qui porte, des deux côtés de l'antique
Djerma, les noms d'ouadi El Gharbi (Ouest) et ouadi Ech Cherght (Est);
l'ouadi Ech Chiâti, à quatre journées de marche vers le Nord; l'ouadi
Hérân, au pied méridien de la Hamada el Homra. Le Fezzan n'a pas d'eaux
courantes; les puits seuls servent aux usages de la vie et à l'irrigation;
les pluies sont très rares et l'humidité accidentelle qu'elles communiquent
aux ouadis se réfugie sous le sol. Les immenses nappes phréatiques ainsi
formées sont aujourd'hui exploitées : leur eau est acheminée vers le
nord par un grand canal souterrain, pour l'irrigation des cultures.
Le climat est très chaud en été; on
observe à Mourzouk
plus de 44° en juillet. Partout où l'on trouve de l'eau, les cultures
du sorgho, du millet, de l'orge réussissent à merveille. Les dattes constituent
la principale récolte et forment un objet de commerce. Les animaux domestiques
sont la chèvre et le mouton à grosse queue; on y trouve, mais à un prix
élevé, le chameau, l'âne et le cheval. La faune sauvage compte plus
de représentants : la gazelle, l'autruche, le renard, le chacal, la hyène.
Duveyrier divisait
le Fezzan en deux groupes : les oasis et les terres de parcours (steppes
et ouadis de moindre importance). Cette division peut servir de base Ã
la géographie politique. Les oasis forment trois groupes (le Fezzan proprement
dit, la Djofra et le groupe du Sud) renfermant la population sédentaire
et les terres de parcours, la population nomade. Ces derniers sont principalement
Arabes. La population sédentaire fut certainement à l'origine une population
noire, qui est apparentée avec les Kanoûri et les Toubou.
Les Arabes désignent sous le nom de Berâoura cette population,
mêlée plus tard, dès le VIIe siècle
de notre ère, d'éléments arabes et berbères.
On parle au Fezzan à la fois l'arabe,
le kanouri, idiome du Bornou,
le haoussa et le touareg. On donne le nom de villes à huit centres principaux
: Mourzouk,
Zouïla, Sebha, Sôkna, Trâghen, Zella, Tessâoua, Tekertiba. C'est dans
le voisinage de cette dernière ville que se trouve Djerma, sur l'emplacement
de la ville romaine de Garama.
Les Romains
pénétrèrent dans le Fezzan (Phazania de Pline)
en 19 av. notre ère, et ouvrirent à travers la Hamada jusqu'à Garama
une route militaire (Iter proter caput saxi). Après avoir été
gouverné par des sultans Beraoûra, qui avaient leur capitale à Trâghen,
le Fezzan obéit à des chefs de tribus arabes, du VIIe
au XIIIe siècle. Alors la dynastie d'origine
marocaine
des Oulâd Mohammed s'établit dans le pays jusqu'au début du XIXe
siècle siècle. En 1811, les beys de Tripoli
s'en emparèrent, et en 1841, le Fezzan passa, avec la Tripolitaine,
sous la dépendance politique de la Porte.
Une dépendance qui dura jusqu'à colonisation italienne; en 1943, le Fezzan
passa sous administration française et le resta jusqu'à l'indépendance
de la Libye
en 1951.
L'exploration scientifique du Fezzan (L'exploration
du Sahara)
a commencé en 1798-1799 par l'expédition de Hornemann.
Elle a été continuée et portée au plus haut degré d'exactitude, surtout
à partir de 1850 par Barth (1850), Vogel
(1854), Henri Duveyrier (1860), Nachtigal
(1869) et Gerhard Rohlfs (de 1866 Ã 1879, Ã
deux reprises différentes). (J. de Crozals). |
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