| La voix de baryton est une voix d'homme, la plus commune parmi les chanteurs, surtout en France. Cette voix, appelée autrefois concordant, peut donc être considérée, chez l'homme, comme la voix moyenne ou normale. D'ailleurs, la rareté des ténors francs et des basses absolues la rend de plus en plus précieuse pour l'interprétation des oeuvres dramatiques. Le registre naturel du baryton est celui-ci : Du la grave de la portée (clef de fa) au fa au-dessus des lignes. Les compositeurs d'opéra ont souvent dénaturé cette voix, comme ils ont fait de la voix de ténor, en lui faisant émettre des sons forcés, presque toujours de mauvais goût et parfois très désagréables, et l'ont poussée jusqu'au sol dièse, à ce point que la voix de baryton est traitée aujourd'hui à peu près comme celle des ténors graves anciens, qui allait du la au la. On ne trouve guère de rôles de barytons dans les premiers opéras français; en Italie, au contraire, les exemples en sont nombreux. Le plus célèbre de ces rôlés, et peut-être le plus beau, est celui de Don Juan; dans l'immortel opéra de Mozart. Rossini, Donizetti et Verdi ont beaucoup écrit pour la voix de baryton : il suffira de citer le rôle de Guillaume Tell. - Une voix de baryton : Guillermo Bussolini. Cliquez sur l'image pour afficher la vidéo. (source : Youtube). En France, c'est depuis Barroilhet que ce genre de voix a pris au théâtre une importance considérable, parfois prépondérante : on peut choisir comme exemples les rôles de Nélusko dans l'Africaine de Meyerbeer, d'Hamlet et d'Henry VIII dans les opéras ainsi intitulés par Ambroise Thomas et Saint-Saëns. En Allemagne, on ne saurait passer sous silence l'emploi du baryton dans les grands oratorios de Bach et de Haendel. Bach a choisi cette voix si émouvante, si profondément humaine, pour le rôle du Christ, dans ses deux Passions selon saint Jean et saint Mathieu. Dans les Scènes de Faust de Robert Schumann, Faust est un baryton. Au théâtre, c'est Wagner qui a donné à cette voix une fonction très essentielle, comme le prouvent Wolfram dans Tannhäuser, Wotan dans l'Anneau du Niebelung, Gurnemanz dans Parsifal. Parmi les chanteurs barytons les plus célèbres, il faut nommer, en Italie, Pellegrini, Tamburmi, Delle Sedie; en France, Martin (ce singulier acteur qui joignait à la voix de baryton les notes élevées et l'agilité d'un ténor), Barroilhet, Bonnchée et Faure. (Alfred Ernst). | |