|
. |
|
|
L'architecture chinoise traditionnelle a conservé un caractère absolument original. Les villes ont été construites avec une symétrie parfaite; presque toute les maisons sont basses, à un ou deux étages, en bois, en briques ou en torchis. Les grandes charpentes sont faites de poutres arrondies qui soutiennent des toits en pente, dont les coins sont relevés en cornes; elles sont également remarquables par leur aspect gracieux et leurs ornementations fantastiques. On remarque en même temps, l'uniformité du style et des matériaux employés. - Ornementation du toit d'un pavillon de la Cité impériale, à Pékin. Un homme monté sur un phénix dirige une procession de neuf animaux mythologiquess qui sont suivis par un dragon impérial. Parmi les monuments les plus connus on mentionnera que la Grande Muraille et quelques grands temples, particulièrement celui du Ciel, à Pékin, et quelques beaux ponts de marbre, à Pékin, au palais d'été, près de Sou-tcheou, etc. Ces ponts ont quelquefois une grande hardiesse et les arches affectent souvent la forme d'un cercle parfait. Les pagodes (ta) à cinq, sept, neuf étages, sont nombreuses dans le pays; l'une, la plus célèbre, était la fameuse tour de porcelaine de Nankin, construite sous les Ming, et détruite dans les luttes pour la reprise par les Impériaux de cette capitale qui était au pouvoir des rebelles Taï-ping (1864). Les monuments de marbre sont rares; la tombe du Lama, mort à Pékin, sous Kien-loung, est un bel exemple, ainsi que la tour de Wou-tchang, mais ceci n'est pas de l'architecture chinoise. Les temples sont souvent remarquables par leur ornementation, mais ils n'ont jamais le caractère grandiose des édifices religieux du Proche et Moyen-Orient et de l'Occident. On emploie assez souvent le granit, pour la construction des ponts, pour daller les routes, pour ces sortes de portes ou d'arcs de triomphe, appelés paï-leou, en l'honneur des veuves méritantes, des fils dévoués, etc. A l'époque impériale, les lois qui régissaient les constructions étaient consignées dans un petit ouvrage intitulé : le Charpentier de village, et dans un grand recueil en 50 volumes, attribué à l'empereur Yong-Thing. Le pavillon du Dragon, à Kaifeng (Henan). Il date de 1734. | ||
L'architecture chinoise traditionnelle, quel que soit le type de monument auquel elle appartient, présente un caractère de simplicité, de provisoire, qui a lieu de surprendre si on la compare à celle des peuples qui construisent des monuments solides, durables, qui semblent érigés en vue de défier les siècles. Les maisons et les monuments ont conservé la forme des demeures mobiles des pasteurs; de là cette légèreté qui est leur caractère essentiel. On y retrouve tous les éléments constitutifs de la tente; ainsi, les colonnes, droites et minces, en sont les pieux; le toit, recourbé, a la forme de la toile ou de la peau qui la recouvraient; les ornements, qui sont principalement des anneaux et des pointes recourbées, rappellent les crochets qui attachaient les peaux aux piliers et les clochettes des bestiaux; enfin, la légèreté des constructions est encore celle de la tente. Les pagodes, les palais, les tours, les maisons importantes et les édifices publics ne sont qu'une agglomération de parties toutes semblables; il semble que ce sont des tentes entassées dans un même endroit, ou empilées les unes sur les autres. Les architectes chinois n'employèrent guère que la brique et le bois pour leurs constructions, et les décorèrent de revêtements en porcelaine. Ils y furent en quelque sorte contraints par la violence des tremblements de terre, qui nécessitaient des reconstructions fréquentes, et par la grande humidité de l'air, qui y décompose toutes les matières, et qui oblige d'enduire la pierre elle-même de vernis imperméables, et de couvrir de tapis de feutre jusqu'aux degrés de marbre des édifices. L'emploi de matériaux aisément destructibles suffirait à expliquer pourquoi il n'y a pas en Chine de monuments très anciens, quand même on ne saurait pas qu'en l'an 246 avant notre ère, l'empereur Ts'in-Chi-Hoang Ti fit démolir tous les édifices importants, pour qu'il ne restât aucun témoignage de la grandeur de ses prédécesseurs. 1 - Plan d'une maison chinoise. a, cour; b, salon; c, chambre. Telle est dans toute sa simplicité le plan-type de la maison privée traditionnelle des Chinois; quand la famille était considérable, on ajoutait une maison à la suite de la première, et ainsi de suite jusqu'à douze, d'où l'expression chinoise pour indiquer un homme riche : Il a une maison à douze cours.Il existe un second type, qui n'est guère plus compliqué que le premier; il possède une chambre et un salon de plus, ainsi qu'une cuisine et un couloir de service (fig. 2). La décoration est fort sobre. Une cour typique est décorée avec des vases de fleurs et des bambous; sur les montants de la porte sont accrochées aux murs des tablettes sur lesquelles sont inscrites des sentences de Confucius (Chuen-Tsien). - 2 - Plan d'une maison chinoise (2e type). - a, cour; b, b, b, chambres,; c, cuisine; d, pièce pour les domestiques; e, couloir de dégagement. L'ensemble des pièces présente l'effet d'un hangar; pas de plafond, mais la charpente de la toiture est apparente, elle est peinte en noir ou en rouge, relevée de filets dorés dans les belles maisons, et elle supporte des tuiles vernissées en blanc. Le pavé est en carreaux de terre cuite rouge, ou de marbre à deux couleurs. Les colonnettes , quand il s'en trouve, sont droites et minces; elles sont ornées d'anneaux ou de clochettes. Le soubassement des pièces est garni de nattes ou de porcelaine dans une hauteur de 0,95 m à 0,98 m environ. Le genre de maison que nous venons de décrire est à une seule rangée; un troisième type de maison est dit à deux rangées : c'est le même plan que celui de celui de la fig. 2, rabattu sur le côté du couloir considéré comme charnière; enfin le troisième type possède un corps de logis double, séparé par un jardin. Un corridor du Palais d'Eté, dans la Cité Interdite de Pékin. Les nombreux portiques qui relient entre eux les différents corps de bâtiments ont fait multiplier les colonnes. Ces colonnes, qui n'ont ni bases ni chapiteaux, diminuent graduellement de bas en haut; et sont traversées à leur partie supérieure par des solives. On n'a pas cherché à leur donner un caractère monumental; seulement celles des palais sont décorées avec des incrustations de cuivre, d'ivoire, de nacre, de perles, des dorures et des peintures. Quant aux stylobates, ils présentent une grande analogie avec ceux du Nord de l'Inde. Le bois le plus employé est le bambou pour les colonnettes, les solives et autres ouvrages légers; pour des travaux, au contraire, qui doivent présenter une grande stabilité et fournir des points d'appui solides, on emploie une espèce de mélèze très commun, nommé nan-mou; cet arbre devient d'une grosseur prodigieuse et se conserve indéfiniment. La plupart des maisons n'ont qu'un étage, mais souvent deux; ceux-ci sont séparés par un toit, qui n'est qu'une sorte d'auvent servant de couverture aux colonnes et au péristyle. Les dimensions des habitations étaient réglées par les lois, conformément au rang et à la condition du propriétaire. La charpente des planchers est toujours visible : le pavé est ordinairement en marbres de diverses couleurs; les murs sont garnis de nattes jusqu'à une hauteur de 1,30 m. La façade qui regarde une rue n'a d'autre ouverture que la porte, devant laquelle on met une natte ou un écran pour empêcher les passants d'y regarder. Quoique le verre ait été commun, on n'a employé généralement pour les fenêtres que du papier de soie collé sur un léger treillis, ou des lames fines levées sur des écailles d'huîtres. On emploie, pour les couvertures, des tuiles demi-cylindriques, vernies de plusieurs couleurs, qui, au Soleil produisent un effet merveilleux. La couleur jaune est réservée pour les palais impériaux: On fabriquait de grandes quantités de ces tuiles dans les montagnes à l'occident de Pékin. Pont du Palais d'été.- Parmi les monuments les plus remarquables de la Chine on doit citer les greniers d'abondance, et surtout les arcs de triomphe. On en a élevé un nombre considérable en l'honneur des empereurs, des généraux, des mandarins, des lettrés, et de tous ceux qui ont rendu quelques services au pays. Ces arcs, généralement en bois, forment une grande baie isolée, ou flanquée de deux arcs plus petits, et ils sont tous couronnés d'un toit avec les bords relevés, et de galeries ajourées, armées de clochettes et autres bibelots. Les palais et les pagodes ne présentent pas une architecture particulière; ces édifices ont de plus grandes proportions que les maisons privées, voilà la différence. Bois sacré et portiques du Temple du Ciel, à Pékin. Auprès de ces monuments qui ne sortent pas des limites ordinaires, viennent s'en placer d'autres que l'on ne s'attendrait pas à rencontrer en Chine, à cause de leurs prodigieuses proportions. C'est dans ses travaux publics les canaux de navigation et d'irrigation sont très nombreux et sous tous les rapports remarquables. Quelques ponts de pierre sont d'une hardiesse de construction étonnante. Celui de Tsin-tchéou à 1120 m de longueur; les piles, éloignées de 15,25 m les unes des autres, sont reliées par des pierres d'une seule longueur qui forment le tablier. Plusieurs ponts sont construits sur des arches ou routes. D'autres ponts, comme celui de King-Tchéou, sont en bois et ils sont suspendus à des piles ou à des rochers à l'aide de grandes chaînes de fer et peuvent supporter de très lourds fardeaux; quelquefois ces ponts ont leurs têtes décorées d'arcs de triomphe, principalement dans la province de Kiang-Nan. La Grande Muraille. La plus grande partie de ce système de fortifications a été construite pendant la dynastie Ming (XIVe-XVIIe s.) pour protéger les frontières septentrionales de la Chine. Images en couleurs : The World Factbook. Mais parmi tous ces travaux publics, le plus prodigieux c'est sans contredit celui de la Grande muraille. Cette construction est attribuée à Ts'in-Chi-Hoang Ti, empereur qui régnait 300 ans av. J.-C., même si l'ancienne muraille a été ruinée et que la construction de celle qu'on voit aujourd'hui n'est pas antérieure au XVe siècle; mais, quelle que soit la date de ce gigantesque travail, il n'en est pas moins des plus curieux. La grande muraille, de même que ses tours carrées, sont crénelées. Elle se développe sur une longueur de 2400 kilomètres environ, en suivant toutes les sinuosités du terrain; sa plate-forme est assez large pour permettre à six cavaliers d'y courir de front; on y arrive par des degrés de pierres ou de briques ménagés de distance en distance entre les parapets. Le soubassement de cette muraille est en pierres et le reste en briques; dans quelques parties, à l'extrémité occidentale surtout, la muraille - plus ancienne - n'est qu'en terre. (E.L. / NLI / E. Bosc). |
. |
|
| ||||||||
|