| Conrad de Gessner ou Gesner est un naturaliste et médecin né à Zurich le 26 mars 1516, mort à Zurich le 13 décembre 1563. Les chanoines de Zurich s'occupèrent activement de son éducation ; il étudia successivement dans sa ville natale, à Strasbourg, à Bourges et à Paris, se livrant successivement à la médecine et aux sciences naturelles, à la philologie, aux langues anciennes et à l'hébreu, etc. En 1536, il revint à Strasbourg et peu après fut nommé régent au collège de Zurich; il alla de nouveau étudier la médecine à Bâle, puis enseigna les lettres grecques à l'académie de Lausanne, reprit encore une fois l'étude de la médecine à Montpellier, enfin, fut reçu docteur à Bâle (1541) et alla exercer la médecine dans sa ville natale et y occuper une chaire de philosophie; en 1555, les magistrats de Zurich le nommèrent professeur public d'histoire naturelle et il conserva cet emploi jusqu'à sa mort. - Conrad Gessner (1516-1563). L'empereur Ferdinand Ier l'appela à sa cour et l'anoblit. Les mérites de Conrad Gessner sont immenses; l'Europe sortait à peine du Moyen âge et la scolastique agonisait; Gessner imprima une impulsion nouvelle à toutes les sciences dont la marche avait été entravée jusqu'alors; il réforma toute la connaissance de son époque, histoire naturelle, linguistique, philologie, voire même philosophie; ce grand réformateur n'a pas toujours été apprécié selon son vrai mérite. Quoi qu'il en soit, c'est en histoire naturelle que son empreinte a été la plus profonde; son Histoire des animaux, dont il commença la publication en 1551, qu'il continua jusqu'à sa mort, pour laquelle il exécuta lui-même la plupart des planches, peut être considérée, selon l'expression de Cuvier, comme la première base de toute la zoologie moderne. Gessner le premier a eu la conception nette du genre en zoologie et en botanique et a le premier indiqué ce que devait être la famille quoiqu'il n'ait pas prononcé ce mot; le premier il a eu l'idée de classer les végétaux d'après les organes de la fructification, idée féconde qui plus tard transforma la botanique. (Dr L. Hn).. | |
| Gessner (Johann Mathias), célèbre humaniste né à Roth (principauté d'Anspach) le 9 avril 1691, mort le 3 août 1761. Célèbre dès sa première publication sur Lucien (Philopatris), il fut successivement bibliothécaire à Weimar, recteur du gymnase d'Ansbach, de l'école Thomas à Leipzig, professeur de poésie et d'éloquence à la nouvelle université de Goettingen (1734), dont il créa la bibliothèque et le séminaire philologique. On a longtemps consulté ses éditions des agronomes (Scriptores rei rusticae, Leipzig, 1735), de Quintilien (Goettingen, 1738), de Pline le Jeune (Leipzig, 1739), de Claudien (1759). Outre de nombreux ouvrages pédagogiques, il a publié Novus linguae et eruditionis romanae Thesaurus (Leipzig, 1749, 2 vol.). |
| Gessner (Salomon), poète idyllique, peintre de paysages et graveur né à Zurich le 1er avril 1730, mort le 2 mars 1788. Il était fils d'un libraire; c'était un enfant timide et qui paraissait peu intelligent; un pasteur de village, à qui on le confia, sut le comprendre et l'instruisit. Rentré à la maison paternelle, il rechercha la société des artistes et des gens de lettres. Son père l'éloigna, le mit en apprentissage chez un libraire de Berlin, mais le jeune Gessner quitta bientôt son maître, et essaya de vivre de son burin. Ramler, à qui il montra ses essais littéraires, l'encouragea. Ce fut aussi Ramler qui l'engagea, dit-on, à écrire en prose poétique, lui trouvant trop peu de talent pour la versification. Gessner revint à Zurich, après avoir passé par Hambourg, où il se lia avec Hagedorn. Son premier poème, la Nuit (1753), fut peu remarqué; mais déjà Bodmer appréciait son talent et lui avait ouvert la revue intitulée Crilon, qu'il rédigeait avec Breitinger. Le poème de Daphnis (1754) eut un meilleur succès; Gessner en avait trouvé le sujet dans le roman de Longus traduit par Amyot, Daphnis et Chloé. Deux ans après, il publia ses premières Idylles, puis, en 1758, la Mort d'Abel, enfin, en 1772, un second recueil d'idylles; ce recueil contenait aussi sa Lettre sur la peinture de paysage. Ses tableaux et ses gravures augmentaient sa réputation; on y voyait le cadre naturel de ses idylles et de ses poèmes. Il était considéré dans sa ville, membre du conseil, et spécialement chargé de l'administration forestière. Il avait même fini par reprendre la librairie de son père; il est vrai qu'il en laissait la direction à ses associés. Gessner jouit bientôt d'une célébrité européenne, et on le considéra longtemps comme le maître de la pastorale. Ses contemporains ne voyaient pas ce que le genre a d'artificiel en lui-même. Seuls, quelques grands esprits protestaient; Herder trouvait la poésie de Gessner « trop sucrée »; ses personnages lui semblaient « des masques plutôt que des visages ». Mais Gessner n'en était pas moins lu dans les salons de Paris et de Versailles; Huber le traduisait (Paris, 1786-1793, 3 vol.); Florian l'imitait; Legouvé mettait la Mort d'Abel au théâtre (1792). (A. Bossert). |