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Ilithyie

Ilithyie  (Eileithyia, Eleithyia, Ilithyia, Eleutho, etc.) est une déesse grecque, d'origine crétoies, qui aidait aux accouchements, et se montrait tour à tour favorable ou funeste, délivrant la mère de son fardeau on prolongeant ses douleurs. Les traditions homériques reconnaissent deux Itithyies, filles d'Héra, qui, tout en soumettant les femmes mariées aux souffrances qu'amène l'enfantement, allègent cependant leurs maux. Aussi sont-elles désignées par l'épithète de mogostokoi, qui aident les accouchements laborieux.

Lorsque Héra voulut retarder la naissance d'Héraclès, elle éloigna ses filles, qui allaient employer leur ministère pour soulager Alcmène. Dans l'Odyssée et dans les auteurs postérieurs, en ne nomme qu'une seule llithyie, qui est tantôt favorable. tantôt funeste; Hésiode la fait fille de Zeus et d'Héra, et soeur d'Hébé et d'Arès. Dans l'Hymne homérique à Apollon, Ilithyie, obéissant à l'ordre de ne mère, se tient neuf jours et neuf nuits assise sur le sommet de l'Olympe, et empêche l'accouchement de Léto. Mais Iris l'ayant engagée à se rendre à Délos, Léto est aussitôt délivrée de son fardeau. 

Ovide, en chantant la naissance d'Héraclès, prête à Ilithyie un caractère hostile, qui n'est nullement conforme à l'esprit de la tradition primitive, suivant laquelle ce fut, comme nous venons de le voir, Héra, et non sa fille, qui retarda la délivrance d'Alcmène. Celle-ci, disent Ovide et Antoninus Libéralis, ne fut délivrée que par la ruse de Galinthias.

Ilithyie apparaît aussi couronnée de dictame, auprès de Rhéa, grosse de Zeus (Schol. Arat.).

Suivant les traditions doriennes, le culte d'Ilithyie était ori ginaire de Crète, et se propagea de là dans l'Attique par Délos. Les traditions déliennes, au contraire, le font venir du pays des Hyperboréens; Ilithyie, disent ces mythes, vint à Délos, pour soulager Léto, et les vierges hyperboréennes Argé et Opis l'y suivirent, pour accomplir un venu. 

Quoi qu'il en soit, le culte de cette déesse se répandit bientôt dans toute la Grèce, et s'y lia intimement à celui des autres divinités, principalement à celui d'Héra, qui, en sa qualité de déesse du mariage, présidait aussi aux naissances, et portait à Argos le surnom d'Elleitthyia. Ainsi, c'est elle, et non sa fille, qui délivre la femme d'Eurysthée. A Rome, Illthyie se personnifia en Junon Lucine, que quelques traditions séparent de la Junon primitive, donnée alors comme mère de la seconde (Donat). 

Quant à Artémis, elle fut, à l'origine, très distincte d'llithyie; les deux déesses se dessinent même comme deux divinités rivales. Ainsi, avant que la seconde ait pu secourir la fille de Phlégyas (Pindare), celle-ci meurt percée de flèches par la soeur d'Apollon, qui figure là comme llithyie funeste. Mais Artémis n'est pas seulement une déité terrible; elle protège tout ce qui est jeune et faible; et cette transition se répète sous cette nouvelle face du caractère de la déesse, qui apparaît dans Horace comme déesse Lucine (dea Lucina), comme llithyle favorable. Aussi dès le moment de sa naissance exerce, telle cette fonction, et la voit-on aider sa mère à mettre Apollon au jour (Callimaque). 

On comprendra facilement, du reste, la confusion qui s'est opérée entre les rôles des deux déesses, si l'on remarque qu'llithyle, quoique fille de la déesse du mariage et accoucheuse divine, a quelque chose de virginal, comme la fille de Léto. Elle n'a ni époux ni amant; elle punit les fautes des jeunes filles par les douleurs de l'enfantement, elle n'aime pas les mère trop fécondes (Apollon. Arg., I., a49).

Le culte d'Ilithyie se trouvait encore dans une étroite connexion avec celui des Moires, qui filent le destin de ceux que la fille d'Héra fait apparaître à la vie (on l'identifiant alors avec Péproméné ); avec celui d'Apollon, dont elle aida la naissance, et qui l'envoya auprès d'Evadné; avec celui d'Hébé, qui embellit la vie que donne sa soeur. Dans l'ancien hymne d'Olen, qu'on chantait à Délos, llthyle est nommée mère de l'amour.

Ilithyie avait à Athènes un temple dans lequel on voyait trois statues de la déesse, sculptées en bois, et enveloppées de la tête aux pieds. Deux de ces images avalent été apportées de Crète par Phèdre; Erysichthon avait amené la troisième de Délos. A Aegium, sa statue était de même en bois sculpté, et enveloppée, excepté la tête, les mains et les pieds; elle avait la main droite étendue, et tenait de la gauche une torche. A Hermione, on lui sacrifiait tous les jours; mais la prêtresse seule pouvait voir son image. Les autres lieux où on l'honorait étaient Sparte, Clitor, Messène, Tégée, Mégare, Argos, Amnisus, Caere, Elis, où elle avait un autel en commun avec Sosipolis.

Ses principaux surnoms sont les suivants; Einatiné, honorée a lnatus; Epilysaméné, qui délivre; Lysizonos, qui délie la ceinture; Métropolos, qui aide les mères; Mogostocos, qui aide les accouchements laborieux; Praymetis, bienveillante. 

Le mot Ilithyie semble dériver d'éleuthô (= venir, arriver); on le fait aussi venir de Lilith ou Milytta, déités babyloniennes qui présidaient à la nuit et à l'enfantement. (E. Jacobi, Th. Bernard).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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