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Aurore (Eos)

Aurore ou Éos, divinité grecque chargée d'ouvrir au char du Soleil les portes du ciel, elle était la personnification mythologique de l'aurore, lumière du matin amenant le jour et par extension du jour lui-même. Il n'y a pas de figure qui ait aussi souvent inspiré les poètes et motivé un plus grand luxe de métaphores, d'invocations enthousiastes. Les hymnes védiques ne sont, à bien des égards, qu'un chant composé en son honneur; et les plus anciens poètes grecs, Homère et Hésiode, lui continuent les mêmes hommages, quoique  Éos ait cessé déjà d'être une divinité au sens exact du mot, c.-à-d. une personnification honorée par des temples et un culte formel. Pour les uns elle est fille d'Hypérion et de Théia, soeur d'Hélios et de Séléné (le Soleil et la Lune); pour les autres sa mère est Euryphassa (celle qui brille au loin); d'autres encore lui donnent pour père Hélios lui-même. 
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L'Aurore, par Guido Reni.

Chaque jour elle sort à l'Orient du sein de l'Océan où elle habite avec Tithon son époux; elle monte dans le ciel, traînée sur un char étincelant tantôt par deux, tantôt par quatre chevaux-ailés. Ou bien ailée elle-même, elle s'élance répandant sur la terre la rosée (ses larmes) avec la lumière. Les épithètes que lui donnent les poètes expriment son éclat lumineux; la plus connue est l'épithète homérique : aux doigts de rose, rododaktulos, soit que le poète représente la lumière comme une gerbe immense de roses, soit plutôt qu'il assimile à des mains couleur de rose, les rayons parallèles qu'elle disperse dans l'azur.

Peu à peu dans la poésie la notion générale de lumière absorbe le sens particulier de l'aube matinale, et  Éos devient identique à Héméra ou le Jour. Les mythes où elle figure sont attachants et gracieux entre tous; elle est l'épouse de Tithon pour qui elle a obtenu de Zeus l'immortalité sans songer à demander en même temps l'éternelle jeunesse; elle ravit Orion, Céphale, fils d'Hermès ou de Déion, roi de Phocide, dont la destinée fut tragique, Kleitos (Clitos), petit-fils du devin Mélampos, pour qui elle obtint des dieux la faveur d'être admis dans l'Olympe, tous présentés comme des jeunes gens pleins de beauté et de vigueur, adonnés à l'exercice de la chasse.

De son mariage avec Tithon, Eos eut deux fils : Memnon et Emathion. Ce dernier dit-on, régna sur l'Arabie et fut tué par Héraclès. Quant à Memnon, qui était roi d'Éthiopie, il se rendit à Troie avec une armée d'Ethiopiens et de Susiens, pour secourir Priam. C'était "le plus beau des guerriers qui aient paru devant Troie"; ayant tué Antiloque, fils de Nestor, il fut lui-même tué par Achille. Éos obtint pour lui l'immortalité; cependant elle ne cesse de pleurer chaque matin son fils bien-aimé, et ce sont ses larmes qui forment la rosée. Il semble bien que ce héros représente quelque ancienne divinité asiatique. Memnon passait, en effet, pour avoir fondé Suse - où était aussi son tombeau - et bâti les murs de Babylone. Il était également vénéré en Égypte, et l'on avait donné son nom à la statue colossale et sonore qui se trouvait à Thèbes.
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Eos.
Eos répandant la rosée sur la Terre.
Lécythe grec. Musée du Louvre.

Parmi les autres fils d'Éos, il convient de citer Phaéthon, fils de Tithon et de Céphale, qui fut enlevé par Aphrodite et préposé par elle à la garde de son temple; il se rattache par là à la planète Vénus, dont deux autres fils d'Eos, Phosphoros et Hespéros, représentent le double aspect d'étoile du matin et d'étoile du soir.  Phosphoros était fils d'Astraeos : un flambeau à la main, on le voyait, sous les traits d'un génie ailé, précéder dans les airs le char de sa mère.

Hespéros, le plus splendide des astres qui brillent sur la voûte céleste était donné parfois comme fils d'Atlas. Il eut lui-même pour enfants Dédalion, qui, désespéré de la mort de sa fille Chioné, se jeta du haut du Parnasse, et fut changé par Apollon en épervier; Ceyx, qui épousa Alcyone, et fut, ainsi que sa femme, métamorphosé en oiseau, pour avoir osé se comparer à Zeus et à Héra. On disait aussi que Ceyx avant péri dans un naufrage, Alcyone se précipita de désespoir dans la mer, et que Thétis changea les deux époux en alcyons.

L'Aurore dans les arts.
Homère la représente comme une déesse aux doigts de rose, portant un voile jaune, et montée sur un char de vermeil à deux chevaux blancs, auquel d'autres poètes substituèrent un quadrige. Ce char est couleur de rose, de pourpre ou de safran; les coursiers sont blancs ou rougeâtres. L'Aurore était aussi figurée avec des ailes, ou montée sur Pégase et portant une torche. On voyait son image, selon Pausanias, dans la salle royale à Athènes, sur le trône d'Apollon à Amyclée, et sur un socle de marbre placé près de l'Hippodamium à Olympie. La représentation  que nous donnons ci-dessous est la restitution par Furtwaengler d'un groupe de Délos qui nous montre Éos ravissant Céphale. 
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 Éos enlevant Céphale.

Dans les Temps modernes, la composition la plus célèbre dans laquelle soit personnifiée l'aurore est la fresque de Guido Reni, décorant la coupole du palais Rospigliosi à Rome (V. plus haut). Une peinture sur plâtre par Lesueur, représentant Phaéton qui demande à Apollon la conduite du char du soleil, décorait l'hôtel de Mme de Thorigny. Transportée sur toile en 1786, cette peinture est aujourd hui au musée du Louvre.

Lebrun a pris l'aurore comme sujet de l'un des cartouches de la galerie d'Apollon au Louvre. Le même artiste a fait des peintures murales sur ce thème à Sceaux, à Vaux-le-Vicomte, etc. La plupart des paysagistes ont peint l'aurore. Plus tard, Chaplin, Hamon, Ranvier, Jules Lefebvre ont pris l'aurore comme sujet de compositions allégoriques. Delaplanche a sculpté un marbre qui porte ce nom. (J.-A. Hild / NLI). 

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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