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Numismatique
Les monnaies
Le mot monnaie (en latin moneta; de monere = avertir, parce que le type ou la marque légale dont elle est empreinte avertit qu'il n'y a pas eu de fraude dans la fabrication) est un terme qui s'entend généralement des espèces métalliques frappées par une autorité souveraine, marquées au coin d'un prince ou d'un État, et servant au commerce.

Dans toute pièce de monnaie, on remarque : l'avers, droit ou face, le revers, la légende, l'exergue, le cordon, et le millésime.

Fabrication de la monnaie. 
Quand on songe que l'art de la gravure en relief et en creux sur les métaux atteignit de bonne heure la perfection, on est étonné de la lenteur avec laquelle se sont développés les procédés de la fabrication des monnaies. Autrefois les monnaies étaient frappées par le marteau, tantôt à froid, tantôt à chaud, et il en a été ainsi jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle. Après avoir fait subir aux matières d'or et d'argent l'alliage légal, on les fondait et on les coulait en lames, qui étaient ensuite recuites pour être étendues sur l'enclume. Quand les lames avaient à peu près l'épaisseur des espèces à fabriquer, on les coupait en morceaux à peu près de la grandeur des espèces, ce qu'on appelait couper quarreaux. Les quarreaux réduits au volume des espèces prenaient le nom de flaons. Pour marquer l'empreinte légale sur les deux côtés du flaon, on se servait de deux poinçons appelés coins ou quarrés. L'un était la pile; c'est celui sur lequel était gravé l'écusson : l'autre, qui portait la croix ou l'effigie du roi, s'appelait le trousseau. Le flaon étant posé sur la pile, on mettait le trousseau sur le flaon : d'une main on pressait la pièce entre la pile et le trousseau, de l'autre on donnait trois ou quatre coups de maillet de fer sur le trousseau, et ainsi le flaon se trouvait monnayé dos deux côtés. Ce terme de pile venait de ce que la pile est frap pée, pilée sous le trousseau, et celui de trousseau, de ce qu'on tenait et troussait ce coin de la main. 

Les inconvénients de ce mode de fabrication étaient nombreux: il faut compter, parmi les plus graves, l'irrégularité de l'empreinte en une foule de cas, l'encouragement donné par là au faux monnayage, et la facilité que l'on avait de rogner les espèces. En 1547, Henri II décida que son effigie serait empreinte sur les monnaies à la place de la croix, qui était trop facile à falsifier, et défendit du fabriquer avec des coins autres que ceux qui auraient été gravés par le tailleur, sculpteur et graveur général de France. Le graveur qui fit les nouveaux coins fut Marc Béchot. Bientôt on vint proposer au roi une machine à forger les monnaies : celte machine, dont l'invention est attribuée par les uns à un Allemand nommé Antoine Brucher, et par les autres à un certain Aubin Olivier, fut appelée balancier ou moulin, parce qu'elle agissait par un mouvement circulaire. Elle fut installée en 1553 dans le palais du Louvre, au bout du jardin des étuves, à l'endroit où sont aujourd'hui les galeries. Vers le même temps on eut l'idée de mettre une légende sur la tranche des espèces, pour empêcher qu'elles fussent rognées. La fabrication par le marteau et celle par le balancier se firent concurremment. 

En 1587, Henri III défendit cette dernière, si ce n'est.pour médailles, pièces de plaisir et jetons, et il n'y eut plus que le marteau pour la monnaie. Le Monnayage au moulin ne fut cependant pas universellement abandonné : il avait été installé à Pau, en 1564, par Jeanne d'Albret, reine de Navarre. En 1617, Nicolas Briot, tailleur genéral des monnaies, proposa de nouvelles machines : on les repoussa, malgré des essais concluants, et, en 1629, Briot alla porter son invention en Angleterre, où l'on en tira profit. Enfin, des édits de décembre 1639, de mars 1640 et 1645, rétablirent la fabrication exclusive par le balancier : ce triomphe définitif de la machine sur la main d'oeuvre est dû aux conseils et à l'influence de Varin. Vers 1685, on adopta, pour marquer les espèces sur la tranche, une machine inventée par l'ingénieur Castaing. Avec la presse monétaire inventée par Thonnelier en 1829, on peut fabriquer en 10 heures 20 000 pièces.

Le monnayage comprend les opérations suivantes :

1° la fonte des métaux; 

2° l'essai de l'alliage, pour vérifier s'il est au titre convenable; 

3° le laminage des lingots obtenus par la fonte; 

4° le découpage des flans à l'aide d'un emporte-pièce mécanique; 

5° le frappage des pièces à l'aide des coins et du balancier. 

Le cordonnage des flans s'est fait d'abord au moyen d'une machine particulière; depuis l'invention de Thonnelier, le cordonnage se fait en même temps que l'impression des surfaces, et d'un même coup de balancier. Les médailles d'or et d'argent sont terminées après le frappage; celles de cuivre reçoivent leur couleur brune dans un mélange d'acétate de cuivre et de matières organiques.

Le procédé moderne de fabrication donne plus de pureté aux lignes, plus de régularité aux pièces, et une complète uniformité entre elles; mais celui des Anciens, qui moulaient leurs monnaies, permettait de faire en bronze les pièces de faible valeur, qu'on est obligé maintenant de faire en cuivre, parce, que le bronze est trop dur pour le procédé actuel. Or, à cause de la dureté du bronze, les monnaies anciennes s'usaient moins que les monnaies modernes, et étaient aussi moins sujettes à s'oxyder. (D.).



Philippe Bouchet, Monnerons histoire d'un monneyage, Editions Les Chevau-Légers, 2010.
2916996249
L’aventure des Frères Monneron, les inventeurs des premières monnaies de nécessité industrielles, est racontée tant sur le plan historique, replacé dans le contexte de la Révolution, que sur le plan numismatique. Le catalogue des monnaies des Monnerons est le plus exhaustif jamais réalisé, il est intégralement illustré dans les plus infimes détails et permet au collectionneur et à l’amateur de classer ses exemplaires et d’en préciser la rareté. Complété d’un glossaire sur les fabrications monétaires de l’époque, cet ouvrage décrit la partie « monnaies de nécessité des Frères Monneron » d’une période historique fascinante sur la plan monétaire, la Révolution française. C’est alors que seront inventés, de l’assignat à la monnaie décimale en passant parla valeur faciale marquée sur les monnaies, tous les fondamentaux des billets et monnaies circulantes modernes. (couv.).
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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