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Cambridge

Cambridge, Camboritum, Cantabrigia  est une ville d'Angleterre,  chef-lieu du comté du même nom, sur la Cam, à 76 kilomètres au Nord-Est de Londres; au milieu d'une contrée plate et peu intéressante, doit toute son importance à son université.  Population : 128,500 habitants, en 2012.

Elle portait autrefois le nom de Grantebridge et fut ravagée en 871 par les Danois. Guillaume le Conquérant y construisit un château-fort; en 1249, de vives querelles éclatent entre le corps de ville et les étudiants; en 1643, Cromwell, qui avait été étudiant à Sidney-Sussex-College, et député de l'Université au Parlement, occupa la ville. Depuis, aucun événement intéressant l'histoire générale n'a eu Cambridge pour théâtre. Les rues sont presque toutes étroites et irrégulières. Dix ponts traversent la Cam, qui est entièrement bordée par des pelouses appartenant aux divers collèges de l'Université.
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Cambridge : Trinity College.
Le Trinity College, à Cambridge.

Histoire de l'université de Cambridge.
Bien que l'on ait fait jadis remonter la création de cette université au roi Arthur, à Honorius Ier (625), au roi Cadwalladers (681), etc., les premiers renseignements authentiques qui nous soient parvenus sur les écoles de Cambridge datent de l'année 1209. Cette année-là, trois mille étudiants quittèrent Oxford, s'il faut en croire Mathieu Paris et Roger de Wendower : 

« les uns, dit le chroniqueur, allèrent à Cambridge, d'autres à Reading ». 
Il est probable que Cambridge reçut aussi des étudiants du continent, lors de la grande émigration de l'Université de Paris en 1229, car, dans une charte de 1231, Henri III parle des « multitudes qui sont venues à Cambridge pour étudier, e diversis partibus tam cismarinis quam transmarinis ». Henri III, à la même date, parle de la consuetudo Universitatis de Cambridge, de son chancelier et de ses « maîtres ». Des lettres de Grégoire IX à l'évêque d'Ely (14 et 15 juin 1233) confirment ces renseignements. Toutefois, l'Université de Cambridge paraît avoir été, au XIIIe siècle, médiocrement organisée; la discipline y laissait beaucoup à désirer; les querelles y étaient continuelles entre les écoliers, les bourgeois et les représentants de l'évêque d'Ely. 
« Le désordre, dit le P. Denifle, y était sans cesse à l'ordre du jour. » 
Les privilèges de Cambridge furent confirmés en 1255 par le roi d'Angleterre, précisés par l'évêque d'Ely en 1276. Comme à Oxford, toutes les facultés furent de bonne heure représentées dans l'université de la Cam; l'évêque d'Ely parle en 1295 des « maîtres en théologie et des autres facultés ». Comme à Oxford, les dominicains et les franciscains étaient en possession de l'enseignement théologique. Comme à Oxford, les écoliers étaient divisés à Cambridge en australes et boreales dès l'année 1261.

Les deux premiers collèges ou hospices pour les pauvres étudiants furent fondés à Cambridge par Hughes de Balsham, évêque d'Ely, qui soumit son collège de Saint-Jean-l'Evangéliste à la règle des étudiants du collège de Merton, à Oxford, et qui fonda en 1284 « deux hôtels » près de l'église de Saint-Pierre, d'où Saint-Peter's college on Peterhouse. 
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Cambridge : King's College.
Le King'sCollege, à Cambridge, vers 1900.

Enfin, le 9 juin 1318, le pape Jean XXII confirma en bloc tous les privilèges de l'Université de Cambridge, royaux et pontificaux, et ordonna solennellement ut in loco Cantebrigie sit de cetero studium generale. C'est de cet acte de Jean XXII que date officiellement le studium generale de Cambridge, de même que l'Université de Montpellier, florissante au commencement du XIIIe siècle, date officiellement d'une bulle de Nicolas IV en 1289.

A Cambridge, comme dans toutes les autres universités, le XIVe siècle vit se multiplier les collèges. En 1324, Hervey de Stanton, chancelier de l'Echiquier, fonda Michaelhouse. Pembroke Hall est de 1347. Un vicaire général du diocèse d'Ely, Edmund Gonville, obtint en 1348 d'Edouard IlI la permission d'établir « un collège pour vingt scholars » qui porte encore son nom. Le canoniste W. Bateman, évêque de Norwich, qui fut un des premiers écoliers de Gonville College, fonda Trinity Hall, collège plus spécialement réservé aux étudiants en droit. Deux guildes de la ville de Cambridge établirent en 1352 Corpus Christi College, en souvenir de leurs membres frappés par la grande peste; Corpus Christi est un collège essentiellement clérical et théologique. Clare Hall (1359) doit son origine à une comtesse de Clare; il compte parmi ses gloires des hommes comme Latimer, Cudworth, Tillotson, lord Hervey et Cole.
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Cambridge : Jesus College.
Le Jesus College, à Cambridge.

Le XVe siècle fut une période de décadence ou de torpeur pour l'Université en général; sous la dévote dynastie de Lancaster, l'ultramontanisme le plus strict y
prévalut; entre le temps de Wiclef et celui de John Colet, le silence se fit dans les universités anglaises qui ne furent plus que des séminaires d'orthodoxie. Mais il y eut encore au XVe siècle de grandes fondations collégiales: Henri VI dota King's College avec des biens confisqués aux prieurés, situés en Angleterre, de monastères étrangers (alien priories); Marguerite d'Anjou dota dès 1448 Queen's College, le futur berceau de la Renaissance à Cambridge; Robert Woodlark créa Saint-Catherine's Hall en 1475. Un évêque d'Ely, John Alcock, supprima un monastère de femmes consacré à Sainte-Radegonde et transféra ses biens à un nouveau collège, situé aux champs, dans une solitude toute monastique; c'est Jesus College. On voit que Wolsey, en confisquant tant d'abbayes pour doter des collèges avec leurs dépouilles, n'a fait que suivre d'anciens exemples.

Oxford précéda Cambridge de plusieurs années dans le chemin de la Renaissance. Cambridge n'y fut engagée qu'au commencement du XVIe siècle par Erasme et l'évêque Fisher. Fisher devint maître de Michaelhouse en 1497 et confesseur de la mère d'Henri VII, lady Margaret, comtesse de Richmond. Cette illustre femme plaça Fisher dans l'une des chaires de théologie qu'elle fonda à Cambridge; et sur les conseils de Fisher, Christ's College fut pourvu par lady Margaret, en 1505, de biens immenses et d'un règlement libéral qui prescrit « des lectures régu lières sur les oeuvres des poètes et des orateurs ». On doit enfin à lady Margaret la substitution d'un grand et magnifique collège, celui de Saint-Jean-l'Evangéliste, à l'ancien couvent des hospitaliers de Cambridge (1511). Le code donné à Saint-John's College par Fisher en 1530 peut être considéré comme l'expression dernière des vues de Fisher en matière d'éducation collégial, vues mitoyennes entre celles du Moyen âge et de la Renaissance. Fisher recommande encore l'étude de Duns Scot, mais il prescrit, pour les étudiants les plus aptes, celle de l'hébreu et du grec, et il ordonne qu'un fellow sur quatre prenne l'habitude de prêcher le peuple en anglais. 

C'est vers 1510, entre les fondations de Christ's Church et de Saint-John's, qu'Erasme fut amené à Cambridge par sa destinée vagabonde. Il s'installa à Queen's College, dans une tourelle qu'on voit encore, et fut nommé titulaire de l'une des chaires de lady Margaret. Mais son enseignement de la langue grecque ne parait pas avoir eu grand succès, et il s'enferma presque absolument dans sa tour de Queen's où il composa le Novum instrumentum. Quand Erasme quitta Cambridge, dans l'hiver de 1513-1514, il y laissa cependant des élèves, entre autres Richard Croke, de King 's College; et le flambeau qu'il avait allumé ne s'éteignit plus. 
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Cambridge : St John's College.
Le St. John's College, à Cambridge.

Ni Erasme ni Fisher n'avaient appris toutefois l'indépendance aux membres de l'Université en général, car il n'y a rien de plus servile que l'adresse lue en 1520 au cardinal Wolsey quand ce tout-puissant ministre, connu pour être plus favorable a Oxford qu'à Cambridge, vint visiter le fief universitaire de son ennemi (Fisher) l'évêque de Rochester.

Avant l'introduction des écrits de Luther en Angleterre, Cambridge était déjà entrée en pleine effervescence réformatrice. Il suffit de citer les noms de R. Barnes, de W. Paynell, de G. Stafford. Une société de jeunes Cambridge men, qui tenait ses assises à White Horse Inn (sur l'emplacement actuel du Bull Hotel), se forma pour commenter les premiers pamphlets venus d'Allemagne; William Tyndale, le fameux traducteur du Nouveau Testament, en était l'âme. Latimer devint bientôt après le chef du parti de la Réforme à Cambridge. C'est Thomas Cranmer, alors fellow de Jesus College, qui suggéra, dit-on, à Henri VIII de soumettre la question du divorce aux universités de la chrétienté. Quand la question lui fut, en effet, soumise, Cambridge fit encore preuve d'une basse condescendance à la volonté des puissants de la terre; elle était dès lors acquise en majorité au protestantisme. Le supplice de Fisher (1535) et l'avènement de Thomas Cromwell après la mort de Wolsey la confirmèrent dans ces sentiments.

Des réformes graves, qui marquent la fin du Moyen âge et l'avènement des temps modernes, suivirent aussitôt. Les injonctions royales de 1535 imposèrent aux membres de l'Université l'aveu de la suprématie royale, la suppression de l'enseignement du droit canon, la substitution de la Bible aux Sentences comme manuel et text book de l'humanisme à la scolastique. En 1540, cinq chaires royales furent fondées : théologie, droit civil, physique, hébreu, grec. En même temps, la discipline était améliorée. Du vice-cancellariat de Smith (1543-1544) date un important statut sur l'immatriculation des étudiants. Mais les collèges de Cambridge coururent un terrible danger à la fin du règne d'Henri VIII. II fut question de les dissoudre, comme l'avaient été les monastères, et de confisquer leurs biens. Le master de Corpus Christi, Parker, réussit à détourner l'orage; et, en 1546, Henri VIII et Catherine Parr fondèrent, au contraire, le plus considérable des collèges de Cambridge et même de l'Angleterre entière : « Trynitie College, within the towne and universitie of Cambrydge, of King H. the Eights foundacion. » 
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Cambridge : Queen's College.
Le cloître du Queen's College, à Cambridge.

La réforme n'alla pas toutefois sans troubles et sans abus. Cambridge protestante perdit une partie de ses maîtres et de ses étudiants. Ceux qui restèrent ne vécurent pas avec la dignité de leurs anciens. Les statuts de 1549, d'ailleurs « brefs, clairs et raisonnables », ne remédièrent pas au mal. Cambridge tomba assez bas sous les règnes d'Edouard VI et de Marie. Mais une nouvelle ère de prospérité commença avec l'avènement d'Elisabeth.

Cambridge était considérée au milieu du XVIe siècle comme l'un des principaux foyers de la Réforme, aussi bien que Wittenberg ou Marburg. De là la haine que lui avait portée Marie la Catholique; de là la faveur que lui témoigna Elisabeth. Sir William Cecil, chancelier de l'Université, fut du reste un nouveau Fisher auprès de cette nouvelle lady Margaret. C'est à Cecil et à Parker qu'il faut reporter tout l'honneur des progrès accomplis depuis 1558 jusqu'à la fin du siècle. Il y eut à Cambridge 28 bacheliers ès-arts en 1558, 114 en 1570, 277 en 1583. En 1569, un certain Thomas Cartwright fut appointé professeur de théologie; c'était un puritain; il combattit les principes et la discipline de l'Eglise d'Angleterre; deux partis se dessinèrent aussitôt et une lutte entre les modérés et les intransigeants de la Réforme allait compromettre le renouveau de l'Université, quand Elisabeth Ire y mit bon ordre. Cartwright fut puni, malgré l'opposition des jeunes maîtres ès-arts et, en septembre 1570, un code de statuts fut promulgué pour substituer à l'ancienne constitution académique, en somme représentative et d'un caractère libéral, un gouvernement oligarchique, concentré entre les mains des heads (capita) des collèges. Cambridge était surtout une école de théologie; les statuts d'Élisabeth décidèrent qu'en pratique les doctrines qui y seraient enseignées seraient des doctrines agréées ou officielles. Les études libérales ne se maintinrent plus qu'à l'état de tradition morte. Mais l'orthodoxie forcée de l'enseignement  théologique entraîna naturellement des protestations de la part des dissidents, puritains et autres; Elisabeth n'eut d'autre moyen, pour apaiser ces protestations, que l'expulsion des mécontents, lesquels se répandirent sur le continent. 

Tel fut le sort de l'Université jusqu'au commencement du XVIIe siècle. Quant aux collèges, ils furent enrichis par un acte de sir Thomas Smith, qui modifia heureusement les clauses ordinaires de leurs contrats avec les tenanciers de leurs biens (Act for the maintenance of the colleges in the Universities); et deux nouveaux établissements furent créés : en 1584, Emmanuel College par sir W. Mildmay; en 1596, Sydney Sussex College par la comtesse de Sussex.

Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, l'histoire de l'Université de Cambridge présente peu de noms et peu de faits notables. Grâce aux efforts de sir Edward Coke, le privilège d'envoyer deux représentants au Parlement fut accordé aux Universités d'Oxford et de Cambridge; des controverses s'élevèrent aussitôt au sujet du mode d'élection de ces représentants (1603-1604). La guerre civile de 1642-1649 désola Cambridge, dont les docteurs avaient manifesté des préférences royalistes. Le Parlement ayant imposé le Covenant aux Universités, il y eut un véritable exode des principaux fellows des collèges de Cambridge: John Cosin, Richard Crashaw, le poète, de Peterhouse, Cowley, de Trinity, etc. Oliver Heywood, étudiant de Trinity pendant la domination des puritains, nous apprend avec complaisance comment, sous l'influence de ses nouveaux maîtres, agréables au Parlement, « il commence déjà à préférer Perkins, Preston, Bolton et Sibbes à Aristote et à Platon ». Le Parlement Barebone, dans sa haine pour la « science charnelle », discuta sérieusement l'abolition totale des universités. 

La Restauration amena de meilleurs jours et le puritanisme disparut à Cambridge avec une si étonnante rapidité que Samuel Pepys, qui l'y avait vu régner en 1640, s'étonne dans son Diary de n'en plus trouver de traces en 1659. Deux grands mouvements intellectuels ont commencé alors à Cambridge à peu près en même temps et ont agi parallèlement sur les études. Le mouvement des Cambridge Platonists fut celui qui attira surtout l'attention des contemporains; B. Witchcote, John Smith, R. Cudworth, H. More, les chefs de cette école mi-philosophique, mi-théologique, étaient des disciples enthousiastes de Platon et de Descartes. Le second mouvement, plus durable, se rattache au développement extraordinaire de la « philosophie naturelle » au XVIIe siècle. Barrow et Newton, tous deux fellows de Trinity, en furent les initiateurs. 

Alors florissaient à Cambridge Thomas Baker, l'historien de S. John's College; l'helléniste Joshua Barnes et surtout Richard Bentley, maître de Trinity, qui resta le principal personnage de l'Université jusqu'à sa mort, arrivée en 1742.

L'enseignement reçut à Cambridge quelques perfectionnements sous les Georges. La chaire d'histoire moderne date de 1724; celle de géologie de 1727. En juillet 1730 fut inauguré le palais du Sénat, lieu de réunion des gradués et salle d'examen pour les tripos. Tripos, en argot universitaire de Cambridge, signifie examen, examen compétitif. Il est à remarquer à ce propos qu'il n'y eut d'abord qu'un seul tripos, celui de mathématiques. Cambridge, au XVIIIe siècle, devint presque exclusivement une école de mathématiques. Sa théologie, jadis si originale, fut influencée par là; elle fut une théologie « pratique », « de sens commun », celle de Sherlock, d'Edmund Law et de Paley.

En 1796, parut le premier annuaire de l'Université (C. U. Calendar). Cet annuaire a été publié régulièrerement chaque année depuis 1799. De grandes réformes pédagogiques ont renouvelé par la suite la face de l'Université. D'abord, quelques nouveaux collèges ont été créés : Downing College (1800); Selwyn College (1882); Ridley Hall (1881), séminaire de l'Eglise évangélique. Le régime des examens a été modifié de fond en comble; dès 1832, il y eut un classical tripos; en 1851, on établit un moral sciences tripos et un natural sciences tr. ; à partir de 1875, il y a eu un tripos spécial pour le droit (Law tr.) et un autre pour l'histoire (Historical tr.), dont le programme a été modifié en 1888.

Cambridge a mis de la sorte ses programmes au niveau des exigences du monde moderne; elle enseigne à partir de la la fin du XIXe siècle l'encyclopédie complète des sciences, comme il convient à une véritable université. D'autre part, elle a aussi rajeuni ses statuts. Les Observations on the statutes of the University du doyen Peacock, où l'auteur explique l'ancien code à un point de vue historique, montraient déjà clairement en 1841 l'absurdité de règlements surannés. Une commission fut désignée par la couronne, à la requête de l'Université, pour reviser les statuts d'Elisabeth. Elle fit disparaître les abus les plus énormes dans sa réédition desdits statuts publiée en 1858. Mais son oeuvre avait été timide et incomplète. Le docteur Farrar et ses six collaborateurs lancèrent en 1867 un manifeste éloquent : Essays on liberal Education; ce fut le manifeste de Cambridge, de même que le livre fameux de Mark Pattison fut le manifeste d'Oxford. L'Universities of Ox. and Ca. Act de 1877, approuvé par la reine Victoria en 1882, donna satisfaction à la plupart des voeux des réformateurs : les fellowships des collèges ont été assujetties è de sages règles; les collèges ont été forcés de céder à l'Université une partie de leurs revenus : un système de lectures inlercollegiales a été mis en vigueur, etc. (Ch.-V. Langlois).

Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), de nombreux étudiants et membres du personnel se sont engagés dans l'effort de guerre. L'université a subi des pertes importantes et a été temporairement transformée pour servir d'hôpital militaire. Après la guerre, Cambridge a connu une période de reconstruction et de croissance. De nouvelles facultés et laboratoires ont été construits, notamment le célèbre laboratoire Cavendish, qui a vu plusieurs découvertes scientifiques majeures, dont celles de Ernest Rutherford.

Comme lors de la Première Guerre mondiale, Cambridge a joué un rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale. Le travail sur le radar et les contributions à la science atomique ont été particulièrement notables. Le code de la machine Enigma a été décrypté par des universitaires de Cambridge à Bletchley Park. L'après-guerre a vu une expansion rapide de l'université, tant en termes d'infrastructure que d'étudiants. De nombreuses bourses ont été introduites pour accueillir un plus grand nombre d'étudiants, notamment venus de l'étranger. La période des années 60 a été marquée par une expansion massive des sciences sociales et des études interdisciplinaires. Les mouvements de droits civiques et les révolutions culturelles ont également touché l'université, avec une augmentation de la participation des femmes et des minorités.

Dans les années 1980 et et 1990, Cambridge a continué à se moderniser et à s'adapter aux changements technologiques. L'université a joué un rôle clé dans la naissance de la Silicon Fen, une région connue pour ses entreprises technologiques et de biotechnologie, comparable à la Silicon Valley aux États-Unis. Dans les années 2000, l'université a renforcé ses partenariats avec des entreprises et des institutions de recherche du monde entier. L'accent a été mis sur l'innovation et l'entrepreneuriat, avec la création de plusieurs incubateurs et parcs technologiques.

L'université continue d'exceller dans l'enseignement et la recherche. Elle a étendu ses programmes pour inclure davantage de cours en ligne et des collaborations internationales. Cambridge reste à la pointe de la recherche dans des domaines comme l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables et la médecine. Comme beaucoup d'autres institutions, Cambridge a dû s'adapter à la pandémie de covid-19. Les cours en ligne et les mesures sanitaires strictes ont été mises en place pour protéger les étudiants et le personnel.

Cambridge. - Le nom de Cambridge est commun à plusieurs villes des États-Unis, dont la principale est dans l'État du Massachusetts, à 4 km au Nord-Ouest de Boston, avec lequel elle communique par des ponts jetés sur le Charles River. Population : 105,200  habitants, en 2012.

Cambridge (Massachusetts) est située dans le comté de Middlesex, sur la rive nord de la rivière Charles, face à Boston et Watertown. Sa géographie est largement façonnée par sa relation avec cette rivière, qui forme sa frontière sud et sud-ouest. La ville est bordée par Somerville et Arlington au nord, et par Belmont et Watertown à l'ouest. Le terrain y est généralement plat, une partie importante de la ville, notamment le long du fleuve et près d'Alewife Brook au nord-ouest, ayant été construite sur d'anciens prés salés et des zones humides qui ont été progressivement remblayées et développées au fil des siècles. 

La rivière Charles elle-même est une voie d'eau emblématique qui offre des espaces verts et des opportunités de loisirs le long de ses berges, comme les parcs qui s'étendent de l'ouest de la ville jusqu'au centre-ville et au-delà. Le climat de Cambridge est typique de la Nouvelle-Angleterre, avec quatre saisons distinctes : des hivers froids et enneigés, des étés chauds et humides, et des printemps et automnes tempérés et souvent pittoresques. Cette géographie fluviale et ses anciens espaces humides ont influencé l'aménagement urbain et le développement des différents quartiers de la ville.

L'histoire de Cambridge est l'une des plus riches de l'Amérique coloniale et post-coloniale, étant profondément liée à la fondation des États-Unis et au développement de l'enseignement supérieur. La ville a été fondée en 1630 par des colons puritains de la colonie de la baie du Massachusetts, qui l'avaient initialement désignée comme le site idéal pour une ville fortifiée et la capitale de la nouvelle colonie, l'appelant Newtowne. Cependant, dès 1636, la décision fut prise d'y établir un collège, qui deviendra le Harvard College (aujourd'hui l'Université Harvard, ci-dessous), la plus ancienne institution d'enseignement supérieur aux États-Unis. En l'honneur de la prestigieuse université anglaise et pour refléter les ambitions intellectuelles des fondateurs, la ville fut renommée Cambridge en 1638. Pendant ses premières décennies, Cambridge est restée une petite colonie rurale centrée autour du collège, servant de centre intellectuel naissant et de lieu de résidence pour les dirigeants coloniaux.

Cambridge a joué un rôle pivot dans la Révolution américaine. Après les batailles de Lexington et Concord en avril 1775, Cambridge est devenue le quartier général de l'armée coloniale. C'est sur Cambridge Common que George Washington prit officiellement le commandement de l'armée continentale en juillet 1775, sous un orme célèbre (aujourd'hui disparu) connu sous le nom de Washington Elm. Les bâtiments de Harvard furent réquisitionnés pour servir de caserne et d'hôpital. L'imprimeur Stephen Daye, installé à Cambridge, produisit l'une des premières impressions de la Déclaration d'Indépendance avec les noms des signataires.

Au cours du XIXe siècle, Cambridge connut une croissance significative et se transforma en un centre industriel important, tout en conservant son statut de ville universitaire. Des industries manufacturières se développèrent, notamment l'imprimerie, la fabrication de meubles, la production de bonbons (comme les fameux Necco Wafers), la savonnerie et la verrerie. Le développement du réseau ferroviaire et l'amélioration du transport fluvial facilitèrent cette expansion. La population augmenta, en partie grâce à l'arrivée de vagues d'immigrants, notamment des Irlandais fuyant la Grande Famine, puis des Italiens, des Canadiens et d'autres groupes, qui contribuèrent à façonner la diversité culturelle de la ville et à développer de nouveaux quartiers.

Le XXe siècle marqua un autre tournant majeur. En 1916, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) déménagea de Boston à son vaste nouveau campus à Cambridge, le long de la rivière Charles. L'installation du MIT, parallèlement à la présence continue de Harvard, renforça la position de Cambridge en tant que pôle mondial de la science, de la technologie et de la recherche. Après la Seconde Guerre mondiale, les industries traditionnelles déclinèrent progressivement, tandis que la ville se tournait de plus en plus vers une économie basée sur la connaissance, alimentée par ses deux grandes universités.

La fin du XXe siècle et le début du XVIe siècle ont vu Cambridge devenir un centre majeur de la biotechnologie et du développement logiciel, en particulier dans le quartier de Kendall Square, souvent surnommé "le mile carré le plus innovant de la planète". Cette transformation a apporté une prospérité économique et une croissance démographique importantes. Cependant, ce dynamisme a également entraîné des défis majeurs, tels que l'augmentation rapide du coût du logement, la gentrification et des pressions sur l'infrastructure. Aujourd'hui, Cambridge est une ville dynamique et multiculturelle, internationalement reconnue pour son excellence académique, son innovation technologique et sa vie intellectuelle foisonnante, tout en étant confrontée à la nécessité de gérer son développement.

L'université de Harvard. 
L'université de Harvard est fondée en 1636 à Cambridge, dans la colonie du Massachusetts, ce qui en fait la plus ancienne institution d'enseignement supérieur des États-Unis. Elle naît dans un contexte puritain, avec pour mission première de former un clergé instruit pour la Nouvelle-Angleterre. Elle porte dès 1639 le nom de John Harvard, un jeune pasteur anglais ayant légué sa bibliothèque et la moitié de sa fortune à l'établissement. À ses débuts, l'enseignement y repose principalement sur les humanités classiques, la théologie, le latin et la logique, dans l'esprit des collèges anglais d'Oxford et Cambridge.

Au fil du temps, Harvard se transforme progressivement d'un collège religieux en une université moderne et pluraliste. Au XVIIIe siècle, elle s'ouvre à des disciplines plus variées, notamment les sciences naturelles, le droit, la médecine et la philosophie morale. Au XIXe siècle, sous l'influence de figures comme Charles William Eliot, président de l'université de 1869 à 1909, Harvard adopte un modèle d'université libérale, inspirée des idées allemandes sur la recherche universitaire. Eliot réorganise les cursus, introduit les enseignements à la carte (electives), développe les laboratoires et promeut la formation de la pensée critique par la spécialisation académique.

L'université de Harvard comprend déjà à la fin XIXe siècle principalement 18 grands bâtiments indépendants qui, avec les jardins et les cours qui les entourent, occupent une surface de 14 hectares environ; les plus importants sont le Memorial Hall, qui comprend un réfectoire et une salle de spectacle; sa façade a 94 m de longueur et sa largeur est de 35 m : il a été fondé en souvenir des membres de l'Université qui ont péri pendant la guerre de Sécession; l'University Hall est une belle bâtisse qui comprend une chapelle, des salles de lecture et des réfectoires : le Gore Hall contient la bibliothèque; il faut citer encore le Matthews Hall, le Massachusetts Hall, le Divinity Hall et la Holden Chapel. L'Université comprend un muséum zoologique et biologique, une salle de minéralogie, un jardin botanique, un observatoire, un musée consacré à l'archéologie et l'ethnographie américaine (musée Peabody), une imprimerie réputée, etc. 
Au XXe siècle, Harvard devient un pôle de rayonnement scientifique et intellectuel majeur. Elle attire des chercheurs de renommée internationale dans des domaines aussi divers que la physique, la littérature, l'économie, la médecine, la biologie ou la philosophie. Des personnalités comme William James, Alfred North Whitehead, B. F. Skinner, Amartya Sen, E. O. Wilson ou Henry Kissinger y enseignent ou y mènent des recherches marquantes. L'université joue également un rôle dans la formation des élites américaines, politiques, juridiques et économiques, et forme de nombreux présidents des États-Unis, dont John Adams, Theodore Roosevelt, Franklin D. Roosevelt, John F. Kennedy et Barack Obama.

Harvard est aussi un acteur central dans l'évolution des droits civiques et de la diversité académique. Elle admet à la fin du XIXe siècle ses premières étudiantes via le Radcliffe College, puis intègre pleinement les femmes dans les années 1970. L'université se trouve régulièrement au coeur des débats sur les politiques d'admission, l'équité selon l'origine, les quotas et l'accessibilité à l'enseignement supérieur.

Aujourd'hui, Harvard regroupe plusieurs facultés (Harvard College, Graduate School of Arts and Sciences, Harvard Law School, Harvard Medical School, Harvard Business School, etc.) et gère l'un des plus grands budgets universitaires au monde, soutenu par un endowment de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Elle incarne une vision de l'université comme espace d'excellence, de production de savoir, de service public et de débat démocratique. À travers près de quatre siècles d'histoire, Harvard s'est ainsi affirmée comme un carrefour intellectuel majeur, où tradition et innovation cohabitent, où la rigueur scientifique se conjugue à un engagement politique et éthique dans la société contemporaine.
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Harvard House, à l'université de Harvard.

Le MIT.
Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est fondé en 1861 en réponse aux besoins croissants d'une Amérique en pleine industrialisation. Son fondateur, William Barton Rogers, physicien et ancien professeur à l'université de Virginie, veut créer un établissement dédié à l'enseignement appliqué des sciences et de la technologie, rompant avec le modèle classique des universités axées sur les humanités. Il conçoit le MIT comme un laboratoire de formation pour ingénieurs, chercheurs et techniciens capables d'accompagner la transformation industrielle du pays.

L'institution ouvre ses portes en 1865, après la guerre de Sécession, et se spécialise d'abord dans la mécanique, la chimie, la métallurgie et l'ingénierie. Son enseignement repose sur la méthode du learning by doing, qui combine théorie scientifique et pratique en laboratoire. Ce modèle pédagogique devient une marque distinctive du MIT et influence durablement les écoles d'ingénieurs américaines. Le MIT gagne rapidement en réputation grâce à ses diplômés, réputés pour leur rigueur technique et leur capacité d'innovation.

Au début du XXe siècle, sous la présidence de Richard Maclaurin, puis de Karl Taylor Compton, l'institut développe ses activités de recherche fondamentale et appliquée. Il devient un centre majeur d'étude de la physique, de la chimie industrielle, de l'aéronautique et de l'électrotechnique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le MIT joue un rôle déterminant dans l'effort de guerre américain, notamment par l'intermédiaire du Radiation Laboratory, qui contribue au développement du radar et d'autres technologies de défense. Cette collaboration entre science, industrie et armée place le MIT au coeur du complexe militaro-industriel naissant.

Dans les décennies suivantes, l'institut s'impose comme un pôle d'excellence en informatique, en intelligence artificielle, en robotique, en biotechnologie et en économie. Il devient un centre d'expérimentation pédagogique, de recherche transdisciplinaire et de transfert technologique. Des figures majeures comme Norbert Wiener (fondateur de la cybernétique), Claude Shannon (père de la théorie de l'information), Marvin Minsky (IA), Noam Chomsky (linguistique), ou Paul Samuelson (économie) contribuent à sa réputation mondiale.

Le MIT se distingue également par son esprit entrepreneurial. Il encourage activement la création de start-ups issues des laboratoires universitaires, et forme une part importante des fondateurs des grandes entreprises technologiques américaines. Ses liens avec la Silicon Valley, bien qu'il soit basé sur la côte Est, s'expliquent par sa culture de l'innovation et sa proximité avec l'industrie.

Aujourd'hui, le MIT est régulièrement classé parmi les meilleures universités du monde. Il comprend cinq écoles principales (Science, Engineering, Architecture and Planning, Management, Humanities-Arts-Social Sciences) et compte plus de 1000 membres du corps professoral et près de 12 000 étudiants. Il poursuit son engagement dans des domaines clés comme l'énergie, le climat, les technologies quantiques, la santé numérique, tout en conservant une forte tradition de recherche fondamentale. L'établissement reste fidèle à sa devise, Mens et Manus (« l'esprit et la main »), en conjuguant excellence intellectuelle, innovation technique et engagement pratique. Il incarne l'idée que la connaissance scientifique doit produire des solutions concrètes aux problèmes les plus urgents de la société contemporaine.
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Massachusetts Institute of Technology.
Le M.I.T., à Cambridge (Massachusetts). Photo : Carol Highsmith.
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Dictionnaire Villes et monuments
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