| La commode n'apparaît dans le mobilier que dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Elle n'était qu'une transformation du coffre du Moyen âge, que l'on abandonnait parce qu'il était trop pesant et que les effets étaient condamnés à y être entassés les uns sur les autres (L'art du meuble). Elle tenait en même temps du cabinet par des tiroirs que l'on ouvrait facilement. Il est évident le nom de commode appliqué à ce nouveau meuble, lui fut donné en raison de son utilité domestique qui lui valut un prompt et durable succès. Les écrivains du règne de Louis XIV citent ce mot comme usité depuis peu de temps. Les plus anciennes commodes que l'on connaisse sont des chefs-d'oeuvre d'ébénisterie. Les bois les plus rares y sont employés concurremment avec les incrustations d'écaille et de nacre et avec les cuivres ciselés et dorés. Les gravures de Bérain en donnent des modèles d'une grande élégance, de même que celles composées par C.-A. Boulle. On attribue à ce grand ébéniste les deux commodes en forme de coffre à tombeau soutenu par des figures de sphinx, qui sont conservées à la Bibliothèque Mazarine et qui proviennent, d'après une tradition, de la chambre à coucher de Louis XIV . Boulle et ses émules fabriquaient également des commodes en marqueterie de bois représentant des fleurs de lis et des rinceaux de feuillages. La plus riche collection de ces meubles, datant du règne de Louis XIV, appartenait à sir Richard Wallace. Toutes présentent une largeur de composition et une profusion d'ornements qui parfois avoisine l'exagération. Les meubles de l'époque de la Régence sont d'un profil plus élégant et moins surchargé. Les appliques de cuivre y jouent un rôle plus discret et ressortent sur un fond de bois de rose ou d'amarante. L'ébéniste du régent, Charles Cressent, énumère dans les catalogues de ses ventes de meubles, les différentes formes de commode qu'il fabriquait dans ses ateliers. C'étaient les commodes : à la Régence, à la Dauphine, à la Bagnolet, à la Chartres, à la Charolais, à la Harant, etc. On trouve également des modèles très variés de ces meubles dans les gravures du fils de Bouchers. - Commode en vernis Louis XV (Fontainebleau). Sous l'influence de Messonnier et des Slodtz, dessinateur, du cabinet du roi, les cuivres des commodes prirent une prépondérance marquée, mais ils étaient traités avec une délicatesse extrême par des ciseleurs dont le plus célèbre est Jacques Caffieri, auquel son fils Philippe succéda. A ce moment les frères Martin enrichissaient ces meubles de panneaux vernis dont les peintures représentaient des scènes chinoises et des paysages imitant les laques de la Chine. Ces panneaux étaient encadrés par des bordures en cuivre ajouré dont les motifs étaient composés de coquilles et d'enroulements baroques. On revint, sous Louis XVI, à un style plus sobre et moins fantaisiste, mais la magnificence du mobilier de luxe ne fut pas moins grande. Riesener, le maître le plus habile de cette époque, nous a laissé une suite de commodes qui sont des modèles de goût et d'exécution. Il plaçait dans la partie centrale des tableaux de marqueterie de bois représentant des attributs champêtres ou des bouquets de fleurs. De chaque côté se voyaient des panneaux marquetés en losange qui faisaient ressortir le sujet principal. Sur la ceinture règne une suite de couronnes de fleurs s'enroulant en frise et des cannelures ciselées dans le cuivre, tandis que des figures de cariatides ou des colonnes à consoles corinthiennes appuyées sur des sabots fleuronnés en cuivre, servent de montants à ces meubles composés comme des oeuvres d'architecture. D'autres, plus rares encore, sont entièrement revêtus d'une riche végétation de fleurs et de fruits se détachant sur des panneaux de vieux laque de Chine. Le rival de Riesener, l'ébéniste Beneman, moins délicat dans ses créations, a produit plusieurs commodes conservées, notamment, à Fontainebleau, dont les formes annoncent déjà l'imitation des sculptures antiques qui devait envahir notre art national, mais dont la décoration ciselée peut prendre rang parmi les meilleures oeuvres du métal que nous possédions. L'exagération du luxe conduisit jusqu'à remplacer les panneaux de bois des commodes par de grandes plaques de porcelaine de Sèvres, erreur de goût que la recherche des objets rares et coûteux peut seule expliquer. Les commodes furent proscrites des appartements du Directoire et de l'Empire comme étant étrangères au mobilier antique dont en entreprenait la résurrection, mais cette exclusion, qui n'était pas générale, ne dura pas longtemps et l'on revint bientôt à ce meuble d'un usage indispensable dans nos intérieurs. La commode ne fut plus alors qu'un objet d'ameublement en bois d'acajou, d'abord orné de quelques maigres appliques en cuivre, qui bientôt disparurent pour laisser au bois toute sa valeur. L'usage et la forme en sont aujourd'hui très variés et on a imaginé des commodes-toilette, des commodes-secrétaires pour répondre aux besoins de la vie journalière. (A. De Champeaux). | |