| Haussmann (Jean-Michel), chimiste et manufacturier français, né à Colmar le 4 février 1749, mort à Strasbourg le 16 décembre 1824. Il étudia d'abord la pharmacie, mais ne tarda pas à s'adonner exclusivement à la chimie et, en 1777, fonda à Rouen une petite fabrique d'indiennes, qu'il délaissa peu d'années après pour aller se joindre à ses frères, fabricants de toiles peintes au Logelbach, près de Colmar. Il a largement contribué par d'importantes et nombreuses découvertes aux progrès de l'industrie teinturière et à son développement en Alsace : addition de chaux à la garance, fixation du bleu de Prusse sur les tissus de lin et de coton, composition méthodique et simplification des mordants, teinture directe par les dissolutions d'étain, etc. Il a, d'autre part, introduit en France l'emploi de l'acide oxalique pour l'impression des mouchoirs et indiennes, celui du bleu anglais, du quercitron de Philadelphie, de la gaude (reseda luteola), etc. Il a enfin expérimenté, le premier, le blanchiment des tissus de coton par le chlore (procédé Berthollet) et l'impression des diverses étoffes par la gravure lithographique. Le Journal de physique (1785-1886), les Annales de chimie (1790-1810), le Journal des mines (1810-1815), les Annales de chimie et de physique (1820) renferment d'intéressants mémoires dus à ce savant industriel. (L. S.). | |
| Haussmann (Nicolas), homme politique français, né à Versailles le 8 septembre 1760, mort à Chaville le 21 janvier 1846. Il appartenait à une famille protestante d'Alsace et était marchand de toiles à Versailles au moment de la Révolution. Administrateur de Seine-et-Oise, il fut élu par ce département député à l'Assemblée législative (6 septembre 1791) et à la Convention (7 septembre 1792). Envoyé avec Reubell et Merlin de Thionville à l'armée du Rhin le 18 décembre 1792, il ne prit pas part au procès de Louis XVI, mais se prononça pour la mort dans une lettre. Rentré à Paris, il fit décider la réunion de Mayence à la France (30 mars 1793). Le 12 avril 1793, il fut de nouveau commissaire à l'armée du Rhin, et remplit, en octobre 1794, une mission à l'armée du Nord, pendant laquelle il poussa les Bataves à demander leur annexion à la France. Après la session le Directoire l'envoya en qualité de commissaire à l'armée de Rhin-et-Moselle. Il rendit compte de toutes les opérations du général Moreau jusqu'en 1798. Il entra alors dans l'administration des vivres d'où il sortit en 1808, pour se retirer à Chaville. (Etienne Charavay). |
| Haussmann (Georges Eugène, baron), administrateur et homme politique français, né à Paris le 27 mars 1809, mort à Paris le 11 janvier 1891. Petit-fils du précédent, il prit part aux journées de Juillet 1830, fut longtemps sous-préfet et se rallia sans réserve, dès 1848, à la cause de Louis-Napoléon qui, devenu président de la République, l'appela le 24 janvier 1849 à la préfecture du Var. Dans ce nouveau poste, il prit des mesures rigoureuses contre le parti démocratique; Emile Ollivier, qui en fut particulièrement l'objet, ne devait pas l'oublier. Préfet de l'Yonne (11 mai 1850), puis de la Gironde (26 novembre 1851), il contribua pour sa part énergiquement au succès du coup d'État. Le prince-président, qu'il reçut solennellement à Bordeaux en octobre 1852 et qu'il séduisit par ses allures autoritaires, ainsi que par la hardiesse et la largeur de ses vues administratives, lui confia (23 juin 1853) la préfecture de la Seine, qu'il allait occuper plus de seize années consécutives. - Le baron Haussmann. Dans ce haut emploi, sans négliger la défense du régime impérial, dont il était devenu un des principaux agents, Haussmann se donna surtout pour tâche la transformation matérielle de Paris, qu'il accomplit avec une étonnante rapidité par d'immenses travaux d'assainissement, la démolition des vieux quartiers, l'annexion de la banlieue à la capitale, le percement et la construction de nouveaux boulevards et d'un grand nombre de larges rues, la création de vastes et splendides parcs ou jardins publics, l'édification de plusieurs grands théâtres et diverses institutions économiques de haute importance. Mais ces résultats furent obtenus par des procédés dictatoriaux et des com binaisons financières qui, de bonne heure, justifièrent les réclamations des contribuables et les plaintes de l'opposition. Haussmann, créé baron par Napoléon III, dont il avait toute la confiance, appelé au Sénat le 9 juin 1857, poursuivit imperturbablement son oeuvre jusqu'au moment où l'opinion publique et le Corps législatif se prononcèrent ouvertement contre lui. Les attaques très vives d'Ernest Picard au Palais-Bourbon (1867), la retentissante brochure que Jules Ferry publia l'année suivante sous le titre de Comptes fantastiques d'Haussmann, les débats dont son administration fut l'objet au Corps législatif et au Sénat au commencement de 1869, et d'où résulta l'établissement d'un contrôle qu'il avait pu éviter jusque-là, enfin l'avènement au ministère d'Emile Ollivier (2 janvier 1870), qui exigea son renvoi, mirent fin à l'espèce de vice-royauté qu'il avait si longtemps exercée sur la ville de Paris. Haussmann, en quittant sa préfecture, demeura tout dévoué au régime qu'il venait de servir et qu'il travailla de son mieux à faire renaître après la révolution du 4 septembre. Candidat malheureux à la députation en 1874 et en 1876, il fut envoyé à la Chambre des députés le 14 octobre 1877 par les électeurs d'Ajaccio. Au Palais-Bourbon, il vota constamment avec le groupe bonapartiste. Non réélu en 1881, il échoua aussi dans la Gironde en 1885. Le baron Haussmann employa la fin de sa vie à rédiger ses Mémoires (Paris, 1890-1893, t. I à III, in-8). (A. Debidour). |