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Duperron

Jacques Davy, cardinal Duperron est un homme d'Etat français, né près de Berne le 25 novembre 1556, mort à Paris le 5 septembre 1618. Appartenant à une ancienne famille normande qui s'était convertie au protestantisme et, pour éviter des persécutions, s'était établie en Suisse, il fut instruit par son père, médecin et ministre protestant fort lettré. De retour en France vers 1562, il se trouvait à Rouen au moment où la ville fut assiégée et prise par Charles IX; son père fut emprisonné, et il réussit à s'échapper avec sa mère et à se réfugier à Jersey. Il s'établit par la suite en Normandie et fut mis en relations avec le maréchal de Matignon qui le présenta à Henri III à l'occasion des Etats de Blois (1576). 
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Jacques Davy, cardinal Duperron.
Jacques Davy, cardinal Duperron  (1556-1618).

Duperron, très fin et très souple, réussit merveilleusement à la cour, se lia d'amitié avec Philippe Desportes et Touchard et fut fort protégé par le duc de Joyeuse. Il vint bientôt à Paris où il donna des conférences (on les appelait alors des disputes) très suivies sur des questions de philosophie et de mathématiques. Il abjura le protestantisme, fut aussitôt nommé lecteur du roi, prêcha devant Henri III à Vincennes, fit l'éloge de Ronsard en la chapelle du collège de Boncour (1586), prononça en 1587 l'oraison funèbre de Marie Stuart et ayant, la mêôme année, perdu à la bataille de Coutras son protecteur Joyeuse, écrivit sur l'ordre du roi une sorte d'élégie, l'Ombre de M. l'amiral de Joyeuse. 

Duperron commençait à se rendre indispensable au roi qui l'emmena aux Etats de Blois de 1588 et lui fit composer sa harangue. A la mort de Henri III, il passa dans la maison du cardinal de Bourbon, connu pour protéger les gens de lettres, intrigua quelque peu contre Henri IV, puis, recommandé par Gabrielle d'Estrées, réussit à faire oublier sa conduite et fut nommé évêque d'Evreux (1591). Il travailla alors activement à la conversion de Henri IV. Après l'abjuration, il joua un rôle prépondérant à la conférence de Mantes avec les protestants, et négocia à Rome l'absolution du roi (1594-1595). Il avait à cette occasion reçu les titres de premier aumônier et de conseiller d'Etat. 

En 1596, il assistait à l'assemblée des notables à Rouen, prenait possession effective de son évêché et se mettait à prêcher passionnément sur la controverse. Il se trouva de cette manière entraîné à des polémiques extrêmement vives avec les protestants, exaspérés surtout des conversions éclatantes qu'il faisait (celles entre autres de Palma-Cayet et de Sancy, le général des Suisses). Enhardi par ces succès et la faveur que ne cessait de lui témoigner la cour de Rome, Duperron s'attaqua à Duplessis-Mornay : leur querelle s'envenima tellement et prit de telles proportions en un temps où les affaires de religion primaient tout, que le roi fit réunir la célèbre conférence de Fontainebleau (4 mai 1600). Duperron y remporta un véritable triomphe qui humilia fort le parti de la Réforme. Aussi en fut-il récompensé par le chapeau de cardinal (1604). 

Henri IV avait eu à plusieurs reprises l'occasion d'utiliser les qualités diplomatiques de l'évêque d'Evreux; à la fin de 1604, il renvoya à Rome comme chargé d'affaires. Duperron prit une part active à l'élection des papes Alexandre de Médicis (Léon XI) et Camille Borghèse (Paul V), à l'affaire de la grâce pendante entre les dominicains et les jésuites, négocia avec le cardinal de Joyeuse la réconciliation du pape avec le gouvernement de Venise mis en interdit. En 1606, il fut nommé archevêque de Sens, grand aumônier et commandeur de l'ordre du Saint-Esprit. 

Revenu en France en 1607, il s'occupa de la création du Collège royal de France (1609), et on allait commencer les constructions lorsque Henri IV fut assassiné. Membre du conseil de régence, Duperron obtint qu'on reprit le projet du roi concernant le Collège royal dont Louis XIII posa la première pierre le 28 août 1610. Puis il fut absorbé par une série d'affaires purement théologiques où il maintint avec une énergie fanatique les doctrines ultramontaines, doctrines qu'il soutint encore aux Etats généraux du 27 octobre 1614 en attaquant vivement un article du tiers état sur la sûreté des rois. Il assista le duc d'Anjou à l'assemblée des notables de Rouen en 1617, puis passa la dernière année de sa vie dans une retraite presque absolue, uniquement occupé de la publication de ses ouvrages. 

Nous citerons de lui : les Diverses Oeuvres de l'illustrissime cardinal Duperron (Paris, 1622, in-fol.); Réplique à la réponse du roy de la Grande-Bretagne (1620, in-fol.) ; Traité du Saint-Sacrement (1612, in-fol.); Réfutation des objections tirées des passages de saint Augustin contre l'Eucharistie (1624, in-fol.); Oraison funèbre sur la mort de M. de Ronsard (1586, pet. in-8); diverses poésies de lui, qui ne manquent pas d'agrément, se trouvent dans le Cabinet des Muses (1619) et les Délices de poésie Françoise (1620 et 1627). C. Dupuy a donné un recueil de bons mots et de remarques critiques de Duperron ou à lui attribués, Perroniana (La Haye, 1666; Cologne, 1669, in-12).

Jean Davy-Duperron, mort à Montauban le 24 octobre 1621, frère du précédent et son coadjuteur, lui succéda dans l'archevêché de Sens. 

Jacques Davy-Duperron, neveu des précédents, mort le 14 février 1649, fut nommé en 1636 évêque d'Angoulême et en 1646 évêque d'Evreux. Il eut le titre de grand aumônier de la reine Henriette-Marie d'Angleterre. (R. S.).

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