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Très rapidement
après la découverte de l'Amérique, dès les
premières années du XVIe
siècle, les Espagnols ont engagé une politique
de conquêtes au Mexique (Cortez), en Floride
(Cabeza de Vaca) et en Amérique centrale
(Balboa), réduisant la part de l'exploration
au strict minimum (Alarcon, Coronado
parti à la recherche des mythiques Sept cités
de Cibola, Cabrillo, de
Soto). Les Français et les Anglais, qui se sont établis
plus au Nord, n'étaient pas plus désintéressés,
mais les territoires abordés étaient plus vastes, plus déserts,
et une place plus grande aux voyages de découvertes pouvait être
faite. Les explorations des Français concernent surtout le Canada
(Verazzano, Cartier,
Champlain) et le bassin du Mississippi
(Marquette, Joliet),
qui, dans la deuxième moitié du XVIIe
siècle, constituera la Louisiane avec de Cavelier
de la Salle).
Ceux des Anglo-saxons pratiquement tout
le reste du continent. Au XVIIe
siècle, les Protestants anglais, persécutés
par les Stuarts, vinrent s'établir dans
Amérique du Nord, et y fondèrent des colonies le long de
la côte Est qui, affranchies en 1783,
prirent le nom d'États-unis. En 1803,
les États-Unis ont acquis la Louisiane et se sont ouvert ainsi les
portes de tout l'Ouest du continent. Ce qui n'avait été jusque
là que l'Arrière-pays (back-country) devient désormais
la Frontière (frontier). Des missions d'explorations dans
l'Ouest commencent alors à se succéder : Michaux,
pour les régions orientales et centrales, ou Lewis
et Clarke, puis Fremont,
etc., qui, traversèrent les immenses déserts qui s'étendent
au Nord-Ouest des États-Unis.
L'exploration de l'extrême Nord et
le Nord-ouest de l'Amérique s'est fait dans un contexte différent.
L'Alaska, au XVIIIe
siècle était d'abord l'affaire des Russes et de
leurs émissaires (Behring, Billings),
qui se découvraient ici leur propre Frontière, jusqu'à
la vente de ce territoire aux États-Unis en 1867.
Mais les principales explorations ont eu lieu dans le cadre de la recherche
du passage du Nord-Ouest, entre le Nord du continent et la banquise .
De 1817 à 1830,
Franklin et Parry ont
beaucoup avancé la reconnaissance de cette région de l'Arctique.
Le passage entre l'Atlantique et l'Océan Pacifique, a finalement
été trouvé en 1851
par le capitaine Mac-Clure. La découverte
de richesses minières dans le Nord-Ouest y a attiré ensuite
une autre sorte d'explorateurs.
A la fin du XIXe
siècle, l'Amérique du Nord
n'était pas encore connue dans ses vallées les plus reculées,
et beaucoup de montagnes n'avaient été mesurées encore
qu'approximativement, les études géologiques surtout restaient
très imparfaites. Mais il n'y existait plus de lacunes comparables
à celles que nous trouvons à la même époque
dans la géographie de l'Australie, de l'Afrique ou même de
l'Amérique du Sud . |
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Les
premières explorations
Diego Velasquez,
gouverneur de Cuba![](btimc.gif) ,
avait confié en 1515
à Grijalva le commandement d'une expédition
destinée à constater l'existence des richesses prodigieuses
du Mexique. Ce voyage d'exploration ayant
confirmé les vagues rumeurs recueillies par les Espagnols, Hernando
Cortez fut chargé de conquérir le pays et vint à
bout, en deux ans, de cette entreprise, 1519-1521.
Grijalva et Vezerra, en 1529,
découvrirent le golfe de Californie ,
que Cortez lui-même reconnut sur ses deux bords en 1535.
Juan Ponce de Leon (1512)
et Vasquez de Aillon (1525) découvrirent
la Floride sans l'occuper. Narvaez (1528)
longea la côte du Mexique entre la Floride et le Mississippi .
La plus étonnante des expéditions espagnoles sur le territoire
des futurs États-Unis fut celle de Hernando
de Soto qui débarqua (1539)
dans la baie de Tampa avec plus d'un millier de combattants, traversa tout
le pays entre la Floride et le centre de la vallée du Mississippi,
guerroyant avec les tribus indiennes et périt en 1542
sur les rives du grand fleuve qu'il venait de découvrir plus de
cent ans avant Marquette et Cavelier
de La Salle. A l'Ouest des États-Unis, Coronado,
parti de Culiacan (Mexique), longeait les côtes du golfe de Californie
(1540), remontait le rio Colorado et
le rio Gila, gagnait le rio grande del Norte et pénétrait
au Nord jusqu'au Colorado et l'actuel Kansas. Hernando
de Alarcon, après Francisco de Ulloa , dans une expédition
combinée avec celle que conduisait sur Terre Coronado achevèrent
de relever les contours de la péninsule californienne. Rodrigo
Cabrillo, en 1542,
et Bartolomeo Ferrelo s'avancèrent jusqu'à
44° de latitude Nord. Mais ces contrées ne paraissant pas aussi
riches en métaux précieux que le Mexique et les pays de l'Amérique
du Sud, les Espagnols s'arrêtèrent, ils se contentèrent
d'une vague prise de possession des territoires qui s'étendaient
au delà; on les verra en 1791
revendiquer Nootka Sund dans l'île de Vancouver .
Le Mexique et l'Amérique centrale ont été étudiés
au commencement du XIXe
siècle par A.
de Humboldt (1799-1803),
les Antilles par Mac Kinneir (1803),
Habel s'est consacré à l'étude des républiques
centro-américaines (1864-1871).
Plus au Nord, John et Sébastien
Cabot, reprenant la route des Vikings ,
avaient établi (1497-98)
la communication entre l'Europe et les futurs domaines des anglo-saxons
en Amérique du Nord. Les Cabot ne firent que passer, mais l'île
de Terre-Neuve fut désormais régulièrement visitée
chaque année par des pécheurs anglais et français,
ceux-ci venant de la Bretagne ,
de la Normandie
et du Pays basque.François
Ier
ne pouvait manquer de suivre son rival Charles-Quint
en Amérique. Giovanni Verazzano, Florentin
comme les Strozzi et les Vespucci, explore au
nom du roi très chrétien la côte du Nord-Ouest, en
direction le Sud. Il aperçut et longea les côtes des
Carolines et de Virginie et séjourna quinze jours dans la baie de
Narragansett (1524). Jacques
Cartier, de Saint-Malo ,
fut envoyé par Chabot, amiral de France, pour explorer les régions
voisines de Terre-Neuve où l'industrie des pêcheurs pourrait
se développer. Jacques Cartier découvrit le golfe du Saint-Laurent
(1534) et remonta le fleuve jusqu'au
promontoire où devait s'élever Québec et jusqu'à
l'île où s'étend aujourd'hui la ville de Montréal
(1536-1542).
Puis ce fut fini pour plus d'un demi-siècle, le royaume de France
étant en proie à la guerre civile, aux déchirements
religieux, au triste gouvernement des Valois.
A la fin du XVIe
siècle, sous l'impulsion d'Élisabeth
Ire
les Anglais essaient de découvrir le passage du Nord-Ouest pour
se rendre en Asie sans doubler le cap de Bonne-Espérance ou le détroit
de Magellan .
Martin Frobisher, en 1576
et 1577,
s'avance jusqu'à la baie qui porte son nom au-delà de l'île
Résolution. Il avait manqué de quelques degrés l'ouverture
des détroits qui entourent le grand archipel du Nord. En même
temps (1577),
sir Walter Raleigh prenait possession au nom
d'Elisabeth, « la vestale assise sur le trône d'Occident »,
du littoral qu'il appela la Virginie. John Davis
part en 1585,
pénètre jusqu'à 72° de latitude Nord, voit les
fjords du Groenland occidental et donne son nom au magnifique détroit
qui les sépare de la terre de Cumberland. Quinze ans après,
Hudson s'engage résolument au Sud, découvre
le détroit et la baie qui gardent son nom; de 1607
à 1615,
Bylot, Bottai, May et Baffin achèvent de
reconnaître les contours de cette mer intérieure, renoncent
à y trouver le chemin cherché et se décident à
reprendre les traces de Davis. Dans un voyage, en 1616,
Bylot et Baffin arrivent jusqu'à 78°, à l'entrée
du Lancaster Sound, et voyant les canaux se rétrécir en conclurent
que la mer de Baffin était fermée comme la baie de Hudson .
Or, elles ne le sont ni l'une ni l'autre. Deux siècles devaient
s'écouler avant que John Ross reprit les
explorations dans ces parages. Il faut encore enregistrer parmi les marins
anglais, qui ont contribue à faire connaître l'Amérique,
sir Francis Drake qui, en 1578,
était arrivé par le détroit de Magellan sur les côtes
occidentales et avait donné le nom de Nouvelle-Albion aux rivages
actuels de l'Oregon et de Washington.
Vers
la colonisation du continent
Avec Samuel
Champlain s'ouvre une nouvelle période dans l'histoire des découvertes
de l'Amérique du Nord (1607).
Les Français prennent sérieusement pied dans le Canada
qui devient la Nouvelle-France. Québec est fondée en 1608.
- Elle n'avait encore que 20 habitants en 1620;
en 1640,
c'est Montréal; en 1660,
les colons entrent en rapport avec les Sioux; l'année suivante,
le Saguenay est remonté jusqu'à sa source; en 1673,
Marquette et Joliet
descendent le Wisconsin, atteignent le Mississippi
le 17 juin, le descendent jusqu'à 33° latitude Nord au-dessous
du confluent de l'Arkansas, et reviennent par l'Illinois. Cavelier
de la Salle, de 1678
à 1682,
découvre le cours entier du grand fleuve, depuis la chute Saint-Antoine
(au-dessus de Saint-Paul) jusqu'au delta. Il donne aux vastes et magnifiques
contrées qu'il a visitées le premier le nom de Louisiane.
En même temps que ces hardis gentilshommes entreprennent ces grands
voyages dans un but commercial, les missionnaires jésuites
et les trappeurs s'avancent au Nord et à l'Ouest des Grands lacs.
Le premier en date est le P. Paul de Jeune (1631),
le dernier le P. de Charlevoix (1744);
Pagès, en 1769,
s'avance jusque dans le bassin de la rivière Rouge.
Quand les Français
perdirent le Canada, ils laissaient peu
de chose à faire aux Anglais pour la reconnaissance géographique
des bassins du Saint-Laurent et des Grands lacs, qui avaient été
parcourus dans tous les sens dès le XVIIe
siècle par les jésuites
et les coureurs des bois. De plus, La Vérendrye (de 1731à
1743)
était parvenu du lac Supérieur au Manitoba et aux montagnes
Rocheuses vers les sources des deux Saskatchewan. Seule la vaste région
du Nord-Ouest demeurait inexplorée.
Au XIXe
siècle, les explorations scientifiques
et méthodiques sont poussées à l'intérieur
du continent avec une ardeur toujours croissante; mais la part des découvertes
dues à l'initiative privée, quoique considérable,
est moindre que celle des missions officielles patronnées par les
gouvernements. Aux États-Unis, en 1804,
Michaux commence ses belles études sur
les Alleghanys (Appalaches );
la même année, à la suite de la vente de la Louisiane
aux États-Unis quelques mois plus tôt, Lewis
et Clarke s'enfoncent dans l'Ouest américain,
remontent le Missouri et mesurent quelques-uns des géants des Montagnes
Rocheuses .
Ils arrivent jusqu'à l'embouchure de la Columbia .
Pike s'arrêta aux montagnes (1805),
mais le territoire était contesté entre les États-Unis
et le Mexique. Après le traité
de la Floride (1849),
la conquête du Nouveau-Mexique et du Texas et l'achat de l'Arizona,
les pionniers américains dépassent les savanes de l'Ouest
et pénètrent dans les montagnes Rocheuses. Le lieutenant
Fremont, en 1842,
explore le district du Colorado; la découverte des placers du rio
Sacramento attire des mineurs en nombre considérable sur le littoral
du Pacifique; enfin, le gouvernement fédéral lance des missions
géologiques dans toutes les directions. Ces parties relèvent
à l'Ouest de 100° de longitude Ouest (Greenwich) les accidents
orographiques et hydrographiques du sol, rassemblant des collections de
minéralogie, étudient l'histoire naturelle et même,
d'après un plan fixé par le superintendant chargé
de centraliser les travaux, dressent le vocabulaire et établissent
la grammaire des
langages indigènes.
Les travaux de ces
missions, consignées dans les Geological surveys que publie
le ministère de l'intérieur, ont pris dans l'histoire des
découvertes une importance énorme. Les plus féconds
en résultats ont été les voyages du général
Palmer dans le bassin du rio Colorado (1867-1868),
de Whitney dans les montagnes Rocheuses (1869),
de Washburn dans la région du Yellowstone, qui est devenue depuis
le Parc national, de Hayden dans l'Idaho (1871),
du major Powell au Grand Canyon tertiaire du Colorado (1869-1871),
de Wheeler, Dutton, etc., à des dates plus récentes encore.
Les travaux géodésiques nécessités par la construction
des grands chemins de fer entre l'Atlantique et le Pacifique; le tracé
des lignes transversales qui les réunissent rétrécissent
d'année en année les régions mystérieuses.
Dans le territoire d'Alaska, depuis l'acquisition par les États-Unis,
deux grandes explorations ont été faites par le savant William
Healy Dall (fils de l'écrivaine anti-esclavagiste et féministe
Caroline Healy Dall), sous les auspices du gouvernement fédéral,
la première en 1866-1867,
la seconde en 1881.
Enfin, les côtes ont été l'objet de très actives
recherches dont les résultats sont consignés dans tes énormes
compilations intitulées : United States Coast and geodetic surveys.
Le
Nord-Ouest
Ce sont les Russes
qui ouvrent la marche en Alaska. Le Cosaque
Dechaev, en 1648,
traversa le premier le détroit que Behring (ou Béring)
devait reconnaître scientifiquement soixante ans plus tard. Et c'est
seulement à cette époque que les Russe commencent l'existence
d'une terre américaine située à proximité de
la Sibérie. Catherine II commissionna
donc Vitus Behring à deux reprises, en
1728 et
en 1741,
pour explorer le Nord-Est de l'Empire. Dans le premier voyage il reconnut
que l'on pouvait, de ce côté, contourner l'Asie par mer. Dans
le second il débarqua sur le littoral américain dans la baie
qui porte son nom, en vue des neiges du mont Saint-Elie, pendant que son
compagnon Tchinikov découvrait le Cross sound. Behring mourut au
retour dans l'île de son nom, mais le naturaliste Steller,
qui était avec lui, fit connaître au public les résultats
de l'expédition. Les pêcheurs et les marchands de pelleterie
s'élancèrent sur les traces des marins et des savants. De
proche en proche les îles Aléoutiennes,
Alaska et les autres archipels furent reconnus et envahis.
En 1746,
le parlement anglais propose un prix de 20 000 livres sterling au navigateur
qui découvrira le fameux passage du Nord-Ouest. Burnaby, Sarmal,
Benne et Hutchinson sont arrêtés par les glaces (1747-1775).
En 1778,
Cook, cherchant le passage du Nord-Ouest par un
chemin plus court vers l'Angleterre, aborde l'Amérique vers 45°
de latitude Nord et la longe jusqu'au détroit de Béring,
reliant ainsi les découvertes de Drake avec
celles des Russes. Il débarqua à Cook's inlet, puis fut arrêté
par les obstacles de l'Icy cape. On sait qu'il fut tué peu après
à Hawaii. La Pérouse (1786),
Pribylov (1787),
Portlock et George Dixon (id.), John Meares (1788),
Billings (1789),
Malespina (1791),
Etienne Marchand (1791),
enfin, Vancouver, le plus célèbre
de tous ceux qui explorèrent scientifiquement cette région,
ont contribué à établir la carte du littoral. Samuel
Hearne (1769)
et Alexander Mackenzie (1789)
furent envoyés par la compagnie de la baie d'Hudson dans la direction
de l'Océan Glacial, moins peut-être pour reconnaître
la région elle-même que pour étudier eux aussi la question
du passage du Nord-Ouest. Mackenzie, arriva par le fleuve dans la baie
qui porte son nom en 1789,
et en 1793,
terminait, au mois de juillet son voyage de découvertes à
travers la grande plaine du Nord. Cette époque fut aussi celle de
l'extermination des populations des îles Aléoutiennes, par
les chasseurs de fourrures et les aventuriers qui se risquaient dans ces
rudes contrées.
D'autres voyages
de découvertes ont encore eu lieu dans la région jusqu'au
milieu du XIXe siècle.
David Thompson, en 1803,
explorait la Colombie britannique tandis que Krusenstern
s'engageait dans le labyrinthe des fjords du Pacifique; en 1806,
Fraser descendit le fleuve qui porte son nom; en 1835,
le capitaine Back explora le cours supérieur
de la Coppermine. Citons encore le voyage du lieutenant Zagoskin
(1842-1844),
dans le bassin du Yukon; celui de Mac-Murray qui construisit le fort Yukon
au confluent de la rivière de ce nom et de la Porcupine; enfin le
fameux voyage de Mac-Clure en 1850-1853,
qui fit enfin connaître d'une manière certaine l'existence
du passage du Nord-Ouest. La découverte de l'or de la Colombie britannique,
en 1856,
attira dans cette région une foule d'explorateurs et d'aventuriers.
Mais les grands traits du système orographique et des réseaux
fluviaux de cette partie de l'Amérique étaient désormais
à peu près fixés.
A la fin du XIXe
siècle, l'abbé Emile
Petitot, qui séjourna de longues années comme missionnaire
auprès des Dené-Dindjé du Nord et des Inuit, a complété
la reconnaissance scientifique de ces terres glacées. Après
1841,
le Canada a fait de grands sacrifices pour
la constitution d'un service géologique : en 1877
on a établi un musée à Ottawa. William
Logan et Selwyn,
qui en sera directeur, se sont distincués à la tête
du Geolocical Survey. L'intérieur du Labrador était encore
au début du XXe
siècle mal connu et les différents
voyageurs qui y avait pénétré n'avaient pu se mettre
d'accord sur l'importance du lac Mistassinni. |
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