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Belzébuth

Belzébuth ou Béelzébub (hébreu : Ba`al zebûb, le « dieu mouche» ou le « dieu des mouches»; Septante, IV Rois, I, 2; Josèphe, Ant. Jud.. IX, II, 1 : Baal muian). Les Philistins honoraient sous ce nom le dieu Baal, à Accaron. Les Grecs invoquaient de même à Élée un Zeus 'Apomuios, « Zeus chasse-mouches, » (Pausanias, v, 14), et les Romains un Myiagrus, Solin (Polyhistor, 1), ou Myodes (Pline, Histoire Naturelle, X, 40). Ces dieux avaient mission de préserver leurs adorateurs de la piqûre des mouches, des moustiques et des insectes de toutes sortes qui sont le fléau des pays chauds. Pour s'assurer la protection du Baal d'Accaron, on portait des amulettes en forme de scarabées, analogues à ceux des Égyptiens.

Le Baal ou dieu-soleil était censé pouvoir commander à tous les insectes que ses chauds rayons faisaient naître au printemps. Mais le pouvoir de chasser les mouches n'était pas son attribut exclusif. Il pouvait encore, croyaient ses adorateurs, guérir de toutes sortes de maladies. C'est pourquoi le roi d'Israël, Ochozias, tombé du haut de sa salle à manger, et meurtri dans sa chute, envoya demander une consultation à Béelzébub d'Accaron. Le prophète Élie arrêta en chemin les envoyés du roi, et de la part de Yahveh fit porter au prince son arrêt de mort (IV Rois, I, 2-16).

Plus tard, les Juifs transformèrent Ba`al zebûb en Ba`al zebul, « maître de l'habitation, » afin de faire de Béelzébul le nom du prince des démons, maître des habitations infernales. Car le nom de Satan était maudit, et l'on devait éviter de le prononcer (Berachoth, f. 60, c. 1). Le mot Béelzébul est employé dans le Nouveau Testament grec, où il répond au titre d'oikodespotès, « maître de la maison, » que Jésus donne à Satan (Matthieu, X, 25). Cependant la forme Béelzébub est conservée par la version italique, la Vulgate, le syriaque et les Pères latins

Les rabbins, par mépris pour les idoles, ont changé ba'al zébul en ba'al zébél, ce qui signifie «dieu du fumier » en hébreu talmudique. Les Juifs accusèrent Jésus d'avoir en lui Béelzébub (Matthieu, X, 25; Marc, III, 22), et de chasser les démons par le pouvoir de ce prince des démons (Matthieu, XII, 21; Luc, XI, 15. L'esprit de mensonge croyait faire oeuvre d'habileté en inspirant cette calomnie à ceux dont il était le père (Jean, VIII, 44. Le divin Maître la réfuta par cette simple observation, qu'on lie pouvait attribuer au démon des oeuvres qui allaient directement à détruire l'empire du démon.

Renommé Belzébuth par les Modernes, il est chef suprême de l'empire infernal, selon la plupart des démonographes. Pour Milton, il est le premier en pouvoir et en crime après Satan. Bodin (Démonomanie des sorciers) prétend qu'on ne voyait aucune mouche dans son temple. 

Presque tous les occultistes et amateurs de sorcellerie le regardent comme le souverain du ténébreux empire; et chacun le dépeint au gré de son imagination. Milton lui donne un aspect imposant, et une haute sagesse respire sur son visage. L'un le fait haut comme une tour; l'autre d'une taille égale à la nôtre; quelques-uns se le figurent sous la forme d'un serpent; il en est qui le voient aussi sous les traits d'une femme.

Le monarque des enfers, dit Palingène, in Zodiaco vitae, est d'une taille prodigieuse, assis sur un trône immense, ayant le front ceint d'un bandeau de feu, la poitrine gonflée, le visage bouffi, les yeux étincelants, les sourcils élevés et l'air menaçant. Il a les narines extrêmement larges, et deux grandes cornes sur la tête; il est noir comme un Maure : deux vastes ailes de chauve-souris sont attachées à ses épaules; il a deux larges pattes de canard, une queue de lion, et de longs poils depuis la tête jusqu'aux pieds.

On voit, dans les Clavicules de Salomon, que Belzébuth apparaît quelquefois sous de monstrueuses formes, connue celles d'un veau énorme ou d'un bouc suivi d'une longue queue; souvent, néanmoins, il se montre sous la figure d'une mouche d'une extrême grosseur. Quand il est en colère, ajoute-t-on, il vomit des flammes et hurle comme un loup. Quelquefois enfin Astaroth apparaît à ses côtés sous les traits d'un âne. (H. Lesêtre / CP).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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