 | Pierre de Poitiers. - On connaît un Pierre de Poitiers, moine de Cluny , qui accompagna vers 1141 Pierre le Vénérable en Espagne et fut adjoint par lui à ceux qu'il avait chargés de traduire le Coran et d'en préparer la réfutation. Il a composé des vers où se mêlent, a-t-on dit, l'élégance et la barbarie. Un autre Pierre de Poitiers fut chancelier de Notre-Dame. Il avait succédé à Pierre Comestor, en 1169, dans la chaire de théologie de l'école épiscopale de Paris, qu'il occupa trente-cinq ans. Ses cinq livres de sentences, De theologicis sententiis, rédigés avant 1175, publiés par dom Matbould (Paris, 1655), seraient identiques, selon l'histoire littéraire, aux Distinctiones, à la Summa Quaestionum, au Commentaire sur le maître des sentences, que donnent certains manuscrits. Il y invoquait plus souvent la Bible que ne l'avait fait Pierre Lombard. Il avait expliqué l'Exode, le Lévitique, les Nombres, les Psaumes , une partie du Nouveau Testament , peut-être composé l'Histoire abrégée de la Bible, qui a été plusieurs fois imprimée. Dans les classes, il avait fait placer, à l'usage des pauvres clercs, des tableaux où étaient représentées, en forme d'arbres, les histoires et les généalogies de l'Ancien Testament , où figurait un catalogue des vertus et des vices. Il mourut en 1205. Gauthier de Saint-Victor l'a rangé, vers 1180, parmi ceux qui introduisaient la dialectique dans la théologie les quatre labyrinthes de la France, dit-il, en citant Abélard, Pierre Lombard, Pierre et Gilbert de Poitiers, s'inspirant uniquement d'Aristote, traitaient avec une légèreté scolastique de la trinité et de l'incarnation : Uno spiritu Aristotelico afflati ineffabili trinitatis et incarnationis scholastica levitate tractarent. C'est surtout à cette attaque du mystique Victorin, où il a été mis à côte d'auteurs beaucoup plus célèbres, que Pierre de Poitiers doit de tenir une place dans l'histoire de la scolastique. (F. Picavet). | |