| Rue Saint-Honoré, à Paris (Ier'arrondissement). - Cette rue, longue, sinueuse, profonde, a toujours été, à cause de son voisinage des Halles et du Palais-Royal, l'une des plus riches, des plus populeuses, des plus marchandes de la capitale. Elle s'est allongée successivement et parallèlement à la Seine, et a eu trois portes : la première, près de l'Oratoire, et qu'on a appelée longtemps, même après sa destruction, la barrière des Sergents; la deuxième, près de l'actuelle place André Malraux, au débouché de l'avenue de l'Opéra, et qui est célèbre par l'attaque de Jeanne d'Arc et par la prise de Paris sous Henri IV; la troisième, à l'entrée du faubourg, et qui n'était qu'un lourd pavillon construit en 1631, démoli en 1733. La rue Saint-Honoré doit son nom à une église fondée en 1204 et qui était située entre la rue des Bons-Enfants et la rue Croix-des-Petits-Champs : cette église était collégiale et ses canonicats étaient les plus riches de tout Paris; elle n'avait rien de remarquable que le tombeau, du cardinal Dubois, oeuvre de Coustou le jeune, et elle a été détruite en 1792. C'est dans cette rue et les rues voisines qu'étaient jadis ces solides et riches maisons de commerce de draperie, de mercerie, de bonneterie, d'orfèvrerie d'où sont sorties, comme cela a aussi été le cas avec ceux de la rue Saint-Denis, la haute bourgeoisie et la grande magistrature de la capitale. Les souvenirs historiques qu'elle rappelle sont nombreux. Saint-Mégrin, comme il sortait du Louvre, y fut assassiné, au coin de la rue de l'Oratoire, par les bravi du duc de Guise, « parce que le bruit couroit, dit l'Estoile, que ce mignon était l'amant de sa femme. » Elle fut le principal théâtre des barricades de 1648. Une émeute terrible y éclata en 1720, à l'occasion du système de Law. - Les mascarons du 360 rue Saint-Honoré, à Paris. © Photos : Serge Jodra, 2011. Au nº 372 était l'hôtel de madame Geoffrin, l'un de ces bureaux d'esprit du XVIIIe siècle, où grands seigneurs, écrivains, étrangers illustres se livraient à la conversation. C'est dans la rue Saint-Honoré que s'est tenu le club des Jacobins. Robespierre demeurait près de là, dans une maison qui a été détruite pour ouvrir la rue Duphot, maison qui appartenait au menuisier Duplay, juré au tribunal révolutionnaire, dont Robespierre était l'hôte et l'ami; c'était là aussi que demeurait Lebas, époux d'une des filles de Duplay. Dans la rue Saint-Honoré ont habité les girondins Lasource et Louvet, les montagnards Robespierre le jeune, Robert Lindet, Jean Debry, Soubrany, etc. C'est dans cette rue que s'est livré le principal combat du 13 vendémiaire. Les édifices publics que renferme cette rue sont : l'Oratoire, le Palais-Royal, l'église saint-Roch et l'église de l'Assomption. La rue Saint-Honoré renfermait, avant la Révolution, plusieurs autres édifices remarquables : L'église Saint-Honoré évoquée plus haut, l'hospice des Quinze-Vingts, le couvent des Jacobins (ou Dominicains), qui a donné son nom au "club", le couvent des Feuillants, le couvent des Capucins, le couvent des Filles de la Conception, fondé en 1635, et sur l'emplacement duquel on a ouvert la rue Duphot. (Th. Lavallée). | |