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Histoire de la Nouvelle-Calédonie
Arrivés il y a environ 3500 ans, les premiers habitants de la Nouvelle-Calédonie, étaient issus de populations principalement d'origine mélanésienne. Les Lapita étaient d'habiles navigateurs et les traces de leurs poteries dans le Pacifique ont servi de guide pour comprendre l'expansion humaine dans la région. Des vagues successives de migrants venus d'autres îles de Mélanésie se sont mariées avec les Lapita, donnant naissance au groupe ethnique Canaque (ou Kanak) considéré comme indigène en Nouvelle-Calédonie.  (Le nom de Caldoches étant pour sa part appliqué aux habitants d'origine européenne). 

L'Europe a connu cette île grâce à James Cook qui découvrit la Nouvelle-Calédonie, à laquelle il donna le nom latin de l'Ecosse, le 4 septembre 1774, ainsi que l'île des Pins, le 26. Il avait abordé à Balade. Ce fut en ce même point que mouilla, le 17 avril 1793, Entrecasteaux, après avoir reconnu en 1792 l'île des Pins et exploré ces parages, tandis que Beautemps-Beaupré en dressait les cartes hydrographiques. II faut placer ici les nombreuses explorations dans l'île et sur ses côtes par les navigateurs baleiniers et sandaliers : les vexations que subirent alors les habitants expliquent leurs sanglantes représailles et ont inauguré une histoire politique souvent mouvementée. 

Les premiers missionnaires ont débarqué en Nouvelle-Calédonie en 1840. En 1853, la France a annexé la Nouvelle-Calédonie pour empêcher toute tentative britannique de revendiquer l'île. La Nouvelle-Calédonie a servi à la France de colonie pénitentiaire pendant près de quatre décennies, à partir de 1864 et jusqu'en 1897. 

Du nickel a été découvert en 1864 et les prisonniers français ont été chargés de l'exploiter. La France a fait venir des serviteurs sous contrat et de la main-d'œuvre asservie d'autres régions d'Asie du Sud-Est pour travailler dans les mines, empêchant ainsi les Kanaks d'accéder à la partie la plus rentable de l'économie locale. En 1878, le grand chef Ataï a mené une rébellion contre la domination française. Les Kanaks ont été relégués dans des réserves, ce qui a donné lieu à des soulèvements périodiques de moindre ampleur et a abouti à une grande révolte en 1917, brutalement réprimée par les autorités coloniales.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie est devenue une base importante pour les troupes alliées. Les États-Unis y ont transféré en 1942 leur quartier général du Pacifique Sud. En 1946, après la guerre, la Nouvelle-Calédonie a bénéficié d'un début d'autonomie en devenant un territoire d'outre-mer. La citoyenneté française a été accordée à tous les habitants en 1953, ce qui a permis aux Kanaks de quitter les réserves.  Mais cela n'a en rien permis de résoudre le conflit foncier latent entre Canaques et Caldoches. 

Le mouvement nationaliste kanak a commencé dans les années 1950, mais la plupart des électeurs ont choisi de rester un territoire lors d'un référendum sur l'indépendance en 1958. La population européenne de la Nouvelle-Calédonie a connu un boom dans les années 1970, avec un regain d'intérêt pour l'exploitation du nickel, ce qui a ravivé le nationalisme kanak. Dans les années 1980, on assitera à une escalade de la violence faisant des dizaines de morts.

L'indépendance  de la Nouvelle-Calédonie a été revendiquée, à partir de 1985, par le Front de Libération nationale Kanak Socialiste (FLNKS) a ainsi vu le jour en 1985, sous la direction de Jean-Marie Tjibaou. Une prise d'otages terminée dans le sang à Ouvéa en 1988, lors de l'assaut des forces de l'ordre, puis l'assassinat de Tjibaou en 1989, ont marqué ces années d'agitation. Dans l'intervalle des accords ont été signés à Paris en 1988 (accords de Matignon), et qui allaient dans le sens d'une plus grande équité dans la répartitions des pouvoirs et des ressources dans l'île. 

L'accord de Nouméa, signé dix ans plus tard, en 1998, a transféré un nombre croissant de responsabilités gouvernementales de la France à la Nouvelle-Calédonie sur une période de 20 ans et a prévu trois référendums sur l'indépendance. Lors du premier, qui s'est tenu en 2018, les électeurs ont rejeté l'indépendance par 57 contre 43 % ; lors du deuxième, qui s'est tenu en 2020, les électeurs ont rejeté l'indépendance par 53 contre 47 %. Lors du troisième référendum, qui s'est tenu en décembre 2021, les électeurs ont rejeté l'indépendance par 96 % contre 4 % ; cependant, le boycott des principaux groupes kanaks a suscité des contestations quant à la légitimité du vote.

En février 2021, les partis indépendantistes ont obtenu pour la première fois une majorité au sein du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

L'histoire coloniale jusqu'en 1900.
En 1843, le Bucéphale y amena des missionnaires français, et hissa le drapeau français sur l'île. Le commandant, La Ferrière, dut être désavoué par son gouvernement, par suite des réclamations de l'Angleterre. La Seine fut expédiée pour faire retirer le pavillon français. Dans cette mission ce bâtiment se perdit sur les récifs de Pouébo (4 juilet 1846), l'équipage revint en France sur un navire anglais, comme pour combler la mesure. En 1851, la corvette française l'Alcmène, commandée par le comte d'Harcourt, étant au mouillage de Balade, une de ses embarcations fut attaquée par les Canaques, et ses officiers et matelots furent tués et dévorés; seul, un jeune novice de la marine échappa au massacre. Ce fait détermina la prise de possession de l'île, qui, d'ailleurs, semblait convenir, aux yeux des moralistes de l'époque, pour l'internement des condamnés. Ce fut encore à Balade qu'elle eut lieu, par l'amiral Febvrier Despointes le 24 septembre 1853. A ce moment, un commodore anglais, Taylor, commandant d'une mission scientifique sur l'Herald, négociait à l'autre extrémité, avec le chef Vandégou de l'île des Pins, le protectorat de cette île. Sur ces entrefaites, arrive, avec sa corvette le Phoque, l'amiral français, prévenu par le P. Montrouzier à Balade. Il agit sur Vandégou, mis dans les intérêts de la France par les missionnaires français; et ce fut le pavillon tricolore qui définitivement fut arboré sur ce point. Le drapeau anglais, qui avait été déjà hissé par un des compagnons de Taylor, un des savants, nommé Clarke, fut amené. Le malheureux commodore, sensible aux reproches de son état-major, à cause de sa faiblesse, se brûla la cervelle à l'arrivée de l'Herald à Sydney.

Au mois de janvier 1854, le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, commandant la Constantine, découvrait l'excellente rade de Nouméa et choisissait ce port naturel, le plus rapproché de Sydney, pour y établir le chef-lieu ou capitale de la colonie : la ville reçut le nom de Port-de-France, qu'elle ne garda pas. De 1853 à 1860, la Nouvelle-Calédonie fut placée sous les ordres du gouverneur des établissements français de l'Océanie et dirigée pendant ses absences, par un commandant particulier. Un décret du 14 juillet 1860 l'érigea en colonie distincte, sous l'autorité d'un commandant, à dater du 1er juillet. Ce titre fut changé peu après en celui de gouverneur. Le capitaine de vaisseau Guillain fut le premier gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et dépendances, ayant été nommé par décret du 14 décembre 1861. Il dut pourvoir à l'organisation, entreprendre des travaux, réprimer des soulèvements des Canaques, un entre autres, en 1868. Ce fut en 1864, en mai, que le premier convoi de condamnés, au nombre de 250 arriva et forma le noyau du pénitencier de l'île Nou. Par la suite, le nombre des condamnés expatriés a progressé rapidement, il était; à la fin de 1884, de 14 358 individus; en 1875, il y en avait déjà 6 647, sans compter 3937 déportés. La déportation remontait à l'année 1871 (Commune) et a pris naissance dans des circonstances exceptionnelles. Environ 4000 de ces condamnés politiques furent placés, les uns à la presqu'île Ducos, enceinte fortifiée, les autres à l'île des Pins, déportation simple (4 octobre 1872). Leur concours pour la colonisation promettait de bons résultats; nulle évasion, quoique facile, ne se produisit avant celle de Rochefort; bientôt la perspective d'une amnistie prochaine annula tout service de leur part pour le développement de la colonie jusqu'à la fin de leur séjour, en 1880.

En 1878, le 25 juin, une insurrection plus sérieuse que les précédentes éclata, déterminée par les préjudices causés, dans leurs propriétés et dans leurs idées religieuses, aux Canaques, malentendus qu'on aurait pu éviter. Ceux-ci, étant divisés, ils furent rapidement réprimés par les troupes, sous le haut commandement du gouverneur Olry. Cette insurrection n'en eut pas moins une répercussion fâcheuse sur la colonisation en montrant son insécurité.

Après le départ des déportés, des condamnés et libérés, bientôt au nombre de 750, vinrent prendre leur place, qu'ils cédèrent à leur tour à la fin de 1886, car cette malheureuse petite île annexe reçut, le 28 janvier 1887, les 300 premiers relégués collectifs, un nouvel élément pénal, les récidivistes ou les incorrigibles, relégués loin de France, moins criminels que déshérités et misérables, privés de toute énergie, «-parasites sociaux », selon les termes de l'époque, et qui s'avérèrent constituer  une cause d'encombrement et une gêne plutôt qu'une aide pour la colonisation, qui allait prendre un nouveau tournant après la dissolution complète de la colonie pénitentiaire en 1897, mais aussi accentuer les tensions et les conflits entre les anciens habitants de l'île et les nouveaux.

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