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Les
Lapons, dont le nom actuel ne paraît qu'au XIIIe
siècle, ont été souvent dans la période antérieure confondus avec
les Finnois, dont ils parlent une langue
proche ( les langues
ouralo-altaïques) dont on leur appliquait le nom. Ils semblent avoir
appris la métallurgie et leurs usages agricole des Scandinaves, mais dès
une antiquité reculée. Ils ignoraient les mesures de poids et ne comptaient
que jusqu'à dix. Nomades ou à demi sédentaires, les Lapons habitaient
de petites tentes composées d'une toile posée sur des perches, ou des
maisons en bois et en écorces. Sur le littoral ils se livraient à la
pêche; à l'intérieur ils chassaient ou élèvent le renne, qui leur
fournissait son lait, sa chair et sa peau, et leur sert de bête de trait.
Ce mode de vie a partiellement subsisté jusqu'à l'époque contemporaine.
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Lapons
à la fin du XIXe
siècle.
Après les grandes
migrations scandinaves ou le temps de la grande peste noire
(XIVe siècle), ils s'avancèrent jusqu'Ã
61° de latitude Nord. Politiquement, ils furent bientôt subordonnés
à leurs voisins plus avancés. Au XIe
siècle, ceux de l'Ouest, étaient tributaires des Norvégiens,
ceux de l'Est de Novgorod. Leurs adversaires
Caréliens furent refoulés vers l'Ouest
par les Mongols et durent empiéter sur
les Lapons. En 1326, un traité entre la Russie
et la Norvège reconnut à celle-ci la suzeraineté de la Laponie jusqu'Ã
Voljo sur la mer Blanche et celle de la Russie sur la Carélie jusqu'au
Maas Elv et à Lyngen. Au XVIe siècle,
la Suède
s'étendit vers le Nord et en 1595, par le traité de Teusina, la Russie
lui reconnut la suzeraineté sur les Lapons qui habitent les bois entre
la Botnie occidentale et Varanger.
Les rois du Danemark
revendiquèrent vainement la Laponie orientale jusqu'à Kola, mais le traité
de Knaeroed (1613) leur garantit la province du Finmark. Les frontières
actuelles entre la Norvège et la Suède furent précisées en 1751; entre
la Suède et la Russie en 1809. La condition sociale des Lapons fut au
Moyen âge
une sorte de servage au profit des birkalian, aventuriers marchands scandinaves,
ou des moines du couvent russe de Solovetzkyi
et de quelques autres. Leur situation n'e s'est améliorée qu'à partir
du XIXe siècle, surtout dans les Etats
scandinaves. Les Lapons sont luthériens
ou chrétiens orthodoxes, mais ils ont conservé une foule de pratiques
animistes.
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Juha
Pentikaïnen, Mythologie
des Lapons, Imago, 2011. - Depuis longtemps,
les Lapons, ou, si l'on préfère les Sâmes, ont éveillé une vive curiosité
et, dès 1673, Schefferus en a décrit les croyances. Cette ethnie des
terres extrêmes la terra hyperborea incognito se trouve présente en Suède,
en Norvège, en Finlande et en Russie, et vit de pêche, d'agriculture,
ou d'élevage en suivant comme naguère les troupeaux de rennes, dans les
zones les plus septentrionales de ces pays nordiques.
Juha
Pentikaïnen étudie les coutumes, les rites, la mythologie, et la conception
du monde de ces populations marquées dans leur culture par des conditions
de vie très éprouvantes. Il prête une attention particulière à l'articulation
entre christianisme luthérien à l'ouest, orthodoxe à l'est et paganisme
subsistant par la transmission orale. Ainsi accorde-t-il une large place
à la transe, aux prédictions et à la voyance, à l'étude du chamanisme
et de la sorcellerie.
En
ethnologue et en historien des religions, Juha Pentikaïnen nous offre
une synthèse magistrale de ses enquêtes menées auprès de ces populations.
Cette réflexion sur la culture lapone qui s'inscrit dans un mouvement
international de réhabilitation des « peuples premiers » prend acte
de leur récent réveil identitaire.
Jean-François
Regnard, Voyage
en Laponie, 1681, Ginkgo , 2010.
Knud
Rasmussen, Laponie
voyage au pays des fils du soleil, Esprit ouvert , 2010. -
« Le Lapon ne peut pas être le vrai fils de la
Nature s'il ne peut verser ses larmes aussi sincèrement qu'il éclate
de rire. Sa force réside dans cet abandon extrême, dans cet état d'âme
qui prend immédiatement possession de son esprit. C'est cette souplesse
spirituelle qui est la source de son bonheur ; car seul celui qui est capable
de subir l'emprise tant de la douleur que de la joie, connaît la vraie
richesse de la vie. »
C'est
ainsi que nous est présenté le peuple lapon - ou sami - par Knud Rasmussen
(1879-1933) connu dans tout l'Arctique comme un des fondateurs de l'Eskimologie,
mais dont les voyages en Laponie sont passés inaperçus. Nous sortons
ici des descriptions samies habituelles teintées d'exotisme et nous avons
droit, on pourrait dire, aux réflexions d'un lointain cousin - Rasmussen
ayant du sang inuit - touchant divers sujets : sa découverte de la Laponie,
son passé, ses déboires.
Outre
ce carnet de voyage des plus vivants, nous avons un véritable condensé
de l'histoire samie, depuis les premiers témoignages de l'Antiquité,
en passant par ses mythes, par les exactions scandinaves du moyen Âge,
les déviations dues aux conversions religieuses dont certaines furent
sanglantes, pour aboutir aux interrogations sur la période moderne. C'est
tout un pan de l'histoire du peuple sami qui est proposé au profane, qui
vient s'imbriquer dans la trame du récit de voyage de Rasmussen à la
recherche d'un Sami. Swonni, haut en couleurs.
Par
ses descriptions vivantes et réalistes, nous sommes plongés dans le quotidien
de ce peuple errant. Le lecteur a l'impression de goûter cette viande
séchée dure comme la pierre, de suffoquer sous la fumée de l'âtre qui
envahit la kota. Ce livre porte l'empreinte d'une verve poétique rare
chez Rasmussen. Nul doute que ce fils de la banquise ne pouvait que succomber
aux charmes secrets de la terre des fils du soleil. (couv.). |
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