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Druides

Les Druides étaient les prêtres des Celtes. On fait dériver leur nom, soit du grec drus ou du celtique deru, qui tous deux signifient chêne, soit des mots celtiques De ( = Dieu) et rhouyd ( = parler), parce qu'ils étaient les interprètes des dieux.  On a voulu les diviser  en trois classes (le rattachement aux druides de la troisième, celle des bardes, semble cependant abusive) : 
1° les druides proprement dits ou prêtres, qui furent dans l'origine possesseurs du suprême pouvoir, mais qui le cédèrent dans la suite aux brenns ou chefs des guerriers; 

2° les eubages, devins et sacrificateurs

3° les bardes, qui composaient les hymnes divins et célébraient les exploits des héros.  Ils chantaient sur la harpe, accompagnaient les guerriers pendant qu'ils marchaient au combat, pour animer leur courage ou pour recueillir leurs hauts faits et les transmettre à la postérité. C'est en Irlande, en Écosse, en Bretagne, et dans la principauté de Galles que les chants des bardes se sont le plus longtemps conservés.

Les Druides pratiquaient, autant qu'on puisse le savoir, une religion naturaliste. Ils croyaient à l'immortalité de l'âme et à la métempsycose; ils reconnaissaient plusieurs dieux : Hésus, Teutatès, Belenus, Taranus, etc (La mythologie celtique). Ils n'avaient pas de temples; ils se réunissaient dans de sombres forêts. Dans les grandes calamités, les Druides immolaient des victimes humaines.
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Druide.
Druide gaulois sous un chêne.

En Gaule, l'assemblée générale des Druides se tenait entre Chartres et Dreux, dans un lieu qu'on croit être Lèves, près de Chartres; ils avaient une école célèbre à Dreux. Une autre école existait à Mona (Anglesey), au large du Pays de Galles.  Il y avait aussi des Druidesses, qui avaient leur principal sanctuaire dans l'île de Sena ou de Sein, sur la côte du Finistère; elles prédisaient l'avenir en consultant les entrailles des victimes.

Le druidisme était mêlé d'une foule de pratiques superstitieuses : il attachait de mystérieuses vertus à certaines plantes, telles que la sélage, la samole, la verveine, et surtout le gui, qu'on regardait comme la panacée universelle : à certains jours les Druides allaient cueillir en grande cérémonie le gui sacré sur un chêne antique (Aguilaneuf). Les Druides étaient en même temps médecins, astronomes, physiciens; ils n'avaient rien d'écrit; toute leur science était contenue dans des pièces de vers qu'ils apprenaient par coeur.

Les invasions des Romains, puis des Germains, et l'établissement du Christianisme mirent fin à la religion des Druides; elle disparut vers le VIIe siècle. Ses dernières pratiques furent condamnées par le concile de Nantes en 618.
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Une cérémonie druidique imaginée par Chateaubriand

[Un des héros des Martyrs, Eudore, raconta ici la scène à laquelle il a assisté].

« Caché parmi les rochers, j'attendis quelque temps sans voir rien paraître. Tout à coup mon oreille est frappée des sons que le vent m'apporte du milieu du lac. J'écoute, et je distingue les accents d'une voix humaine; en même temps je découvre un esquif suspendu au sommet d'une vague; il redescend, disparaît entre deux flots, puisse montre encore sur la cime d'une lame élevée; il approche du rivage. Une femme le conduisait : elle chantait en luttant contre la tempête, et semblait se jouer dans les vents : on eût dit qu'ils étaient sous sa puissance, tant elle paraissait les braver. Je la voyais jeter tour à tour en sacrifice, dans le lac, des pièces de toile, des toisons de brebis, des pains de cire, et de petites meules d'or et d'argent.

Bientôt elle touche à la rive, s'élance à terre, attache sa nacelle au tronc d'un saule, et s'enfonce dans le bois en s'appuyant sur la rame de peuplier qu'elle tenait à la main. Elle passa tout près de moi sans me voir. Sa taille était haute; une tunique noire, courte et sans manches, servait à peine de voile à sa nudité. Elle portait une faucille d'or suspendue à une ceinture d'airain, et elle était couronnée d'une branche de chêne. La blancheur de ses bras et de son teint, ses yeux bleus. ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds, qui flottaient épars, annonçaient la fille des Gaulois, et contrastaient, par leur douceur, avec sa démarche fière et sauvage. Elle chantait d'une voix mélodieuse des paroles terribles, et son sein découvert s'abaissait et s'élevait comme l'écume des flots.

Je la suivis à quelque distance. Elle traversa d'abord une châtaigneraie dont les arbres, vieux comme le temps, étaient presque tous desséchés par la cime. Nous marchâmes ensuite plus d'une heure sur une lande couverte de mousse et de fougère. Au bout de cette lande nous trouvâmes un bois, et au milieu de ce bois une autre bruyère de plusieurs milles de tour. Jamais le sol n'en avait été défriché, et l'on y avait semé des pierres, pour qu'il restât inaccessible à la faux et à la charrue. A l'extrémité de cette arène s'élevait une de ces roches isolées que les Gaulois appellent dolmens, et qui marquent le tombeau de quelque guerrier. Un jour le laboureur, au milieu de ses sillons. contemplera ces informes pyramides : effrayé de la grandeur du monument, il attribuera peut-être à des puissances invisibles et funestes ce qui lie sera que le témoignage de la force et de la rudesse de ses aïeux.

La nuit était descendue. La jeune fille s'arrêta non loin de la pierre. frappa trois fois des mains en prononçant à haute voix ces mots mystérieux :

- Au gui l'an neuf!

A l'instant, je vis briller dans la profondeur du bois mille lumières : chaque chêne enfanta pour ainsi dire un Gaulois : les barbares sortirent en foule de leur retraite : les uns étaient complètement armés : les autres portaient une branche de chêne dans la main droite et un flambeau dans la gauche. A la faveur de mon déguisement, je me mêle à leur troupe; au premier désordre de l'assemblée succèdent bientôt l'ordre et le recueillement, et l'on commence une procession solennelle.

Des eubages marchaient à la tête, conduisant deux taureaux blancs qui devaient servir de victimes; les bardes suivaient en chantant sur une espèce de guitare les louanges de Teutatès : après eux venaient les disciples; ils étaient accompagnés d'un héraut d'armes vêtu de blanc, couvert d'un chapeau surmonté de deux ailes et tenant à la main une branche de verveine entourée de deux serpents. Trois sénanis [philosophes gaulois qui succédèrent aux druides], a représentant trois druides, s'avançaient à la suite du héraut d'armes : l'un portait un pain, l'autre un vase plein d'eau, le troisième une main d'ivoire. Enfin, la druidesse (je reconnus alors sa profession) venait la dernière. Elle tenait la place de l'archidruide, dont elle était descendue.

On s'avança vers le chêne de trente ans ou l'on avait découvert le gui sacré. On dressa au pied de l'arbre un autel de gazon. Les sénanis y brûlèrent un peu de pain et y répandirent quelques gouttes d'un vin pur. Ensuite un eubage vêtu de blanc monta sur le chêne et coupa le gui avec la faucille d'or de la druidesse : une saie blanche étendue sous l'arbre reçut la plante bénite; les autres eubages frappèrent les victimes; et le gui, divisé en égales parties, fut distribué à l'assemblée.

Cette cérémonie achevée, on retourna à la pierre du tombeau; on planta une épée nue, pour indiquer le centre du malins on du conseil : an pied du dolmen étaient appuyées deux autres pierres, qui en soutenaient une troisième couchée horizontalement. La druidesse monte à cette tribune. Les Gaulois debout et armés l'environnent, tandis que les sénanis et les eubages élèvent des flambeaux : les coeurs étaient secrètement attendris par cette scène, qui leur rappelait l'ancienne liberté. Quelques guerriers en cheveux blancs laissaient tomber de grosses larmes, qui roulaient sur leurs boucliers. Tous, penchés en avant et appuyés sur leurs lances, ils semblaient déjà prêter l'oreille aux paroles de la druidesse. »
 

(Chateaubriand, Les Martyrs).
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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