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Sofala,
aujourd'hui en ruines, est une localité du Mozambique,
qui fut l'un des ports les plus prospères et stratégiques de la côte
sud-est de l'Afrique. Elle était bâtie, à l'entrée, côté Nord, de
l'estuaire du fleuve Buzi, près de l'actuelle Beira, une ville portuaire
majeure du pays. Son emplacement stratégique en faisait une porte d'entrée
pour le commerce entre l'intérieur de l'Afrique australe et les réseaux
maritimes de l'océan Indien. Elle servait de débouché pour les richesses
de l'empire du Zimbabwe, notamment l'or.
La
province de Sofala est bordée par l'océan Indien et est traversée par
plusieurs autres rivières, outre le fleuve Buzi. Cette région est caractérisée
par une zone de mangroves côtières, des plaines alluviales, et un climat
tropical marqué par une saison des pluies.
Histoire
de Sofala.
On a proposé d'identifier
Sofala à l'antique Ophir,
d'où les navigateurs phéniciens rapportaient à Salomon
l'or de la reine de Saba.
Cependant, Sofala n'apparaît dans les chroniques
arabes qu'à partir du Xe siècle.
Elle est décrite comme un port riche et dynamique. Fondée par des commerçants
swahilis et arabes, qui s'y établirent
vers 1120, la ville faisait partie du réseau de la civilisation swahilie,
qui s'étendait le long de la côte orientale de l'Afrique, entre Mogadiscio
au nord et Kilwa Kisiwani au sud. Sofala servait
de port principal pour le commerce de l'or provenant de l'intérieur, notamment
des régions correspondant à l'actuel Zimbabwe,
dominé par le Grand Zimbabwe. L'or était transporté par voie terrestre
depuis les mines jusqu'au port, où il était échangé contre des biens
de luxe, notamment des étoffes, des perles, des céramiques, et des épices
provenant de l'océan Indien, du Moyen-Orient, et de l'Inde.
La ville était également un centre pour le commerce de l'ivoire, des
peaux d'animaux, et du fer. Sofala était sous l'influence politique et
économique de Kilwa Kisiwani, une autre ville swahilie située plus au
nord. Kilwa avait le contrôle du commerce maritime de la région et utilisait
Sofala comme débouché pour l'or. Les relations entre les deux villes
étaient renforcées par des alliances dynastiques et des intérêts commerciaux.
À son apogée (XIVe siècle), Sofala était
un des ports les plus importants de l'Afrique australe et était impliquée
dans le réseau d'échanges transocéaniques reliant l'Afrique à l'Asie.
En 1489, Covilham
visita cette ville. Vasco de Gama y toucha en 1502.
En 1505, les Portugais, dirigés par Pêro de Anaia, s'emparent de Sofala,
marquant le début de la colonisation européenne dans la région.
Ils construisent le Fort São Caetano, une fortification qui symbolise
leur domination. Les Portugais souhaitent monopoliser le commerce de l'or,
alors contrôlé par les Swahilis et les marchands arabes. Ils tentent
également de couper les relations commerciales entre Sofala et Kilwa.
Sofala devient un poste avancé dans la stratégie des Portugais pour contrôler
les routes maritimes de l'océan Indien. La domination portugaise rencontre
une résistance de la part des populations locales et des marchands swahilis,
qui voient leur commerce perturbé. Cependant, les Portugais imposent leur
pouvoir en utilisant leur supériorité militaire et navale.
Bien que les Portugais
aient réussi à prendre le contrôle de Sofala, le port perd rapidement
de son importance en raison, d'une part, de l'ensablement progressif
du port, qui rend les grandes embarcations moins accessibles, et, d'autre
part, de la redirection du commerce par d'autres routes contrôlées par
les Portugais. Avec le déclin de l'empire du Grand Zimbabwe, les routes
commerciales reliant Sofala à l'intérieur des terres sont perturbées
et d'autres ports portugais, comme celui de l'île de Mozambique, prennent
de l'importance. Sofala est progressivement marginalisée à la fois économiquement
et politiquement. À la fin du XVIIe siècle,
Sofala n'est plus qu'une ville secondaire. Elle est abandonnée en tant
que port majeur, bien que certaines activités commerciales locales persistent. |
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