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La
Salpêtrière (auj. Hôpital et Faculté de la
Pitié-Salpêtrière), à Paris (XIIIe
arrondissement). La Salpêtrière fut d'abord une dépendance
de l'Hôpital général. L'Hôpital général
avait été, on le sait, créé par Louis
XIV, pour enfermer une nuée de mendiants et d'aigrefins qui
sillonnaient les rues de la capitale et constituaient pour les Parisiens
un danger permanent. En même temps qu'était promulgué
l'édit royal du 27 août 1656, portant établissement
de l'Hôpital général pour le renfermement des pauvres
mendiants de la ville et des faubourgs de Paris, des lettres patentes faisaient
don au nouvel établissement des bâtiments du Petit Arsenal
(autrement dit la Salpêtrière), déjà affectés
depuis 1653 à cette destination.
A l'origine, la Salpêtrière
recueillait des pauvres femmes. Le bâtiment dit de la Vierge, qui
servira par la suite d'asile aux reposantes, est un vestige des
premières constructions. Sous le cardinal Mazarin,
la Salpêtrière consistait en une sorte de grange, où
se faisait le salpêtre, et une fonderie d'où dépendaient
divers magasins. Quand on appropria ces locaux, à la suite des ordonnances
royales, on avait l'intention d'y recevoir plus de 600 femmes et près
de 200 enfants, depuis deux ans jusqu'à sept. On devait également
construire un grand bâtiment neuf pour loger des mendiants mariés.
On édifia seulement la façade septentrionale de, l'établissement,
qui prit le nom de bâtiment Mazarin, et la façade méridionale,
qui s'appela pavillon Sainte-Claire. Un des pavillons du bâtiment
Mazarin fut baptisé pavillon Bellièvre, en mémoire
du premier président Pomponne de Bellièvre, qui avait pris
une part active à la création de l'hôpital général.
En 1669, Louis
XIV prescrivit de remplacer la chapelle de l'établissement,
consacrée à saint Denis, par une église de plus vastes
proportions. L'édifice nouveau, construit sur les plans de l'architecte
Levant, fut placé sous le vocable de saint Louis. Le bâtiment
consiste en un dôme octogone, percé par huit arcades qui aboutissent
à quatre nefs, rayonnant autour du dôme central. Le portique
ou vestibule est décoré de colonnes ioniques, avec une attique
au-dessus. A la droite de l'église, se trouve le bâtiment
Mazarin; à sa gauche, le bâtiment Lassay, du nom de la marquise
de Lassay, qui fit les frais de construction. La prison
de la Force, où l'on détenait les filles de mauvaise
vie, fut établie au centre de l'hôpital vers 1684. Mlle
Clairon, l'artiste en vogue, faillit y être conduite. Plusieurs
personnages de distinction y furent enfermés.
Les infirmeries,
dont le pavillon central fut orienté sur la même ligne que
le dôme de l'église, et la porte
d'entrée de l'hospice ne remontent qu'à 1780. Leur construction
dura sept années. Ce n'est donc que vers la fin du XVIIIe
siècle que la Salpêtrière devint, en même temps
qu'un asile hospitalier de femmes, une maison de force.
Le conseil général
des hospices fit supprimer, vers 1807, les chaînes, les carcans,
les fers aux pieds et aux mains, qui étaient encore en usage pour
le traitement des fous et des folles. Les locaux malsains furent détruits,
de même que les cachots obscurs et les basses loges, qui se trouvaient
en contre-bas de plus de 15 pieds par rapport aux loges neuves. En abattant
force planchers et cloisons intermédiaires, on put construire des
dortoirs vastes et bien aérés.
En 1815, le grand
bâtiment habité par les épileptiques fut complètement
restauré, et pour effacer jusqu'au souvenir du passé, l'hospice
prit, en 1823, le nom, qu'il a conservé depuis, d'Hospice de la
Vieillesse-Femmes. Parmi les modifications apportées depuis cette
époque, signalons : un atelier de travail (pour procurer de l'ouvrage
aux aliénées, aux épileptiques et aux indigentes)
définitivement constitué en 1835. La même année,
on commençait la construction de quatre pavillons carrés,
divisés en seize petites cellules, pour les malades agitées
ou relevant de l'action de la justice. En 1836, les bâtiments de
cette nouvelle section, dite section Rambuteau, étaient complétés
par la construction de quatorze cellules, faites en forme de chalets suisses,
et espacées dans un vaste terrain, de manière à donner,
par l'isolement complet, de nouveaux moyens d'action dans le traitement
de la maladie. En 1848, les jeunes filles idiotes, confondues jusqu'à
cette époque avec les adultes, et reléguées dans des
dortoirs où tout exercice leur était interdit, furent placées
dans un quartier séparé.
Une école
municipale d'infirmières a été annexée à
l'établissement en 1878. Il existait, dans le quartier des aliénés,
une autre école, dans laquelle les enfants arriérés
recevaient une éducation spéciale. Cette école d'enfants
arriérés comprenait un asile pour les enfants du premier
âge, et un ouvroir, où l'on apprenait aux petites malades
la couture et la fabrication des fleurs artificielles.
Un service de bains
et d'hydrothérapie a été édifié en 1883.
Le public y était admis, soit en payant, soit sur la présentation
d'une carte d'indigent. La Salpétrière, tour à tour
dépôt de mendicité et maison de correction, n'était
plus, au début du XXe siècle
qu'un vaste refuge pour les vieilles femmes indigentes, et un hôpital
pour les affections nerveuses. Cette denière fonction prit fin en
1921, et l'Hospice ferma en 1968. Quatre ans plus tôt, l'établissement
avait fusionné avec l'Hôpital de la Pitié et s'était
transformé en l'hôpital généraliste classique
qu'il est aujourd'hui encore, et qui est aussi doté, depuis 1966,
d'une faculté de médecine. |
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