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Rue Saint-Séverin, à Paris (Ve' arrondissement). - Cette rue, qui relie la rue Saint-Jacques et la rue du Petit-Pont au boulevard Saint-Michel, est une des plus anciennes de Paris. Elle fut élargie en 1678. 

Le carrefour Saint-Séverin était autrefois un centre de tavernes et de rousseries, où les escholiers, clercs de la basoche du quartier de l'Université y venaient ribauder avec les voleurs et les filles après « les longues beuveries et franches repues ». 

«  Le quartier Saint-Séverin, dit Huysmans, fut dès son origine ce qu'il est encore maintenant : un quartier miséreux et mal famé, aussi regorgeait-il de clapiers et de bouges; son aspect était  sinistre à la fois et hilare; il y avait à côté d'auberges de plaisantes mines et d'odorantes rôtisseries pour les étudiants, des repaires pour les bandits, des coupe-gorge accroupis dans la fange des trous punais. Il y avait aussi çà et là, quelques anciens hôtels appartenant à des familles seigneuriales et qui devaient s'écarter avec morgue de ces tavernes en fête, lesquelles regardaient certainement à leur tour du haut de leurs joyeux pignons le sanhédrin des bicoques usées, des ignobles cambuses où gîtaient les, voleurs et les loqueteux. Mais que ces bâtisses fussent jeunes ou vieilles, riches ou pauvres, elles étaient lancées quand même dans le tourbillon cocasse des rues, qui les conduisaient au galop de leurs pentes, les jetaient dans des pattes d'oie, dans des tranchées, dans des places plantées de piloris et de calvaires; et là, d'autres maisons s'avançaient à leur rencontre, leur faisaient la révérence les pieds dans un tas de boue. Puis le cercle de la place se rompait, et les rues repartaient, se faufilaient en de maigres sentes, finissaient par se perdre dans des allées en sueur, dans les tunnels obscurs des grands porches. Au milieu de ce sabbat de chemins égarés et de cahutes ivres, la foule grouillait, harcelée par les cloches qui la conviaient aux offices, arrêtée par des moines qui quêtaient au nom de : « Jésus notre Sire », amusée par les cris des marchands qui se croisaient: par les chandeliers qui, bramaient à tue-tête: « Chandouille de coton, Chandouille » ! par l'herbier qui annonçait ses anis « fleurant comme beaume », par l'oublioir cher aux enfants, le fabricant de gâteaux secs et de ressoles, qui lançaient ce refrain singulier, tout à la fois surpris et peureux: « Dieu ! qui appelle l'oubloier? » - Il y avait dans chaque rue comme une foire à demeure... »
La partie située à l'Ouest de la rue de la Harpe, et qui se prolonge, au-delà du boulevard Saint-Michel sous le nom de rue Fracisque-Gay jusqu'à la place Saint-André-des-Arts, remplace l'ancienne rue Macon qui existait déjà au XIIe siècle. Cette rue Macon devait son nom à l'abreuvoir Macon où avaient coutume de se réunir les filles du quartier au Moyen âge. La rue doit son nom à l'église Saint-Séverin. L'abbé Prévost habita la rue Saint-Séverin.

Au n°36 était l'auberge de l'Étoile qui existait au commencement du règne de Louis XIV. Au n°26,ancienne inscription, du nom de la rue, ainsi qu'au 24. Le mot « saint » a été gratté pendant la Révolution (même chose au n°4).

Le n°3 porta l'enseigne de la Galoche, puis de l'lle d'Amour. Appartint au président Lefeuve de La Falluère, au comte de Mauron et à Pierre de Sable (1721). Au 13, était le Cygne de la Croix, jeu de mots fort en usage à cette époque et mis pour « signe de la Croix », comme encore au Lion d'or pour « au lit on dort». - On trouve sur les anciens plans du quartier Saint-Séverin  : la Maison du Dieu des amours, de l'Imaige, de Sainte Katherine, de l'Ecu de Bretagne, du Heaulme, des Trois pucelles, de la Fleur de liz (lis).

Au n° 2, se trouvait la maison du théologien Fromageau, confesseur des condamnés à mort au XVIe siècle. Au chevet de Saint-Séverin se trouvait une antique fontaine et à côté était une sorte de cabanon où on enfermait les filles qui étaient uniquement nourries par la charité du passant.

Au n°1, Impasse Salembière, qui s'appelait en 1225 : Vicus Salientis in Bonum, dont on a fait Saille en bien, puis puis cul-de-sac Salembrière, comme nous le dit une vieille inscription. Cette curieuse impasse était déjà fermée par une grille au XIIIe siècle.

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Dictionnaire Villes et monuments
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