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Les langues
berbères sont des langues afrasiennes,
classées, à l'égal du copte et de l'ancien
Ă©gyptien, parmi les langues chamitiques. Elles sont le lien commun
des nombreux Berbères répandus dans l'Afrique
septentrionale : on la parle depuis les frontières de l'Égypte jusqu'Ă
l'Atlantique, et depuis les vallées septentrionales de la chaîne de l'Atlas
jusqu'aux limites méridionales du Sahara; elle fut employée dans la ville
de Marrakech
jusqu'au XVIe' siècle, et on la retrouve
encore de nos jours dans l'île de Djerba,
sur la Méditerranée. Elle comprend de nombreux dialectes, celui des Berbères
ou Kabyles dans l'Algérie, le tamazig des Touareg, le chowiah de l'Aurès,
le chillah ou schellouh du Maroc, etc. Mais ils ont, pour une multitude
de mots, une identité remarquable.
De Chénier (Recherches sur les Mores,
Paris, 1788, 3 vol. in-8°), Marsden et Langlès
ont cru retrouver dans le berbère l'ancienne langue carthaginoise ou punique;
mais E. Quatrernère (Journal des Savants, juillet 1838), appuyé
d'ailleurs du témoignage positif de Salluste, a renversé cette opinion.
Heeren regarde avec plus de raison le berbère comme la langue des peuples
qui habitaient le Nord de l'Afrique avant l'arrivée des colonies phéniciennes,
c.-à -d. des Numides, des Maurétaniens et des diverses tribus de la Libye;
langue refoulée vers l'intérieur du pays par les invasions successives
des Carthaginois, des Romains, des Vandales,
des Byzantins et des Arabes, et qui, malgré les altérations que ces conquêtes
lui ont fait subir, a conservé ses caractères propres et son originalité.
Le berbère fut presque toujours inconnu aux conquérants de l'Afrique
:
La langue
des Berbères, dit Ibn-Khaldoun, est une espèce de jargon barbare qui
leur a valu leur nom, berberal, signifiant en arabe un mélange
de sons confus et inintelligibles.
Sous le rapport de la grammaire, le berbère
offre d'assez nombreuses ressemblances avec les langues sémitiques. Pour
l'étymologie, il n'y en a aucune, à part les emprunts, du reste très
reconnaissables, qui ont été faits à l'arabe, et qui servent à exprimer
surtout les idées concernant la religion. Certains substantifs ont conservé
comme partie inhérente l'article arabe al. On a signalé encore certaines
analogies de grammaire entre le berbère et l'éthiopien, surtout dans
les pronoms; mais là aussi les ressemblances de vocabulaire sont très
rares. Hodgson, (Grammatical sketch and specimens of the berber language,
Philadelphie, 1840) a trouvé un rapport entre le berbère et le copte
dans l'emploi du préfixe t dans les noms féminins comme article défini.
Les verbes primitifs se classent, comme
en arabe, d'après le nombre et la nature de leurs lettres radicales. De
ces primitifs on forme, au moyen de préfixes, les voix causative, réciproque,
fréquentative, et même passive, bien que celle-ci s'exprime quelquefois
par la voix active. Comme dans la langue basque, le verbe berbère peut
s'incorporer Ă la fois, Ă l'aide de deux affixes
personnels, son complément direct et son complément indirect. Venture
a méconnu le participe dans la langue berbère, tandis que, selon Newman,
il y joue un rĂ´le important. L'un signale et l'autre nie l'absence de
toute conjonction.
La prononciation du berbère est dure,
surtout chez les habitants des montagnes. Les articulation gutturales et
sifflantes y abondent.
Quant Ă l'Ă©criture, on se sert aujourd'hui
de caractères arabes, auxquels on ajoute trois lettres. Mais, dès l'antiquité,
Valère-Maxime signalait l'existence d'un alphabet particulier aux Numides,
et cet alphabet berbère est maintenant retrouvé. Une inscription bilingue,
découverte par le Français Thomas Darces, en 1631, à Thougga (Tunis),
copiée par le comte Camille Borgia en 1815 et par sir Grenville Temple
en 1833, a été déchiffrée par Saulcy dans le Journal asiatique (février
1843); elle contient 7 lignes d'écriture phénicienne et 7 lignes d'écriture
berbère. En 1822, un Anglais, Walter Oudney, signala, dans le pays des
Touareg, des rochers couverts d'inscriptions, et l'alphabet de 28 lettres
qui en a été tiré depuis offre une frappante analogie avec la partie
libyque de l'inscription de Thougga (V. la Revue archéologique,
novembre 1845). D'autres inscriptions bilingues, trouvées aux environs
de Guelma, ont été envoyées au Louvre. Le gouvernement français a fait
publier, en 1844, un Dictionnaire français-berbère. Depuis, Jomard, dans
des Remarques sur l'écriture libyque, communiquées à l'Institut, constata
que 14 caractères environ de l'alphabet des Touareg offrent des rapports
remarquables avec les lettres hébraïques. Le capitaine Hanoteau, attaché
au bureau politique des affaires arabes Ă Alger, est auteur d'un Essai
de grammaire de la langue kabyle. (B.). |
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