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La langue tibétaine
Le tibétain est une langue du groupe tibéto-birman, au sein de la famille des langues sino-tibétaines. Envisagé au point de vue étymologique, le tibétain présente beaucoup de racines communes avec le chinois, les langues de l'Indochine, mais aussi et les langues indiennes. C'est avec le chinois qu'elle a le plus d'analogie pour les formes grammaticales et la construction, ce qui justifie son classement. 

II n'a que deux nombres; le pluriel se forme en ajoutant une particule au singulier. Les genres existent seulement pour les noms d'objets animés, et ils s'expriment aussi par l'addition d'une particule. La déclinaison, où l'on distingue 8 cas, s'opère, sans aucune irrégularité, au moyen de suffixes. La distinction des personnes dans le verbe est indiquée, non par une désinence, mais par la présence du pronom personnel. Il y a quelques verbes auxiliaires, qui servent à l'actif et au passif, et dont les deux le plus fréquemment employés ont le sens de faire et de devenir. Les rapports des noms sont exprimés par des postpositions, au lieu de prépositions. 

Pour s'adresser à un supérieur, on remplace une foule d'expressions usuelles par des circonlocutions révérencieuses, ou par d'autres mots détournés à cet effet de leur signification naturelle : la littérature tibétaine ne connait pas la quantité prosodique; ses vers ne sont mesurés que par le nombre des syllabes, et on y trouve accidentellement la rime. Cette langue offre encore cet intérêt qu'elle emploie d'une façon courante certaines racines secondaires pour indiquer les relations; il en fait pour ainsi dire de véritables enclitiques; c'est une forme du monosyllabisme très rapprochée de l'agglutination. On y trouve beaucoup de sifflantes et de consonnes aspirées. 

L'écriture ne paraît leur être connue que depuis le VIIe, siècle de notre ère. L'alphabet tibétain est syllabique et a été formé d'après le dêvanâgari, mais il lui ressemble moins par la forme des lettres que par l'ordre dans lequel elles sont disposées. II se trace de gauche à droite, et se compose de 30 caractères représentant des articulations simples, de 4 signes pour les voyelles, et de 2 signes de permutation. Les mots écrits offrent cette particularité curieuse que certaines consonnes ne s'y prononcent pas dans des groupes et que plusieurs signes ont une prononciation variable ou du moins différente de la prononciation normale; cela indique évidemment qu'une évolution phonétique assez importante s'est accomplie depuis une quinzaine de siècles, depuis l'arrivée au Tibet des missionnaires boudhistes hindous. De plus, en groupant plusieurs consonnes, on a formé une nouvelle série de 209 caractères. Certaines abréviations semblent correspondre à des contractions faites dans la prononciation. Outre la forme de leur alphabet dit doudjan ou douchan, les Tibétains en ont une seconde, plus cursive, qu'ils nomment dou-min ou dvumed; une troisième, plus carrée, dite bamyik; et une quatrième, à traits moitié arrondis et moitié anguleux, nommée brutsha.

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