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Histoire du Soudan
depuis 1956
[Géographie du Soudan]
Longtemps appelĂ© Nubie, le Soudan actuel correspond en partie Ă  ce qui Ă©tait vers 2500-1500 avant J.-C le royaume de Kerma, qui a Ă©tĂ© par la suite absorbĂ© par l'Egypte (Le Nouvel Empire). 

Au XIe siècle av. JC, le royaume de Kush a obtenu son indĂ©pendance de l'Egypte; il a durĂ© sous diverses formes jusqu'au milieu du IVe siècle de notre ère. Après la chute de Kush, les Nubiens ont formĂ© trois royaumes chrĂ©tiens : Nobatia, Makuria et Alodia. Les deux derniers ont durĂ© jusqu'en 1500 environ. 

Entre les XIVe et XVe siècles, une grande partie du Soudan a Ă©tĂ© colonisĂ©e par des nomades arabes, et entre les XVIe et XIXe siècles, il a subi une islamisation poussĂ©e. 

Suite à l'occupation égyptienne au début du XIXe siècle, les Britanniques ont établi un Soudan anglo-égyptien. (Il s'agissait théoriquement d'un condominium, mais dans les faits le Soudan anglo-égyptien était une colonie britannique).

Les régimes militaires favorisant les gouvernements à orientation islamique ont dominé la politique nationale depuis que le Soudan a obtenu son indépendance de la co-réglementation anglo-égyptienne en 1956.

L'indépendance du Soudan.
Le Soudan a accédé à l'indépendance le 1er janvier 1956. Le processus d'indépendance a été précédé d'une période de mobilisation politique et sociale, marquée par l'émergence de mouvements nationalistes soudanais. Parmi les leaders de cette période, on peut citer Ismaïl al-Azhari, qui a dirigé le Parti de l'union nationale soudanaise (PUNS). Al-Azhari a été ensuite le premier Premier ministre du Soudan indépendant. Les premières élections ont eu lieu en 1958, suivies d'un coup d'État militaire en 1958. Depuis lors, l'histoire politique du Soudan a été marquée par des périodes de gouvernance militaire et civile, de conflits armés internes, de guerres civiles et de tensions régionales.

La dictature de Jaafar Nimeiri.
Depuis 1969, quand le gĂ©nĂ©ral Jaafar Nimeiri ( Gaafar Nimeiry) prend le pouvoir lors d'un coup d'Étal, l'histoire du Soudan a Ă©tĂ© marquĂ©e par des conflits, des rĂ©gimes autoritaires, des guerres civiles et des coups d'État. 

Pendant son règne, qui a durĂ© deux dĂ©cennies, Nimeiri a tentĂ©, dans un premier temps, de moderniser le pays et de rĂ©duire l'influence des Ă©lites religieuses et tribales. 

En 1973, une nouvelle constitution établit un régime présidentiel et réduit les pouvoirs du parlement. Un système de gouvernement décentralisé est créé en 1975. Des réformes visant à moderniser l'agriculture et à stimuler la croissance économique sont lancées, ainsi que des projets de développement à grande échelle (construction de barrages hydroélectriques, expansion de l'irrigation). Des lois accroissant les droits des femmes sont même promulguées.

Cependant, le rĂ©gime  de Nimeiri est Ă©galement marquĂ© par des violations des droits humains (censure de la presse, torture et exĂ©cutions) et une rĂ©pression politique sĂ©vère. L'introduction, en 1983 de la charia (= loi islamique) dans l'ensemble du pays,  a rĂ©veillĂ© une rĂ©bellion dans le Sud qui aboutira Ă  l'indĂ©pendance en 2011 du Soudan du Sud (voir plus bas).

Nimeiri a été renversé en 1985 par un coup d'État militaire. Cela a ouvert la voie à une période de transition politique, qui a conduit à l'établissement d'un gouvernement civil en 1986, mais un nouveau coup de force, en 1989, va amener une nouvelle dictature.

La dictature d'Omar al-Bechir.
Le gĂ©nĂ©ral Omar Hassan Ahmad al-Bechir prend le pouvoir lors d'un coup d'État militaire en 1989. Sous sa conduite, le gouvernement militaire  suspend les partis politiques et poursuit l'islamisation du pays. Outre les grandes difficultĂ©s Ă©conomiques auxquelles le pays confrontĂ© pendant cette dicature, le rĂ©gime doit faire face Ă  plusieurs rĂ©bellions. 

Celle du Sud avait commencĂ©e sous Nimeiri et a abouti Ă  la sĂ©cession du Soudan du Sud en 2011. Mais Ă  cette date le Soudan continuait Ă  ĂŞtre confrontĂ© Ă  l'instabilitĂ© politique, Ă  une une Ă©conomie en difficultĂ© et Ă  d'autres conflits armĂ©s dans les rĂ©gions du Kordofan du Sud, Nil Bleu et surtout du Darfour, toujours active.  Ensemble, ces conflits ont dĂ©placĂ© plus de 3 millions de personnes; bien qu'un certain rapatriement ait eu lieu, environ 2,28 millions de personnes dĂ©placĂ©es restaient au Soudan en dĂ©cembre 2020. Pendant toute cette pĂ©riode, le Soudan fait Ă©galement face Ă  des afflux de rĂ©fugiĂ©s en provenance des pays voisins, principalement la RĂ©publique centrafricaine, le Tchad, l'ÉrythrĂ©e, l'Éthiopie et le Soudan du Sud. 

La sécession du Soudan du Sud.
La guerre d'indĂ©pendance du Soudan du Sud a commencĂ© en 1983, lorsque le gouvernement soudanais a imposĂ© la loi islamique dans tout le pays, y compris dans les rĂ©gions majoritairement chrĂ©tiennes et animistes du Sud. Une rĂ©bellion, animĂ©e par le Mouvement de libĂ©ration du peuple du Soudan (Mouvement populaire de libĂ©ration du Soudan (Sudan People's Liberation Movement, SPLM) de John Garang, a Ă©clatĂ© contre cette politique et pour rĂ©clamer l'autonomie pour le Sud-Soudan. Il s'en est suivi une guerre civile qui a fait centaines de milliers de morts et des millions de personnes dĂ©placĂ©es. Des pourparlers de paix sĂ©rieux ont eu lieu en 2002-2004, et un accord de paix global Nord/Sud (CPA), a Ă©tĂ© signĂ© en janvier 2005, accordant aux rebellesdu SPLM une autonomie de six ans, après quoi devait se tenir un rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance du Sud-Soudan.  Le rĂ©fĂ©rendum a eu lieu en janvier 2011 et a abouti Ă  une Ă©crasante majoritĂ© en faveur de l'indĂ©pendance. Celle-ci a Ă©tĂ©, effective  le 9 juillet 2011, mais le Soudan et le Soudan du Sud n'ont pas encore pleinement mis en oeuvre les accords de sĂ©curitĂ© et Ă©conomiques relatifs Ă  la normalisation des relations entre les deux pays.

La rébellion du Darfour.
Alors mĂŞme que des combats se dĂ©roulaient dans le Sud, un nouveau conflit armĂ© s'est dĂ©clenchĂ© en 2003 dans l'Ouest, au Darfour. La rĂ©gion Ă©tait instable de longue date. Un premier conflit y a avait dĂ©jĂ  eu lieu entre 1987 et 1989 du fait de tensions tensions ethniques Furs et Arabes, puis un autre, entre 1996 et 1998, qui avait oposĂ© les populations Masalits et les Arabes installĂ©s dans la rĂ©gion.. Cette fois, ce sont les rebelles, issus des communautĂ©s non-arabes du Darfour, et placĂ© sous la bannière de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Soudan (SLA) et du Mouvement pour la justice et l'Ă©galitĂ© (MJE), qui ont pris les armes contre le gouvernement central, lui reprochant la discrimination politique, Ă©conomique et culturelle dont les habitants de la rĂ©gion du Darfour se sentaient victimes. 

En réponse, le gouvernement soudanais a armé et soutenu des milices arabes locales, les Janjawids, pour lutter contre les rebelles. Ceux-ci ont été rapidement accusés de commettre de nombreuses atrocités, notamment des massacres, des viols, des pillages et des déplacements forcés de populations civiles. Les violences, au total, ont causée plus des dizaines de milliers de morts et le déplacement de plus d'un million de personnes.

La crise humanitaire ainsi crĂ©Ă©e a conduit Ă  l'intervention de la communautĂ© internationale. Le conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU a exigĂ© le dĂ©sarmement des Janjawids et, Ă  partir de 2007, une mission conjointe des troupes de maintien de la paix de l'ONU et de celles de l’Union africaine (MINUAD)  pour renforcer les effectifs des forces d'interposition dĂ©jĂ  sur place, afin d’assurer la protection des civils et de restaurer l’état de droit. Le rĂ´le d'Omar el-Bachir dans le conflit du Darfour, accusĂ© de crime de guerre, de crime contre l'humanitĂ© et gĂ©nocide,  conduit la CPI (Cour pĂ©nale internationale) Ă  lancer un mandat d'arrĂŞt  le 4 mars 2009 contre lui.

Mais rien n'y a fait, les violences ont continuĂ© malgrĂ© plusieurs tentatives de paix.  En 2020, le gouvernement soudanais a signĂ© un accord avec certains groupes rebelles du Darfour. D'autres groupes armĂ©s on cependant continuĂ© leurs actions. 

Une transition démocratique avortée.
Le règne de 30 ans du prĂ©sident al-Bechir s'est terminĂ© par un coup d'Etat militaire et sa destitution en avril 2019, après des mois de manifestations Ă  l'Ă©chelle nationale. La pression de la rue  a conduit ensuite la junte Ă  nĂ©gocier avec l'opposition, et, au mois d'aoĂ»t suivant, les militaires et les civils ont signĂ© un accord de partage du pouvoir. Aux termes de celui-ci,  a Ă©tĂ© crĂ©Ă© un Conseil souverain, composĂ© de membres civils et militaires, afin de superviser la transition vers un gouvernement civil dĂ©mocratique. Abdalla Hamdok a Ă©tĂ© nommĂ© Premier ministre pour diriger un gouvernement de transition.

Ce gouvernement a travaillĂ© Ă  mettre en place des rĂ©formes Ă©conomiques et Ă  amĂ©liorer les relations avec les pays voisins. En fĂ©vrier 2020, le Soudan a signĂ© un accord avec les États-Unis pour mettre fin Ă  des dĂ©cennies de sanctions Ă©conomiques et politiques amĂ©ricaines, et en novembre de cette mĂŞme annĂ©e, les États-Unis ont retirĂ© le Soudan de leur liste des États soutenant le terrorisme. 

En octobre 2021, l'armée a déposé Hamdok, avant de le réintégrer le mois suivant. Quelques semaines plus tard, un un organe exécutif civilo-militaire s'est de nouveau mis en place, déclarant son intention d'organiser des élections qui devaient installer un gouvernement purement civil dès le début de 2024.

A seulement quelques mois avant la date prĂ©vue pour ces Ă©lections, le 15 avril 2023, un conflit armĂ© Ă©clate entre l'armĂ©e au pouvoir, dirigĂ©e par Abdel Fattah al-Burhan.  dans le pays et des forces paramilitaires des FSR ( = Forces de soutien rapide), issue des milices janjawids et dirigĂ©es par un gĂ©nĂ©ral dissident, Mohamed Hamdan Dogolo (« Hemidti »). La capitale et plusieurs autres villes sont le siège de violents combats.

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