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Vallée de Barétous.
- Vallée des Pyrénées Atlantiques, placée entre la Soule et la vallée
d'Aspe ,
commence à la frontière d'Espagne et finit à Oloron-Sainte-Marie. Elle
est arrosée par le Vert, qui se jette dans le gave d'Oloron, à 4 kilomètres
en aval d'Oloron, et par le Lourdios, qui se jette dans la gave d'Aspe
an cap d'Aspe. C'est la première vallée béarnaise à l'Est du Pays
Basque : La vallée de Barétous est célèbre par son
excellente race bovine, qui paraît être l'ancienne race béarnaise, presque
entièrement détruite par la terrible épizootie de 1774, qui ravagea
la France entière. Le bétail de la vallée échappa seul au fléau.
Au XIIIe
siècle, la vallée est désignée dans les documents sous le nom de Baratos.
Au XVIIIe siècle, on disait Barétons
et le dictionnaire d'Expilly dit même Baraton; on est revenu Ã
la véritable forme béarnaise de Barétous. La vallée comprenait
les paroisses d'Ance, Aramits ,
Arette, Féas, Issor et Lanne. Elle était régie par un for, confirmé
vers 1220 par le vicomte de Béarn, Guilhem-Ramon de Moncade. Ce for constate
simplement que les habitants possèdent les mêmes privilèges et coutumes
que ceux de la vallée d'Aspe ,
et qu'ils doivent se joindre à ceux-ci en cas de guerre. Le for de Barétous,
qui ne nous est sans doute pas parvenu en entier, se borne à régler le
nombre des otages que chaque communauté doit fournir au vicomte, en cas
de plainte contre la vallée. Le vicomte était tenu de leur rendre justice
à Oloron. En 1385, la vallée ressortissait an bailliage d'Oloron; au
XVIIIe siècle, elle dépendait de la même
sénéchaussée, parlement de Pau ,
intendance d'Auch. Les communautés appartenaient
au roi, Ã l'exception du village d'Issor qui appartenait an seigneur de
La Teulade, baron de LÃ as.
Contrairement à l'usage établi en Béarn,.
les communautés de la vallée n'étaient pas au Moyen âge administrées
par des jurats. Il y avait des jurats de la vallée de Barétous, qui exerçaient,
au nom du vicomte et plus tard au nom du roi, la justice civile, criminelle
et politique sur tous les habitants des cinq villages. Cette cour, qui
siégeait à Aramits ,
chef-lieu de la vallée, se composait de douze jurats, savoir 4 pour Aramits,
5 pour Arette, 1 pour Lanne, 1 pour Féas, 4 pour Ance. Au criminel, ils
instruisaient seulement les procès et donnaient leur avis qu'ils envoyaient
au procureur général du parlement à Pau. Leurs fonctions duraient quatre
ans et ils étaient élus de deux ans en deux ans, par les jurats en exercice
et par les députés des diverses communautés; ils devaient prêter serment
en mains des autres jurats à leur entrée en charge.
L'administration des communes, police,
finances, etc., était confiée en sous-ordre à des magistrats municipaux
inférieurs, les députés et les gardes. A Aramits ,
il y avait 4 députés et 2 gardes; à Arette, 6 députés et 2 gardes;
à Lanne, 2 députés et 2 gardes; à Féas, 4 députés et 2 gardes ;
à Ance, 3 députés et 2 gardes, qui restaient un an en charge. La vallée
possédait un sceau à ses armes entre les mains des jurats. Les représentants
de la vallée de Barétous avaient voix délibérative aux Etats de Béarn
conjointement avec les députés d'Aspe
et d'Ossau qui tous ensemble avaient le cinquième rang des voix délibératives.
Les jurats de la vallée étaient tenus d'envoyer deux d'entre eux à chaque
convocation des États. La vallée de Barétous payait, au XVIIIe
siècle, cent écus de fief au roi pour les domaines, bois et montagnes
de la vallée qui lui avaient été concédés par les souverains Elle
contribuait aux impositions votées par les États du Béarn pour 148 feux.
Les habitants étaient exempts de payer péages, leudes, gabelles,
pontages, tablages, tributs et autres subsides dans le pays de Béarn :
ils n'étaient pas tenus de faire garde en aucune ville ou château
de la province, ni d'y porter du bois; enfin ils avaient le droit de chasse
dans l'étendue de la vallée. Mais ils devaient entretenir en commun les
ponts qui sont sur le grand chemin qui va de France en Espagne. Ils étaient
soumis en outre à un usage curieux vis-à -vis des habitants de la vallée
navarraise de Roncal.
Cette coutume locale fort ancienne, dite
junte de Roncal, a persisté jusqu'à nos jours. Chaque année,
le 13 juillet, les jurats (aujourd'hui les élus) des sept communautés
espagnoles de la vallée de Roncal et sept jurats de Barétous se rendent,
chacun de leur côté avec un notaire, à la frontière des Pyrénées,
au lieu nommé Arna; tous sont armés de piques. Les Espagnols proposent
aux Béarnais de renouveler la paix, ceux-ci y consentent et posent leurs
piques à terre parallèlement à la frontière. Les Roncalois posent leurs
piques en croix sur celles-ci, le fer tourné vers le Béarn; et tous jurent
sur la croix ainsi formée, d'après une formule lue par le notaire, et
ils répètent cinq fois : « Patz abantz, paix à l'avenir. »
Trente hommes de Bérétous amènent alors trois vaches exactement pareilles,
qu'ils plaçaient tour à tour sur la frontière et que les Roncalois examinent
et reçoivent ensuite en guise de tribut. Une fois la réception faite,
si les Roncalois laissent échapper les vaches, les Béarnais ne sont pas
tenus de les rendre. Après cette cérémonie, on fraternise et tout se
termine par un marché de bétail qui a lieu sur le territoire béarnais.
On ne sait pas au juste l'origine de cette ancienne coutume, mais elle
reste vivante et le traité de délimitation de frontières entre la France
et l'Espagne, de 1856, a réservé les droits des Roncalois.
Il est probable que ce tribut est une ancienne
composition due pour quelque meurtre commis par les Béarnais et que, dès
une époque très reculée, il a servi de gages à des conventions de pacages
ou à des concessions de fontaines. En 1856, on s'est appuyé pour reconnaître
le droit des Roncalois sur une sentence arbitrale de Gaston
Phoebus et de Charles le Mauvais,
de 1360, condamnant les Barétonais à payer cette redevance, « sie per
muertes o per fontes ». Cela montre qu'au XIVe
siècle on ne connaissait déjà plus l'origine de cet usage. Le droit
des Roncalois reconnu par la déclaration générale de la vallée de Barétous,
au XVIIIe siècle, continue à être appliqué
de nos jours. Le 13 juillet. de chaque année, Béarnais et Navarrais se
réunissent sur la frontière et, après la cérémonie de la livraison
des vaches, nomment les gardes de leurs pâturages. (Léon
Cadier). |
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