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Conditionnel
Conditionnel, mode des verbes dans les langues modernes, lequel exprime l'affirmation avec une idée accessoire de condition. Il se distingue en français par la terminaison -rais. On le regarde d'ordinaire comme se formant de l'infinitif par l'addition du suffixe -ais, -ais, -ait, -ions, etc., ou bien du futur en ajoutant s : en réalité, il vient de l'infinitif du verbe auquel il appartient, et de l'imparfait du verbe avoir dont la terminaison seule a été conservée, de même que l'indicatif futur a pour terminaison le présent de ce même auxiliaire. Aussi le présent du conditionnel doit-il être considéré comme une sorte d'imparfait ou de temps secondaire par rapport au futur de l'indicatif; en effet, il joue souvent dans notre syntaxe un rôle analogue à celui de l'optatif dans la syntaxe grecque, où les temps de ce dernier mode sont très-souvent considérés comme des temps secondaires par rapport aux temps correspondants du subjonctif; ainsi, nous disons : « Je vous promets que drai »;  mais : « Je vous promettais que je viendrais ».

Par la même analogie on dit : « Si vous êtes heureux, nous serons contents »; et : « Si vous étiez heureux, nous serions contents ».  Le conditionnel passé n'est autre en français que le conditionnel présent du verbe avoir, uni au participe passé du verbe conjugué : « J'aurais aimé ».  La syntaxe est analogue à celle du présent : seulement c'est avec le plus-que-parfait d'une phrase subordonnée qu'il se trouve en rapport; ainsi : « Vous m'auriez fait plaisir, si vous m'aviez écrit. » Quelquefois le conditionnel peut se ramener à un présent ou à un passé de l'indicatif; ainsi : « Il serait trop long de raconter »,  ne diffère que par une nuance légère de ce tour : « II est trop long », qui est plus usité dans la langue latine. De même : « Il aurait fallu venir », revient à peu près à dire : « Il fallait ». « Si Stanislas demeurait, il était perdu», est une phrase de Voltaire dont le sens est plus grammaticalement exprimé par cette tournure : « S'il était demeuré, il aurait été perdu », mais qui perdrait ainsi toute sa beauté littéraire. Le conditionnel sert souvent à exprimer modestement un voeu, un simple désir : « Je voudrais vous voir plus souvent  ». Il exprime quelquefois l'étonnement : « Pourriez-vous le croire (c.-à-d. Je m'étonnerais si vous le croyiez)? - Qui l'eût dit? - Mais pourquoi violerait-il sa parole? »

Les langues anciennes n'ont pas de mode particulier exprimant la condition : en latin, c'est le subjonctif imparfait, quelquefois le subjonctif présent, qui fait l'office du conditionnel présent, et le plus-que-parfait du même mode qui tient lieu de notre conditionnel passé. Le grec supplée à ce mode par la particule an ajoutée à l'imparfait de l'indicatif, au présent de l'optatif et même de l'infinitif et du participe, pour exprimer le présent; le passé est représenté par la même particule ajoutée à l'aoriste et quelquefois au plus-que-parfait de l'indicatif, ou bien à l'aoriste et au parfait de l'optatif, de l'infinitif et du participe. (P.).

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